| POIVRADE, subst. fém. A. − GASTR. [Corresp. à poivre A] Réduction à base de vin blanc et de vinaigre que l'on fait bouillr avec des échalotes et beaucoup de poivre ainsi que divers épices. Touts [les] poivrades doivent avoir le poivre pour dominante et non pas l'utiliser comme simple ingrédient (Ac. Gastr.1962). − En appos. Sauce poivrade Lorsque les poulets sont cuits et colorés, égouttez-les. Dressez-les en rocher sur une serviette, garnissez-les de persil frit; servez à part sauce poivrade ou sauce tomate (Gdes heures cuis. fr.,J. Gouffé, 1877, p.185). − Loc. adj. À la poivrade. [En parlant d'aliments consommés froids] Avec du sel et du poivre. Radis à la poivrade. Les trois ménages étaient à table et se livraient à une orgie d'artichauts à la poivrade (Murger,Scènes vie boh., 1851, p.132). ♦ P. méton. Petits artichauts à manger crus. On nomme encore aile, chez les artichauts, les têtes secondaires qui se développent sur la tige de chaque côté et un peu au dessous de la tête principale: les petites têtes qui se développent sur cette même tige, mais plus bas encore, reçoivent dans le langage vulgaire le nom de poivrades (Carrière,Encyclop. hortic., 1862, p.14). B. − Arg. [Corresp. à poivre B 2 b] 1. Action de s'enivrer. (Dict.xixeet xxes.). Alex s'était mis à marcher à la poivrade (Pt Simonin ill., 1957, p.228). − P. méton. Homme ivre. [L.] manquait jamais de vaguer les poivrades qui ronflaient sur les bancs (Pt Simonin ill., 1957, p.287). 2. Syphilis. (Le Nouv. Vadé, 1824 ds Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p.303). Prononc. et Orth.: [pwavʀad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. 1505 «sauce poivrée» (Desdier [Christol] trad. de De honesta voluptate, fol. 77cds Gdf. Compl.); 1642 (Oudin Fr.-Ital., p.440a); 1690 artichauds à la poivrade (Fur.); de là 2. 1862 poivrades «petits artichauts à manger crus» (Carrière, loc. cit.). B. 1. 1824 arg. «syphilis» (Le Nouv. Vadé, loc. cit.); 2. a) s.d. id. «ivrognerie» (Carabelli, [Lang. verte]); b) 1957 «homme ivre» (Pt Simonin ill., p.287). A dér. de poivre*, prob. en raison de l'orig. de la 1reattest., d'apr. l'a. prov. pebrada «sauce poivrée» (fin xiie-déb. xiiies., Raimon Vidal de Bezalu ds Rayn.; déb. xiiies. Traité de diététique ds Levy Prov.). Poivrade a évincé le synon. a. fr. pevree (ca 1180 ds T.-L.); v. aussi pipérade. B dér. de poivrer* aux sens II A 3 et 5; suff. -ade*. |