| POIGNARD, subst. masc. A. − 1. Arme blanche à lame courte, assez large, tranchante et effilée à son extrémité, garnie d'un manche. Garde, lame, manche, fourreau d'un poignard; dégainer son poignard; donner un coup de poignard; frapper qqn d'un coup de poignard, à coups de poignard. Ils se tailladent les bras avec leurs poignards (Flaub.,Tentation, 1849, p.470).Mais qu'il garde encore une fois le silence, celui qui, sous le poignard de Brutus, n'aurait même pas dit: «Toi aussi!» (Montherl.,Olymp., 1924, p.274): . Hier, il voit sa femme entrer dans la chambre du capitaine, pour lui remettre quelque linge qu'on avait lavé; il la suit, et lui porte trois coups de poignard.
Courier,Lettres Fr. et Ital., 1805, p.694. ♦ En compos. Couteau-poignard. Couteau à lame aiguë et tranchante des deux côtés. Une sorte de couteau-poignard dont je me servais pour couper les feuillets des livres (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Un Fou? 1884, p.975). − MÉD. Douleur en coup de poignard. ,,Douleur vive et soudaine en un point du corps`` (Lar. Méd. t.3 1972). Le début est soudain, brutal: une douleur atroce en «coup de poignard», dans la fosse iliaque droite (Widal, Lemierre, Abramids Nouv. Traité Méd.fasc. 31927, p.119). 2. Au fig. a) (Coup de) poignard. Tout ce qui peut blesser, offenser d'une manière profonde. Il est des moines qui ruinent leurs corps par des abstinences indiscrètement prolongées. On peut dire de ceux-ci qu'ils se plongent le poignard dans le sein (A. France,Thaïs, 1890, p.272). b) Locutions ♦ Mettre le poignard sur la gorge. V. gorge I A 2 d.Synon. de mettre le couteau* sur/sous la gorge. ♦ (Donner) un coup de poignard dans le dos. Trahir. Dans ce champ clos [Le Palais Bourbon], le croc-en-jambe, la chausse-trape et le coup de poignard dans le dos, sont choses fort appréciées des vainqueurs (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p.343). ♦ Retourner le poignard (dans la plaie). Synon. de retourner le fer* dans la plaie.Ces sortes de plaisanteries, quand surtout elles portaient sur les maladies de ses enfants, retournaient le poignard dans le coeur de Mmede Rênal (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.37).Un élève qui lui en veut [à mon père] a retourné le poignard dans la plaie. Le soir du même jour où l'on apprit que j'étais refusé, on lisait sur notre porte: À la boule noire Auberge des retoqués Agrégation et baccalauréat (Vallès,J. Vingtras, Enf., 1879, p.376). B. − P. anal. 1. COST. ,,Dans le langage des tailleurs, toute espèce de retouche au vêtement, soufflet, pince rétrécissement`` (Leloir 1961). − P. méton. ,,Vêtement qui revient au tailleur, à la couturière pour être retouché`` (Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p.272). 2. ICHTYOL. Jeune brochet (d'apr. Schreiner 1975). Prononc. et Orth.: [pwaɳa:ʀ]. V. poignée. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1460 poignart «sorte d'arme» (Villon, Ballade de fortune, 34 ds Le lais Villon et les poèmes variés, éd. J. Rychner et A. Henry, t.1, p.65, v. aussi note, t.2, p.103); 1611 coups de poignard «paroles blessantes» (Larivey, Constance, III, 6 ds Anc. théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t.6, p.253). Réfection, par changement de suff. (et peut-être par infl. de termes comme hansart «couperet», v. FEW t.16, p.140), de l'a. m. fr. poignal, poignel adj. «qu'on tient dans la main, qu'on manie avec le poing (d'armes, de projectiles)» (ca 1165, Benoît de Sainte-Maure, Troie, 20073 ds T.-L. −1498 pierre poignal, v. Gdf.), et subst. «poignée d'une épée» (xiiies., Robert de Boron, Merlin, éd. A. Micha, p.275 −1358, v. Gdf.), att. dep. le xives. au sens de «poignard» (1364 poing[n]al dans un texte lat., 1412 poingnel, v. Gdf.); poignal remonte à un adj. lat. pop. *pugnalis «qu'on manie avec le poing» dér., sur le modèle de manualis «qu'on tient dans la main», de pugnus «poing». Fréq. abs. littér.: 1250. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3029, b) 3040; xxes.: a) 600, b) 740. Bbg. Quem. DDL t.14, 22, 27 (s.v. poignard à glace). |