| PINCÉE, subst. fém. A. − Usuel 1. Quantité que l'on peut prendre entre les extrémités du pouce et de l'index ou du pouce, de l'index et du médius. Bonne, petite pincée; prendre une pincée. a) [À propos d'une substance pulvérulente ou formée de fragments] Pincée d'anis, de farine, de feuilles, de poivre, de sel, de tabac. Une petite boîte d'étain, où Mirza-Kassem aperçut de la poudre rouge. Le derviche en prit une pincée et la jeta sur le plomb (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p.92).Vous y mettez [dans une sauce] un peu de sel, gros poivre, un jaune d'oeuf dur haché, une pincée de persil blanchi, haché très fin (Gdes heures cuis. fr.,Éluard-Valette, 1964, p.251): . −Je ne peux pas... Donne-moi de la... −Non! −Une pincée seulement. Rien qu'une pincée? −Pas un milligramme! Laisse-moi prendre ton poignet... Là... Tu vois: des intermittences.
Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p.967. b) [À propos d'élém. nombrables de dimensions restreintes] Quand il lui rapporta une pincée d'épingles, elle les prit une par une (Zola,Bonh. dames, 1883, p.693).En faisant sauter une liasse de ces billets de banque exotiques et en lui en donnant une pincée (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.50). − Pop., p. méton. Somme d'argent, souvent importante. Le Stéphanois va faire vinaigre à nous apporter le restant de pognon (...). Tu vas voir qu'on va en toucher une drôle de pincée (Le Breton,Rififi, 1953, p.186). c) [À propos d'une matière unitaire] Elle lui prit entre ses doigts une pincée de chair sur la main et la tortilla (Zola,Page amour, 1878, p.1044). 2. P. ext. Petite quantité. L'on n'eût pas trouvé dans toute la vallée une pincée de terre végétale (Gautier,Rom. momie, 1858, p.160).Ces oiseaux étincelants qui remplissent une volière de leurs essors et de leur ramage, mais qui, touchés par le sommeil ou par la mort, ne forment plus, dans un coin, qu'une très misérable pincée de plumes, de poussière et d'écailles (Duhamel,Suzanne, 1941, p.304). − P. anal. Petit nombre. Pendant cette petite pincée de secondes où il est là (Giono,Baumugnes, 1929, p.123).Depuis que les divisions allemandes bordent la frontière bulgare, le destin de l'armée même renforcée d'Australiens et d'une pincée de rebelles arborant le fanion de M. de Gaulle est irrémédiablement fixé (L'OEuvre, 9 mars 1941). B. − GÉOL. ,,Coin de terrains sédimentaires effondrés et très plissés, formant en plan un affleurement long et étroit, encadré par des couches subhorizontales`` (Fouc.-Raoult Géol. 1980). C. − Rare. Fait de pincer les cordes d'un instrument. Le chanteur populaire émettait à voix débile une chanson sentimentale sur de hasardeuses pincées de guitare (Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.310). Prononc. et Orth.: [pε
̃se]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1642 pincée de qqc. (Oudin Fr.-Ital.); 2. 1883 arg. «forte somme d'argent» (d'apr. Esn.). Dér. de pincer*; suff. -ée, v. -é. Fréq. abs. littér.: 103. Bbg. Quem. DDL t.24. |