| PORTATIF, -IVE, adj. et subst. masc. I. − Adj. [Corresp. à porter11resection I A 1] A. − [En parlant d'un objet concr.] Qui, généralement en raison d'un volume et d'un poids réduits, est fait pour être porté, le plus souvent avec soi, et aisément transporté. 1. [En fonction d'épithète postposée mais aussi d'attribut et souvent susceptible d'être modifié par un adv. d'intensité] Étagère, lanterne, table portative. Je me sers, en conséquence, actuellement d'un cylindre de bois percé dans son centre d'un tube de trois lignes de diamètre, et brisé au milieu à l'aide d'une vis, afin de le rendre plus portatif (Laennec,Auscult., t.1, 1819, p.10).Et je profite du temps qui me reste pour me commander un déjeuner portatif, au buffet (Verlaine,OEuvres compl., t.5, Quinze jours en Holl., 1893, p.204).Ils (...) m'indiquèrent bien aimablement le chemin de cette maison inachevée où se trouvait, temporaire, mon lit démontable et portatif (Céline,Voyage, 1932, p.165).V. anéroïde ex.3. ♦ ARM. Arme portative. Arme qui peut être déplacée par un seul homme. Pour les armes portatives, le plomb a, de tout temps, été employé [pour les projectiles], parce qu'il est (...) facile à couler (Alvin,Artill., Matér., 1908, p.202).V. critique1ex.4. ♦ LITURG. Autel portatif. ,,Pierre sacrée, de dimensions restreintes, permettant la célébration de la messe ailleurs que dans une église. (...) valise contenant tout ce qu'il faut pour célébrer hors d'une église`` (Foi t.1 1968). C'était M.Gouttman, négociant en articles de piété; −il en déballa quelques-uns, enfermés dans des boîtes, sous le hangar: croix, médailles et chapelets de toutes les dimensions, candélabres pour oratoires, autels portatifs (Flaub.,Bouvard, t.2, 1880, p.116). ♦ Glace portative. Portion de glace à emporter. (Ds Rob., Lar. Lang. fr.). ♦ Vieilli. [En parlant d'un livre] Enfin, plus portatif et d'un format courant, laissez-moi recommander aux lecteurs du Temps un livre de Péladan, Nos églises artistiques et historiques (Barrès,Cahiers, t.10, 1913, p.196): 1. L'ouvrage étant, dans cette nouvelle présentation, trop encombrant pour être gardé par devers soi, nous avons publié par ailleurs une édition brochée de 440 pages, expurgée des «Commentaires», pour la rendre aussi portative que possible.
Yiking. Le livre des transformations, trad. par E.Perrot, 1973, p.X. Dictionnaire portatif. Synon. dictionnaire de poche.♦ Médaille portative. Médaille que l'on peut porter sur son vêtement. Médailles d'honneur de sauvetage. −Elles furent créées par l'ordonnance royale du 23 juillet 1817 et devinrent portatives après la circulaire ministérielle du 8 octobre 1831 (Baradat,Organ. préfect., 1907, p.137). − [P. méton.] Sa lévite en velours (...) était fournie de poches et de contre-poches remplies de futilités microscopiques, dont la plupart étaient sans usage, soit par leur nature, soit en vertu même de leur ténuité portative (Toepffer,Nouv. genev., 1839, p.392). − P. métaph. Il y a une solitude... portative, −une telle conviction habituelle de la particularité de soi, un tel point de dissemblance atteint, que l'homme qui en est venu là peut impunément se mêler au monde, se sentir à chaque instant, au milieu des autres, distinct de celui qu'il leur offre, et qui n'est chaque fois que leur produit (Valéry,Mauv. pens., 1942, p.141).V. format ex.4. 2. [En fonction d'épithète postposée, non susceptible d'être modifié par un adv. d'intensité; en parlant d'un appareil ou d'un objet utilitaire conçu avec ces caractéristiques de volume et de poids (supra A), p. oppos. à un autre du même type, mais qui ne peut être utilisé qu'au lieu où il se trouve] Machine à écrire, radio portative. Ils sont de plus en plus nombreux à avoir leurs postes [de radio] portatifs (Weinand,Public. radioph., 1964, p.5): 2. ... il serait (...) peu rentable d'avoir recours à des moyens mécaniques importants. Dans la majorité des cas on se contentera donc d'une plantation manuelle en potets [poquets]. Tout au plus pourrait-on utiliser une petite tarière portative ou montée sur un motoculteur.
Cochet,Bois, 1963, p.103. ♦ Orgue portatif (ou portative) ou, p. ell., portatif, subst. masc. ,,Petit orgue léger insufflé à la main gauche, à l'aide d'un soufflet unique qui conditionnait le phrasé, et joué de la main droite`` (Mus. 1976). À côté de l'orgue d'église ou de concert, on avait les portatifs, minuscules instruments composés d'un seul jeu d'anches (Gastoué,Primit. mus. fr., 1922, p.111).Ces espèces d'accordéons noirs (...) dont j'ai oublié le nom (...) mais non point les sombres reflets sous la lumière et l'étirement asthmatique d'orgue portatif (Arnoux,Contacts all., 1950, p.4). Rem. V. portable rem. B. − P. méton. Maniable, commode. En Italie, dès le XIVesiècle, sous Pétrarque et Boccace, et plus tard, au XVe, au XVIe, les poëtes se réunirent encore dans des cercles à demi poétiques, à demi galants, et l'usage du sonnet, cet instrument si compliqué à la fois et si portatif, y devint habituel (Sainte-Beuve,Portr. littér., t.1, 1831, p.431).Nous avons également utilisé, il y a longtemps, un tube en U gradué, contenant ou de l'eau ou du mercure (...). Si le modèle avec mercure est plus portatif, celui qui contient de l'eau qu'à la rigueur on peut colorer, a l'avantage de produire des déplacements plus sensibles (Baratoux,La Voix, 1912, p.332). − Au fig. La science (...) consiste à recueillir lentement une quantité de faits de détail et à les condenser en formules portatives et incontestables (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist., 1898, p.228).C'étaient des conseils familiers, les préceptes d'une morale pour ainsi dire portative, parfois même un crayon politique de l'année (Toulet,Mariage Don Quichotte, 1902, p.238). II. − Subst. masc. A. − FISC. ,,Registre sur lequel l'Administration des contributions indirectes tient un compte, au nom des redevables soumis à l'exercice, des marchandises assujetties aux droits`` (Cap. 1936). B. − PUBLIC. ,,Assemblage de pièces de bois ou de métal servant de support à un panneau d'affichage`` (irep 1966, p.41). Prononc. et Orth.: [pɔ
ʀtatif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. 1. a) 1328 «que l'on peut facilement porter ou transporter» (P.J.Varin, Arch. de Reims, t.2, p. 489 ds Fonds Barbier: pour faire dressoirs portatis); b) 1340 autel portatif (Ordonnance de Philippe VI ds M.Félibien, Hist. de la ville de Paris, t.3, p.304 ds Gay, s.v. autel); c) ca 1370 orgues portatives (Jean le Fevre, Lamentations Matheolus, éd. A.-G. van Hamel, III, 2944); d) 1611 livre portatif (Cotgr.); e) 1955 abusivement glace portative «glace à emporter» (Gall., p.365); 2. a) 1465 eveque portatif (Comptes de S. Math., Morlaix, Arch. du Finistère ds Gdf.); b) 1511 «apte à se mouvoir, à se déplacer, agile, actif» (J.Lemaire de Belges, Lettres, 9oct. ds OEuvres, éd. J.Stecher, t.4, p.386); 3. 1690 «disponible» (Mmede Sévigné, Corresp., 22janv., éd. R.Duchêne, t.3, p.816: quelque somme portative qui dépendît de moi). B. 1. Ca 1328 «apte à porter» (Propriétés des choses, éd. G. Raynaud, II, 44, 8 ds Romania t.14, p.480: [coulon] De letres closes portative); 2. 1377 possibilité portative d'aucun honme «capacité d'un homme à porter une certaine charge» (N.Oresme, Ciel et Monde, éd. A.D.Menut et A.J.Denomy, fo43b, p.192); 3. 1876 force portative des aimants (H.de Parville ds J.O., 7 déc., p.9096 ds Littré Suppl. 1877). II. Subst. 1. 1465 «ce que l'on peut porter ou transporter» (J.de Roye, Chron. scandaleuse, éd. B.de Mandrot, t.1, p.96: tout le portatif); 2. a) 1680 «livre où les commis aux caves notent le nombre de muids de vin des cabaretiers» (Rich.); b) 1731 «registre où les brigadiers inscrivent le service qu'ils ont fait et les procès-verbaux qu'ils ont dressés» (Instructions aux Contrôleurs généraux du Tabac, p.63 ds Brunot t.6, p.492); 3. 1966 (supra II B). Dér. de porter1*; suff. -(at)if*. Prob. empr., avec changement de suff., au lat. médiév. portatilis «que l'on peut porter», dér. du rad. de portatum, supin de portare «porter», suff. -ilis (cf. suff. -ile1ds Cottez). Lat. médiév. altare portatile «autel portatif» (fin xies. ds Blaise Latin. Med. Aev., 1217 ds Du Cange), episcopus portatilis «évêque portatif» (1449 ds Du Cange). Fréq. abs. littér.: 103. Bbg. Gall. 1955, p.365. _ Quem. DDL t.10, 21. |