| POMPEUX, -EUSE, adj. A. − Littér. [Corresp. à pompe1A] 1. [En parlant d'un cortège, d'une cérémonie] Fastueux, grandiose. Suite pompeuse. En vain l'homme étale sa grandeur factice et tâche de cacher son néant sous un pompeux appareil (M. de Guérin,Corresp., 1829, p.26).Tu seras un seigneur dans mon pompeux cortège, Et tu présideras des cours d'amour (Hugo,Légende, t.2, 1877, p.395).V. appareil ex. 5. 2. Somptueux, majestueux. Entrée, cour pompeuse. Cette nef royale de haut-bord et à trois ponts, galbée, stylisée, pleine de voussures et de dorures, pompeuse de la pomme du grand mât à la quille, et qui livra sous Louis XVI un si galant combat aux Anglais (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.57): 1. Je le répète, même en ses parties les moins pompeuses, Paris offrait alors au promeneur, au passant, des voies et des carrefours que les masses en mouvement n'arrivaient pas souvent à rendre inaccessibles.
Duhamel,Jard. bêtes sauv., 1934, p.12. 3. Glorieux. Accoudés au balcon, sous le pompeux écu des Barcenas, nous écoutions leurs voix monter jusqu'à nous avec le parfum enivrant des jasmins (T'Serstevens,Itinér. esp., 1963, p.325). B. − [Corresp. à pompe1B] 1. Vx. Style pompeux. Style noble (d'apr. Ac. 1835). 2. Péj. Exprimé avec pompe et affectation. Raquel Meller, vedette imposée, fit de Carmen une oeuvre pompeuse et froide, mais la sensibilité de Visages d'enfants demeure bouleversante (Sadoul,Cin., 1949, p.197).Les expressions toutes faites ou pompeuses ou pédantes, les platitudes, les vulgarités, les maniérismes (Sarraute,Ère soupçon, 1956, p.123): 2. ... la lecture de ces phrases pompeuses sur «la perversion des moeurs contemporaines et le mépris des saintes lois de l'honneur et de la morale» a le don de le mettre de mauvaise humeur pour le reste de la journée.
Theuriet,Mais. deux barbeaux, 1879, p.149. 3. Affecté, emphatique. Style, discours pompeux. Les «historiens» cultivaient le genre littéraire, pompeux et vide, que l'on appelait alors «l'Histoire» (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist., 1898, p.92).[Le programme] ne doit pas être promulgué et ne saurait avoir rien de commun avec ce que le langage pompeux des parlements appelle les grands programmes de travaux publics (Chardon,Trav. publ., 1904, p.106). 4. [En parlant d'une pers.] Qui affecte une solennité, une dignité excessive et plus ou moins ridicule. Orateur pompeux. La réduction du prix du sel (...) aurait une influence bien autrement efficace sur les richesses agricoles du pays, que toutes ces pompeuses commissions, dont l'impuissance et l'inutilité sont aujourd'hui généralement reconnues (Monopole et impôt sel, 1833, p.39). Prononc. et Orth.: [pɔ
̃pø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1350 «(personne) qui affecte une solennité plus ou moins ridicule» (Gilles li Muisis, Poésies, II, 206 ds T.-L.); b) 1474 «(personne) qui a de la pompe, de l'éclat» (Jean de Roye, Chronique scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t.1, p.311); 2. 1409 «(cortège, cérémonie) magnifique, somptueux» (Traité de P. Salem., ms. Genève 165, fo76 vods Gdf. Compl.); 3. 1572 «qui est exprimé sur un ton élevé» (Amyot, OEuvres morales, ibid.: parole pompeuse); 1674 péj. (Boileau, Art poét., I, 158, éd. Ch.-H. Boudhors, p.86: pompeux barbarisme). Dér. de pompe1*, d'apr. le b. lat. pomposus (ves. ds Gaff.). Fréq. abs. littér.: 382. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 901, b) 468; xxes.: a) 431, b) 344. DÉR. Pompeusement, adv.a) Avec pompe. On vanta pompeusement le génie de Mack, chef d'état-major de Cobourg, qui mena la campagne (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p.315).b) Avec emphase. Pour leur donner l'éclat des vraies perles, on y insufflait avec une pipette effilée une pâte pompeusement dénommée «essence d'Orient» (Cl. Duval, Verre, 1966, p.93).− [pɔ
̃pøzmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. a) Ca 1370 «avec pompe, faste» (Jean Le Fèvre, Lamentations Matheolus, IV, 309 ds T.-L.), b) 1686 «avec emphase» (Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, 1ersoir ds Littré); de pompeux, -euse, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 90. BBG. −Duch. Beauté 1960, p.119-120. |