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PISCINE, subst. fém.
Bassin artificiel où l'eau est recueillie pour différents usages.
A. −
1. ARCHÉOL. ROMAINE. Vivier où les Romains élevaient du poisson près de leurs villas. On voit encore les restes des piscines de Lucullus (Ac.1835, 1878).
P. anal. Au levant, un palais, au couchant, un temple entre deux vastes pièces d'eau, piscines des crocodiles sacrés (Gautier, Rom. momie, 1858, p.306).
2. Bassin où on fait éclore les oeufs de poisson. (Dict. xixeet xxes.).
B. − RELIG., HIST. RELIG. Bassin où ont lieu des rites purificatoires (chez les juifs, les chrétiens, les musulmans...).
1. Piscine (probatique). Bassin proche du temple de Jérusalem où l'on purifiait les victimes avant de les offrir en sacrifice. Piscine de Bethsaïde, de Bethesda, de Bezatha. [P. allus. à Jean V: cette piscine où un ange apportait une guérison miraculeuse en agitant l'eau et où Jésus a guéri un paralytique] Les eaux baptismales sont efficaces parce que l'Esprit-Saint, comme autrefois l'ange de la piscine, descend sur elles, et leur communique par sa présence le pouvoir de guérir les maladies de nos âmes (Théol. cath.t.14, 11939, p.514).V. intermittent ex. 2:
1. Je recourais à l'image de la piscine probatique: Groethuysen vit pendant des semaines dans un tête à tête absolu avec quelque grande nature spirituelle, puis il semble que ce soit cette nature elle-même qui affleure devant nous, comme si elle sortait d'une mystérieuse ablution baptismale. Du Bos, Journal, 1927, p.153.
2. Piscine (baptismale). Bassin où, aux premiers temps du christianisme et au Moyen Âge, on pratiquait le baptême par immersion. Dans une grande chapelle basse (...) j'ai admiré plusieurs merveilles du quinzième siècle, une piscine baptismale, urne immense sur le pourtour de laquelle est figuré Jésus entouré des apôtres (Hugo, Rhin, 1842, p.299).
P. méton. Les fonts baptismaux, les eaux baptismales. Malheur à celui qui, après s'être éclairé dans l'Esprit et purifié dans la piscine, se laisse aller à des fautes indignes de l'Esprit! (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p.228).La religion (...) nous montre aussi le fils des rois dans sa pourpre, renonçant aux grandeurs de Satan, à la même piscine où l'enfant du pauvre en haillons, vient abjurer des pompes, auxquelles pourtant il ne sera point condamné (Chateaubr., Génie, t.1, 1803, p.41).
En partic. L'un des bassins de certains lieux de pèlerinage où les malades et les fidèles se plongent en signe de pénitence et dans l'espoir de la guérison. Montés d'abord à la basilique, nous avons regardé d'une balustrade, les malades et la foule priant devant la grotte et les piscines. Alors soudain j'ai été repris de cette même émotion immense et sans nom (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p.120).
3. LITURG. CATH. Petite cuve qui reçoit l'eau de purification des objets sacrés, l'eau qui a servi aux baptêmes. (Dict.xixeet xxes.). Réceptacle où on jetait cette eau dans les sacristies.
4. ARCHIT. RELIG. Petite cuve aménagée près de l'autel dans l'épaisseur des murs à cet usage. Les basiliques latines ne présentent pas, auprès des autels, des piscines établies dans la construction même de l'édifice, comme on le fit au moyen-âge, pour verser l'eau après le sacrifice de la messe (Lenoir, Archit. monast., 1852, p.202).La sainte Chapelle du Palais, à Paris, présente également à la gauche du maître-autel une fort belle piscine à double cuvette, avec crédence au-dessus divisée en quatre compartiments (Viollet1875).
C. −
1. Bassin situé dans les thermes romains; bassin où l'on se baigne en commun. La règle tolérait quelques unes des commodités et même certains plaisirs de la vie mondaine; l'usage fréquent du bain dans de vastes piscines d'eau chaude, des amusements de toute sorte (Thierry, Récits mérov., t.2, 1840, p.260).Soudain, il traversa la cour, appela un esclave et lui dit: «Prépare la piscine et les aromates. Tu me parfumeras après m'avoir baigné (...)» (Louys, Aphrodite, 1896, p.227).
En partic. Bassin d'un établissement thermal où l'on se baigne à des fins thérapeutiques. Je partis le lendemain pour Acquasanta, où je savais devoir trouver, à défaut des bains de mer, une piscine d'eaux sulfureuses pour une cure (Gide, Feuillets d'automne, 1949, p.1107):
2. Tous les plus gros Bulgares viennent perdre, dans une piscine carrée, nus absolument, un peu de leur graisse jaune. La piscine est à 35, mais la source qui jaillit dans une petite fosse est plus chaude de dix bons degrés. Vercel, Cap. Conan, 1934, p.142.
2. Usuel.
a) Bassin artificiel destiné à la natation, à la plongée et à certains sports nautiques; p.méton., établissement où se trouve(nt) un ou plusieurs de ces bassins. Piscine privée, publique, municipale; piscine couverte, à vagues, de/en plein air; aller à la piscine; nager en piscine; piscine-solarium. Se plonger dans l'eau tiède de la piscine (Gide, Journal, 1930, p.964).Deux beaux nageurs rivaux dans la poudre d'écume lorsqu'ils touchent ensemble le rebord de la piscine et se retournent (Brasillach, Corneille, 1938, p.146).L'eau de rivière est plus dangereuse que l'eau de piscine, qui est obligatoirement surveillée et désinfectée (Quillet Méd.1965, p.192).
Piscine olympique. Piscine dont les dimensions et l'équipement sont conformes aux normes olympiques (Ds Petiot 1982).
P. méton., arg. des journalistes ou fam. [Avec ou sans majuscule] Les services secrets français dont le siège est situé en face de la piscine des Tourelles à Paris. «La Piscine» n'a jamais autant mérité son nom. On y patauge allégrement. À peine relevés de l'affaire Ben Barka, les services français voient les revers s'accumuler à l'Est (R. Faligot, P. Krop, La Piscine, Paris, éd. du Seuil, 1985, p.288).
b) PHYS. NUCL. Réacteur à piscine, de type piscine ou piscine. Ces réacteurs sont le plus souvent dits du type piscine, du fait qu'ils sont constitués par un coeur en uranium enrichi plongeant dans un large bassin d'eau qui sert à la fois de modérateur, de réfrigérant, de protection contre les radiations et d'enceinte d'expérimentation (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.122).
Pile-piscine. V. pile1.
Prononc. et Orth.: [pisin]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1190 «à Jérusalem, bassin proche du Temple où l'on purifiait les victimes pour le sacrifice et où le Christ guérit le paralytique» (Herman de Valenciennes, Li Romanz de Dieu et de sa mère, éd. I. Spiele, 4588); 1690 piscine probatique (Fur.) [1553 la haute piscine (La Bible, s.l., impr. J. Gérard, Isaie, 36, 2]); 2. a) ca 1225 «bassin dans lequel on se purifie» ici p.métaph. en parlant de la Vierge et de son action salvatrice (Gautier de Coinci, II Pr. I, 230 ds Mir. Vierge, éd. F. Koenig, III, 273); 1790 en partic. «l'eau du baptême» (Saint-Martin, loc. cit.); b) 1694 «bassin où les fidèles de certaines religions font leurs ablutions» (Corneille); c) 1906 «bassin de certains lieux de pèlerinage où les fidèles se plongent» (Huysmans, Foules Lourdes, v. ds Rob., s.v. miraculé); 3. a) ca 1250 pecine «bassin où le prêtre qui officie s'est lavé les mains» (Règle cistercienne, 430 ds T.-L.); b) xiiies. pechine «bassin où l'on jette l'eau qui a servi à nettoyer les vases sacrés et les linges d'autel» (Obit. du Paraclet, Lalore, Obit. du dioc. de Troyes, p.448 ds Gdf. Compl.); 1694 piscine (Ac.); 4. ca 1505 «vivier, réservoir à poissons» (Desdier Christol, Platine en francoys, 88 b rods Mél. Séguy (J.), p.76); 5. 1555 «vaste bassin rempli d'eau pour se baigner» (Guill. du Choul, Tr. des thermes, B. N. 1314, fo6 rods Gdf. Compl.); en partic. 1892 «bassin où l'on se baigne, où l'on fait des exercices de natation» (Guérin); cf. 1893 (Gide, Voy. Urien, p.29); 6. 1854 «bassin d'un établissement thermal où l'on se baigne aux fins de cure» (Michelet, Journal, p.268). Empr. au lat. piscina «vivier» puis «piscine, bassin» dér. de piscis «poisson» (v. ce mot); l'empl. comme terme de théol. cath. est issu de la piscine probatique où Jésus guérit un malade (v. Jean, V, 2, sqq.). Fréq. abs. littér.: 166. Bbg. Quem. DDL t.21.