| PLANTER, verbe trans. I. − Empl. trans. A. − 1. Mettre, enfoncer en terre un jeune végétal afin qu'il croisse. Planter un chêne; planter de la salade, des fleurs (au cordeau, en ligne); planter des arbres fruitiers (en quinconce). Autrefois on plantait dans les cimetières quelque noyer dont l'huile servait au luminaire de l'église (Pourrat,Gaspard, 1922, p.71).Parvenue devant le tertre, Cécile commença de creuser la terre. Dans chaque trou, elle plantait une touffe de myosotis (Duhamel,Cécile, 1938, p.272): 1. Jean, reprit-il (...) tu planteras les peupliers que j'ai achetés. En les mettant dans la rivière, ils se nourriront aux frais du gouvernement, ajouta-t-il en se tournant vers Cruchot (...). Cela est clair: les peupliers ne doivent se planter que sur les terres maigres, dit Cruchot stupéfait par les calculs de Grandet.
Balzac,E. Grandet, 1834, p.91. ♦ Empl. abs. Outil à planter. Abattre des bois, défricher, semer, planter, construire une maison, tout cela est au-dessus des facultés d'une femme habituée à l'opulence et à l'insouciance des détails (Sénac de Meilhan,Émigré, 1797, p.1829).Je me suis hâté de planter: c'était le dernier moment (Pesquidoux,Livre raison, 1925, p.35). − Expr. fig. ♦ Arrive, vienne qui plante (vx). [Pour marquer que l'on est décidé à accepter des événements futurs, quels qu'ils soient] Synon. advienne* que pourra.J'ai vu plus d'une fois dans du marc de café que nous devions finir ensemble. Bah! arrive qui plante! (Mérimée,Carmen, 1847, p.64): 2. M. de Roquemont, dont la femme était très galante, couchait une fois par mois dans la chambre de madame, pour prévenir les mauvais propos si elle devenait grosse, et s'en allait en disant: «Me voilà net; arrive qui plante».
Chamfort,Caract. et anecd., 1794, p.88. ♦ Planter ses choux. V. chou D. 2. P. ext. Mettre, enfoncer en terre des graines, des semences, des bulbes, des tubercules. Planter des pépins; planter des capucines, des fèves, des haricots, des pommes de terre. Plantez ici à votre départ un gland, il sera à votre retour un chêne! (Bertrand,Gaspard, 1841, p.155): 3. Ma belle-mère, elle, a la manie des noyaux de pêches. Quand elle en a mangé une belle, elle va tout de suite en planter le noyau. Il y a des pêchers partout.
Renard,Journal, 1892, p.117. − Expr. pop. Planter un enfant. Engrosser. C'était (...) chez les camarades du coron l'heure des bêtises, où l'on plantait plus d'enfants qu'on n'en voulait (Zola,Germinal, 1885, p.1232): 4. ... des femm' légitimées, attelées, ma foi, d'un bon mari courageux dans les brancards, et qui n'peuvent point n'arriver à s'en faire planter un ch'ti, même en allant, el' matin ed' la Visitation, piquer un' fichette dans l' naze ed' ce bon saint Léonor, el' père Gonfle-musette, coumme on dit, el' patron des femm' stérilisées?
Martin du G.,Gonfle, 1928, III, 1, p.1224. 3. Mettre en terre, faire pousser un ensemble d'arbres, de végétaux, sur un même terrain, dans un même espace. Planter un bois, une vigne. Le bois étant rare dans ce canton, je plantai un taillis considérable dès la seconde année de mon établissement (Crèvecoeur,Voyage, t.3, 1801, p.53).Je voudrais planter aussi un verger sur la terre de Clodius. Je crois avoir trouvé un joli coin, à l'abri d'une petite falaise, bien au midi, avec un peu d'eau (Bosco,Mas Théot., 1945, p.328). 4. [P. méton.; avec parfois un compl. prép. introduit par de/en, et précisant la nature des végétaux utilisés] (Faire) garnir un lieu de végétaux. Planter un terrain d'arbres, en gazon, en vignes. Le type du jeune homme actuel qui ne veut pas se contenter de sa position, qui veut tout (...) qui songe à acheter une immense plaine de son pays, à la planter en pommiers de reinette (Goncourt,Journal, 1868, p.463).Des dunes arides. En marche sous l'effort du vent, déplacées grain à grain, elles envahissaient l'intérieur (...). On les planta de pins pour les fixer (Pesquidoux,Livre raison, 1932, p.144): 5. ... en trois jours M. Bertuccio avait fait planter une cour entièrement nue, et de beaux peupliers, des sycomores venus avec leurs blocs énormes de racines ombrageaient la façade principale de la maison...
Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.44. ♦ Part. passé en empl. adj. Terrain planté d'arbres fruitiers. − En partic. [Selon une disposition linéaire, pour faire une bordure] Planter une avenue (de tilleuls). Louis XIV y revint [à Fontainebleau] (...), lorsqu'il fut fatigué de Versailles et de la vie (...). Il planta l'allée de Maintenon (...) fit refaire les jardins par Lenôtre (Michelet,Journal, 1833, p.109). ♦ Part. passé en empl. adj. Avenue plantée d'arbres. B. − P. anal. 1. Enfoncer quelque chose. a) Enfoncer en terre l'extrémité d'un objet que l'on veut maintenir à la verticale. Planter un pieu, un piquet, un poteau; planter des bornes. En Bourgogne et dans les villes du midi on plantait l'arbre de la liberté, c'est-à-dire un mât surmonté d'un bonnet rouge (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.40): 6. Jadis (...) les amoureux venaient planter sous la fenêtre de la promise des mais bruissants, des branches de feuillages symboliques, qui étaient une déclaration d'amour.
Moselly,Terres lorr., 1907, p.160. − Arg. [Le suj. désigne un homme] Pénétrer sexuellement (d'apr. Cellard-Rey 1980). ♦ P. métaph. J.-L. Barrault: C'est [le théâtre] un art sexuel. Il est la poésie du corps humain qui se meut dans l'espace. L'acteur, s'il sent qu'il a planté son public, doit pouvoir se retenir. Attendre est une jouissance extraordinaire (L'Express, 23 févr. 1976, p.40, col. 3). b) Planter qqc. (dans qqc.).[Le compl. prép. introduit par dans désigne un corps solide, une masse] Enfoncer un objet pointu. Planter un clou dans une planche, des crocs dans la chair, une aiguille dans la peau. Après quatre ou cinq passes (...) Alban (...) planta l'épée jusqu'à mouiller ses doigts dans la plaie. Le taurillon marcha un peu, fléchit et tomba (Montherl.,Bestiaires, 1926, p.441).Mmede La Monnerie planta ses épingles dans son chapeau (Druon,Gdes fam., t.2, 1948, p.147): 7. ... il fait sauter son arme à plat dans la main. −Tu vas te couper, dit Camille. Il ne haussa même pas les épaules (...). Mais il étala sa main sur le sol doigts étendus et se mit à planter son couteau très vite dans chaque intervalle.
Queneau,Loin Rueil, 1944, p.49. ♦ Empl. pronom. réfl. indir. Une sorte de dahlia vert que les femmes d'Océanie se plantent dans les cheveux (Loti,Mariage, 1882, p.162). ♦ Au part. passé en empl. adj. Implanté d'une certaine manière. Dents mal plantées. Ses cheveux noirs, plantés avec symétrie, formaient une pointe marquée au milieu du front, qui était très blanc (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.628). ♦ Expr. fig., fam. Planter des cornes, en planter à qqn. V. corne I A 3 b. − [Le compl. prép. introduit par dans désigne une cavité, un objet creux] Seul, devant un autel latéral, un vieux sacristain plantait des fleurs de papier dans des vases de porcelaine (A. France,Orme, 1897, p.20).Le téléphoniste plantait ses fiches dans le standard, et notait sur un livre épais les télégrammes (Saint-Exup.,Vol nuit, 1931, p.94). c) Planter qqc. sur qqc.Placer en enfonçant. Il s'empara d'abord (...) de la vieille couronne de bluets qu'il planta sur sa tête (Sue,Atar-Gull, 1831, p.14).Sa façon de planter le béret sur ses cheveux blonds et fins comme des cheveux d'enfant (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.61). ♦ Au part. passé en empl. adj. Placé, disposé d'une certaine manière. Tête mal plantée (sur le corps). Son maigre corps planté sur des pattes nerveuses (Benjamin,Gaspard, 1915, p.110).Comme les filles sont belles, élancées, avec des seins hauts, bien plantés, des hanches longues et des jambes nerveuses, la rue de Valencia est un enchantement de chaque minute (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.49). 2. Mettre quelque chose en place à la verticale. a) Mettre, placer droit. Synon. dresser.Planter un mât, une échelle. Un truand présenta sa bannière à Clopin, qui la planta solennellement entre deux pavés (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.469).Il n'y a guère qu'un siècle et demi qu'il [le peintre] a commencé à planter son chevalet directement devant le motif, afin d'en tirer son tableau (Huyghe,Dialog. avec visible, 1955, p.103). b) Installer, construire un objet haut et droit. Synon. élever, ériger.Planter un menhir, un obélisque, une croix. Les missionnaires (...) qui vont planter à tout coin de route des calvaires (Adam,Enf. Aust., 1902, p.428): 8. ... il a eu soin de planter autour du domaine, de grandes pierres qui, de distance en distance, même quand les moissons sont hautes, dépassent les épis et affirment les droits de cette terre que les Alibert ont cultivée.
Bosco,Mas Théot., 1945, p.54. − P. ext. Établir. Sa femme tenait déjà un débit, ainsi que beaucoup de femmes de mineurs: et, quand il fut jeté sur le pavé, il resta cabaretier lui-même, trouva de l'argent, planta son cabaret en face du Voreux, comme une provocation à la compagnie (Zola,Germinal, 1885, p.1190). c) En partic. − Planter une tente. Dresser le(s) mât(s) et mettre en place la toile et les différents éléments de fixation au sol. Jean (...) voulut en personne planter la tente. Il montra à ses hommes comment il fallait choisir un terrain en pente légère, enfoncer les piquets de biais, creuser une rigole autour de la toile, pour l'écoulement des eaux (Zola,Débâcle, 1892, p.86). ♦ P. méton. Planter sa tente. Se fixer, s'établir. Pour tous les Pasquier de Paris, ce Nesles demeurait donc la campagne par excellence, l'endroit où l'on rêve de revenir planter sa tente (Duhamel,Nuit St-Jean, 1935, p.131). − Planter un décor. Mettre en place les différents éléments qui composent un décor, notamment au théâtre. Trois journalistes (...) voyant l'air furieux de Saint-Loup, se rapprochèrent, amusés, pour entendre ce qu'on disait. Et comme on plantait un décor de l'autre côté nous fûmes resserrés contre eux (Proust,Guermantes 1, 1920, p.178). ♦ Au fig. [Dans une oeuvre littér.] Je donne tous ces détails non par goût des antiquités ni par scrupule archéologique, mais pour bien planter le décor de la foire que je décrirai tout à l'heure (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.183). − ARCHIT. Planter un édifice. ,,Faire les travaux préliminaires à sa construction`` (Jossier 1881). 3. Mettre quelqu'un debout. a) Vx. Planter qqn quelque part. Aposter quelqu'un dans un endroit (d'apr. Littré). b) Mettre quelqu'un debout sur ses pieds. Je n'y réussirai donc jamais à te retirer de c'te saleté de balançoire et à te planter debout sur les deux pieds (Claudel,Échange, 1954, iii, p.784). − P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Tous les trois s'épuisaient à l'arc-bouter [l'âne], à l'étayer de leurs genoux et de leurs coudes. Enfin, ils venaient de le planter sur les quatre pieds, (...) lorsque, dans une brusque révérence en arrière, il culbuta de nouveau (Zola,Terre, 1887, p.357). − Au fig. Planter un/des personnage(s). Imaginer le(s) personnage(s) d'une oeuvre dramatique ou littéraire et le(s) faire vivre. (Dict. xxes.). Part. passé en empl. adj. Héros bien planté (Rob.). c) Part. passé en empl. adj. [En parlant d'une pers. ou p.anal. d'un animal]
α) Debout et immobile. Être planté là; être planté sur ses jambes; rester planté comme un piquet. Sur un plancher saupoudré de sciure et maculé de sang, solidement plantées, les pattes larges pressant le sol, la tête de côté et l'oeil rond, les deux bêtes immobiles [deux coqs], qui s'épiaient (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p.117).Plantée toute droite, immobile sur les marches (...) elle fixait ce paysage fané, changé (Gracq,Beau tén., 1945, p.173): 9. Elle est debout devant lui, bien plantée sur ses sabots. De larges taches mouillent la chemise, sous les aisselles. Le facteur caresse des yeux les hanches larges, les seins bien amarrés.
Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p.1058.
β) Bien planté. En bonne santé, d'aspect solide. Enfants bien plantés. Quatre garçons d'honneur, tous Islandais, bien plantés, avec de beaux yeux fiers (Loti,Pêch. Isl., 1886, p.254). ♦ Au fig. Vous savez, mon ami, l'horreur qu'a tout homme, dont le coeur et l'esprit sont un tant soit peu bien plantés, pour les sentiments serinés et les phrases stéréotypées (Goncourt,Ch. Demailly, 1860, p.299). 4. Appliquer quelque chose d'une manière directe et avec une certaine brusquerie. M. Lerebour avait saisi sa femme par la taille et il lui plantait des rangs de baisers dans le cou, des baisers à bruits, comme jadis (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Serre, 1883, p.678).L'autre, alors, prenant son élan, lui planta son pied au bon endroit, si raide, qu'il l'envoya tomber sur le nez, à quatre pas (Zola,Terre, 1887, p.332).[Le] turc, qui me plantait en plein visage le regard de ses yeux bleu foncé, droit comme une épée (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.3). 5. Fam. Planter (là) qqn/qqc.Abandonner quelqu'un ou cesser quelque chose. Synon. laisser en plan qqn/qqc. (v. plan3C 1). a) Vx, pop. Planter là qqn pour reverdir. Laisser quelqu'un attendre. Mon pauvre Cibot va si mal, que je vais vous planter là pour reverdir. Mon Cibot avant tout, voyez-vous! Quand mon homme est malade, moi, je ne connais plus personne (Balzac,Cous. Pons, 1847, p.233). b) Planter (là) qqn. Quitter quelqu'un brusquement. Il la planta là, au milieu de sa leçon. Et la pauvre Grazia pleura toutes les larmes de son corps (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p.787).Mes compliments, tu sais ! Tu as une façon de planter là les gens! Franchement, qu'est-ce qui t'a prise? (Van der Meersch,Empreinte dieu, 1936, p.152). − En partic. Rompre des liens d'affection, abandonner. Ah! certes, oui, par exemple, (...) que je vous lâcherais, et que je vous planterais, et que je vous plaquerais, si nos relations devaient être sans virilité (Bloy,Journal, 1900, p.378): 10. Janine se montrait faible avec lui: il obtenait d'elle tout ce qu'il voulait. Quand je pense qu'autrefois il menaçait de la planter là, persuadé que tu ne nous laisserais rien; et c'est lorsque tu nous fais l'abandon de ta fortune, qu'il se décide à prendre le large.
Mauriac,Noeud vip., 1932, p.280. c) Planter là qqc. Interrompre subitement une action, une tâche qui n'est pas achevée. Il plantait là toute discussion, en ayant pour le moment assez (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.479).«Le téléphone!» criait l'aîné, et Jonas plantait là son tableau pour y revenir, le coeur en paix, avec une invitation supplémentaire (Camus,Exil et Roy., 1957, p.1640). ♦ Tout planter là. Renoncer brusquement et d'une manière définitive à poursuivre quelque chose, sous l'effet de sentiments violents. Avait-il voulu disparaître, par fantaisie? Tout planter là, ses quatre gosses, sa femme malade, et ses chefs, et sa brouette de cantonnier, pour essayer d'oublier tout, de recommencer mieux sa vie? (Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p.1018). II. − Empl. pronom. réfl. A. − [Le suj. désigne une pers. ou, p.anal., un animal] 1. Se planter devant, derrière, à côté de qqn/qqc.Se placer debout devant quelqu'un/quelque chose, et rester immobile. Jean Ircoeur, trois ans, a quitté sa place et, les deux poings aux hanches, est venu se planter devant le bureau de la directrice: −Dis donc, est-ce que je suis un homme? −Pour sûr (Frapié,Maternelle, 1904, p.193).Il a détaché Caroline (...). Elle est allée se planter des quatre pattes devant le cyprès (Giono,Regain, 1930, p.60).Elle (...) se planta devant le miroir et se rasa une aisselle après l'autre (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.325). 2. Se planter sur + subst. désignant une partie du corps.S'installer solidement. Se planter sur ses jambes. La plupart [des garçons] se plantaient déjà sur d'énormes pieds nus, rouges, écorchés ou striés de cicatrices (Adam,Enf. Aust., 1902, p.139): 11. C'était une chienne d'une maigreur affreuse (...). Il voulut chasser ce squelette de bête; et cria: «Va-t-en. Veux-tu te sauver, houe! houe!» Elle s'éloigna de deux ou trois pas, et se planta sur son derrière, attendant...
Maupass.,Contes et nouv., t.2, Hist. chien, 1881, p.765. B. − [Le suj. désigne une pers.] Empl. abs., fam. Heurter brutalement un obstacle et, en partic., avoir un grave accident (en voiture, en moto, en avion). Se planter à l'atterrissage. Elle se fait engager comme coursier moto. Un jour, elle se plante et se relève avec une triple fracture du crâne et un sérieux traumatisme (Le Nouvel Observateur, 16 févr. 1976, p.39, col. 2). − Au fig. Se tromper grossièrement, échouer. Se planter dans ses prévisions. Je me suis planté à l'ENA (Le Point, 3 oct. 1977, p.104, col. 3).Laissez tout ça (...). «La gauche s'est plantée, point final» (Le Point, 3 oct. 1977, p.105, col. 3). REM. 1. Plantaison, subst. fém.,rare. Implantation. La plantaison de la tête sur les épaules par l'intermédiaire, par le ministère de la nuque (...) trahit ce que je suis (...) un paysan (non) égaré (Péguy,V.-M., comte Hugods Cah. de la Quinzaine, 12esérie, 1ercah., 1910, p.24). 2. Planté, subst. masc.,ski. Planté (de bâton). Action de planter un bâton dans la neige à mi-hauteur entre la spatule et l'étrier du ski, pour provoquer un mouvement de rotation. Dans le christiania léger, le planté est effectué en fin de flexion, à l'attaque de l'extension (GautratSki1969). Prononc. et Orth.: [plɑ
̃te], (il) plante [plɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1130 «fixer (un végétal jeune ou à l'état de bouture) en terre (pour qu'il y prenne racine et croisse)» (Paraphrase du Cantique des Cantiques, 55 ds W. Foerster et E. Koschwitz, Altfr. Übungsbuch, p.166); b) ca 1393 «semer» (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, IIv, 42, p.200); 2. ca 1165 part. passé «bien campé, qui se tient bien (sur un cheval)» (Troie, éd. L. Constant, 10673); 1512 se planter «se poster, se camper» (J. Lemaire de Belges, Illustrations, I, 255 ds Quem. DDL t.4); 3. 1174-76 fig. «ancrer dans, enraciner dans» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 535); 4. a) 1188 «ficher, placer en enfonçant dans quelque chose» (Aimon de Varenne, Florimont, 2376 ds T.-L.); b) fin xives. se planter en «se lancer dans ou au milieu de» (Froissart, Chron., éd. S. Luce, I, 740, t.8, p.154); 5. a) 1188 «disposer, mettre en place, fixer, implanter» (Aimon de Varenne, op. cit., 1939, 1943 ds T.-L.); b) ca 1240 «dresser, disposer verticalement» (Mort Aymeri de Narbonne, 3312, ibid.); 6. fin xiies. planté «garni, peuplé de végétaux» (Orson de Beauvais, 1146, ibid.); 7. ca 1260 «placer, appliquer directement» (R. de Blois, Beaudous, 2443, ibid.); 8. 1557 abandonner, laisser» (Du Bellay, Divers jeux rustiques, La Vieille courtisanne, 455 ds OEuvres, éd. H. Chamard, t.5, p.174); 9. 1732 bien planté (d'une personne) «en bonne condition, de bonne constitution» (Destouches, Le Glorieux, I, 5, p.20. Du lat. plantare «enfoncer ou tasser la terre avec le pied» d'où «enfoncer la terre autour d'un plant, planter», dér. de planta, v. plante1. Fréq. abs. littér.: 1436. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1743, b) 2428; xxes.: a) 2649, b) 1717. DÉR. Plantage, subst. masc.a) Action de planter (un végétal). Dans ce plantage d'arbustes, amenés par charretées, dans la fatigue des courses chez les pépiniéristes de la banlieue parisienne, dans cette vie de plein air et sur les jambes, (...) dans la création de mon jardin, je vis en un bienheureux ahurissement (Goncourt,Journal, 1872, p.920).P. méton. Surface plantée. Plantages soigneusement entretenus (Chateaubr.,Disc. et opin., 1826, p.233).On traversa vergers, plantages sans clôture, Négligence des prés qu'enlace la culture (Sainte-Beuve,Pens. août, 1837, p.459).b) Technol. ,,Charpente montée à l'extrémité d'une corderie, et dont une traverse reçoit le bout des manivelles qui y tordent le cordage`` (Bonn.-Paris 1859). − [plɑ
̃ta:ʒ]. Att. ds Ac. 1694-1878. − 1reattest. 1427 «action de planter, plantation» (Compte d'ouvrage, 1èresomme de mises, A. Tournai, 29 nov.-13 déc. et 15 nov.-14 févr. ds Gdf. Compl.); de planter, suff. -age*. BBG. −Chautard Vie étrange Argot 1931, p.240. _Quem. DDL t.14. _Richard (W.) 1959, p.73. _Sain. Arg. 1972 [1907] p.111, 259. _Vitu (A.). Le Jargon du xves. Ét. philol. Genève, 1977 [1884], pp.450-452. |