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POIGNÉE, subst. fém.
A. − Quantité.
1.
a) Quantité (d'une chose) contenue dans une main fermée. De rage, Mouchette a lancé (...) une poignée de boue qui s'est écrasée sans bruit sur la route (Bernanos,Mouchette, 1937, p.1268).Elle tomba à genoux, racla la terre de sa main nue et jeta une poignée de graviers qui alla crépiter sur le bois du cercueil (Druon,Gdes fam., t.1, 1948, p.107).
SYNT. Poignée de blé, de bonbons, de cailloux, de cendre, de confetti, de dragées, de grains, de monnaie, de neige, de poussière, de riz, de sable, de sel.
b) Quantité (d'une chose) empoignée. Elle cueillit une poignée de fleurs naturelles dans une jardinière (Zola,Page amour, 1878, p.891).Je lui arrachai même une poignée de cheveux et un côté de la moustache (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Enragée? 1883, p.883):
1. Il prit une grosse poignée de branches qu'il jeta sur le feu, puis une deuxième, faisant naître une grande flamme claire qui est montée à un bon mètre du foyer... Ramuz,Gde peur mont., 1926, p.137.
c) À/par poignée(s). À pleine(s) main(s). Il avait saisi le drap à poignée, il s'y cramponnait, comme pour y trouver un point d'appui et soulever l'effroyable masse qui lui écrasait la poitrine (Zola,Dr Pascal, 1893, p.298).Les larges pains à cacheter blancs que je mangeais à poignées (Colette,Sido, 1929, p.76).
Au fig. [En parlant d'argent] Avec prodigalité. Elle ne jetait pas l'argent à poignées, mais ne marchandait pas (Arland,Ordre, 1929, p.326).
2. P. anal.
a) Petit nombre de personnes. Une poignée de factieux, de gens. La volonté générale trahie par une poignée de privilégiés, de courtisans et de félons (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.46).
b) Faible quantité. Une constitution sur l'Espagne, c'est une poignée de plâtre sur du granit (Gautier,Tra los montes, 1843, p.20).Il vaut mieux laisser les fées dans leur vague et leur mystère (...). Si l'on ose saisir un pan de leur robe d'or, on n'a dans la main qu'une poignée de feuilles sèches (A. France,Livre ami, 1885, p.324).
B. − Poignée de main. Geste par lequel on salue quelqu'un en lui serrant la main. Synon. shake-hand.Poignée de main molle, solide, vigoureuse; donner, esquisser une poignée de main; distribuer les poignées de main. Nous avons échangé une rapide poignée de main en signe d'entente cordiale (Du Camp,Nil, 1854, p.69).La poignée de main d'Anne fut nette, chaude, cordiale, l'invitant à ne rien chercher derrière elle, dans la direction de profondeurs absentes (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.141).
C. − Objet (ou partie d'objet) conçu(e) pour être saisi(e) et tenu(e) par la main fermée.
1. Partie d'un objet (arme, instrument, outil) qui permet de le tenir, de le porter. Poignée de canne, de couvercle, d'épée, de pistolet, de sabre; manche à poignée. Il avait passé son bâton dans la poignée de sa valise et il la portait sur l'épaule (Ramuz,A. Pache, 1911, p.222):
2. A-t-elle subi la torture, l'abominable torture du miroir, du petit miroir à poignée d'argent qu'on ne peut se décider à reposer sur la table, puis qu'on rejette avec rage et qu'on reprend aussitôt, pour revoir, de tout près, de plus près, l'odieux et tranquille ravage de la vieillesse qui s'approche? Maupass.,Contes et nouv., t.2, MmeHermet, 1887, p.1127.
2. Partie d'un objet qui permet de le manoeuvrer, de le faire fonctionner. Poignée articulée, mobile; poignée de fenêtre, de porte, de tiroir; poignée de frein, de manivelle, de signal d'alarme. Il tira la poignée et l'autobus s'ébranla (Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.271):
3. En jetant avec dextérité, dans le même temps qu'elle tournait la poignée de la croisée et prenait l'air, un coup d'oeil désintéressé sur le fond de la cour, elle y dérobait furtivement la certitude que la duchesse n'était pas encore prête... Proust,Guermantes 1, 1920, p.17.
3. Sangle, anneau servant à se tenir (en particulier dans certains véhicules). Tenez-vous aux barres et aux poignées! Une barre horizontale placée au-dessus du milieu du lit suivant toute sa longueur. Il en pend une corde avec une poignée, que saisit le malade (Lar. mén.1926, p.768).Son wagon s'est changé en un wagon de nègres! Suspendus aux poignées de cuir par une longue main noire et crochue, mâchant leur gomme, ils font penser aux grands singes du Gabon (Morand,New-York, 1930, p.234).
4. Pièce de protection permettant de tenir un objet chaud. Tiens! voilà notre gros fer à repasser que nous réclamons depuis si longtemps! Regardez comme la poignée en est bien regarnie (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, 2etabl., 6, p.1592).Les poignées permettent de soulever un couvercle ou de saisir un manche de casserole brûlant (Mathiot,Éduc. mén., 1957, p.87).
Prononc. et Orth.: [pwaɳe]. Dans la famille de poing (poignant, poignard, empoigner, etc.) [wa] résulte d'un découpage erroné de graphèmes: sous l'influence de la graph. on rattache i à la voyelle précédente o d'où oi = [wa] alors que -ign- servait à noter [ɳ]: [pɔ ɳe], [pɔ ɳa:ʀ] etc.; [wa] déjà ds Fér. 1768, Fér. Crit. t.3 1788, Gattel 1841, Nod. 1844; [ɔ ɳ] encore ds Littré (mais: ,,Quelques-uns disent [wa])`` et ds DG; selon Mart. Comment prononce 1913 p.49 le peuple dirait pogne, empogner, considérés comme fam. alors que poignet, poignée, poignard d'usage littér. autant que pop. et surtout poignant plutôt littér. seraient définitivement altérés; [ɔ ɳ] et [wa] ds Passy 1914 et ds Barbeau-Rodhe 1930 qui ajoute: ,,moins bien`` pour [wa]; uniquement [wa] ds Pt Rob. et Lar. Lang. fr. De la série seul pognon d'usage pop. conserve [ɔ ɳ] bien que la var. poignon existe aussi. Même évolution que poignée etc. pour moignon; 2 exceptions: encoignure (aussi encognure): [ɔ ɳ], [wa] ds Pt Rob. et oignon toujours [ɔ ɳ]. (Voir G. Straka, Formation de la prononc. fr., 1981, pp.228-229). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1170 «quantité de qqc. contenue dans une main fermée» puinnie (Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, III, XVII, 12, p.156); b) fin xives. fig. «petit nombre (de personnes)» (Froissart, Chronique, éd. Luce, t.3, p.190); 2. 1370 puignee «partie d'un objet par où on le saisit» (Compt. de Valenc., A. Valenciennes ds Gdf. Compl.). Dér. de poing*; suff. -ée*. Fréq. abs. littér.: 1966. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1390, b) 4659; xxes.: a) 3717, b) 2441.