| PONT, subst. masc. I. A. − TRAV. PUBL. 1. a) Ouvrage généralement en pierre, en bois ou en métal permettant de franchir une dépression ou un obstacle (voie de communication, cours d'eau, en particulier) en reliant les deux bords de la dépression ou en enjambant l'obstacle. Je veux vous voir chez vous (...). Je verrai en même temps le pont du Gard et le canal de Languedoc (Senancour,Obermann, t.2, 1840, p.185).Silvine passa la Meuse sur le pont du chemin de fer (Zola,Débâcle, 1892, p.415). SYNT. Pont métallique; pont de bois, de fer, de pierre; pont bossu; pont fortifié; pont romain; beau, grand, petit, vieux pont; l'arche, le parapet, les travées d'un pont; le milieu du pont; à l'entrée, au bout, au-delà du pont; près du pont; du haut du pont; construire, jeter, lancer un pont; garder, lever, faire sauter un pont; franchir, gagner, passer, traverser un pont; passer sur un pont; le pont Royal, le pont Mirabeau, le pont Saint-Esprit; le pont d'Austerlitz, de la Concorde, d'Iéna, de Tancarville. − [Entre dans la dénom. de certains lieux avec allus. à des faits légendaires, à des croyances pop., etc.] Pont des fées: 1. Le pont du Diable méritait sa renommée, lorsqu'en l'abordant on apercevait au-dessus la cascade de la Reuss, et qu'il traçait un arc obscur, ou plutôt un étroit sentier à travers la vapeur brillante de la chute.
Chateaubr.,Mém., t.4, 1848, p.119. b) Loc. et expr. ♦ ART MILIT. Équipage de pont. Ensemble de ce qui est nécessaire pour jeter des ponts sur les rivières qu'une armée peut être amenée à traverser. Il est difficile d'empêcher un ennemi qui a plusieurs équipages de pont de passer une rivière, lorsque l'armée qui défend le passage a pour but de couvrir un siège (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.564). ♦ Passer les ponts. Dans une ville bâtie sur les deux rives d'un fleuve, aller dans la partie située de l'autre côté du fleuve: 2. Le professeur de kalmouk comparé voulait entraîner ses collègues du côté du boulevard des Italiens (...). Le paléographe préférait demeurer dans le quartier Latin (...). −Je te promets une soirée charmante, disait le professeur de kalmouk (...) −Ne passe pas les ponts, répliquait le paléographe.
Reybaud,J. Paturot, 1842, p.123. ♦ Sous les ponts. [Expr. relative aux clochards, au lieu où ils vivent souvent] Vous n'avez donc vu ni ses bottes éculées qui prennent l'eau, ni sa cravate qui lui sert de chemise? Il a couché sous les ponts (Balzac,Chabert, 1832, p.20).Et alors? Finir sous les ponts? Libre à toi (Céline,Mort à crédit, 1936, p.494). c) [P. allus.] − [à la chanson Sur le pont d'Avignon] Je laisse à l'état d'ébauche ce paysage mental (...) en dépit de son étonnant prolongement du côté d'Avignon (...) où un vieux pont a fini par céder sous une chanson enfantine (Breton,Nadja, 1928, p.146). − [au pont des Soupirs de Venise] La tempête (...) avait ressuscité en moi toutes les images de ma première vie (...) les formes idéales et pleurantes qui s'en détachent et s'élèvent comme des statues consacrées le long d'un Pont-des-Soupirs (Sainte-Beuve,Volupté, t.2, 1834, p.37). d) Pont + adj. ou de + subst. précisant la nature du pont − Pont dormant. Pont fixe, que l'on ne peut manoeuvrer. ART MILIT. Anton. de pont-levis.J'ai traversé un pont dormant qui s'appuie sur le Plaatz (Du Camp,Hollande, 1859, p.61). − Pont flottant. Pont dont les supports sont des bateaux, des radeaux. Traversée des ports. −Cette traversée s'effectue d'ordinaire par des bacs ou sur un pont flottant, ou encore par un pont transbordeur (Bourde,Trav. publ., 1929, p.308). − Pont mobile. Pont que l'on peut manoeuvrer d'une façon ou d'une autre. La notion de pont mobile (...) implique la mobilité du tablier, mais sur un site de franchissement fixe (GDEL). − Pont suspendu. Pont dont le tablier est suspendu à l'aide de câbles, de chaînes d'un bord à l'autre. Ce pont (...) était un pont suspendu, jeté sur un rapide (...) il menaçait ruine, plusieurs des fils étaient rompus (Verne,Tour monde, 1873, p.164). − Pont tournant. Pont établi sur un cours d'eau ou sur un bras de mer et qui, afin de permettre le passage des bateaux, pivote soit en son milieu d'un seul tenant sur un axe central, soit par moitié sur deux axes latéraux le long de chaque bord. On aperçoit seulement contre une vague lueur de lune, du côté du port, un pont tournant en fer coupé au milieu (Jouve,Scène capit., 1935, p.66). − (Pont) transbordeur*. − Pont tubulaire. Pont formé de gros tubes fortement rivés les uns aux autres et servant en particulier au passage des trains. Du pont des Arts aux ponts tubulaires, il y a un pas immense de fait (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.64). − Pont volant. Pont revêtant divers aspects (pont de bateaux, bac, etc.) dont la caractéristique est de pouvoir se déplacer, se manoeuvrer facilement. Il avait d'abord eu le projet hardi de jeter un pont au travers de ce fleuve difficile, mais il finit par se décider pour des ponts volants très ingénieux (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.261). − Pont de bateaux. Pont fait de bateaux attachés côte à côte et recouverts de madriers. Le soir, promené sur le pont de bateaux de l'Adour et sur l'esplanade du port. Lune admirable (Michelet,Journal, 1835, p.187). − Pont de corde(s). ,,Tissu de cordes entrelacées, dont on se sert quelquefois dans les armées pour traverser des rivières, ou pour passer par-dessus des ravines profondes`` (Ac. 1835, 1878). − Pont de jonc. ,,Pont fait avec de grosses bottes de jonc couvertes de planches, et dont on se sert pour traverser les lieux marécageux`` (Ac. 1835, 1878). − ART MILIT. Pont d'équipage. Pont construit pour franchir les cours d'eau et les brèches, avec du matériel préfabriqué et transporté (d'apr. GDEL). Pont de circonstance. Pont construit sur place avec des matériaux réunis à la demande (d'apr. GDEL). − [Le pont est l'oeuvre de la nature] ♦ Pont naturel. Un vieil acacia protège la source, un autre arbre se penche un peu plus bas sur le ruisseau qui sort de cette source, et forme sur ce ruisseau un pont naturel (Chateaubr.,Itinér. Paris Jérus., t.2, 1811, p.169).Il y a (...) des ponts naturels joignant le rivage et les écueils (Lamart.,Voy. Orient, t.2, 1835, p.94). ♦ Pont de glace(s). Surface glacée se formant sur une étendue d'eau (cours d'eau, bras de mer par exemple) d'un bord à l'autre et suffisamment solide pour jouer le rôle de pont. Ils repassèrent la Mercy sur le pont de glaces (Verne,Île myst., 1874, p.196).Soumis au rythme éternel de la nature, les gens du chenal éprouvèrent devant la débâcle le même soulagement qu'ils avaient éprouvé l'automne auparavant à voir se former le pont de glace (Guèvremont,Survenant, 1945, p.181). ♦ Pont de neige. ,,Pont naturel formé par la neige entre deux points`` (Villen. 1974). Le Marborée, c'est quelque chose d'indescriptible (...). Des ponts de neige sur lesquels passent des caravanes de pâtres et de troupeaux! (Sand,Hist. vie, t.4, 1855, p.16). e) [En compos. avec un subst.] − Pont-aqueduc. Pont permettant le passage d'une canalisation d'eau. Les ponts-aqueducs en métal (fonte ou fer) sont plus avantageux (Bourde,Trav. publ., 1929, p.372). − Pont-canal. Pont permettant à un canal de franchir un obstacle (cours d'eau, route, voie ferrée, etc.). N'oublions pas, au reste, qu'un pont-canal reste encore coupé (L'OEuvre, 3 mars 1941). − Pont-route. Pont servant au passage d'une route au-dessus d'un obstacle. Reconstruction à titre définitif ou à titre provisoire des ponts-routes détruits pendant la campagne de 1940 (J. Thomas,Route, 1951, p.309). f) Ponts(-)et(-)chaussées. Service public qui ,,assume non seulement la direction et l'exécution des travaux de voirie terrestre mais aussi l'ensemble des tâches techniques incombant au ministère des Travaux publics (voies navigables, ports maritimes, phares et balises, chemins de fer d'intérêt local, transports routiers, bases aériennes)`` (Réau-Rond. 1951); p.méton., ensemble de personnes appartenant à ce service, lieu d'implantation de ce service. Administration, corps, service des Ponts et chaussées; École Nationale des Ponts et chaussées; ingénieur des Ponts et chaussées. Préparer les hommes qui doivent entrer dans l'armée, dans les ponts et chaussées, dans les mines (Vivien,Ét. admin., t.1, 1859, p.203).L'éclusier était accouru bien vite aux Ponts et Chaussées (A. Daudet,Évangéliste, 1883, p.261).[À Bordeaux] l'enquête entreprise par un étudiant, en vue du DES [Diplôme d'Études Supérieures], sur la circulation dans la ville, a reçu l'aide active des Ponts et chaussées locaux (Colloque géogr. appl., 1962, p.95). − [Ponts est parfois empl. seul dans certaines expr. usuelles] L'École des Ponts. Dans un syndicat [de communes] à vocation unique le véritable animateur est souvent le technicien spécialiste (ingénieur des Ponts ou du Génie rural) (Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.285). g) P. métaph.: 3. Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure...
Apoll.,Alcools, 1913, p.45. 2. Au fig. a) [Gén. dans le cadre de loc. relevant du vocab. de la constr. d'un pont] Lien, intermédiaire, transition entre des personnes, des choses. Lancer, ménager un pont; servir de pont. Quel pont y a-t-il entre la faculté de connaître, qui est en nous, et les objets de la connaissance, qui sont hors de nous? (Cousin,Hist. philos. XVIIIes., t.2, 1829, p.318).Quel est l'agent de ce sacrifice? Un pontife, un médiateur, un pont jeté sur un abîme entre deux puissances (Dupanloup,Journal, 1851, p.143).Ceci fera le pont avec la partie ayant trait à Si le Grain (Du Bos,Journal, 1927, p.259). b) Expressions − Laisser passer, couler l'eau sous les ponts. ,,Ne pas se mettre en peine de ce qui ne dépend pas de nous`` (Ac. 1835-1935). − [Pour indiquer l'écoulement d'un certain temps] ♦ [Par rapport à un fait à venir] Il coulera, il passera de l'eau (une certaine quantité d'eau) sous le(s) pont(s) d'ici (à) (+ indication de temps), avant (que) (+ prop.). Guérin, à part: D'ici à demain, il coulera de l'eau sous le pont (...) je m'en charge (Augier,MeGuérin, 1865, p.234).La révolution? dit-elle. Oh! bien, il passera de l'eau sous le pont, avant (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p.811).V. eau I A 2 c ex. de L. de Vilmorin. ♦ [Par rapport à un fait passé] Il a coulé, il a passé de l'eau (une certaine quantité d'eau) sous le(s) pont(s) depuis (+ indication de temps). Comme c'est vieux! comme il a coulé de l'eau sous le pont depuis! (Flaub.,Corresp., 1850, p.200).Il avait passé quelque peu d'eau sous les ponts depuis le jour où le gouvernement avait promis la loi sous la menace d'une grève générale (Sorel,Réflex. violence, 1908, p.94). − La foire n'est pas sur le pont (vieilli). Rien ne presse; il est inutile de se dépêcher. Poil de Carotte (...) ne choisit que les belles feuilles. Du bout de son nez il les courbe, les amène à sa bouche et les mâche posément. Pourquoi se presser? La table n'est pas louée. La foire n'est pas sur le pont (Renard,Poil Carotte, 1894, p.53). − La foire est sur le pont. Il faut faire vite. C'était un expédient rapide... Ça devait nous rapporter tout de suite. La foire était sur le pont! (Céline,Mort à crédit, 1936, p.471). − Couper, rompre les ponts ♦ Couper, rompre les ponts (avec qqn ou qqc.), (entre qqn ou qqc. et qqn ou qqc.). Interrompre toute relation (avec quelqu'un), rompre (avec quelque chose). Le faiseur de libelles coupe les ponts, non seulement entre lui et ceux qu'il injurie, mais encore entre lui et la vérité (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.479).Il faudra que je coupe les ponts, tôt ou tard, avec tous ceux qui savent ce qui m'est arrivé (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p.122).Méfiante à l'égard du CNPF [Conseil National du Patronat Français] sans aller jusqu'à rompre les ponts (Reynaud,Syndic. en Fr., 1963, p.38). ♦ Couper, rompre les ponts derrière soi; couper tous les ponts. Accomplir une rupture totale avec sa vie passée. Si dans ces trois semaines, tu avais fixé ton avenir (...) et rompu les ponts derrière toi, tu aurais certainement fait quelque chose de bon (Amiel,Journal, 1866, p.465).Tout s'écroulait. J'eus envie de couper tous les ponts: aimer quelqu'un d'autre, ou partir au bout du monde (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.316): 4. J'ai failli plus d'une fois partir pour la Russie (...). Je suis très tenté. Ce qui me retient, c'est qu'alors, évidemment, il faudra que je rompe avec tout... que je coupe les ponts derrière moi...
Romains,Hommes bonne vol., 1939, p.170. − Pont aux ânes. Évidence; chose facile à faire. Expliquer que tel caractère exceptionnel d'un personnage fut préparé par les habitudes de ses ancêtres et par les excitations du milieu où il réagit, c'est le pont aux ânes de la psychologie (Barrès,Barbares, L'Examen des trois rom. idéol., 1892, p.9).Peuh! Ce rôle c'est le pont aux ânes (Renard,Lanterne sourde, 1893, p.303). ♦ En partic. Théorème de Pythagore, base élémentaire de géométrie; sa démonstration. Apprenti géomètre qui n'eût point passé sans aide le pont aux ânes (A. France,Vie fleur, 1922, p.401).[Ânonner] le pont aux ânes avec hébétude et ennui (Arnoux,Seigneur, 1955, p.70). − Faire le pont à qqn (vieilli). Aider quelqu'un à surmonter une difficulté, à réussir. Si un bon psychologue en effet ne nous faisait le pont par quelque commentaire, que comprendrions-nous à tel livre, l'Imitation, par exemple (...)? (Barrès,Barbares, L'Examen des trois rom. idéol., 1892, p.9). − (Faire un) pont d'or à qqn ♦ Faire un pont d'or à l'ennemi (vieilli). ,,Faciliter la retraite [à l'ennemi], afin de ne pas le réduire au désespoir`` (Ac. 1835, 1878). ♦ Faire (un) pont d'or à quelqu'un. Offrir à quelqu'un de gros avantages pour qu'il renonce à des prétentions, à une place et plus généralement, pour qu'il accepte un poste, un emploi. Il voulait plaider, sa partie adverse lui a fait un pont d'or pour qu'il se désistât (Ac.1835, 1878).On fera pont d'or à quiconque pourra inspecter dans un arrondissement quelque branche d'études (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p.33).Ces dames se la disputaient [Zoé], madame Blanche lui avait fait un pont d'or pour la ravoir (Zola,Nana, 1880, p.1466).[Pont d'or est empl. hors de l'expr.] À cheval, Dammartin! Main basse sur la Flandre! Guerre au brave; un pont d'or à qui voudra se vendre (Delavigne,Louis XI, 1832, iii, 13, p.147).Kate Bergen voulait faire le Matterhorn avec son mari? À part le pont d'or pour le guide, il n'y aurait eu là rien que de naturel (Peyré,Matterhorn, 1939, p.74). − Faire le pont. Chômer un ou plusieurs jours ouvrables, situé(s) entre deux jours fériés (ou entre un jour férié et un week-end); avoir ce congé de quelques jours. −Le 1ermai, c'était férié mais le 30 avril, c'était quoi? −Rien! mais entre un dimanche et un jour férié, on fait le pont (J. Faizantds Le Point, 7 mai 1984, no607, p.68). ♦ [Pont est empl. hors de l'expr.] Congé comprenant un ou plusieurs jours ouvrables chômés parce que situé(s) entre deux jours fériés (ou entre un jour férié et un week-end). Un pont de quatre jours. Comme deux sots nous n'avions pas pensé au pont du 15 août. Les domestiques étaient de sortie (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.370). B. − P. anal., dans différents domaines sc. et techn. 1. Domaines d'application techn. a) AUTOMOBILE − Pont (avant), pont (arrière). Ensemble de l'essieu et de certains organes transmettant le mouvement moteur aux roues avant ou arrière. Carter de pont. Aux virages le pont arrière se plaint; drôle d'odeur; j'avais oublié de desserrer les freins (Morand,Eur. gal., 1925, p.73).[Le pont] peut s'appeler d'après son emplacement pont avant, pont arrière ou pont intermédiaire (Chapelain,Techn. automob., 1956, p.192). − Pont (élévateur, de graissage). Appareil mobile comportant deux sortes de rails parallèles permettant de soulever une voiture pour effectuer, à hauteur d'homme, les opérations de graissage, d'entretien et certaines réparations. Mettre la voiture sur le pont. Au garage d'Albuquerque (...) la Peugeot montait et descendait sur le pont (E. de Brissac,Ballade amér., 1976, p.38). b) CH. DE FER. Pont tournant. Grande plaque tournante comportant une voie, permettant de manoeuvrer les locomotives pour les réorienter sur les voies en étoile d'une rotonde de dépôt. Avantages évidents de la traction électrique (...) suppression des fumées (...), non nécessité de ponts tournants (Bailleul,Matér. roulant ch. de fer, 1951, p.71). c) HORLOG. Pièce d'une montre, d'une pendule destinée à porter le pivot d'une roue. Dans cet ouvrage, la plupart des montres [sont reproduites] (...) de dos afin que l'on puisse se faire une idée de l'incroyable richesse des coqs et ponts ouvragés (Bassermann-Jordan,Montres, horl. et pend., 1964, p.205). d) MANUTENTION. Pont roulant. Engin constitué par un appareil de levage (chariot équipé d'un treuil) se déplaçant sur deux poutres de roulement parallèles. Un pont roulant porte l'ensemble dans l'atelier (Cl. Duval, Verre, 1966, p.72). e) MÉTROL. Pont (à) bascule. Appareil de pesage constitué par une plate-forme reposant sur des ressorts et destiné à peser des objets très lourds, en particulier des véhicules assurant le transport des marchandises. Aménagement de villages. −Construction ou aménagement de lavoirs; ponts bascules (Fonteneau,Cons. munic., 1965, p.90).V. bascule ex. de Bricka. f) THÉÂTRE. Pont (volant). Passerelle étroite fixée au gril et permettant aux machinistes de circuler, au-dessus de la scène, d'une extrémité à l'autre des cintres: 5. Il levait les yeux vers le cintre, où d'autres herses, dont les becs étaient baissés, mettaient des constellations de petites étoiles bleuâtres, dans le chaos du gril et des fils de toutes grosseurs, des ponts volants, des toiles de fond étalées en l'air, comme d'immenses linges qui séchaient.
Zola,Nana, 1880, p.1205. g) TRANSP. PAR EAU. Pont volant. Passerelle qui relie un bateau au bord pour les opérations d'embarquement et de débarquement. La barque qui portait le char aborda presque en même temps: les boeufs passèrent sur le pont volant et furent placés sous le joug (Gautier,Rom. momie, 1858, p.209).V. coupée ex. h) VÊTEMENT − Panneau avant d'une culotte, d'un pantalon qui peut se rabattre. Synon. pont-levis.Culotte, pantalon à pont, à grand pont, à petit pont. Un pantalon rouge (...) déployait avec une impudence bête son grand pont à doublure grise (Flaub.,Champs et grèves, 1848, p.200).Elle rajustait, en la tirant, la petite veste; elle remontait machinalement, par le pont, la culotte rayée (Adam,Enf. Aust., 1902, p.69). − Casquette* à pont, à deux, à trois ponts. 2. Domaines des sc. méd. et phys. a) ANAT. Pont de Varole. ,,Grosse éminence saillante à la face inférieure de l'encéphale`` (Littré-Robin 1855). La protubérance annulaire ou pont de Varole, placée entre le bulbe et les pédoncules cérébraux, au-devant du cervelet se présente sous la forme d'un gros cordon blanc (G. Gérard,Anat. hum., 1912, p.305). b) BIOL. Pont (d'union) intercellulaire. Structure reliant entre elles des cellules, en particulier des cellules épithéliales. Les ponts intercellulaires ont disparu (Roussyds Nouv. Traité Méd.fasc. 5, 21929, p.152). c) CHIM. ,,Atome ou groupement d'atomes réunissant par ses valences libres deux atomes plus ou moins éloignés d'une chaîne ou deux atomes d'un cycle fondamental`` (Duval 1959). Pont hydrogène. Formation de ramifications ou de ponts entre chaînes (Champetier,Chim. macromol., 1957, p.59).La vulcanisation consiste à chauffer le caoutchouc brut, naturel ou synthétique, avec du soufre, pour durcir et améliorer ses qualités de vieillissement, grâce aux réticulations des chaînes d'hydrocarbures parallèles par des ponts de soufre (Fromh.-King1968). d) ÉLECTR. Dispositif à quatre branches en forme de quadrilatère dont une diagonale est occupée par un appareil de mesure de l'équilibre de l'ensemble, l'autre par une source de courant dont une branche est l'inconnue et qui sert à mesurer, à comparer des résistances, des inductances, des capacités. Le montage le plus répandu comporte un pont dont un des bras contient le quartz, et un autre une résistance dont la valeur se trouve commandée par l'amplitude des oscillations (Decaux,Mesure temps, 1959, p.91). ♦ Pont de Wheatstone. Dispositif de ce type dont les quatre branches sont des résistances et qui sert à la mesure de l'une d'elles. Pour mesurer la résistance [subie par un courant électrique qui traverse un grain d'orge] on se sert d'un pont de Wheatstone (Boullanger,Malt., brass., 1934, p.598). 3. Domaines des jeux et des sports a) JEUX DE CARTES, vieilli, fam. Courbure d'une carte réalisée par un tricheur de telle sorte que l'adversaire coupe à cet endroit. Faire un pont, le pont; couper dans le pont. Au jeu (...) lorsqu'on vous présente à couper, ayez bien soin d'abattre le pont (Balzac,OEuvres div., t.1, 1825, p.84). − Au fig. Couper dans le pont. Tomber dans un piège tendu. Elle prétextait des migraines et sa mère coupait dans l'pont (Lévy,Gosses Paris, 1898, p.77). b) GYMN. Exercice dans lequel le corps est renversé en arrière en prenant appui sur les jambes et les bras tendus. Faire le pont. Le pont sera travaillé avec dégagement de jambe sur banc puis sur poutre (Piard,Gymnastique Féminine, 1971ds Petiot 1982). c) LUTTE. Position d'un lutteur à terre sur le dos, dont tout le poids du corps soulevé porte sur les jambes fléchies, pieds à plat, et sur la nuque (d'apr. Petiot 1982). Faire le pont: 6. Dans bien des cas, l'un des lutteurs est amené à ponter, ou, si vous préférez, à se mettre en pont; son corps dessine en effet une sorte d'arche, puisqu'il ne repose sur le sol que par la tête et les pieds (...): l'adversaire va essayer d'écraser le pont sous son poids, mais l'intéressé doit avoir la force de monter son pont pour résister à cette pression.
Comment parlent les sportifsds Vie Lang., 1954, p.376. 4. [Avec un rapport d'anal. plus abstr.] Autres domaines a) AVIAT. Pont aérien. Liaison aérienne continue au-dessus d'une zone où les autres moyens de communication sont impossibles ou trop lents. Les responsables américains du «pont aérien» de Berlin (Rougeron,Aviat., 1951, p.226). b) GUERRE. Tête de pont. Position conquise par des éléments d'une armée sur une rive ou sur une côte en territoire ennemi afin de permettre au reste de l'armée de les rejoindre en vue d'opérations ultérieures. Le 19, nous avions conquis et organisé une solide tête de pont sur la rive droite de l'Yser (Foch,Mém., t.1, 1929, p.266).Le débarquement a réussi. Une tête de pont est établie autour de Bayeux. Les ports artificiels sont mis en place comme prévu (De Gaulle,Mém. guerre, 1956, p.227). − P. anal. À cette époque, Liverpool (...) était la tête de pont du commerce transatlantique (P. Rousseau,Hist. techn. et invent., 1967, p.261). c) MUS. Passage de transition reliant le premier thème au deuxième thème de l'allegro d'une sonate. La Réexposition, après avoir fait entendre ce premier thème, réintroduit le 2ethème au ton Principal, Majeur ou Mineur (...). Ce 2ethème est relié par un Pont au premier thème (Dupré,Improvis., 1925, p.109). II. − MAR. Plancher fermant tout ou partie de la coque d'un bateau, sur un ou plusieurs niveaux, pour couvrir la cale, ménager des étages, être un lieu de passage, supporter des équipements. Pont d'un bateau, d'un paquebot; pont avant, arrière. L'on descendit entre les deux premiers ponts pour écouter le service divin (Staël,Corinne, t.2, 1807, p.210). − Absol. Pont unique d'un bâtiment; pont supérieur d'un bâtiment qui a plusieurs ponts. Être étendu, monter sur le pont; balayer le pont. Gilliatt, de retour sur l'épave, montait et descendait du pont à l'entrepont et de l'entrepont à la cale (Hugo,Travaill. mer, 1866, p.259): 7. Herwick lâcha Simon et se jeta dans l'échelle qui conduisait aux ponts inférieurs, Simon allait s'y engager lorsque Davis l'arrêta d'un geste et d'un mot. −Simon. Puis, s'adressant à Gérard: −Gérard... Les passagers... Calmez-les. Empêchez-les de mettre le pied sur le pont.
Peisson,Parti Liverpool, 1932, p.180. ♦ Tout le monde sur le pont! [Commandement donné pour que l'équipage et, le cas échéant, les passagers montent sur le pont] −Tout le monde sur le pont! criait la voix impérieuse et dure du capitaine (Ponson du Terr.,Rocambole, t.4, 1859, p.12). ♦ Expr., fam. (Être) sur le pont. (Être) à son poste, prêt à agir. Il comprend, jusqu'à un certain point, la faiblesse humaine qui fait que l'on n'est pas toujours «sur le pont» (L. Daudet,Vers le roi, 1920, p.118).−Le patron est déjà là? −Oui, avec le sous-directeur et son secrétaire. −Tout le monde est sur le pont, alors! (Vialar,Carambouille, 1949, p.139). − Navire, vaisseau à deux, trois ponts. Bâtiment de guerre ayant deux ou trois batteries couvertes. Les vaisseaux à trois ponts fussent entrés tout armés dans les bassins d'hiver (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.251). ♦ Trois-ponts, p.ell. de navire, vaisseau. Toussaint: L'amiral? Le Matelot: Un trois-ponts (Lamart.,T. Louverture, 1850, ii, 5, p.1292). ♦ P. anal., région. (Canada). Poêle à deux, trois ponts. V. poêle2. − Officier de pont. V. officier II A 1, 3. − [Pont est constr. avec un adj. ou un subst. qui en précise la nature] ♦ Pont(-)promenade. Pont de paquebot réservé aux passagers et sur lequel ils peuvent se promener. Au début de ce siècle, on voit apparaître les ponts promenades, particulièrement appréciés des passagers (M. Benoist, Pettier,Transp. mar., 1961, p.85). ♦ Pont supérieur. Pont continu le plus élevé. Toutes les embarcations étaient placées sur le pont supérieur (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p.225). ♦ Pont volant. ,,Pont d'un petit bâtiment marchand, qu'on enlève par panneaux pour découvrir la cale au besoin`` (Ac. 1835-1935). ♦ Pont d'envol. Pont supérieur d'un porte-avions aménagé en plate-forme de décollage et d'atterrissage des avions. Le premier porte-avions à pont d'envol, permettant aussi bien le décollage que l'appontage, apparut fin 1917 seulement (Le Masson,Mar., 1951, p.8). ♦ Faux(-)pont. Pont inférieur situé au-dessus de la cale et qui était autrefois un plancher mobile ou ne couvrant pas toute la cale; p.méton., espace compris entre ce pont et le pont qui lui est immédiatement supérieur. De l'étrave à l'étambot, le faux pont avait, je crois, trente-cinq pieds (Sue,Atar-Gull, 1831, p.15).Les matelots se taisaient, réunis dans le faux pont (Fromentin,Dominique, 1863, p.166).P. ext. Tout pont intermédiaire; p.méton., espace compris entre deux ponts, quels qu'ils soient. En même temps, la Sibylle s'inclinait toujours (...). Alors ceux mêmes qui n'étaient pas de quart, ceux qui dormaient dans les faux ponts, comprirent: c'était le commencement des grands vents et des grandes houles (Loti,Mon frère Yves, 1883, p.79). REM. Autopont, subst. masc.Pont construit pour améliorer la circulation routière et emprunté uniquement par des véhicules à moteur. Autopont Bazin, autopont Lobau à Nancy. Prononc. et Orth.: [pɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 punt «construction élevée d'un bord à l'autre d'une rivière, pour permettre de la traverser» (Roland, éd. J. Bédier, 2690); ca 1260 pont de neis «pont fait de plusieurs bateaux attachés ensemble» (Ménestrel Reims, éd. N. de Wailly, § 150); 1677 pont de bateaux (Miege); 1358-59 pont dormant (Registres des comptes municipaux de la ville de Tours, éd. J. Delaville-Le Roulx, t.1, p.9); 1611 pont volant «passerelle reliant le bateau au bord» (Cotgr.); 1690 pont volant «pont composé de deux petits ponts placés l'un sur l'autre et disposés de sorte que celui de dessus s'avance par des cordages et des poulies attachées à celui de dessous» (Fur.); b) fig. ca 1200 «ce qui sert de lien entre deux choses» (Lai du Conseil, éd. A. Barth, 306); c) loc. fig. ca 1179 batre (qqn) com asne a pont «battre (quelqu'un) comme un âne qui va passer un pont» (Renart, éd. M. Roques, 1067; v. G. Tilander, Remarques sur le Roman de Renart, p.23-24); xiiies. (Du convoiteus et de l'envieux ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t.5, p.213, 66-67); fin xves. le pont aux asgnes (Farce du Pont aux asgnes ds La Farce en France de 1450 à 1550, éd. A. Tissier, deuxième série, t.1, p.51; v. en partic. p.44, sqq.); 1584 c'est le pont aux asnes «se dit des choses si communes que tout le monde les sait, des choses très faciles» (G. Bouchet, Serees, XI, p.344); 1611 pont aux asnes «expression qu'emploient les ignorants, qui ne connaissant pas la véritable cause des événements, imputent celle-ci à la magie» (Cotgr.); 1532 pont aux asnes de logicque «conversion d'une proposition» (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, chap.18, p.150); 1877 pont aux ânes «démonstration graphique du théorème sur le carré de l'hypoténuse» (Littré Suppl.); 1534 faire un pont d'argent à qqn «faciliter (à l'ennemi) la retraite, pour ne pas le réduire au désespoir» (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, M. A. Screech, V.-L. Saulnier, chap.41, p.244); 1585 faire des ponts d'or à qqn «id.» (Paré, Apologie, et traité contenant les voyages faits en divers lieux ds OEuvres, éd. J.-F. Malgaigne, t.3, p.707); 1616-20 faire un pont d'or à qqn « id.» (D'Aubigné, Hist. univ., II, 435); ca 1670 «faire à quelqu'un de grands avantages pour le déterminer à se désister d'une prétention, etc.» (Retz, Mémoires, éd. A. Feillet, t.2, p.448); 1640 il passera bien de l'eau dessous le pont (Oudin Curiositez); 1718 jeu faire un pont (Ac.); 1837 faucher dans le pont «donner dans le panneau» (Vidocq, Voleurs, t.1, p.160); 1847 couper dans le pont «id.» (Balzac, Splend. et mis., p.542); d) 1626 trésoriers et receveurs généraux des ponts et chaussées (édit. de déc. 1626 ds E. J. M. Vignon, Ét. hist. sur l'admin. des voies publiques en France au 17eet 18esiècle, Paris, 1862, t.1, pièces justificatives, p.98); e) 1898 autom. pont d'arrière (La France automobile, 296 ds Fr. mod., t.43, p.53); 2. a) 1155 punt «plancher ou assemblage de planches qu'on jette d'un navire à terre, ou d'un navire à un autre, pour faciliter le débarquement, l'embarquement, etc.» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 11198); 1925 pont-promenade (Galopin, Lang. mar., p.22); 1949 pont d'envol (Nouv. Lar. univ.); b) 1818 «partie de vêtement masculin» (Petite chronique de Paris, 283 ds Quem. DDL t.20); c) 1867 «congé que s'accorde un employé pour joindre deux autres congés qui lui ont été accordés» (Delvau); 1867 faire le pont (ibid.); d) 1948 pont aérien (L'Aurore-France libre, 17 déc. ds Quem. DDL t.18). Du lat. pontem, acc. de pons. L'expr. batre com asne a pont est due à l'opiniâtreté des ânes et à la répugnance qu'ils ont, sans doute par peur de l'eau, à franchir les ponts; il faut les frapper fort pour qu'ils se décident à passer. Comme le moyen est à la portée de tout le monde, on en serait venu à appeler pont aux ânes, les choses qui sont d'une extrême facilité. L'appellation de pont aux ânes appliquée au célèbre théorème du carré de l'hypothénuse est peut-être liée à la difficulté que présente la démonstration de la proposition qui permet de distinguer les bons élèves (c'est-à-dire ceux qui «passent le pont») des mauvais (c'est-à-dire ceux qui restent en deçà de l'obstacle, sur la rive) (v. Gde Encyclop., t.27, p.258). 2 a pont promenade prob. trad. de l'all. Promenadedeck. Fréq. abs. littér.: 5504. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8486, b) 10304; xxes.: a) 6248, b) 6887. DÉR. Pontier, subst. masc.a) Celui dont le métier est de manoeuvrer un pont mobile. [La manoeuvre d'un pont à une seule volée] se fait avec une seule équipe de pontiers, souvent même avec un seul homme (Quinette de Rochemont,Trav. mar., t.1, 1900, p.494).b) Conducteur d'un pont roulant. Embauché grâce à son père aux aciéries de Neuves-Maisons à 18 ans il exerce la profession de pontier au moment de son arrestation (L'Est Républicain, 26 janv. 1984, p.région. lorr.). − [pɔ
̃tje]. − 1reattest. 1874 «celui qui est chargé de la manoeuvre d'un pont tournant» (Lar. 19e]; de pont, suff. -ier*; cf. a. béarn. ponter «celui qui garde un pont» (Archives des Basses-Pyrénées ds Lespy-Raym.). BBG. −Quem. DDL t.5, 8, 13, 14, 18, 20, 27. |