| POLI, -IE, adj. A. − [En parlant d'une pers.] Dont le comportement, les manières, le langage sont conformes aux règles de la bienséance, au respect des convenances. Anton. impoli.Impatience à peine polie; fermeté polie; être poli envers les femmes, avec tout le monde, à l'égard de qqn. Je me suis levée pour lui demander s'il voulait quelque infusion... lui toujours si poli, si doux (...) il m'a renvoyée en vrai butor (Bourget, Disciple, 1889, p.209). − Expr. fam. ♦ Trop poli pour être honnête. ,,Dont les manières exagérément courtoises font pressentir le désir de tromper`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). ♦ Sois poli, si t'es pas joli! ,,Formule de reproche ironique à un impoli`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). B. − [En parlant d'un inanimé] 1. Qui dénote le respect des convenances, des bonnes manières, une bonne éducation. Déférence, expression, ironie, lettre polie. Je pensais en moi-même qu'il serait bien de faire à cet avertissement une réponse polie. Par exemple: −Mademoiselle, c'est seulement pour vous que je viens! (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.185). «... je vous prie de rester au garage. Une nuit est vite passée. Lorin reprendra son service demain.» Il n'y avait rien à dire. C'était un ordre poli, mais c'était quand même un ordre, et je tenais beaucoup à conserver ma place (Duhamel, Suzanne, 1941, p.215): . −Votre frère vous dit que vous êtez bien installé, répéta le directeur. Jacques fit rapidement volte-face. Il avait un air poli, bien élevé, que son frère ne lui avait jamais vu. −Oui, monsieur le directeur, très bien.
Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p.692. − Vieilli. Délicat, raffiné. Ce n'est point la langue douce et polie de Des Portes que parle et qu'écrit d'Aubigné (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr.,1828, p.145). 2. En partic. Qui témoigne d'une certaine réserve, qui est sans conviction, froid. Ennui, sourire poli. Je n'oublierai jamais les sourires ironiques, les silences polis, voire désapprobateurs, lorsque j'expliquais la mise en route d'expériences très simples (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p.112).Le premier plan avait été accueilli avec un intérêt poli plutôt qu'avec enthousiasme (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p.238). Prononc. et Orth.: [pɔli]. Homon. et homogr. poli (v. polir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1160 «uni, lisse, brillant» (Eneas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 6458); 2. 1172-90 «choisi, soigné (des mots)» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4361); spéc. 1580 «qui porte la marque de la culture et du bon ton» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, I, 25, p.139); 1681 «civilisé (d'un peuple, d'un pays)» (Bossuet, Discours sur l'Hist. univ., p.30); 3. 1694 (Ac.: Poli. Doux, civil, honneste, complaisant, qui pratique de bonne grace tout ce qui regarde l'exterieur de la vie civile). Du lat. politus «uni, lisse, brillant», «poli (par l'instruction)», «poli, limé, châtié, qui a du fini (du style)», part. passé adj. de polire, polir*. Cf. l'ital. polito, pulito «net, sans tache» (xives. ds Tomm.-Bell.) et «qui choisit bien ses mots (d'un écrivain)» (xives. ibid.), déjà en a. prov. polit «choisi» mil. xives. (Leys d'amors, fol. 119 ds Rayn.). Sens 3 sous l'infl. de politesse*. STAT. −Poli, adj. et part. passé. Fréq. abs. littér.: 1922. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2965, b) 3254; xxes.: a) 2671, b) 2293. BBG. −Dauzat Ling. fr. 1946, p.7. |