| PLUVIEUX, -EUSE, adj. A. − 1. Qui est de la nature de la pluie. Synon. pluvial (v. ce mot I A 1).L'eau qui tombe des cieux Quand l'automne tarit leurs trésors pluvieux (Chénier, Épîtres, 1794, p.191).Temps gris, bruine pluvieuse (Amiel, Journal, 1866, p.547). 2. [En parlant d'une période ou d'un lieu] Qui se caractérise par des chutes de pluie abondantes. Synon. plus rare pluvial (v. ce mot I A 2).Climat, jour(s) pluvieux ; journée, matinée(s), nuit(s), saison, soirée(s) pluvieuse(s). L'hiver était pluvieux, d'une douceur humide (Zola, Rêve, 1888, p.171).Un temps pluvieux et déjà frais qui sentait mélancoliquement l'automne (Loti, Rom. enf., 1890, p.276).Le gothique est un style de pays pluvieux, embrumé (Green, Journal, 1937, p.94).V. accablement ex. 23: . Depuis trois jours il pleut fréquemment; pluie fine que le vent promène; puis, par instants, averse épaisse. Et rien n'est plus triste que le lever d'un de ces jours pluvieux.
Gide,Voy. Congo, 1927, p.710. − Loc., rare. Faire pluvieux. Faire un temps de pluie. Il faisait laid, pluvieux et froid (Pourrat, Gaspard, 1925, p.82). − Empl. subst. masc. sing. avec valeur de neutre. Même sans le soleil, le gris, le terne, le pluvieux, le frigide même de cette nature est pénétré comme d'une polarisation de chaleur (Goncourt, Journal, 1877, p.1182). − Empl. subst. Normandie, la belle pluvieuse, qui a de belles larmes froides sur de belles joues (Barb. D'Aurev., Memor. 3, 1856, p.30). 3. Qui annonce, dénote et/ou apporte un temps de pluie. Ciel, nuage(s), vent(s) pluvieux. Un cercle de nuées pluvieuses autour de l'horizon, des grains, un peu de pluie (Fromentin, Voy. Égypte, 1869, p.154).Au tournant des Vosges méridionales, les vents pluvieux du sud-ouest se sont déchargés de leur fardeau de vapeurs; ils sont (...) plus secs (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.226).L'après-midi même, les jours d'orage, leurs chants pluvieux [des coqs] éclataient soudain dans les accalmies (Nizan, Conspir., 1938, p.19). − MYTHOL. ROMAINE ♦ Hyades* pluvieuses ou constellation pluvieuse (des Hyades*). Constellation qui était censée apporter les pluies. Les hyades pluvieuses ramènent les frimas et les autans (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.259).La constellation de l'Aigle était considérée comme génératrice d'orages, celle des Hyades comme pluvieuse (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.107). ♦ Jupiter pluvieux. Jupiter considéré comme dispensateur des pluies. Tcham-Tçoum, après une longue sécheresse, fait des sacrifices pour obtenir de la pluie. Les Grecs et les Romains invoquaient Jupiter pluvieux (Dupuis, Orig. cultes, 1796, p.435). 4. Qui est couvert ou qui dégoutte de pluie; où l'eau de pluie s'infiltre, fait des gouttières. Vitre pluvieuse. Lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p.56).Le beau Paris d'automne dont les trottoirs pluvieux luisent sous les réverbères (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p.128).Platanes, chênes, agitaient leur feuillage pluvieux sous le ciel amolli (Mauriac, Génitrix, 1923, p.374). B. − P. anal. Qui s'épand en gouttes ou fluidement, légèrement, à la manière de la pluie. Il jaillissait de sa bouche (...) des étincelles blanches qui rendaient sa conversation si pluvieuse, que Goupil disait méchamment: «Il faut un parapluie pour l'écouter» (Balzac, U. Mirouët, 1841, p.36).Son port est pluvieux de suie à travers brumes (Verhaeren, Villes tentac., 1895, p.132).Le couchant (...) se diluait dans un or pluvieux (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p.185). C. − Au fig. Qui évoque la pluie par son caractère insistant, ennuyeux, triste. Elle, quêta, parmi les expédients de l'adultère, l'oubli de sa vie pluvieuse et plate (Huysmans, À rebours, 1884, p.93).Une inondation de désespoir, (...) un mou, pluvieux, indéfinissable désespoir (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.401).Poincaré (...) ne cessait de le [Clemenceau] bombarder de lettres pluvieuses et grinchues (L. Daudet, Clemenceau, 1942, p.247).V. hydrostatique ex. Prononc. et Orth.: [plyvjø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1247 (Gautier de Metz, Image du Monde, B.N. 1553, fo189 vods Gdf. Compl.). Empr. au lat. pluviosus «pluvieux» dér. de pluvia «pluie»; a supplanté dès l'a. fr. des formes issues de ce même pluviosus, plujos et pluios (dep. le xiies.). Fréq. abs. littér.: 421. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 578, b) 801; xxes.: a) 763, b) 408. DÉR. Pluviosité, subst. fém.,météor., climatol. a) Tendance à pleuvoir. La pousse de l'herbe est étroitement liée à la température et à la pluviosité (Qq. aspects équip. agric., 1951, p.15).b) Modalités des chutes de pluie; ,,importance de la pluie, en fréquence et en volume, dans un climat donné`` (George 1970). La pluviosité commande l'alimentation naturelle de l'arbre en eau. (...) mais c'est de la pluviosité efficace qu'il convient d'être informé (répartition mensuelle des pluies d'avril à septembre) (Boulay,Arboric. et prod. fruit.,1961,p.73).c) Quantité de pluie tombée en un temps et un lieu déterminés. Le climat spécifique de ces forêts se caractérise par une très grande uniformité (...) de l'humidité atmosphérique ainsi que par une pluviosité généralement élevée (plus de 2 mètres) (Forêt fr., 1955, p.38).Vigueur des épicéas qui exigent pour se développer normalement une pluviosité abondante et un état hygrométrique élevé (Cochet, Bois, 1963, p.134).− [plyvjozite]. − 1reattest. 1909 (E. de Martonne, Traité de géogr. phys., p.182 ds Quem. DDL t.22); de pluvieux, suff. -(i)té*. BBG. −Quem. DDL t.10. |