| PIQUET1, subst. masc. A. − Pieu destiné à être enfoncé dans le sol, et servant notamment à délimiter un alignement, un terrain, à retenir les cordages d'une tente, à attacher un animal, etc. Ficher, planter un piquet; piquet de bois, de métal; piquet de vigne; piquets de slalom. Une chèvre, attachée à un piquet, tournait en bêlant (Zola,Assommoir,1877, p.614).Le propriétaire d'un château avait remarqué qu'on lui volait les piquets des barrières qui entouraient son parc (Green,Journal,1934, p.229): . ... deux ou trois Arabes arrachent les piquets de la tente; ils ébranlent le piquet qui sert de colonne; il tombe, et les toiles larges et tendues qui couvraient toute une famille de voyageurs glissent et tombent elles-mêmes à terre...
Lamart.,Voy. Orient,t.1, 1835, p.295. ♦ Piquet à neige. Au bout de 30 mètres de corde, j'avais dû quitter la compagnie rassurante du piton et notre cordée se trouvait engagée dans le couloir sans aucune assurance, faute de ces piquets à neige qui figurent aujourd'hui dans notre équipement (La Montagne et alpinisme, no39, oct. 1962, p.271). ♦ Piquet de réseau*. Piquets de terre*. − (Être) au piquet. [En parlant d'un animal] (Être) attaché à un piquet. Cinq ou six mille hommes (...) s'avancèrent même jusqu'au quartier de Frédéric-Guillaume, où des centaines de chevaux de la garde royale furent tués au piquet (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t.2, 1870, p.108).Il suffit d'attacher l'animal au piquet pour rendre l'élevage sans gardien possible en pays d'openfield (Meynier,Paysages agraires,1958, p.167). ♦ Pâturage au piquet. Déplacement, dans un pâturage, d'un pieu auquel un animal est attaché. 1. Expr. fam. ♦ Planter son piquet (dans tel ou tel endroit). S'y installer. (Dict.xixeet xxes.). ♦ Être, se tenir droit, raide comme un piquet. Se tenir exagérément droit, raide. À l'heure fixée, tout fut prêt, et les hommes, debout dans les espaces des lits, attendaient les événements, droits comme des piquets et beaux comme des astres (Courteline,Train 8 h 47,Inspection trimestr., 1885, ii, p.194).Les cinq cavaliers, Angélo en tête (et qui se tenait raide comme un piquet) passèrent la Sésia à gué au-dessus d'un moulin (Giono,Bonheur fou,1957, p.134). ♦ Être, rester planté comme un piquet. Se tenir debout pendant un certain temps, sans bouger. Moi, je me trouvais au bord du trottoir, planté là comme un piquet (Roy,Bonheur occas.,1945, p.381). 2. P. méton. a) Châtiment militaire qui consistait à faire passer à l'individu puni deux heures debout, le pied posé sur un piquet. Les hommes au piquet, les bras en l'air. On les bat avec des cordes mouillées (Triolet,Prem. accroc,1945, p.408).Si nous étions surpris sur nos lits par le premier chien vert qui poussait la porte, nous savions quelle serait la conséquence: un rassemblement général immédiat et des heures de piquet supplémentaire (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.265). b) P. anal. Punition scolaire contraignant les enfants à rester debout et immobiles, pendant un certain temps, dans un coin de la classe ou de la cour. Aller au piquet. Il faisait des grimaces de colère, le nez contre le mur de la loge, comme un enfant mis au piquet (Rolland,J.-Chr., Révolte, 1907, p.461). B. − P. anal. (d'aspect). Réunion de plusieurs fleurs ou feuilles artificielles montées sur une seule tige droite. (Dict. xixeet xxes.). C'était, [dans le nouveau rayon des fleurs et plumes] sous la lumière vive du vitrage, une floraison énorme, une gerbe blanche, haute et large comme un chêne. Des piquets de fleurs garnissaient le bas, des violettes, des muguets, des jacinthes, des marguerites, toutes les blancheurs délicates des plates-bandes (Zola,Bonh. dames,1883, p.787). C. − P. méton. Groupe de cavaliers qui devaient être prêts à partir au premier signal (et dont les chevaux étaient au piquet, prêts à être détachés); petit groupe de soldats devant être disponibles à tout instant. Être de piquet. Je trouvai un piquet de cavalerie placé devant la grille de l'école militaire (Chateaubr.,Mém.,t.3, 1848, p.587).Un détachement de gardes à cheval formait le piquet (Dabit,Hôtel,1929, p.196). 1. En partic. Piquet d'honneur. Détachement d'hommes postés devant la résidence d'une personnalité, dans un lieu de réception etc., chargés de rendre les honneurs. J'avais eu (...) à l'État-Major de la Place, une discussion des plus acharnées, au sujet du piquet d'honneur dû au grade et aux décorations de mon père (Verlaine,OEuvres compl.,t.5, Confess., 1895, p.102). 2. P. anal. ♦ Piquet d'incendie. Équipe de soldats de permanence dans une caserne et dont la mission consiste à intervenir dès l'annonce d'un incendie. Aujourd'hui, je suis de piquet d'incendie, et on m'a nommé instructeur (Renard,Journal,1893, p.177).Tous les matins, il dictait une décision de deux pages: états à fournir, piquet d'incendie, théories, revues d'armes (Vercel,Cap. Conan,1934, p.88). ♦ Piquet de grève. Groupe de grévistes généralement postés devant leur entreprise, pour informer leurs camarades et s'assurer que les consignes de grève sont respectées. Dès que nous sommes passés, la police régulière du quai et les piquets de grève chassent la foule (Malraux,Conquér.,1928, p.83). Prononc. et Orth.: [pikε]. Ac. 1718: picquet; dep. 1740: piquet. Étymol. et Hist.1. 1380 «bâton pointu, pieu» pichet (A.N. MM 30, fo172 vods Gdf. Compl.); 2. a) 1611 «chacun des bâtons qu'on plante en terre, d'espace en espace, pour prendre un alignement» (Cotgr.); d'où
α) 1625, 11-21 janv. planter le piquet «s'arrêter dans un lieu» (A. d'Aubigné, Lettres, éd. Réaume et de Caussade, I, p.261);
β)loc. fig. 1669 droit comme un piquet (Molière, Avare, I, 3); b) 1718 «fort pieu dont on se sert pour tenir les chevaux à l'attache» (Ac.); d'où id. «certain nombre de cavaliers commandés pour être prêts à monter à cheval au premier ordre» (ibid.); id. piquet d'infanterie (ibid.); 1893 piquet d'incendie (Renard, loc. cit.); p.anal. 1928 piquet de grève (Malraux, loc. cit.); 3. a) 1716, 4 juill. «punition militaire» (Règlement fait par le Roi pour la discipline des Troupes, art. 53 ds Trév. 1752); b)1842 «punition employée dans les écoles» (Mozin-Peschier). Dér. de piquer*; suff. -et*. Bbg. Bäcker 1975, p.159. _Quem. DDL t.27. |