| POLONAIS, -AISE, adj. et subst. I. A.− De Pologne. 1. (Celui, celle) qui est originaire de ce pays; qui y habite. Il faut être polonais pour souhaiter faire sa femme d'une maîtresse dévouée! (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 361).Les Polonais et les Russes sont des Slaves, qui peuvent se traiter comme des frères (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv.,1868, p. 117). − [En parlant d'une collectivité] :
Si j'étais décidé à ne pas engager la responsabilité de la France dans l'entreprise d'asservissement de la nation polonaise, ce n'était pas que j'eusse d'illusions sur ce que ce refus pourrait avoir d'efficacité pratique. Nous n'avions évidemment pas les moyens d'empêcher les Soviets de mettre leur plan à exécution.
De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 73. 2. Lapin polonais. Race de lapins de petite taille à fourrure argentée. (Ds Lar. 20e-Lar. Lang. fr.). 3. LING. Langue polonaise : polonais, subst. masc. Langue parlée en Pologne, appartenant au groupe slave occidental. La Lituanie a vu s'implanter à côté du lituanien le polonais, conséquence de son ancienne union avec la Pologne, et le russe, résultat de l'incorporation à l'empire moscovite (Sauss.1916, p. 266). B.− [Avec une valeur caractérisante] 1. [En parlant d'une pers.] Qui présente certaines caractéristiques propres à la Pologne ou à ses habitants. − Boire comme un Polonais. Boire avec excès. Être gris, ivre, soûl comme un Polonais. Être ivre au dernier point. Il voulait embrasser toutes les femmes, il était gris comme un Polonais et buvait dans son chapeau (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 89). 2. Spécialement a) HABILL. Robe polonaise et p. ell. polonaise, subst. fém. Robe dont le dos est ajusté et cambré et dont les pièces de dos, très étroites à la taille, s'épanouissent sur une tournure en demi-panier (d'apr. Leloir 1961). − P. anal. Jupe polonaise. Jupe plissée polonaise relevée très en arrière et garnie de petits biais bleus (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 779). b) TECHNOL. Fer polonais ou p. ell., polonais, subst. masc. Fer à repasser à bouts arrondis. Le fer à bouts ronds ou polonais est utile pour le linge d'enfants et pour les volants (Lar. mén.1926, p. 1044). II.− À la polonaise, loc. adj. A.− AMEUBL. Lit à la polonaise. Lit à quatre colonnes d'où partent des pièces de fer qui supportent le baldaquin. Le lit à la polonaise possède deux et quelquefois trois dossiers. Les colonnes qui portent le baldaquin sont prolongées par des pièces de fer qui soutiennent les rideaux (Viaux, Meuble Fr.,1962, p. 99). B.− GASTR. Garniture à la polonaise. Garniture ,,faite d'un hachis de jaune dur et de persil, dont on parsème l'apprêt et sur lequel on répand ensuite de la mie de pain frite au beurre, avec sa friture`` (Ac. Gastr. 1962). Choux-fleurs à la polonaise. C.− HABILL. À la polonaise. À plis dans le dos et à volants. On revient à la mode « à la polonaise », elle est « à ailes » qui se relèvent sur le jupon de dessous envolanté (Villard, Hist. cost.,1956, p. 98). REM. 1. Polognard, subst. masc.,hapax. Bougrelas : En avant, mes amis! Vive la Pologne! Père Ubu : Oh! Oh! attends un peu, Monsieur le Polognard (Jarry, Ubu,1895, V, 2, p. 88). 2. Polonisation, subst. fém.Action de rendre polonais. Alors que les nombreux Juifs refoulés de Russie en Pologne depuis 1890 et parlant surtout yiddisch étaient ballottés entre une culture seconde russe, ou allemande, ou polonaise, on assiste désormais à ce double phénomène : polonisation sincère, ou, à un degré égal, hébraïsation et sionisation des jeunes générations juives (Arts et litt.,1936, p. 52-1). 3. Poloniser, verbe trans.a) Pol., vx. ,,Faire subir le sort de la Pologne; partager, démembrer comme la Pologne`` (Besch. 1845-46). b) Donner une forme polonaise à un mot ou à une tournure de langue étrangère. Traduire en français, langue policée s'il en est, ce polonais [de S. I. Witkiewicz] ébouriffé, sauvage, en ébullition perpétuelle, entrecoupé d'expressions russes, anglaises, françaises et allemandes souvent « polonisées » d'une façon insolite relève de la gageure (Le Nouvel Observateur,22 juin 1981, p. 75, col. 3). 4. Polono-, élém. de compos. représentant l'adj. polonais.a) Polono-lithuanien, -ienne, adj.Différend polono-lithuanien (Cons. S.D.N.,1938, p. 34). b) Polono-russe, adj.Masse juive polono-russe (Philos., Relig., 1957, p. 48-12). Prononc. : [pɔlɔnε], fém. [-ε:z]. Étymol. et Hist. A. 1. 1442 Poulenoys « habitant de la Pologne » (B. de Jennes, Let. in J. de Wavrin, Anchiennes cronicques d'Engleterre, II, p. 9 ds Quem. DDL t. 21); 1540 Polonois (trad. de J. Boemus, Recueil de div. hist. touchant les situations de toutes régions, p. 151, verso, ibid.); 1845 gris comme un Polonais (Flaub., loc. cit.); 2. 1540 adj. langange Polonois (trad. de J. Boemus, op. cit., p. 154, recto ds Quem. DDL t. 21). B. 1593 chausses à la poloignoise (Tarif du Comtat Venaissin, p. 383 ds Gay t. 1, p. 354a, s.v. chausses); 1653 tasses à la pollonnoise (Inventaire du cardinal de Mazarin ds Havard t. 4). C. 1. a) 1776, 21 déc. « sorte de robe » (Corr. litt. secr., no52 ds Proschwitz Beaumarchais, p. 347); b) 1813 « redingote » (Jouy, Hermite, t. 4, p. 272); 2. 1777 mus. « air de danse » (Encyclop. Suppl. t. 14, p. 471b). A dér. de la forme latinisée Polonia « Pologne », dér. du lat. médiév. Polonus (ca 1100, Gallus d'apr. FEW t. 20, p. 44), var. de polanus forme issue du polon. Polánin « polonais » qui est lui-même à l'orig. du m. fr. poulaine*; cf. aussi polaque. B et C fém. subst. de Polonais, adj. Fréq. abs. littér. Polonais : 504. Polonaise : 266. Fréq. rel. littér. Polonais : xixes. : a) 737, b) 746; xxes. : a) 572, b) 770. Polonaise : xixes. : a) 164, b) 801; xxes. : a) 268, b) 399. Bbg. Quem. DDL t. 16, 17, 21, 26. |