| PORTE1, subst. fém. I.− Ouverture pratiquée dans un des plans verticaux qui limitent un espace clos, permettant la communication entre cet espace et ce qui est extérieur à cet espace, et pouvant être obturée par un panneau mobile; ensemble formé par cette ouverture et le moyen de fermeture; espace, obturé ou non, délimité par l'encadrement de cette ouverture (surtout avec les prép. dans et sous). A.− [L'ouverture, percée dans un mur, descend jusqu'au niveau du sol et ses dimensions minimales permettent le passage d'un homme] 1. [L'espace clos est non couvert et gén. vaste] a) [Dans une enceinte délimitant une ville]
α) Porte orientale, porte nord; portes d'une cité, de Paris; herses d'une porte; défendre, prendre d'assaut les portes d'une ville; livrer les portes à l'ennemi. Les temples de Kouan-Ti et de Kouan-Yin, situés de part et d'autre de la porte méridionale de Pékin, étaient encore les plus fréquentés en 1948 (Philos., Relig., 1957, p. 54-6).Lorsqu'elle [la cité] était une ville de colonisation, on l'organisait comme un camp, sur des axes à angles droits et entourée de palissades rectilignes (...). Les routes se détachaient des portes de l'enceinte et filaient obliquement vers des buts lointains (Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 7): 1. ... au lieu d'entrer dans la ville [de Damas] par le faubourg et par la porte que nous avions devant nous, nous le suivîmes [un Arménien] le long des murs, dont nous fîmes presque le tour, à travers ce dédale de jardins et de kiosques, et nous entrâmes par une porte presque déserte, voisine du quartier des Arméniens.
Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 211. − Ce qui subsiste de l'enceinte d'une ville et correspond à cette ouverture. La porte de la Craffe [à Nancy] se visite aux mêmes heures que le musée Lorrain (...). À l'intérieur des tours, cachots de prisonniers et collection d'instruments de supplice et de détention (Vosges-Alsace-Lorraine,1969, [Les Guides bleus], p. 109).P. anal. Porte (triomphale). Arc de triomphe construit généralement pour commémorer une victoire. Sous la voûte de la porte Saint-Denis, une gigantesque couronne dorée oscillait lentement (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 160).Donner à leurs édifices utilitaires, ponts, portes triomphales, arches géantes, remparts crénelés (...) cette allure aérienne ou lourde, mais toujours grandiose et ferme (Faure, Hist. art,1912, p. 190). ♦ Porte + nom propre (p. méton.)[Nom de l'endroit (ou du quartier) où se trouve/où se trouvait une porte d'enceinte ou une porte triomphale] Il arriva au TNP de jouer dans un édifice semi-permanent, la grande tente du cirque qu'il installa à la Porte Maillot, en avril 1952, puis à la Porte de Montreuil, en juin (Serrière, T.N.P.,1959, p. 65).
β) Aux portes de + subst. (parfois avec ell. du compl. prép. de).Dans la zone extérieure située aux alentours des portes (d'une ville). [Les émissaires étrangers] étaient obligés d'attendre aux portes de la ville l'autorisation d'y entrer (Chazelle, Diplom.,1962, p. 13). − P. méton. À l'entrée de, tout près de. [Le compl. désigne une ville] Les Américains ont pu s'habituer avec Mount-Vernon, près de Washington, ou avec les fameux « cloîtres » aux portes de New-York, à des restaurations pleines de charme (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 166).[Le compl., exprimé ou sous-entendu, désigne un autre type d'espace] Sur la frontière qui s'étend jusqu'à Metz, des hommes couraient, la semaine dernière, pendant les nuits, en criant aux armes, l'ennemi est aux portes (Marat, Pamphlets, C'en est fait de nous, 1790, p. 206).Par l'irrigation, le blé s'est étendu jusqu'aux portes du désert (déserts de Thar en Égypte) (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 133). − Au fig. (souvent dans un cont. temp.) ♦ [Sans compl.] Partout ils ont dit que le radicalisme était aux portes avec le cortège de spectres, de malheurs et de catastrophes qu'il doit nécessairement traîner après lui! (Gambetta, 1872ds Rec. textes hist., p. 66). ♦ [Avec compl.] Aux portes de la vie, de la mort (ou du tombeau). La justice, tenant en ses mains les balances sacrées où se pèsent les actions des mortels aux portes de l'éternité (Volney, Ruines,1791, p. 2).Suivant Marx, le capitalisme est entraîné, en raison des lois intimes de sa nature, dans une voie qui conduit le monde actuel aux portes du monde futur, avec l'extrême rigueur que comporte une évolution de la vie organique (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 112).La rayonne n'était d'ailleurs pas le dernier avatar de l'ancienne soie Chardonnet puisque, après la première guerre mondiale, elle dut faire place à la fibre en acétate de cellulose; mais cette dernière nous conduit aux portes de l'actualité (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 332).[En constr. anal. marquant l'orig.] J'ai vu une jeune personne dans le plus fort de ce triste et violent état, et malgré l'opposition de la famille et des assistans, je lui fis faire huit petites saignées en dix-huit heures, ce qui la tira des portes de la mort (Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 158).
γ) P. métaph., au plur. Byzance a prolongé le monde antique jusqu'à la fin du Moyen Âge. Comme elle gardait les portes de deux continents et de deux mers, au centre du remous des civilisations déchues, elle nourrit de ses lentes agonies sa vie violente et trouble (Faure, Hist. art,1912, p. 246). b) [Dans une enceinte délimitant un espace plus restreint] Porte d'un château fort, d'une citadelle; porte d'un domaine, d'un palais; porte d'un jardin, d'un parc. Sur quelque cinq mille réfractaires, nous fûmes très peu à franchir les portes du camp (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 327).On tolérait seulement qu'ils [les parents] vinssent à la porte du cimetière (Camus, Peste,1947, p. 1359). − P. méton. ♦ La (Sublime) Porte Palais du Sultan. C'était le maréchal Mehmed Djaleddin, qui se promenait par là, sans doute entre deux séances à la Sublime Porte, laquelle est voisine (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 261).P. méton. Gouvernement, empire ottoman (en tant que puissance politique). La flotte turque était infiniment plus nombreuse que celle d'Ibrahim; ou plutôt la Porte avait une flotte immense et magnifique, Ibrahim n'avait que deux ou trois frégates (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835p. 60).SM l'Empereur des Français, SM la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande, SM le Roi de Prusse, SM l'Empereur de toutes les Russies et SM le Roi de Sardaigne déclarent la Sublime Porte admise à participer aux avantages du droit public et du concert européen (Traité de Paris,1856ds Doc. hist. contemp., p. 126). ♦ La Porte d'or, dorée. Cour des rois achéménides de Perse. (Dict. xixeet xxes.). c) P. anal., gén. au plur. et avec déterm.
α) [Dans des dénominations de défilés, de gorges montagneuses] Portes albaniennes, du Caucase. Paul et Silas (...) traversèrent le défilé de l'Amanus, les « Portes syriennes »; puis (...) franchissant la branche septentrionale de l'Amanus par les « Portes amanides », ils (...) franchirent le Taurus (...) par les célèbres « Portes ciliciennes », l'un des passages de montagnes les plus effrayants du monde (Renan, St-Paul,1869, p. 123). ♦ [Dans une dénomination de lieu] Portes de fer. Défilé du Danube, séparant les Balkans des Alpes de Transylvanie, ainsi désigné ,,parce que les Turcs, quand ils possédaient les deux rives du fleuve, tendaient une longue chaîne de fer d'un bord à l'autre pour intercepter le passage`` (Lar. 19e). Le chef-d'œuvre de cette catégorie d'ouvrages [des ponts] était celui que, pour mieux surveiller les Daces, Trajan fit bâtir, vers l'an 90, sur le Danube près des « Portes de Fer » (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 52).V. aussi dérochement ex.
β) [À propos d'un espace symbolique] Portes du Paradis. Quelques archanges vêtus de fer qui gardaient les portes du ciel (Faure, Hist. art,1914, p. 410).P. méton. Les portes de l'enfer. V. enfer II A 1. 2. [L'espace clos est couvert et à dimensions hum. (bâtiment, pièce)] a) Porte béante, encadrée d'une moulure; belle porte; porte d'un appartement, d'un couloir, d'une prison; la porte de qqn (= de la maison, de l'appartement, de la pièce habituellement occupé(e) par quelqu'un). La dernière de ces baraques, établie précisément en face de la porte des Thénardier, était une boutique de bimbeloterie (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 464).Toutes sont représentées suivant des conventions identiques : les rues par une double rangée de cubes blanc et ocre jaune, les toits par du rose rayé de carmin, les portes et les fenêtres par du noir encadré de blanc (Lavedan, Urban.,1926, p. 126): 2. À un tournant de rue, subitement, huit, dix, onze lumières apparurent, portes éclairées où se tenaient accroupies de jeunes femmes Nabatéennes, entre deux lampes rouges qui éclairaient d'en bas leurs têtes chaperonnées d'or.
Louÿs, Aphrodite,1896, p. 149. SYNT. Porte d'une alcôve, d'une antichambre, d'un atelier, d'une auberge, d'un bar, d'une boutique, d'un bureau, d'une cabane, d'un cabaret, d'un cachot, d'une cathédrale, d'une cave, d'une chambre, d'un collège, d'une cuisine, d'une écurie, d'un grenier, d'un laboratoire, d'un pavillon, d'une pièce, d'un temple, d'un théâtre; la porte d'un boulanger, d'un médecin. ♦ La belle porte (vieilli). Synon. de la grande porte (infra
α).Par la belle porte (au fig.). Synon. vieilli de par la bonne porte.Il est entré, il est sorti par une belle porte (Ac.1835, 1878). ♦ (Entrer, passer, sortir) par la bonne/mauvaise porte (au fig.). Synon. de par la grande/petite porte (infra
α).Si au bout de quelques mois vous n'êtes pas utile, vous rentrerez au séminaire, mais par la bonne porte (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 232).
α) [Avec déterm. spécifiant le type, la forme, la position relative, l'usage, la fonction] − Porte basse, étroite; grande, large, petite porte. ♦ La grande porte. Porte d'entrée principale pouvant être de plus grandes dimensions que les autres, et située sur le devant du bâtiment auquel elle donne accès. Il n'y tint plus (...), gagna la rue de la Pépinière par la rue de Miromesnil, et se décida à pénétrer dans la maison par la grande porte et à voir par ses yeux ce qui était arrivé (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 300).(Entrer, passer, sortir) par la grande/petite porte (au fig.). (Accéder à un poste, une situation, un état, ou le quitter) ouvertement, en recourant à des moyens avouables, de la manière la plus honorable/secrètement, en recourant à des moyens détournés, d'une manière peu honorable. M. de Broglie (...) sentait qu'il ne gouvernait plus son ministère ni la Chambre; il avait fait sa tâche pour le moment, et il sortit par la grande porte : c'est la seule par où il sorte toujours. Depuis lors M. de Broglie était rentré au sein de ce qu'on pouvait appeler la plus honorable retraite, et il ne reparut qu'à de rares moments dans l'action politique (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 2, 1850, p. 396).[En parlant de choses] V. ex. de Zola infra. ♦ La porte étroite, entrer par la porte étroite (au fig.). V. étroit A 3 a.P. anal. Parce que la démocratie est la seule voie sûre, mais une porte étroite, une affaire grave, son fonctionnement aux niveaux les plus vulnérables peut faire appel, sans la démentir, au contrôle d'un état tutélaire (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 175). − Porte cintrée, ogivale, en ogive, ronde, voûtée. [Les maisons de Damas] sont basses, et les portes surbaissées ressemblent à des portes d'étables (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835p. 215).Porte atticurge*. − Porte feinte, fausse porte. Imitation de porte faite par souci de symétrie. V. faux1I B 2 a ex. de Montherlant. − Porte cavalière*, charretière*, cochère*, piétonne*. Porte bâtarde*. − Porte extérieure, intérieure; porte centrale, latérale, principale; porte de devant (située sur le devant d'un bâtiment); porte (de) droite, (de) gauche; porte du fond, du milieu; porte de, communiquant avec, desservant la cour, le jardin, le vestibule; porte palière*. Il y avait une porte donnant directement de la chambre dans le jardin, mais MmeLoiseau avait préféré la condamner (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 211).V. dégagement ex. 4. ♦ Porte de derrière. Porte qui se trouve à l'arrière d'un bâtiment et permet de sortir à l'insu des personnes qui entrent par la porte principale située sur le devant. Au fig. Synon. de porte de sortie (infra).Par une/la porte de derrière. Secrètement, à l'insu des autres. Charles mangeait l'avoine des chevaux, doublant les fournitures, revendant par une porte de derrière ce qui entrait par la grande porte (Zola, Nana,1880, p. 1433). − Porte dérobée* ou secrète. − Porte d'honneur. Porte dont l'usage est réservé pour rendre hommage aux personnes qui l'empruntent. Grand'mère, aussi blanche que sa guimpe, poussant du bout de sa bottine son éternelle longue robe grise, jaillit de la porte d'honneur (H. Bazin, Vipère,1948, p. 10). − Porte d'accès, de communication, de secours (utilisée dans les cas où les accès normaux sont impraticables), de service (réservée au service). Le lendemain de fort bonne heure, Julien faisait des copies de lettres dans la bibliothèque, lorsque MlleMathilde y entra par une petite porte de dégagement, fort bien cachée avec des dos de livres (Stendhal, Rouge et Noir,1830p. 246). ♦ Porte d'entrée. Porte permettant d'entrer dans un lieu, parfois exclusivement réservée à cet usage. P. anal. Toutes les plaies (...) sont capables de servir de porte d'entrée à l'infection (Camus, Gournayds Nouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 800).Un premier succès, qui déjà laissait croire enfoncée la « ligne Mareth », porte d'entrée de la Tunisie, faille derrière laquelle l'armée de Rommel s'était retranchée (Gide, Journal,1943, p. 216). ♦ Porte de sortie. Porte permettant de quitter un lieu, parfois exclusivement réservée à cet usage. P. anal. 1. L'isthme de Suez; 2. le détroit de Bab-El-Mandeb et les communications à travers la mer Rouge; 3. le détroit de Gibraltar. Les deux premiers ont servi seulement pour l'entrée en Afrique, sauf lors de mouvements militaires; le troisième par contre a servi aussi de porte de sortie dès les temps les plus reculés (Haddon, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 63).Au fig. Porte de sortie. Moyen de se tirer d'une situation difficile. Synon. échappatoire, issue.Se ménager une porte de sortie. [Louis Bonaparte] faisait rire; tout à coup il fit trembler. L'odieux est la porte de sortie du ridicule. Il poussa l'odieux jusqu'à l'exécrable (Hugo, Hist. crime,1877, p. 88).C'est à la fois un impulsif [Déroulède] et un homme qui sait merveilleusement combiner, argumenter, se réserver une porte de sortie (Barrès, Cahiers,t. 10, 1914, p. 312).
β) [Comme compl. prép. d'un subst.] − Cadre, chambranle, encadrement, feuillure, jambages, linteau, montant de porte; marche, seuil d'une porte. Il se tenait dans l'embrasure de la porte, blême, effrayant (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 280). ♦ Pas de la porte. Seuil ou espace situé immédiatement devant la porte, à l'extérieur. Le pas de la porte était usé par leurs piétinements [des curieux]! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 523).Sur le pas de la (d'une, des) porte(s). La cabaretière elle-même était allée s'asseoir sur le pas de la porte, au soleil (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 434).Les femmes qui tricotaient sur le pas des portes (Triolet, Prem. accroc,1945p. 59).Pas(-)de(-)porte, subst. masc. V. ce mot. ♦ Les (la) bagatelle(s) de la porte (vieilli). V. bagatelle B 4. − FISC. Impôts des (ou sur les) portes et fenêtres; p. ell., les portes et fenêtres. Impôt créé en France à la Révolution et supprimé en 1925, dont le montant était fonction du nombre de portes et de fenêtres que comptait chaque habitation. Si l'État réclame le concours de nos lumières, nous les lui devons, comme nous lui devons l'impôt mobilier, les portes et fenêtres, et caetera (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 12).V. impôt ex. 1.
γ) [Comme compl. d'un verbe avec ou sans prép., ou en loc. adv.] − [Sans prép.] ♦ Dégager, percer une porte; mur percé d'une porte. V. ciment ex. 2.Condamner une porte. Condamner sa porte. V. condamner II C 2. ♦ Garder une porte. Barrer la porte (à qqn). Empêcher physiquement quelqu'un de passer par une porte en obstruant le passage : 3. Elle en avait assez d'une noce comme ça, elle préférait son chez elle, Coupeau et Lorilleux durent barrer la porte. Elle répétait : − Ôtez-vous de là! Je vous dis que je m'en vais!
Zola, Assommoir,1877, p. 441. ♦ Consigner, défendre, interdire, refuser sa porte (à qqn). Interdire que quiconque (ou que quelqu'un) pénètre chez soi. De simples gens élégants peuvent défendre leur porte trop envahie (Proust, Guermantes 2,1921, p. 376).Porte interdite, réservée (à). ♦ Assiéger la porte de qqn/d'un lieu. S'efforcer, avec acharnement, d'être admis à pénétrer chez quelqu'un/dans un lieu. La foule assiégeait la porte du Théâtre des Variétés (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 136). ♦ Franchir une porte. Elles avaient à leurs cornettes des garnitures qui se tenaient droites au-dessus de la tête et s'étalaient tout à l'entour si largement, que pour passer les portes il leur fallait se baisser et marcher de côté (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 124).Passer la porte. Sortir. Il passa la porte sans prononcer une parole, ni dans un sens, ni dans l'autre (Guèvremont, Survenant,1945, p. 141). ♦ Gagner la porte. Se diriger vers la porte pour sortir. Enfin, ils gagnèrent la porte, ils sortirent (Zola, Assommoir,1877p. 412).Prendre la porte. Sortir, souvent lorsqu'on est dans une situation de conflit, de danger, de nécessité : 4. D'une voix brève, le père, ordonna à Tintin : − Va-t'en, tu n'as rien à faire ici. Le gamin voulut gagner du temps, un regard de Zèphe lui fit prendre la porte. La mère sortit presque aussitôt après lui.
Aymé, Jument,1933, p. 251. Montrer la porte à qqn. ,,Lui faire comprendre qu'on le chasse`` (Ac. 1935). ♦ La porte à côté. [Avec des verbes comme être, habiter, loger, se trouver] Tout près. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Porte à porte. L'un à côté de l'autre. Cet atelier se trouvait porte à porte avec la chambre de ma bonne Mélanie, dont il n'était séparé que par la largeur d'un étroit corridor gluant (A. France, Pt Pierre,1918, p. 109). − [Prép. à, jusqu'à] Aller, parvenir à la porte; sonner à la porte. ♦ [Jusqu'à] Je pris congé de Jenny, elle m'accompagna jusqu'à la porte (Janin, Âne mort,1829, p. 89).Accompagner, reconduire qqn jusqu'à sa porte. Accompagner, reconduire quelqu'un jusque devant chez lui. Si je lui adressais la parole, il se déterminait à me suivre, et m'accompagnait jusqu'à ma porte (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 327). ♦ À la porte (de). Dehors, à l'extérieur, à l'entrée de l'espace clos auquel la porte donne accès. Synon. devant la porte (de).[Avec compl. prép. de (parfois aux portes de) désignant un lieu ou une pers.] M. Bailly, président du Tiers, quoique instruit par M. de Brézé qu'il n'y avait point de séance, se présenta à la porte de la salle (Ferrières, 1789-91ds Rec. textes hist., p. 19).Chaque soir, Renée allait attendre Trimault à la porte de l'atelier (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 32).P. méton. Tout près de, à proximité de. Avoir qqc. à sa porte. Cette Afrique à la porte du royaume (Claudel, Soulier,1944, 2epart., 9, p. 1077).Voici le courant électrique à votre porte (Gds cour. pensée math.,1948, p. 505).Au fig. Je suis une femme de trente-sept ans, je me trouve à la porte de la vieillesse (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 271).La vie argotique d'un mot n'est souvent qu'un stage à la porte de la langue littéraire (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 120).Observations spontanées, qui montrent que ce que nous laissons constamment à la porte de notre être y fait antichambre (Warcollier, Télépathie,1921, p. 39).[Sans compl. prép. de] Avoir sa voiture à la porte, laisser qqn à la porte. La riche demeure se reconnaît à ce que, avant d'entrer, ils posent leurs chaussures à la porte (Renard, Journal,1901, p. 697).Un bruit étrange se fait entendre à la porte, accompagné d'un chant repris en chœur (Menon, Lecotté, Village Fr., 2, 1954, p. 42). ♦ À la porte (de). [Avec des verbes du type flanquer, foutre, jeter, mettre] Dehors, à l'extérieur, en venant de l'espace clos auquel la porte donne accès. Il aurait mis le père Léon à la porte! (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 712).Il m'est arrivé de flanquer à la porte de mon cabinet un imbécile des plus titrés (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 175).P. métaph. Le hasard de la vie est un grand pourvoyeur de choses captivantes et, à moins de mettre la vie à la porte, le maître doit s'accommoder de leçons occasionnelles fréquentes (Hist. instit. et doctr. pédag.,1920, p. 414).Mettre à la porte (p. méton.). Congédier. J'ai envie de mettre tous mes domestiques à la porte (...). Je les ai depuis cinq jours... il faut en finir! (Labiche, Misanthr. et Auv.,1852, i, 2, p. 137).[Sans verbe et en phrase exclam.] :
5. − Non! non! Empêchez-le de parler! à la porte du syndicat, Cloquet! Fais voter tout de suite Ravoux, on est en nombre! (...) − Vas-y seul! Assez! à la porte! Bravo Cloquet! Non! à la porte!
R. Bazin, Blé,1907, pp. 367-368. ♦ À la porte (de). À l'entrée, sur le seuil ou dans l'encadrement de la porte. Un jour, elle étant à la porte, un capitaine vint à passer et lui fit une grande révérence (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 558).Mon grand-père paraissait à la porte de son bureau quand nous ouvrions celle de l'appartement (Sartre, Mots,1964, p. 97). − [Prép. dans] Apparaître, s'encadrer dans la porte. − [Prép. de] Sortir, s'éloigner, s'approcher d'une porte. Se tromper de porte. Un étourdi qui s'est trompé de porte et se retrouve dans la pénombre d'une bibliothèque aux volets clos, quand il croyait déboucher sur un jardin (Bernanos, Joie,1929, p. 647).[P. méton.] Se tromper de maison. De chaque côté un portrait, celui d'un homme jeune encore, d'une physionomie ouverte, et pour pendant une mère de famille qui souriait à un enfant nouveau-né. C'était le maître du logis et son épouse; je fus prêt à croire que je m'étais trompé de porte (Janin, Âne mort,1829, p. 193).Au fig. Prendre une mauvaise direction dans la conduite de sa vie. Hoederer, Louis, toi, vous êtes de la même espèce. De (...) celle des durs, des conquérants, des chefs. Il n'y a que moi qui me suis trompé de porte (Sartre, Mains sales,1948, 7etabl. p. 256). ♦ [De en corrél. avec en] De porte en porte. En passant d'une porte à une autre (p. méton. d'une pièce ou d'une maison à une autre). Des petits enfants qui s'en vont tout transis de froid de porte en porte demander aux riches une miette de leur table (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 151).V. colporteur ex. 1. ♦ [De en corrél. avec à] Gaspard qui, d'une porte à l'autre, avait quémandé du beurre, des oignons, une brochette (...), revint furieux (Benjamin, Gaspard,1915, p. 27).Un bout de phrase toujours le même qui revenait continuellement, qui était jeté d'une porte à celle d'en face, de la rue à un des perrons, d'un de ces perrons au suivant (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 130).De porte à porte (loc. adj. ou adv.). En partant d'une porte pour arriver à une autre. V. mêler I C 2 ex. de Zola.En partic. D'un point à un autre directement et sans transbordements. Le transport routier répond à un besoin de la clientèle, à laquelle il offre certaines facilités que le chemin de fer ne peut lui donner : transport à la demande, transport de porte à porte (Pineau, S.N.C.F. et transp.,1950, p. 43).Porte(-)à(-)porte, subst. masc. Méthode de vente (de propagande ou d'enquête) dans laquelle le vendeur (le propagandiste ou l'enquêteur) visite systématiquement toutes les habitations d'un secteur donné pour proposer sa marchandise (faire sa propagande ou son enquête). Faire du porte à porte. Ensuite nous sombrerons dans le porte-à-porte des produits d'entretien (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 121).Condamnés ici à créer une documentation nouvelle par un laborieux porte à porte dont les résultats sont généralement décevants (Traité sociol.,1967, p. 302). − [Prép. devant, gén. à l'extérieur de l'espace clos auquel la porte donne accès] Arriver, attendre, être, passer, s'arrêter, s'asseoir devant une porte; mettre en faction devant une porte. Le cheval mangeait son avoine devant la porte (Barb. D'Aurev., Memor. pour l'A... B...,1864, p. 432): 6. Sur le seuil, nous leur dîmes au revoir; et la voiture disparut au tournant des Quatre-Routes. Millie frotta ses souliers devant la porte et rentra dans la froide salle à manger, remettre en ordre ce qui avait été dérangé.
Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 196. Balayer devant sa porte (au fig., fam.). S'occuper à résoudre ses propres problèmes et à corriger ses propres erreurs au lieu de critiquer les autres. Quant à ceux de mes correspondants qui me renvoient au fascisme français et m'invitent à balayer devant ma porte, la réponse que je leur donne est bien flatteuse pour l'Allemagne : c'est que nos fascistes, qui feraient notre malheur, ne seraient peut-être pas capables de faire celui du monde (F. Mauriac, Le Nouveau Bloc-Notes,1961, p. 166 ds Rey-Chantr. Expr. 1979, s.v. balayer).− [Prép. entre suivie d'un plur.] Entre les portes, une cheminée assez haute surmontée d'un portrait d'ancêtre enchâssé dans la boiserie (Feydeau, Dame Maxim's,1914, ii, 1, p. 28). ♦ Entre deux portes (p. méton.). Rapidement, à la sauvette. Recevoir qqn entre deux portes. L'orphelin revient, jette un regard sévère sur tout le déballage, et entre deux portes, jette à l'oreille de sa femme : « Ne nous lançons pas trop! » (Goncourt, Journal,1865, p. 205).Cette conversation, surprise entre deux portes, m'édifia sur le compte du père (H. Bazin, Vipère,1948, p. 52). − [Prép. par] S'écouler, s'engouffrer, entrer, passer (sa tête), sortir par une porte. ♦ Entrer par une porte et sortir par l'autre. Passer rapidement. La porte du grand salon ne cessait plus de s'ouvrir à deux battants, de se refermer, de se rouvrir de nouveau, pour laisser passage aux visiteurs qui avaient dîné quatre à quatre (ou, s'ils dînaient en ville, escamotaient le café en disant qu'ils allaient revenir, comptant en effet « entrer par une porte et sortir par l'autre ») pour se plier aux heures de la princesse (Proust, Guermantes 2,1921, p. 454). ♦ Si on le chasse/chassez-le par la porte, il rentre par la fenêtre (ou var.). [En parlant d'une pers. qui s'obstine malgré les refus répétés qu'on lui oppose] Vous le renvoyez par la porte, il rentre par la fenêtre; vous le chassez comme neveu, il revient comme gendre (Dumas père, Halifax,1842, iii, 10, p. 92). − [Prép. sous] Passer, se trouver sous une porte. − [Prép. vers] Se diriger, marcher, se précipiter, reculer, regarder vers une/la porte.
δ) TRANSP. AÉRIENS. Sortie d'une salle d'embarquement permettant l'accès à l'avion correspondant. Les passagers pour New York sont priés de se présenter à la porte 40 (Rob.1985). b) P. métaph. Vous ne trouverez son cœur que par la porte du souvenir (Claudel, Soulier,1944, 2epart., 5, p. 1062).C'est en l'homme qu'on trouve Dieu et on accède à la connaissance de Dieu, corollaire de la connaissance de l'homme, par les deux portes du cœur et de l'esprit (Naudon, Fr.-maçonn.,1963, p. 112). c) P. méton.
α) [Avec prép. sur] Seuil d'un bâtiment ou d'une pièce. Debout sur la porte d'une boutique, prendre le frais sur sa porte. Les gens se trouvent sur leurs portes et nous font des signes amicaux (Colette, Cl. école,1900, p. 241).On s'était attroupé sur les portes, les trottoirs, du côté de l'ombre (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 85).
β) Le bâtiment lui-même (ou la pièce) : 7. Les retardataires, des ouvriers retenus au travail, la mine maussade de faim, coupaient la chaussée à grandes enjambées, entraient en face chez un boulanger; et, lorsqu'ils reparaissaient, une livre de pain sous le bras, ils allaient trois portes plus haut, au Veau à deux têtes, manger un ordinaire de six sous.
Zola, Assommoir,1877, p. 406. B.− P. anal., domaines techn. 1. [Désigne un passage concrètement perceptible] a) [En parlant d'un four, d'une chaudière, p. ex.] On assiste tout d'abord au chargement du four (...). On ajoute alors (...) les ferrailles et de la scorie, puis on bouche les portes et on donne le tirage (Barnerias, Aciéries,1934, p. 50). b) ANAT., MÉD. Portes du foie. Synon. vx de éminences portes (v. porte2). (Ds Lar. 19e-20e). ♦ MÉD. VÉTÉR., ZOOL., vx. Portes du lait. Orifices par lesquels les veines mammaires de la vache pénètrent dans les parois du ventre. (Dict. xixeet xxes.). c) COUT. Porte (d'agrafe). Petit arceau de fer cousu aux deux extrémités, dans lequel vient s'accrocher l'agrafe. Placer la porte ou faire les brides de boutonnières (Gendron, Mét. tailleur,1927, p. 44). d) SPORTS ♦ SKI. Espace compris entre deux piquets munis chacun d'un fanion et par lequel le skieur doit passer dans une descente en slalom. Manquer une porte. Un coureur arrachant un piquet de porte n'est pas disqualifié si ses deux pieds sont passés entre les piquets (Gde encyclop. de la Montagne, Paris, éd. Atlas, 1978). ♦ CANOË Passage obligatoire d'un slalom nautique, signalé par des fiches vertes (tribord) et rouges (babord), suspendues au-dessus du plan d'eau (d'apr. Petiot 1982). 2. ÉLECTRON., INFORMAT. a) Porte (d'accès). ,,Voie d'accès à une mémoire ou à un périphérique`` (Morvan Informat. 1981). b) ,,Circuit réalisant une fonction logique simple, par exemple, et, non et, ou, non ou, ou exclusif, non`` (Microproc. 1981). Synon. circuit logique. C.− P. anal. ou au fig. [Avec compl. prép. de, gén. en constr. attribut ou en appos.] 1. Lieu qui ouvre ou commande l'accès à un espace géographique (région, pays, ou espace plus vaste). On ne saurait rien imaginer de plus pittoresque et de plus grandiose que cette porte de l'Andalousie (Gautier, Tra los montes,1843, p. 192).Marseille, porte de l'Orient lui-même ou de l'Afrique (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 725): 8. Se heurtant aux approches des Vosges, les chaînes plissées du Jura, qui se dirigeaient vers le nord-est, s'infléchissent vers l'est. Un intervalle s'ouvre ainsi, d'environ 20 kilomètres; c'est la porte de Bourgogne.
Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 234. 2. Moyen d'accéder à quelque chose, d'aborder quelque chose; introduction à quelque chose. Le baptême est, en effet, le premier de tous les sacrements, parce qu'il est la porte de la vie spirituelle (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 636).La connaissance de la misère humaine, connaissance qui est la porte de toute sagesse (S. Weil, Pesanteur,1943, p. 44). II.− Panneau mobile permettant d'obturer cette ouverture. Synon. huis (vieilli, littér.), lourde (arg.). A.− [Dans un espace, couvert ou non, délimité par des murs] 1. [Avec spécifications concernant l'aspect, la nature, le type] a) Porte lourde, massive; porte brune, verte : 9. ... elles arrivèrent à une porte épaisse, bardée de fer comme un torse guerrier. Cléopâtre glissa la clef dans la serrure, tourna deux fois, poussa la porte : un homme, un géant dans l'ombre se leva tout entier au fond de sa prison.
Louÿs, Aphrodite,1896, p. 172. b) Porte de (ou en) bois, bronze, chêne; porte métallique. Cabinet de travail, chambres à coucher étaient défendus contre les cambrioleurs par une porte de fer (Blanche, Modèles,1928, p. 38). ♦ Trouver porte de bois (fam.). Synon. de trouver porte close (infra 3 a γ).Quand j'a rentré à la maison, porte de bois je trouve (Musette, Cagayous poilu,1919, p. 18). − Porte de corne*, d'ivoire*. c) Porte plane, souple; porte cloutée, grillagée; porte blindée, capitonnée; porte battante, coulissante, à deux battants, à glissière, à guillotine, pliante, roulante, tournante, va-et-vient. Il avait fait remplacer par une porte pleine la porte vitrée du cabinet de Cosette (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 528).Leur toiture [de maisons] sans tuile s'ouvre sur le ciel, comme une porte à claire-voie (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 107).Porte brisée (v. brisé II C 4). Porte coupée. ,,Porte coupée à hauteur d'appui`` (Barb.-Cad. 1971). Porte perdue. ,,Porte dissimulée dans un lambris`` (Barb.-Cad. 1963). Porte tambour*; porte à tambour*. d) [Avec qualification faisant référence à un comportement des pers. qui occupent l'espace clos auquel la porte donne accès] Porte hospitalière. V. ami ex. 109. 2. [En fonction de déterm. ou de caractérisant] a) Ais, béquille, clenche, gonds, loquet, penture, poignée, serrure, verrou d'une porte; butoir de porte; vantail de porte; avoir la main sur le bouton de porte. Les battants de la porte roulèrent (Bertrand, Gaspard,1841, p. 79).V. béquille ex. 7 : 10. La porte du cabinet de M. Thibault était fermée. Sur un carton fixé par des punaises, il lut : Secrétariat. Il entra (...). Au bruit de la porte, une machine à écrire stoppa, et la tête d'un jeune secrétaire émergea au-dessus du paravent.
Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 850. ♦ Compter les clous de la porte. V. clou. b) Comme une porte de prison ♦ [Avec valeur de superl.] Triste comme une porte de prison. Les deux hommes derrière elle, solides et implacables comme une porte de prison... (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 87). ♦ P. antiphr. Aimable, gracieux, poli comme une porte de prison. Pas aimable du tout, revêche. Les Avignonnais qui sont aimables comme des portes de prison (Larch.1872, p. 203): 11. Oui, la première fois qu'on le voit on lui donnerait le bon Dieu sans confession, mais il y a des jours où il est poli comme une porte de prison...
Proust, Sodome,1922, p. 790. 3. [Comme obj. impliqué dans un procès] a) [Sans prép.]
α) Porte qui bat, bouge, cède, fait du bruit, grince. La porte tournait en gémissant sur ses vieilles charnières (Duhamel, Suzanne,1941, p. 135).
β) Monter, poser une porte; calfeutrer, consolider, huiler une porte. V. arracher ex. 7.
γ) Fermer, ouvrir une porte; fermer une porte à clé, à double tour; barrer, blinder, cadenasser, verrouiller une porte; claquer, tirer une porte; crocheter, défoncer, enfoncer, forcer une porte; une porte qui se ferme, s'ouvre. Pousser une porte (supra ex. 9). ♦ Claquer* la porte au nez de qqn. ♦ Trouver porte close. Ne trouver personne à la maison où l'on arrive; ne pas être reçu quelque part. Ayant voulu revoir certain appartement que le procureur Molinier désignait précédemment comme « le théâtre de ces orgies », il avait trouvé porte close (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1138). ♦ À porte close, à portes fermées. Sans témoin, secrètement. Synon. à huis* clos.Cour où fut décapité, en 1632, le dernier roi de Toulouse. Cela se fit à portes fermées, en présence des capitouls (Michelet, Journal,1835, p. 196): 12. Port-Royal n'avoue ses divisions intestines que lorsqu'il ne peut pas faire autrement (...). Mais, à portes fermées, on se gênait moins, et Nicole, suspect de thomisme, a pu dire qu'il n'y avait pas, de son temps, d'homme plus décrié que lui.
Bremond, Hist. sent. relig.,1920, p. 445. Enfoncer* une porte ouverte; enfonceur* de portes ouvertes. ♦ À porte(s) fermante(s)/ouvrante(s) (vieilli). Au moment où l'on ferme (le soir)/ouvre (le matin) les portes d'une ville. À la fermeture des portes. Éva : À quelle heure était-il ici? André : À la fermeture des portes, vers onze heures! (Sardou, Rabagas,1872, v, 1, p. 216). ♦ Fermer* la porte au nez de qqn. Fermer* la porte sur qqn. ♦ Fermer/ouvrir ses portes. Vx. [En parlant d'une ville fortifiée] Se préparer à résister à un siège; capituler avec un certain empressement. (Dict. xixeet xxes.). [En parlant d'une entreprise, d'un établissement] Cesser son activité, temporairement ou définitivement; entrer en activité. D'autres cafés, d'autres restaurants périclitent, perdent leur clientèle, ferment leurs portes et font faillite (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 63).La plupart des établissements ferment leurs portes en juillet pour les ouvrir en octobre (Encyclop. éduc.,1960, p. 351). ♦ Littér. Fermer/ouvrir les portes du temple de Janus. [P. allus. aux portes de ce temple, dans l'Antiquité, fermées en temps de paix et ouvertes en temps de guerre] Mettre fin à la guerre/décider la guerre. (Dict. xixeet xxes.). [P. réf.] Priam : Soit. Venez, mes enfants. Allons préparer les portes de la guerre. Cassandre : Pauvres portes. Il faut plus d'huile pour les fermer que pour les ouvrir (Giraudoux, Guerre Troie,1935, i, 6, p. 66). ♦ Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Il faut prendre une décision claire. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Fermer/ouvrir la porte à qqn. (Ne pas) accepter quelqu'un. L'Arabe lui dit que Mohammed avait raison et que Dieu prendrait dans son paradis les Arabes, mais qu'il fermerait la porte aux Juifs et aux Chrétiens qui ne seraient pas convertis (Gide, Journal,1896, p. 80).Laisser une/la porte ouverte à qqn (au fig.). Laisser à quelqu'un une/la possibilité d'agir, de faire quelque chose. Nos paysans exterminaient ces malheureux par douzaines (...). Et Marat trouvait que ce n'était pas encore assez; il reprochait à Dumouriez de leur laisser une porte ouverte (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 50).Nous ne pouvions empêcher les Britanniques de traiter seuls avec le Négus. Mais ils ont dû le faire dans des conditions qui laissent la porte ouverte à la France pour l'avenir (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 586). ♦ Fermer/ouvrir la/une porte à qqc. (au fig.). (Ne pas) introduire quelque chose; (ne pas) permettre, autoriser quelque chose. On reste inquiet devant de telles hypothèses, dont le moindre défaut n'est pas de détourner la question et de fermer la porte à des recherches qui prenant l'histoire pour base, n'auraient sans doute pas dit leur dernier mot (Vidal de La Bl.ds Ann. géogr.,1913, p. 299).V. ouvrir I A 1 b γ.Laisser une/la porte ouverte à qqc. (au fig.). Laisser à quelque chose une possibilité de réussir, de faire son effet. Il faut toujours laisser une porte ouverte à la chance (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 223).C'est/qqc. est la/une porte ouverte* à qqc. ♦ Fermer / ouvrir sa porte à qqn. Refuser / admettre quelqu'un chez soi ou dans son cercle. L'oncle Hyacinthe enfin, la terreur et l'opprobre de la famille. Mes parents lui avaient fermé leur porte (A. France, Pt Pierre,1918, p. 177).La porte de qqn est (toujours) fermée/ouverte à qqn. Quelqu'un n'est jamais/est (toujours) admis chez quelqu'un. La porte de cette maison est ouverte à tous les honnêtes gens (Ac.1935). ♦ Fermer*/ouvrir* sa porte à qqc. (Ne pas) introduire quelque chose chez soi; (ne pas) permettre quelque chose chez soi; (ne pas) tenir compte de quelque chose. ♦ Fermer/ouvrir (toutes) les portes à qqn. Interdire/permettre à quelqu'un l'accès auprès de ceux qui ont une influence et peuvent apporter une aide. V. amant ex. 76.Toutes les portes sont fermées/ouvertes à qqn. Quelqu'un est rejeté/admis partout (Ac. 1935). Fermer/ouvrir à qqn les portes de qqc. (Ne pas) permettre à quelqu'un l'accès à quelque chose. Grazia lui ouvrit les portes d'un monde d'art nouveau (Rolland, J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p. 1463). ♦ (Régime de la) porte ouverte (dr. internat. publ.). ,,Régime lié à l'expansion coloniale européenne et consistant dans l'obligation imposée à certains États d'assurer la liberté de concurrence économique (absence de discrimination) aux ressortissants de tous les pays`` (Jur. 1981). ♦ (Opération, journée) porte(s) ouverte(s). ,,Possibilité offerte au public de visiter librement, pendant un temps limité (...), les installations et les locaux d'une entreprise, d'un service public, etc., afin d'informer les visiteurs et de les intéresser au fonctionnement, à l'organisation de l'entreprise ou du service public en question que l'on souhaite faire mieux connaître`` (Gilb. 1980). Portes ouvertes dès aujourd'hui à Velaine-en-Haye. La forêt livre ses secrets (L'Est Républicain,13 nov. 1985). ♦ Forcer la porte de qqn. Pénétrer chez quelqu'un malgré son interdiction, contre sa volonté. V. forcer ex. 9.Forcer les portes de qqc. (au fig.). Pascal et Leibniz nous apparaissent associés pour forcer les portes de l'infini mathématique (Gds cour. pensée math.,1948, p. 529). b) [Avec prép.] S'appuyer contre une porte, coller son oreille contre une porte, debout contre une porte; se trouver derrière une porte. − [Prép. à] Clouer qqc. à une porte; s'adosser, s'appuyer à une porte; cogner, frapper, gratter, heurter à une porte. ♦ Écouter à la porte de qqn. Écouter à travers une porte ce qui se dit ou le bruit qui se fait dans une pièce à l'extérieur de laquelle on se trouve. Elle marcha légèrement le long du corridor pour ne point éveiller son cousin, et ne put s'empêcher d'écouter à sa porte la respiration qui s'échappait en temps égaux de ses lèvres (Balzac, E. Grandet,1834, p. 98).Écouter* aux portes. ♦ Se casser le nez à (ou contre) la porte de qqn. Synon. de se casser le nez*. ♦ Frapper* à la porte de qqn. Frapper* à la bonne/mauvaise porte. Frapper à toutes les portes. Solliciter l'aide de tout le monde. Je les ai avertis; j'ai frappé à toutes les portes républicaines avec la constance d'un frère quêteur; je leur ai dit de frotter leurs épées : qu'Alexandre serait mort quand ils s'éveilleraient (Musset, Lorenzaccio,1834, v, 2, p. 255). − [Prép. sous] Lumière qui filtre, vent qui passe sous la porte; glisser qqc. sous une porte. Mettre la clé* sous la porte. − [Prép. sur] Afficher, écrire qqc. sur une porte; se précipiter sur une porte. Laisser, trouver la clé* sur la porte. B.− P. anal. [À propos d'autres volumes nettement délimités par des parois] Porte d'une cage, d'une chaudière, d'un sas. À vingt pas de la maison, le four, coiffé de son petit toit de planches, faisait une tache sombre; la porte du foyer ne fermait pas exactement et laissait passer une raie de lumière rouge (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 101).Remplir le tambour [d'une machine à laver] de linge aux trois quarts sans le tasser, afin qu'il puisse se déplacer facilement; fermer la porte du tambour; placer le couvercle sur la machine (Lar. mén.1926, p. 195). − [Dans un meuble] Porte d'un placard. Dans certaines salles, des tables à abattants sont fixées sur la face intérieure des portes d'armoires (Civilis. écr.,1939, p. 50-9). − [Dans un véhicule] Panneau mobile qui donne accès à l'intérieur du véhicule. Porte avant d'un avion. Chaque face de la caisse [des wagons couverts, pour le transport de marchandises] comporte une ou deux portes roulantes et, le plus souvent, des baies d'aération pouvant être obturées par des volets coulissant verticalement (Bailleul, Matér. roulant ch. de fer,1951, p. 99). ♦ [Véhicule plus partic. destiné au transp. de pers.] Synon. de portière.Porte d'une voiture de deuxième classe. La conduite intérieure se désignera d'une façon formelle par les termes suivants : coupé : véhicule ayant deux portes et deux glaces (le pare-brise et la glace arrière ne comptant pas). Coach : deux portes, quatre glaces... (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 24).[Dans une automob.] Panneau mobile donnant accès à l'intérieur, y compris le coffre. Voiture en version trois ou cinq portes. − MAR., TRAV. PUBL. ♦ [Dans un bateau] Porte étanche*. ♦ [Dans un port] Portes de bassin. ,,Portes flottantes qu'on remplit d'eau pour les alourdir avant de les appliquer contre l'entrée du bassin pour la fermer et qu'on vide pour les faire flotter quand on ouvre le bassin`` (Le Clère 1960). Porte d'ebbe*. ♦ [Dans une écluse] Panneau mobile dont la manœuvre permet de remplir ou de vider l'écluse. Les portes d'écluses sont habituellement à deux vantaux qu'on faisait jadis en bois et qu'on fait également en fer aujourd'hui (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 274).Porte busquée*. − MINES. Porte d'aérage. Panneau mobile installé dans une galerie, qui fait obstacle au courant d'air. V. aérage ex. 6. REM. 1. Porte-, élém. de compos.[Le 2eélém. est un subst. fr.; le subst. fém. comp. désigne une porte qui présente aussi des caractéristiques propres à ce que désigne le 2eélém.] a) [Corresp. à porte1I A 1 a α] 2. Porte-forteresse. Presque toutes les entrées du grand Bâle sont des portes-forteresses d'un beau caractère (Hugo, Rhin,1842, p. 380). b) [Corresp. à porte1II] V. porte-fenêtre et aussi :
α) Porte-barrière. Il s'arrête avant de franchir la porte-barrière (Martin du G., Taciturne,1932, II, 4, p. 1283).
β) Porte-croisée. Synon. de porte-fenêtre.Les arrêts de moulures, feuillures, rainures pour les appuis de portes-croisées et cloisons vitrées seront payés séparément (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât.,t. 2, 1928, p. 122).
γ) Porte-persienne. La porte-persienne du café commençait à battre (E. de Goncourt, Élisa,1877, p. 110). -porte, élém. de compos.a) [Le 1erélém. est un subst. fr.] V. bateau-porte.b) [Le 1erélém. est un élém. formant] V. contre-porte. 3. Porte(-)à(-)porte(Porte à porte, Porte-à-porte) (supra I A 2 a γ). 4. Portière, adj. fém.,rare. Tour portière. Tour qui comporte la porte d'entrée. C'était [la sarrasine] une série de pieux mobiles indépendants les uns des autres, et manœuvrant, d'ailleurs, comme la herse, dans l'arcade de la tour portière (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 74). Prononc. et Orth. : [pɔ
ʀt]. Homon. : formes du verbe porter. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin xes. « ouverture pratiquée dans les murs d'une ville pour y entrer et sortir » porta de la ciptat (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 266); 1100 porte (Roland, éd. J. Bédier, 3650); 2. ca 1170 « porte d'un château » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 347); 3. 1658 « nom gardé par un lieu à la périphérie d'une ville » la porte Saint-Antoine (Les Lois de la galanterie, p. 78 ds Lexique de Molière, éd. E. Despois, II, 104, note 4). B. 1. Ca 1100 « ouverture faite pour entrer dans un lieu fermé » [ici le paradis] (Roland, 2258); 1176-81 porte d'une meison (Chrétien de Troyes, Chevalier au Lyon, éd. M. Roques, 4656); d'où en partic. a) α) fin xives. fausse porte (Jean Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 8, p. 69); fig. 1588 (Montaigne, Essais, III, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 867 : qui nous conduit à la verité par une fauce porte);
β) 1577 porte secrete (R. Belleau,
Œuvres, I, 86 ds IGLF);
γ) 1588 porte de devant, de derrière (B. Palissy, Disc. admir., 279, ibid.); b) loc.
α) 1480 de porte en porte « de maison à maison » (Mistere Viel Testament, XXIX, 25691, III, 364, ibid.); 1694 à la porte de « tout près de » (Ac.); d'où id. porte à porte (ibid.);
β) 1548 entre deux portes (N. Du Fail, Baliverneries, 145 ds IGLF);
γ) 1675, 28 août rentrer par une autre porte « avoir recours à un autre moyen » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. La Pléiade, II, 82);
δ) 1690 mettre qqn à la porte « congédier » (Fur.); c) fig. 1604 (Montchrestien, Les Lacenes, p. 180 ds IGLF : La vie n'a qu'une porte et mille la mort); d) 1694 « ce qui permet d'entrer dans un pays » (Ac.); 2. a) 1155 « panneau qui permet la fermeture d'un passage » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 3209); 1555 porte de lict (Mobilier fourbisseur Lyon, 8 ds IGLF); 1608 porte à deux battants (Nicot); 1636 porte brisee « porte dont une moitié se brise et se replie sur l'autre, dans le sens de la hauteur » (Monet); 1676 porte fenestre (Félibien, p. 706); 1701 porte vitrée « porte partagée par des croisillons de petit bois remplis par des carreaux de verre » (Fur.); 1749 porte batante « châssis couvert d'étoffe qui se referme de lui-même devant la porte d'une pièce pour y amortir le bruit » (Mém. Soc. Hist. Paris et Isle de France, 1899, p. 40); b) technol.
α) 1580 en parlant d'un four (B. Palissy, op. cit., p. 237 ds IGLF);
β) id. porte du canal (Id., ibid., p. 196);
γ) 1688 porte d'un carosse (Rich. t. 2); c) loc.
α) 1568 fig. ouvrir la porte à (la tristesse) (R. Garnier, Porcie, 1848, I, 73 ds IGLF); 1611 ouvrir la porte à « faciliter » (N. Pasquier, Le Gentilh., p. 171 ds Gdf. Compl.);
β) 1573 forcer la porte de qqn (R. Garnier, Hippolyte, 575 ds IGLF);
γ) 1583 fermer la porte à (tous les maux) (Id., Les Juifves, 237, III, 108, ibid.); 1690 fermer la porte à qqn « ne pas vouloir l'admettre chez soi » (Fur.); 1694 frapper à toutes les portes (Ac.); 1727 écouter aux portes (Boissy, Français à Londres, p. 36); 3. 1538 Porte « cour de l'empereur des Turcs » (Est.); d'où 1681 « cour orientale en général » (Bossuet, Hist., III, 5 ds Littré). C. 1. 1572 « petit anneau ou l'on fait entrer le crochet d'une agrafe » (Revue des soc. savantes, t. VII, 1874, 561 ds IGLF); 2. géogr. a) 1688 « nom de certains défilés (en Asie Mineure, sur les Balkans) » (Rich. t. 2); b) 1752 « col des Pyrénées » (Trév.); 3. 1869 portes du lait « ouvertures par lesquelles les veines mammaires de la vache pénètrent dans les parois de la poitrine » (Littré); 4. 1937, 16 févr. sports « espace compris entre deux piquets et où le skieur doit passer » (L'Auto ds Petiot 1982). Du lat. porta propr. « passage » (cf. portus > port1* et ici le sens C 1), spécialisé dans le sens de « porte d'une ville », c'est-à-dire « passage sous le rempart », p. oppos. à fores « porte de la maison »; mais cette distinction ne s'est pas maintenue, et porta, double de ostium « porte de maison » (v. huis), avec le sens gén. de « porte » a éliminé fores dans les lang. rom. (Ern.-Meillet); porte, à son tour, a éliminé huis au cours du Moy. Âge. Fréq. abs. littér. : 34 851. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 44 332, b) 57 673; xxes. : a) 56 014, b) 45 802. Bbg. Gougenheim (G.). Notes sur le vocab. de Robert de Clari et de Villehardouin. Romania. 1945, t. 68, pp. 418-419. − Quem. DDL t. 6, 19. − Wexler 1955, p. 80. |