| PIPERIE, subst. fém. Vx ou littér. A. − Action de tricher au jeu. Synon. tricherie.Il faut qu'il y ait de la piperie. Cela n'a pu se faire sans piperie (Ac.).P. métaph. J'aime cent fois mieux le gouvernement ministériel qu'un jeu, une piperie, une ombre de gouvernement rimant en el (Courier, Pamphlets pol., Lettres partic. 2, 1820, p.66). B. − P. ext. Tromperie quelconque. Synon. duperie, fourberie, fraude, imposture, leurre, mystification, supercherie.Dans la vie pesée à son poids léger, aunée à sa courte mesure, dégagée de toute piperie, il n'est que deux choses vraies: la religion avec l'intelligence, l'amour avec la jeunesse (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.160).Les fils, la génération élevée dans la boutique, grandie à côté de ces piperies, de ces faussetés, du faux prix fixe, du faux bon teint, cet entortillement qui est le petit commerce parisien (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p.145): . Quand la raison se croyait vaincue par le doute, il agissait toujours comme s'il croyait. À l'heure où il était le moins «vivant», saisi par la piperie des mots et des idées, au milieu de son cabinet de travail, il croyait ne plus croire.
Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p.285. Prononc. et Orth.: [pipʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1455 (Dossier des Coquillards, éd. Sainéan, p.91 d'apr. A. Goosse ds Cah. Lexicol. t.16, p.113, note 33: tous les nommez cy apres sont des compaignons et de la secte et piperie de la Coquille); ca 1463 «duperie» (Villon, Ballade en jargon, II, 17 ds le Jargon de Villon, éd. P. Guiraud, p.64). Dér. de piper1* B 2; suff. -erie*; cf. l'a. fr. piperie «action, fait de jouer du pipeau» [ms. 1erquart xives.] (Romans et Pastourelles, éd. J.-Cl. Rivière, II, 49). Fréq. abs. littér.: 16. Bbg. Vitu (A.). Le Jargon du 15es. Genève, 1977, pp.443-445. |