| PONT-NEUF, subst. masc. A. − [Dans des expr. et loc., p.allus. dir. au Pont-Neuf] 1. Expressions a) Être solide comme le Pont-Neuf. Être robuste, en bonne forme. Lui tapant doucement dans le dos: «Elle est solide comme le Pont-Neuf; elle nous enterrera tous, vous verrez» (Maupass.,Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.363). b) Aller, se porter comme le Pont-Neuf. Être en bonne santé; très bien aller. Non, je n'ai rien, je vous assure... je vais comme le Pont-Neuf (Goncourt,R. Mauperin, 1864, p.198).Il m'a dit: «Tu te portes comme le Pont-Neuf. Jamais je ne t'ai vu si bonne mine.» Tu parles! (Montherl.,Célibataires, 1934, p.826). 2. ART CULIN. a) Pommes pont-neuf. Pommes de terre frites en forme de bâtonnets, deux fois plus épaisses que les allumettes (d'apr. Ac. Gastr. 1962). b) ,,Petit feuilletage garni de crème frangipane et de purée de macarons, et couvert en croisillon`` (Ac. Gastr. 1962). B. − Vieilli 1. Chanson populaire dont l'air est bien connu; air connu, facile. Fredonner un pont-neuf. Vous n'y trouvez [dans des airs bouffes] ni le papillotage trop abondant de notre musique italienne, ni le commun des ponts-neufs français (Balzac,Gambara, 1837, p.95).Il ne lui fallut pas beaucoup de peine pour lire et chanter à la première vue ce pont-neuf ingénu: paroles et musique, tout était à l'avenant (Sand,Consuelo, t.3, 1842-43, p.341). 2. P. anal. Ce qui est banal, commun; lieu commun. Cinquante tableaux à peine méritent qu'on les regarde. Aussi négligerai-je, à dessein, dans cet immense chaos de toiles, les ponts-neufs coutumiers (Huysmans,Art mod., 1883, p.145).Il faut s'enraciner, dit Georges, tout fier de répéter un des ponts-neufs du temps (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1538). Prononc. et Orth.: [pɔ
̃noef]. Att. ds Ac. dep. 1835 avec ex. au plur.: ,,Il sait tous les ponts-neufs qui courent les rues``. Littré: ,,D'autres [que Ac.] écrivent des pont-neufs, regardant pont-neuf comme un seul mot; d'autres enfin écrivent des pont-neuf, disant que la pluralité tombe sur le mot chanson sous-entendu [Les chansons du pont-neuf]. Ce qu'il y a de mieux c'est de suivre l'Académie``. Étymol. et Hist. 1. 1639 chanson du Pont-Neuf (Descartes, Lettre à Mersenne du 9 févr. ds OEuvres, éd. C. Adam et P. Tannery, t.2, p.503); 1717 pont-neuf «chanson populaire fort connue» (Journal des savants, p.376); 2. a) 1640 avant coureur du Pont-Neuf «voleur» (Oudin Curiositez); 1640 officier du Pont-Neuf «coupe-bourse» (ibid.); 1743 ermite du Pont-Neuf «coureur de rues» (Trév.); b) 1706 pont-neuf fém. «prostituée» (J. Moreau, Suite du Virgile Travesti, X ds Michel (J.-F.) Expr. vic., s.v. pontanière; v. aussi Fr. mod. t.31, p.299); 1743 demoiselle du Pont-Neuf (Trév.); 3. expr. a) 1672 faire le Pont-Neuf «faire quelque chose d'extraordinaire, au-dessus de ses forces» (Mmede Sévigné, Lettre à MmeDe Grignan du 29 avr. ds Lettres, éd. M. Monmerqué, t.3, p.42); b) 1770 se porter comme le Pont-Neuf «se porter très bien» (Galiani, Lettre à MmeD'Epinay du 25 août ds Corresp. inéd., Paris, t.1, 1818, p.138). Empl. comme nom commun du Pont-Neuf de Paris (construit sous le règne de Henri IV) qui était un lieu très fréquenté par les baladins et les saltimbanques, les petits théâtres populaires, les chanteurs, ainsi que les prostituées. 3 parce que le Pont-Neuf a été le symbole d'une réussite architecturale remarquable. |