| * Dans l'article "PORTION,, subst. fém." PORTION, subst. fém. A. − [Le plus souvent dans une collectivité, dans un restaurant modeste] Dans un repas, quantité d'un mets destiné à une personne. Synon. part, porcif (arg.).Portion de choucroute, de fromage, de gâteau, de soupe, de viande; double, maigre portion; portions inégales. Les jours où elle n'avait pas le temps de mettre quelque chose au feu, elle allait chercher des portions, elle bavardait chez le traiteur (Zola,Assommoir, 1877, p.525).L'homme se coupa une large portion de rôti chaud (Guèvremont,Survenant, 1945, p.10).V. fractionner ex. 1: 1. On y sert [à la Kaffeehalle], à bon marché, des portions de saucisses aux choux, des assiettées de soupe, des tranches de pain taillées en pleine miche.
Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p.711. ♦ Loc. adv. À la portion. En proposant, en choisissant la/les portion(s) qui compose(nt) un repas. Synon. plus cour. à la carte.Ils servent à la portion (Littré). Il (...) entra dans le cabaret où il dînait à la portion (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p.211). − P. ext., rare. Ration. Portion d'eau. Enfermés dans notre bloc surpeuplé et réduits à la portion réglementaire, c'est-à-dire à 300 grammes de pain et à un litre de soupe par jour, nous n'avions subsisté les premières semaines que grâce aux secours que nous avions reçus de la Croix-Rouge (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.344). B. − Partie d'argent, de biens (ou, plus rarement, de charges) qui revient à quelqu'un. Synon. part.Portion des bénéfices, d'un capital, des charges du mariage, d'une fortune, d'(un) héritage, d'un impôt, des récoltes, d'un revenu. L'héritier du débiteur, qui a payé sa portion de la dette, ne peut demander la restitution de sa portion dans le gage, tant que la dette n'est pas entièrement acquittée (Code civil, 1804, art. 2083, p.374).Oisif et tout à fait superflu dans la société, je n'ai droit, dans la distribution commune, qu'à la portion rigoureusement nécessaire au soutien de ma vie (M. de Guérin,Journal, 1834, p.220): 2. La loi ne se charge de convoyer à destination et jusqu'à la deuxième génération la quotité disponible donnée par l'ascendant, qu'à la condition qu'elle sera remise, par portions égales, à tous les héritiers du même ordre...
Jaurès,Ét. soc., 1901, p.201. ♦ Portion congrue*. − DR. Portion contributoire*. Portion disponible*. Portion virile. Synon. de part virile (v. part1). C. − Élément, partie d'un ensemble généralement homogène. Synon. fraction, fragment, part. 1. [D'une chose] a) [d'une chose concr.] Cette allure de la cape avait l'avantage d'offrir aux vagues les portions les plus solides du yacht (Verne,Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.55).Toute forme qui s'unit à une matière devient distincte de toute forme unie à une autre portion de matière en raison de la division même de la matière à laquelle elle s'unit (Gilson,Espr. philos. médiév., 1931, p.200). − En partic. [D'une étendue, d'une chose ayant un développement spatial] Les premières coupoles byzantines (...) ne présentaient à l'extérieur qu'une faible portion de sphère (Lenoir,Archit. monast., 1852, p.324).Rien, sinon peut-être quelques portions du Kalahari, n'est plus affreux que ce désert de rocaille (Benoit,Atlant., 1919, p.295).V. autistique ex., glaiseux ex. de Verne: 3. Divisée en deux parties, la boutique de Dauriat offrait un vaste magasin à sa librairie, et l'autre portion lui servait de cabinet.
Balzac,Illus. perdues, 1839, p.295. SYNT. Portion de cercle, du ciel, d'une courbe, de droite, de l'espace, d'une forêt, du monde, de plan, de route, d'une rue, d'une surface, de terrain, de la terre, d'un territoire. b) [d'une chose abstr.] Le roi (...) ne pouvait sanctionner que l'ensemble d'une constitution, et non une portion séparée (Staël,Consid. Révol. fr., t.1, 1817, p.256).Cette impression (...) de la suppression en moi de toute une portion de mes associations d'idées, qu'éprouve un homme (...) chez lequel toute une partie de la mémoire est abolie ou paralysée (Proust,Fugit., 1922, p.592): 4. Mon pauvre vieux, je te souhaite la portion la plus copieuse de paix et de santé qui demeure encore pour nous en ce monde...
Mallarmé,Corresp., 1868, p.267. − En partic. [D'une durée] Portion d'une durée, de la vie. Aucune portion de temps ne saurait coïncider avec aucune autre (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p.144).La portion active de nos vies (Teilhard de Ch.,Milieu divin, 1955, p.63): 5. Cette portion de l'année 1811 passée à Nohant fut, je crois, une des rares époques de ma vie où je connus le bonheur complet.
Sand,Hist. vie, t.2, 1955, p.341. 2. a) [D'une pers. ou d'un aspect de la personnalité] La folie n'est pas un empire distinct et séparé; notre vie ordinaire y confine, et nous y entrons tous par quelque portion de nous-même (Taine,Notes Paris, 1867, p.300).Les portions affectives de sa personne étaient atteintes jusqu'à en être dépravées (Bourget,Sens mort, 1915, p.180): 6. ... l'église de Pontigny a réveillé en moi certaines portions dormantes de ma nature −et qui avaient besoin d'un symbole concret pour pouvoir sortir de la léthargie...
Du Bos,Journal, 1922, p.162. Rem. V. demi-portion. b) [D'un ensemble de pers.] Portion de l'humanité, d'un peuple, d'une population. La limite tracée entre la portion grossière et la portion éclairée du genre humain s'était presque entièrement effacée (Condorcet,Esq. tabl. hist., 1794, p.164).Passy-Auteuil se vide d'une portion importante de ses habitants (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.70): 7. Seuls, les partisans de la grève générale à caractère révolutionnaire croient que l'action du seul prolétariat industriel ou même de la portion la plus active et la plus consciente de ce prolétariat suffira à déterminer l'avènement du communisme...
Jaurès,Ét. soc., 1901, p.96. REM. 1. Porcif, subst. fém.,arg. Portion. Porcif de barbaque (Sandry-Carr.1963).Chacun a touché sa porcif (Riv.-Car.1969). 2. Portionnette, subst. fém.,hapax. Petite portion (supra C 1 b). La portionnette d'autorité que nous exerçons nous donne l'occasion d'avoir gratis les mêmes jouissances de vanité que le bourgeois payait si cher (Stendhal,Corresp., t.1, 1807, p.311). 3. Portioncule, subst. fém.,rare. a) Petite portion (supra C 1 a). Les corps vivants, les végétaux (...) perdent à chaque instant, par la transpiration sensible ou insensible, par l'effet de l'attraction du soleil ou autrement, diverses portions de leur substance. Il en émane sans cesse des portioncules qui s'attachent à la terre en se répandant dans l'atmosphère qui les environne (La Hêtraie,Chasse, vén., fauconn., 1945, p.149).b) En partic. Très petite pièce. La bibliothèque (...) est composée de deux pièces (...): une, très exiguë (...) où travaille M. Floche (...). La seconde pièce est vaste (...). Sans m'écarter de la table devant laquelle j'étais assis, je pouvais distinguer M. Floche dans sa portioncule (Gide,Isabelle, 1911, p.61). Prononc. et Orth.: [pɔ
ʀsjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1226-27 porcïon (Guillaume Le Clerc, Besant, éd. P. Ruelle, 3359); spéc. xiiies. portion «part de nourriture» (St Brandan, éd. C. Wahlund, p.61, 8). Empr. au lat. portio, -onis «part, proportion». Fréq. abs. littér.: 2055. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7594, b) 1944; xxes.: a) 1067, b) 574. DÉR. Portionnaire, subst.,dr. Personne à qui revient une portion d'héritage. (Dict.xixeet xxes.). − [pɔ
ʀsjɔnε:ʀ]. − 1resattest. a) 1550 adj. «qui a droit à une part» (Bronnen tot de geschiedenis van den handel met Frankrijk, éd. Sneller et Unger, i, 419 ds Fonds Barbier), puis 1812 (Boiste), spéc. b) 1572 eccl. subst. masc. (Corresp. de Granvelle, éd. Ch. Piot, t.4, p.167); de portion, suff. -aire*; cf. le lat. médiév. eccl. portionarius «celui qui possède une partie d'un bénéfice ou celui qui reçoit une partie de la mense capitulaire» 1276 ds Latham, et au sens gén. «celui qui possède en commun» 1286, ibid. Le m. fr. connaît portionnaire «qui donne pour fruit de son fermage une partie des fruits» 1442 (Cart. de Bourg., Bullet. du Comité des trav. hist. et scient., 1886, no1-2, p.130 ds Gdf.). BBG. −Dub. Pol. 1962, p.382. |