| POMMADE, subst. fém. A. − Cosmétique composé d'une base grasse et d'une ou plusieurs essences parfumées, servant aux soins de la peau ou des cheveux. Synon. crème.Pot à pommade; cheveux luisant de pommade; poudre et pommade. Ils (...) parlèrent de cold-cream, de concombre, de pommade rosat (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.219).Je suis un vieux naturiste. Je n'aime pas beaucoup toutes ces pommades que les femmes d'aujourd'hui se collent sur la figure (Sartre, Mur, 1939, p.49): 1. ... une toilette dressée où ne manque rien de ce qui est nécessaire à une femme, fût-elle duchesse, peignes, éponges, flacons d'essence, opiats, boîtes à mouches, pommades pour les lèvres, pâtes d'amande...
Gautier, Fracasse, 1863, p.193. − Loc. fig., fam. Passer de la pommade (à qqn). Flatter grossièrement. «(...) Ma décision est aux ordres de la vôtre.» C'est ainsi que discourut cet homme comparable à nul autre en l'art de passer de la pommade (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6etabl., 2, p.241): 2. −(...) vous avez dit des choses justes, un peu perdues au milieu de diverses maladresses. −Monsieur... −Pasquier, vous n'attendez pas de moi que je vous passe de la pommade. Ce n'est pas dans mes façons. Moi, je vous connais.
Duhamel, Combat ombres, 1939, p.205. B. − Préparation médicamenteuse de consistance molle, destinée à être appliquée sur la peau ou sur les muqueuses, composée d'un excipient gras et d'un ou plusieurs principes actifs qui y sont dissous ou émulsionnés. Pot, tube de pommade. L'apothicaire certifia qu'il le guérirait lui-même, avec une pommade antiphlogistique de sa composition (Flaub., MmeBovary, t.2, 1857, p.153).L'utilisation locale [d'un antibiotique] sous forme d'aérosols, de solutions, de collyre, de pommades est fréquente (Quillet Méd.1965, p.275). − Pommade + adj., pommade de + subst. (vieilli), pommade à + subst. [l'adj. ou le subst. désignant un principe actif]Pommade soufrée. Pommade de pavot, de jusquiame et de belladone (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t.2, 1821, p.567).Glisser entre les paupières gros comme un pois de pommade à l'oxyde jaune de mercure (Garcin, Guide vétér., 1944, p.42). SYNT. Pommade antibiotique, antiseptique; pommade adoucissante, calmante, désinfectante; appliquer de la pommade sur qqc.; enduire qqc. de pommade; baume, onguent et pommade. Prononc. et Orth.: [pɔmad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1539 «préparation onctueuse composée d'un corps gras et d'essences parfumées, utilisée dans les soins de la peau ou des cheveux» (G. Corrozet, Les Blasons domestiques, éd. A. de Montaiglon ds Rec. anc. poés. fr., t.6, p.267); 2. 1611 «onguent médicinal» (Cotgr.); 3. 1878 au fig. (Rigaud, Dict. jargon paris.: Pommade, coup de pommade. Flatterie. −Jeter de la pommade, flatter); 1893 passer de la pommade «flatter» (Courteline, loc. cit.). Empr. à l'ital. du Nord pomada, ital. pomata «pommade», att. dep. la 2emoit. du xves. (Canti carnascialeschi ds Tomm.-Bell.), dér. de pomo «pomme» parce que les anciennes pommades étaient aromatisées à la pomme d'api (v. DEI). Fréq. abs. littér.: 159. DÉR. Pommadin, subst. masc.,fam., vieilli, dépréc. a) (Garçon) coiffeur. Cet insipide pommadin (...) mettait sa gloire à vous raconter qu'il avait un jour «gratté» le grand duc Alexis (L'Ère Nationale ds Bruant1901, p.112).b) Jeune homme que son élégance excessive rend ridicule. Synon. gandin, gommeux (vieilli), minet (mod.).Des gonsesses en soie et des pommadins (Huysmans, Marthe, 1876, p.57).− [pɔmadε
̃]. − 1resattest. a) 1863 «garçon coiffeur» (Mozin Suppl.), b) 1872 «élégant ridicule» (Larch.); de pommade, suff. -in*. BBG. −Hope 1971, p.217. |