| PLATONISME, subst. masc. A. − Philosophie de Platon et de ses disciples. Platonisme de Platon. Le platonisme se plaît à souligner l'indépendance radicale de l'âme, qui donne la vie, à l'égard du corps, qui la reçoit d'elle (Gilson,Espr. philos. médiév., 1931, p.178).Car le platonisme éternel, c'est la confiance de l'homme dans le pouvoir de la pensée, le «mythe» indispensable d'une Vérité éternelle à chercher par-delà les inexactitudes et les imperfections de toute science déjà atteinte (R. Lenoble,Hist. de l'idée de nature, 1969, p.70): 1. Le platonisme inaugure (...) cette recherche attentive et forcenée d'un arrière-monde, d'un univers «méta-physique», plus vrai que ce monde-ci, «sensible à l'oeil de l'âme», qui donne consistance et raison à cette autre recherche, confuse, incertaine et héroïque de l'humanité, quêtant la vérité et la justice.
Fr. Châtelet, Platon, 1965, p.21. − [P. oppos. à aristotélisme] La diffusion du platonisme et sa substitution à l'aristotélisme sont, dans l'histoire de la pensée française au XVIesiècle, un des événements les plus considérables (DLF 16e). Pour le Platonisme, le Vrai seul est réel; à quoi Aristote opposera que seul le réel est vrai (Foit.11968). B. − Caractère du courant de philosophie issu de Platon et dont la pensée philosophique occidentale a retenu certains aspects majeurs. En dehors du platonisme entendu comme une réflexion par laquelle l'esprit recherche le principe absolu de son activité et le fondement des valeurs, peut-il y avoir encore une philosophie? (Encyclop. univ.t.131972, p.158).Pourquoi cette pérennité du platonisme, qui a résisté, repris, défiguré, magnifié, à tous les déferlements qui ont traversé la culture occidentale, de la prédication du Christ aux sentences utilitaristes de la civilisation industrielle? (Fr. Châtelet, Platonds La Philos., t.1, 1979 [1972], p.19): 2. On aimerait réduire la différence, trop sensible, entre le platonisme [it. ds le texte] des commentateurs et le platonisme [id.] de Platon. Par sa fantaisie, son ironie, sa légèreté, sa merveilleuse désinvolture, Platon est platonicien au point de déconsidérer tous les platonismes.
M. Deschoux,Platon ou le jeu philos., Paris, 1980, p.8. ♦ Platonisme des Pères. ,,Utilisation par les Pères de l'Église de certains points de contact entre platonisme et christianisme`` (Foi t.1 1968). − En compos. Néo-platonisme*. C. − 1. Caractère de l'amour idéal vécu hors de toute sensualité; cet amour lui-même (v. platonique B 1). Puis Carlotta régna, un règne où l'on croit que Théo fut condamné au platonisme, étant de sa nature très maladroit avec les femmes un peu distinguées et ne se trouvant à l'aise qu'avec les femmes-servantes (Goncourt,Journal, 1872, p.924).Je ne sais si ce que vous appelez l'amour du coeur, l'amour des âmes, si l'idéalisme sentimental, le platonisme enfin, peut exister sous ce ciel (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Marroca, 1882, p.785). 2. P. anal. Ce qui a un caractère platonique, ce qui est sans résultat pratique, sans efficacité (v. platonique C). Ce souhait est de pur platonisme (Ac.1935). REM. Platonicisme, subst. masc.,synon.Macrobe nous a donné un morceau de théologie ancienne ou de platonicisme, qui renferme une véritable trinité, dont celle des chrétiens n'est que la copie (Dupuis,Orig. cultes, 1796, p.389). Prononc. et Orth.: [platɔnism̭]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1672 «philosophie de Platon» (Molière, Femmes savantes, III, 2, vers 878); 2. av. 1803 «caractère idéal» (Laharpe, Corresp. littér., t.8, p.370 ds Pougens cité ds Littré: le platonisme de l'amour). Dér. de Platon; suff. -isme*. Fréq. abs. littér.: 102. |