| * Dans l'article "PLÂTRER,, verbe trans." PLÂTRER, verbe trans. A. − 1. Couvrir, enduire de plâtre. Plâtrer une cloison, un plafond. Un bouge, à présent nu, vide et délabré, dont les murs mal plâtrés sont ornés çà et là, à l'heure qu'il est, de quelques méchantes gravures (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.291).C'était l'unique pièce qu'on eût fait plafonner et plâtrer partout, à cause des souris (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Réveillon, 1882, p.49). 2. P. anal., fam. Farder (souvent de manière excessive). a) [Le suj. désigne le fard] Recouvrir en épaisseur. Des couches de poudre plâtrant son visage, celui-ci avait l'air d'un visage de pierre (Proust,Guermantes 2, 1921, p.199). b) Empl. pronom. réfl. Se plâtrer (le visage). Dans son maquillage ça dégoulinait en couleurs! Elle s'était poudrée... plâtrée... fardée tant et plus! Elle se faisait des cils d'odalisques, elle se ravalait pour venir en ville! (Céline,Mort à crédit, 1936, p.487). 3. Au fig. Arranger ou camoufler grossièrement. Helvétius dit (...) que toutes les intelligences sont égales; mais, en cela, il fit tort à la sienne, car pour plâtrer sa balourdise, il fut obligé d'ajouter que la différence entre les hommes résultait du plus ou du moins d'attention qu'ils apportent à leurs études (Musset,Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p.609).En attendant une grosse catastrophe qui paraît très probable, on tâche de plâtrer et de replâtrer le statu quo (Mérimée,Lettres ctessede Montijo, t.1, 1847, p.261). B. − AGRON. Amender (une terre) avec du plâtre ou du plâtras. Plâtrer une prairie artificielle (Ac.1835-1935). C. − OENOL. Clarifier et acidifier (un vin) par l'emploi de plâtre. Les vignerons du Midi plâtrent leurs vins pour les épurer, pour leur donner une couleur riche, une robe éclatante et plus pure (Littré-Robin1858, 1865). D. − CHIR. Plâtrer un membre, une partie du corps. L'immobiliser en le mettant dans un plâtre. − [P. méton.] Plâtrer qqn. Cette fillette que nous avions plâtrée ensemble, et envoyée à Berck (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.895). Prononc. et Orth.: [plɑtʀe], (il) plâtre [plɑ:tʀ
̥]. Ac. 1694 et 1718: plas-; dep. 1740: plâ-. Étymol. et Hist.1. 1287 plastrer «couvrir, enduire de plâtre» (A. Longnon, Doc. rel. au comté de Champagne et de Brie, t.III, p.65 ds C. A. Bevans, The Old French Vocabulary of Champagne, Chicago, 1941, p.107: plastrer fenestres); 2. a) 1580 fig. «chercher à étayer, à conforter» (Montaigne, Essais, II, 12, éd. Villey-Saulnier, p.539); b) 1588 fig. «revêtir d'une apparence trompeuse, masquer» (Id., ibid., III, 10, p.1019); 1689 paix plâtrée (MmeDe Sévigné, Corresp., 16 oct., éd. R. Duchêne, t.3, p.729); 3. 1618 pronom. «se farder» (Bruscambille, Fantaisies, Prol. de la laideur, p.40: [les femmes] se plastrent pour paroistre belles); 4. 1835 agron. (Ac.); 5. 1860 oenol. (Payen, De l'alim. publ., La vigne in R. des deux mondes, 15 juill., p.397 ds Quem. DDL t.10); 6. a) ca 1887 chir. appareil plâtré «plâtre chirurgical» (Gde Encyclop. t.3, p.389b); b) 1937 part. passé adj. «mis dans le plâtre (en parlant d'un membre fracturé)» (Malraux, Espoir, p.514: le bras plâtré); 1937 part. passé subst., p.méton. «qui a un membre plâtré» (Id., ibid., p.697). Dér. de plâtre*; dés. -er (cf. la forme plastrir, ca 1175, Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 42063). DÉR. Plâtreur, subst. masc.,région. Plâtrier, maçon. Une demi-heure s'était peut-être écoulée depuis que le charretier avait aperçu cette voile, quand un plâtreur, revenant de son ouvrage de la ville et contournant la mare Pelée, se trouva tout à coup presque en face d'une barque très hardiment engagée parmi les roches du Quenon, de la Rousse de Mer et de la Grippe de Rousse (Hugo,Travaill. mer, 1866, p.229).− [plɑtʀoe:ʀ]. − 1resattest. a) 1508 plastreur «ouvrier qui utilise le plâtre» (F. Blanquart, Comptes de dépenses pour la constr. du pavillon d'entrée du doyenné d'Évreux, p.58) −1576 (Sasbout, Dict. flam.-fr. ds Fonds Barbier: Leemplecker, plastreur ou enduiseur d'argile) attest. isolées, à nouv. 1866 (Hugo, loc. cit.), b) 1645 fig. plastreux [graph. phonét. pour plastreur d'apr. Littré] «personne qui déguise la vérité» (J. L. Guez De Balzac, Lettres, 16 oct., éd. Ph. Tamizey de Larroque ds Coll. de doc. inéd. sur l'hist. de France, Mél. hist., t.1, p.705: celuy [Voiture] que vous [Chapelain] appelez le plastreux et le patelin), 1661 plastreuse fém. (J. Chapelain, Lettre à Mmede Sévigné, 7 nov. ds Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.2, p.164); de plâtrer, suff. -eur2*. Cf. le lat. médiév. plastrator (1292 ds Latham). BBG. −Gary-Prieur (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sémantiques... Thèse, Paris, 1979, pp.482-484. |