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PISSEUX, -EUSE, adj.
A. − Fam. Imprégné, sali d'urine. Drap, linge, lit pisseux. Elle secouait une couche d'enfant, qu'elle ne reconnaissait pas, tant elle était pisseuse (Zola, Assommoir, 1877, p.506).Le lundi, jour des mendiants, ils venaient par bandes (...). Un monde de traîne-malheur cherche-profit, en guenilles si trouées qu'on aurait pu y pendre toutes les louches de la paroisse. Ces loques pisseuses cachaient mal des chancres, des ulcères qui n'étaient pas ragoûtants à regarder. Et quelle odeur dans la maison (Pourrat, Gaspard, 1925, p.86).
− P. anal. Qui semble imprégné d'urine, qui exhale une odeur nauséabonde d'urine. Ses rues aux maisons toutes pareilles, étroites, à un étage, où roule une marmaille loqueteuse et sèche un linge pisseux et pauvre (Aragon, Beaux quart., 1936, p.10).
B. − P. anal., péj.
1. Dont la teinte est jaunie, passée. Redingote, tenture pisseuse, velours pisseux. Ils étaient très sales tous les quatre, avec leurs ordures de barbes raides et pisseuses comme des balais à pot de chambre (Zola, Assommoir, 1877, p.703).Jamais les gens n'avaient été plus laids ni plus drôles. Celui-là avec son grand pinceau pisseux de moustache, un petit ventre, un gilet à carreaux, de longues jambes, et une peau de caoutchouc flasque sous le panama (Aragon, op.cit., p.169).Le logement parut à Jacques (...) plus poussiéreux si c'était possible, avec ses fauteuils de reps pisseux à franges de pompons (Vialar, Bal sauv., 1946, p.40).
− [En parlant d'une couleur] Cinq ou six chaises recouvertes de velours qui avait pu jadis être incarnadin, mais que les années et l'usage rendaient d'un roux pisseux (Gautier, Fracasse, 1863, p.7).Au village de Claquebue naquit un jour une jument verte, non pas de ce vert pisseux qui accompagne la décrépitude chez les carnes de poil blanc, mais d'un joli vert de jade (Aymé, Jument, 1933, p.7).
2. Avec des auréoles. Un silence limoneux, fait de murmures étouffés, de toux, de respirations asthmatiques et d'un remuement de chaussures sur le plancher mouillé. Aux murs pisseux, rien que le ruissellement des eaux produites par la condensation de toutes les haleines (Duhamel, Confess. min., 1920, p.138).
Prononc. et Orth.: [pisø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.1. a) 1562 «qui a l'aspect de l'urine, qui rappelle l'urine» (Du Pinet, Pline, XXIII, 6, t.2, p.244: [grenades] pisseuses et vineuses); b) 1829 couleur pisseuse (Stendhal, Journal, 15 nov., in OEuvres intimes, vol. 2, p.106, Pléiade, 1982 ds Quem. DDL t.26); 1832 «dont la couleur rappelle celle de l'urine» (Delacroix, Journal, p.130: caftan vert pisseux); 2. 1580 «imprégné, sali, couvert d'urine» (B. Palissy, Discours admirables ds OEuvres, éd. A. France, p.302: murailles pisseuses). Dér. de pisse*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér.: 19. Bbg. Darm. 1877, p.105.