| PINCER, verbe trans. I. − Usuel A. − Serrer entre les doigts ou entre les branches d'une pince. 1. [Gén. avec un instrument, en vue d'une manipulation plus ou moins technique] Deux bouts d'allumettes qui seront les jambes, au bout desquelles vous piquerez la boulette (E), figurant le corps, et dont vous aurez pincé le bout pour l'aplatir en forme de queue (Rousset,Trav. pts matér., 1928, p.182).En cas de rupture du câble d'extraction, la main de fer pince le câble spécial et l'entraîne dans le mouvement de la cage, dont la chute est immédiatement freinée par la masse du poids extérieur (E. Schneider,Charbon, 1945, p.246).Ils inventèrent les pinces «à forcipressure» pour pincer les vaisseaux qui saignaient pendant l'opération (Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.782). − Spécialement ♦ CUIS. Canneler le rebord d'une tarte, souder les bords d'un pâté: 1. Placer cette abaisse sur le pâté dont on aura mouillé la crête avec de l'eau. Souder ce couvercle en appuyant légèrement du pouce et de l'index sur les bords. Pincer régulièrement les bords du pâté, intérieurement et extérieurement avec le pince-pâte.
Mont.1967, p.769, s.v. pâté. ♦ HORTIC. Couper, soit entre l'ongle du pouce et l'index, soit avec un instrument tranchant, l'extrémité de certaines tiges d'une plante pour favoriser le développement d'autres tiges ou des fruits. V. ébourgeonner ex. ♦ RELIURE. Accentuer le relief des nerfs au dos d'un livre relié. V. pince I B 1 ex. de O. Beausoleil. − Rare (avec valeur factitive). Placer un élément entre deux autres qui le serrent. Si on a eu le soin de pincer des bouts de bois de sapin entre les planches à leurs extrémités (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.385). 2. [Essentiellement avec les doigts] a) [Le compl. dir. désigne un objet ou une matière] Saisir en serrant entre ses doigts. Pincer sa jupe, sa robe. La mère, une maîtresse femme, vient, fait un bout de révérence en pinçant son tablier (Pourrat,Gaspard, 1925, p.147).
α) MUS. [Le compl. dir. désigne une/des corde(s)] Faire vibrer (une/des corde(s)) en la/les pinçant ou en la/les grattant avec les doigts ou avec un élément intermédiaire. Tu vas pinçant au hasard tes cordes dans l'attente d'un son plus étrange que l'autre (Saint-Exup.,Citad., 1944, p.883).P. anal. La «sansa», série de lamelles en rotin ou en métal fixées à une planche au-dessus d'un chevalet et qu'on pince à leur extrémité libre (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.230).P. métaph. V. allusion ex. 12: 2. La vôtre [votre poésie] est belle et grande, vous justifiez tout ce que j'ai auguré de vous dès les premiers vers. Seulement vous ne pincez pas la corde assez nettement et assez vigoureusement.
Lamart.,Corresp., 1830, p.81. − [P. méton.] ♦ [Le compl., parfois introduit par de, désigne un instrument à cordes] Synon. jouer.Ne sachant ni danser le boléro, ni pincer de la guitare (Flaub.,Corresp., 1879, p.333).Tes mains à l'ongle rose et tranchant comme un bec Durent pincer jadis la harpe et le rebec (Moréas,Syrtes, 1884, p.29). ♦ [Le compl. désigne ce qui est joué sur un instrument à cordes] Le motif du scherzo reparaît en pizzicato; le silence s'établit peu à peu, on n'entend plus que des notes légèrement pincées par les violons et les petits gloussements étranges que produisent les bassons (Berlioz,Beethoven, Corrêa, 1948 [1838], p.38).Les prêtres, de temps à autre, pinçaient sur leurs lyres des accords presque étouffés (Flaub.,Salammbô, t.1, 1863, p.14).P. ext. Jouer, exécuter (une musique). C'est le célèbre Triffolato, l'empereur de la romance plaintive. Vous allez l'entendre pincer du Schubert et du Concone (Reybaud,J. Paturot, 1842, p.204).Pop., vieilli. Exécuter une danse. D'autres personnes juraient l'avoir aperçue depuis, pinçant un chahut au Grand Salon de la Folie, rue de la Chapelle (Zola,Assommoir, 1877, p.738).C'est malheureux de ne pas avoir de piano parce qu'on pourrait pincer un quadrille (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Boule de suif, 1880, p.148).
β) Prendre une pincée de. Il paraissait pincer du sel et le jeter, couper des tranches, saucer, mettre au four (Hamp,Marée, 1908, p.71). − Empl. intrans., au fig., pop., fam. En pincer pour qqn/qqc. Avoir une passion pour quelqu'un/quelque chose. Dis donc! C'est pas possible! T'en pinces pour elle! (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, iii, 8, p.62).Moi, vous savez, je n'en pince pas beaucoup pour les arts (Bernanos,Mauv. rêve, 1948, p.889). b) [Le compl. dir. désigne souvent une partie du corps] Pincer la chair, les cuisses, la jambe, la joue, le menton, les oreilles à qqn. Son mari, derrière elle, la pinçait pour la faire taire (Maupass.,Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.361).Puis il courait un peu, me rattrapait, me pinçait le bras parce qu'avec le vêtement il attrapait toujours un brin de peau (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p.57).Empl. pronom. réfl. Communément, il glissait (...), se cognait contre tous les murs, se pinçait le doigt à toutes portes (A. France,Pt Pierre, 1918, p.258).Il faisait le geste de se pincer les narines (Ramuz,Derborence, 1934, p.195): 3. Je ne suis peut-être pas aussi lâche que je l'avais cru jusqu'ici. La méthode est simple. Chaque matin, je me pince un doigt dans la porte. Exactement, dans la fente, du côté des charnières. Quand le doigt est en place, je tire doucement la porte, par le bouton, jusqu'à ce que la souffrance soit presque intolérable.
Duhamel,Journ. Salav., 1927, p.69. ♦ [Comme jeu libidineux, souvent à la faveur d'une cohue] Pincer les fesses (à une femme). Cette manie qu'ont les messieurs de pincer le derrière des dames! (Boylesve,Leçon d'amour, 1902, p.90). ♦ [Pour se ressaisir ou se persuader qu'on est éveillé] Surtout en empl. pronom. réfl. Doutant surtout de sa présence à Rome... Il se pinçait alors pour s'arracher d'un mauvais rêve, se retrouver à Pau, dans son lit (Gide,Caves, 1914, p.809).Malgré tant de plaisir qu'il [Stendhal] trouvait à se surprendre, à se reprendre, à se réveiller de ses ridicules, à se railler (comme on se pince pour se ressaisir et se concevoir) (Valéry,Variété II, 1929, p.89): 4. Si en rêve vous m'aviez dit que je suis beau, j'aurais compris. Mais nous sommes en état de veille. Du moins je le suppose. Permettez que je me pince pour nous en assurer. Et que je vous pince.
Giraudoux,Apollon, 1942, 5, p.54. c) [Le suj. désigne un animal] Je me décidai alors à la prendre [une fourmi] avec une petite pince, et à la tenir sur le dos (...). Des petits ongles de ses pattes, de ses mandibules, elle pinçait si fortement la pince que j'entendais vibrer l'air à chaque coup qu'elle donnait (Michelet,Insecte, 1857, p.121).Gérard rêvait la nuit, qu'un crabe lui pinçait l'épaule (Cocteau,Enfants, 1929, p.77). 3. P. méton. a) Causer une douleur physique vive. Une crampe le pinçait à l'épigastre (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.92). ♦ [En parlant du froid] On serre son manteau contre soi, vu que le froid vous pince fort (Flaub.,Corresp., 1849, p.135).L'orgueil, un vague effroi, la gelée me pinçaient les narines (Guéhenno,Journal homme, 1934, p.152).Empl. abs. impers., pop., fam. Faire froid. Ça va encore pincer dur, me dit Fouillard qui enfonce son passe-montagne (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.90). b) Au fig. Causer une vive douleur affective. Ces remords qui viennent vous pincer le coeur d'une femme adultère (Balzac,Cous. Bette, 1846, p.295).Je me souvenais des mots qu'il disait... et ça me pinçait dur comme souvenir (Céline,Mort à crédit, 1936, p.628).Une tristesse imprécise de temps en temps lui pinçait le coeur (Roy,Bonheur occas., 1945, p.468). 4. Au fig., vieilli. Pincer sans rire. Railler en gardant son sérieux. Le style me paraît ferme, net et singulièrement français. Il «pince sans rire», comme disent les bonnes gens (Flaub.,Corresp., 1861, p.414). B. − P. méton. 1. [Le compl. dir. désigne un élém. anatomique constitué de deux parties compl.] Rapprocher (les deux parties) en les serrant l'une contre l'autre. a) [Le compl. désigne ces parties] Elle flairait une coquinerie, dans la joie secrète qui lui pinçait le coin des paupières (Zola,Conquête Plassans, 1874, p.1189).Puis il lui nommait rapidement quatre ou cinq personnes. Et elle, chaque fois, pinçait un peu les narines, souriait avec effort (Roy,Bonheur occas., 1945, p.156). − Pincer les lèvres. Lorsque Du Poizat est revenu, il pinçait les lèvres, la face blanche comme un linge (Zola,E. Rougon, 1876, p.248).Je sais, interrompait Marie, d'un air vengeur. Elle pinçait les lèvres, retenait son rire un instant (Gide,Si le grain, 1924, p.456). ♦ [Comme signe de contrariété, de mépris] Le bonhomme a pincé les lèvres, pris un air vexé (Duhamel,Combat ombres, 1939, p.58).V. clergeon ex.1. b) [Le compl. désigne l'ensemble] Nana, pourtant, sans quitter sa chaise, pinçait les yeux, tâchait de voir si elle les connaissait (Zola,Nana, 1880, p.1172).On dirait qu'ils pincent la bouche pour ne pas laisser fuser leur joie (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.70). ♦ [Comme signe de contrariété, de mépris] L'autre remerciait, mais il avait pincé le nez comme si ces familiarités l'offusquaient un peu (Pourrat,Gaspard, 1925, p.11).Les femmes pinçaient la bouche, affectaient d'autres occupations et détournaient les yeux (Malègue,Augustin, t.1, 1933, p.203). 2. [Le compl. dir. désigne un objet] Donner une forme rétrécie, effilée. Une redingote de voyage à demi boutonnée lui pinçait la taille (Balzac,E. Grandet, 1834, p.54).L'architecte en a pincé les cornes [des étages d'une pagode] et relevé les bords avec art (Claudel,Connaiss. Est, 1907, p.30). − Spécialement ♦ AUTOMOB. Pincer les roues. Faire converger, dans le sens de la marche, les roues avant non-motrices. La tendance des cônes (ou roues) est donc de s'écarter l'un de l'autre. On peut réagir contre cette tendance en pinçant les roues, c'est-à-dire en faisant converger leurs plans (Chapelain,Techn. automob., 1956, p.236). ♦ MAR. Pincer un navire. Donner à un navire ,,des formes ou des façons aiguës ou fines au-dessous de son plan de flottaison, et d'une manière plus ou moins prononcée en descendant vers la quille`` (Bonn.-Paris 1859). − Empl. pronom. passif, vocab. techn. Se resserrer. À la radiographie, l'interligne se pince, des érosions y apparaissent et les épiphyses se décalcifient (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p.522).La tension artérielle se pince (Quillet Méd.1965, p.155). − Empl. intrans., vocab. techn. Lors d'un échauffement même faible, un coussinet en bronze se déforme et a tendance à pincer vers les jonctions (Ambroise,Monteur mécan., 1949, p.32). C. − P. anal., pop., fam. 1. [Le suj. désigne une pers.] a) [Le compl. dir. désigne une pers.] − Arrêter. Maintenant il faut pincer notre gredin (A. France,Dieux ont soif, 1912, p.214): 5. Iszakovitch a failli se faire pincer ce matin dans une rafle, à Puteaux. Fuzet, lui, est coffré: on l'accuse d'être l'auteur des mains sanglantes, tu sais, l'affiche contre l'état-major...
Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p.545. − Prendre en faute, sur le fait. Que je te pince à te balader encore, avec tes yeux en coulisse! (Zola,Assommoir, 1877, p.571).C'est une pauvre petite, étriquée et chétive, qui s'est fait pincer un double-décimètre entre les mains (Colette,Cl. école, 1900, p.211). b) [Le compl. dir. désigne une chose matérielle] − Prendre, voler. Que vous avais-je demandé?... de reprendre la jupe de la Torpille pour six mois, pour six semaines, et de vous en servir pour pincer un million... (Balzac,Splend. et mis., 1844, p.246).La blanchisseuse, sur les conseils de Madame Boche, allait bien parfois guetter son homme à la sortie de l'atelier, pour pincer le magot tout frais pondu (Zola,Assommoir, 1877, p.684). − CUIS. Faire saisir dans un corps gras. Fonds de veau. −Prendre 500 grammes de jarret de veau, autant de maigre de boeuf, carottes, oignons, couennes de lard, bouquet garni; pincer le tout légèrement; puis mouiller, et laisser cuire 2 heures (Lar. mén.1926, p.1080, s.v. sauce). c) [Le compl. désigne un état, un mal physique] Contracter. Synon. attraper, prendre.Quand vous aurez pincé une fluxion de poitrine, ou les bons petits rhumatismes des familles, vous serez bien avancé? (Proust,Sodome, 1922, p.969). d) MAR. Pincer le vent. Synon. de serrer* le vent.Le comte d'Estrées les reçut avec tant de valeur, qu'après leur avoir désemparé plusieurs vaisseaux, il les contraignit de pincer le vent pour se tirer de devant son feu qu'ils ne pouvaient plus soutenir (J. Delabre,Tourville et la marine de son temps, 1889ds Gruss 1978).Plus l'on pince le vent, plus l'amure se trouve vers l'avant par rapport à l'écoute (J. Boudriot,Le Vaisseau de 74 canons, Grenoble, éd. des Quatre Seigneurs, 1975, p.178). 2. [Le suj. désigne ou évoque un inanimé, le compl. dir. une pers.] a) [Le suj. désigne un mal physique] Un joli lumbago intercostal m'a pincé hier et me tient encore aujourd'hui (Amiel,Journal, 1866, p.103). b) [Le suj. désigne une passion, un sentiment] La gourmandise lui pince le ventre (Flaub.,Tentation, 1849, p.316). − Au passif, sans compl. Être amoureux. Il avait le béguin pour moi, il était même bien pincé (Queneau,Pierrot, 1942, p.171). ♦ Rare, avec compl., p. méton. Cette petite Aimée me semble si aimeuse que même un Rabastens aurait pu réussir, qui sait? Il est vrai que Richelieu est encore plus pincé par elle que je pensais (Colette,Cl. école, 1900, p.44). II. − [Corresp. à pince I B 2 b β] COUT. Faire des pinces à un vêtement. (Dict. xxes.). REM. 1. Pinçant, -ante, part. prés.,adj. et subst. a) Adj., rare.
α) Qui donne une impression comparable à celle que l'on ressent quand on est pincé. Je me trouve devant cette petite actrice qui me regarde à peine, tout occupée (...) à expliquer fièvreusement je ne sais quoi, avec une voix de gorge prenante et pinçante (Colette,Cl. s'en va, 1903, p.209).
β) Qui raille vivement. J'aurais souhaité que la baronne d'Argentan (...) fût à la carrure (...) de Charlotte Lysès, de qui l'abatage (...) et le comique pinçant mâchent à vide (Colette,Jumelle, 1938, p.202).b) Subst. masc., plur., arg., vieilli. ,,Ciseaux`` (France 1907). 2. Pince-, 1erélém. de compos. tiré du verbe pincer.a) Le 2eélém. est un subst. fr., le comp. est un subst. masc. désignant un instrument, un ustensile ou un dispositif mécanique destiné à saisir, serrer, maintenir ce que le 2eélém. désigne.
α) 3. Pince-balle, artill. anc. ,,Tenaille avec laquelle on prend les boulets rouges sur le feu, pour les transporter jusqu'à la pièce d'artillerie`` (Chesn. t.2 1858).
β) Pince-billets. Des tubes à rouges en orfèvrerie, des porte-clés, des pince-billets (Le Monde, 21 déc. 1951, p.7, col. 1).
γ) Pince-bougie . Pince-bougie en métal (Catal. jouets(Louvre), 1936).
δ) Pince-jupe. Dispositif comportant une pince, entre les branches de laquelle on serre une jupe à la ceinture, dont la fonction est similaire à celle d'un cintre. Des placards où pendouillent cintres et pince-jupes dégarnis par Selma (H. Bazin,Un Feu dévore un autre feu, 1978, p.191 ds Rob. 1985).
ε) Pince-lisière, industr. text. ,,Appareil à l'aide duquel on assujettit la mousseline qui doit recevoir l'apprêt`` (Leloir 1961).
ζ) Pince-loque, arg. des voleurs. ,,Aiguille`` (France 1907).
η) Pince-maille, ch. de fer. Dispositif, commandé par un levier, qui saisit et tire le fil de manoeuvre d'un signal. Voir Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.438.
θ) Pince-narines, subst. masc.L'outillage des plongeurs consiste toujours encore en un pince-narines, des oeillères et un panier (Metta,Pierres préc., 1960, p.120).
ι) b) Le 2eélém. est un adj. fr. (en fonction d'adv.), le comp. est adj. ou subst.
α) Pince-notes, Petit ustensile de bureau à forme variable, qu'on emploie pour pincer entre deux mâchoires des notes à conserver`` (Lar. 20e).
κ) Pince-pâte, cuis. Ustensile servant à strier le rebord d'une tarte, d'un pâté. V. pincer ex.1.
λ) Pince-sève, agric. ,,Instrument à l'aide duquel on coupe l'extrémité des branches des arbres fruitiers pour faire refluer la sève vers les fruits`` (Fén. 1970). Pince-dur, subst. masc.,arg. des soldats, vieilli. ,,Adjudant`` (France 1907).
β) Pince-froid, adj.,rare. Qui a une attitude froide, distante. L'homme, petit, gras, net, le teint brillant, éclairé de petite vérole, la mine heureuse, pince-froid (Goncourt,Journal, 1864, p.24). Pinçotter, verbe trans.Pincer légèrement de manière répétée. Il sourit en se pinçottant le nez (Genevoix,Laframboise, 1942, p.41). Prononc. et Orth.: [pε
̃se], (il) pince [pε
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Mots constr. avec pince- (v. rem. 2 supra). V. garde- et porte-. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1165 «saisir (quelqu'un) moralement (en parlant de l'amour)» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 17568: Pinciez sera d'Amors e mors); b) α) 1809 en pincer pour (qqc.) «aimer (quelque chose)» (Brazier d'apr. Larch. 1869, p.250);
β) 1869 en pincer pour (qqn) «aimer (quelqu'un)» (Larch., loc. cit.); 2. a) 1178 «serrer (une partie de la peau) entre les extrémités des doigts» (Renart, éd. M. Roques, branche XII, 12999: pincent le col et puis l'escorce); b) 1552 pincer la lyre (Ronsard, Odes, V, VIII, 599 ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.3, p.152); 1680 pincer les cordes d'un luth (Rich.); c) part. passé
α) 1768 subst. masc. «agrément du genre des trilles propre à certains instruments» (Rousseau, p.372);
β) 1926 instrument à cordes pincées (Bouasse, Cordes et membranes, p.276); 3. a) 1588 fig. (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.978: Je sens la mort qui me pince continuellement la gorge ou les reins); b) α) 1833 le froid pince (Balzac, Méd. camp., p.184);
β) 1835 ça pince «il fait très froid» (Monnier, Scènes populaires, II, p.110 ds Quem. DDL t.19). B. 1676 [éd.] hortic. (Le Gendre, La Manière de cultiver les arbres fruitiers, p.114). C. 1. a) 1690 «serrer fortement de manière à rapprocher, à rendre plus étroit, plus mince» (Mmede Sévigné, Lettre du 15 janv. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t.3, p.810: pincer le nez); b) 1695 air pincé (Regnard, Le Bal, 12 ds Littré); 1747 homme ... pincé dans la conversation (Voltaire, Cosi-sancta ds Rob.); 2. 1701 terme de relieur (Fur.); 3. 1831 cout. habit pincé (Nodier, Fée Miettes, p.107); 4. 1834 pincer la taille (en parlant d'un vêtement) (Balzac, E. Grandet, p.54). D. 1. Fin du xives. «arrêter (quelqu'un), appréhender» (Eustache Deschamps, OEuvres, éd. G. Raynaud, t.9, p.157, 4784); de nouv. 1732 [éd.] (Lesage, Hist. de Guzman d'Alfarache, t.2, p.261); 2. 1798 «prendre en faute» (Ac.). Dér. du rad. expressif *pints-, qui évoque une saisie rapide et brusque; dés. -er (cf. aussi l'ital. pinzare «piquer (d'un insecte)» et l'esp. pinchar «piquer». V. FEW t.8, pp.541b-542a et 547a-b. Fréq. abs. littér.: 761. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 343, b) 1762; xxes.: a) 1569, b) 1050. DÉR. 1. Pinçage, subst. masc.Action de pincer. a) [Corresp. à pincer I A 1]
α) Hortic. Synon. usuel de pincement.L'abondance de la gadoue nuisit aux fraisiers, le défaut de pinçage aux tomates (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.31).
β) Mécan. Blocage d'un système au moyen d'un dispositif à pince. L'immobilisation du tourillon en place étant simplement assurée par pinçage (Ambroise,Monteur mécan., 1949, p.37).
γ) Reliure. Opération consistant à pincer les nerfs. Éviter pendant l'opération du pinçage que l'outil n'échappe au delà des nerfs, ce qui risque de rayer la peau sur les côtés plats (O. Beausoleil,Reliure-dorure, Paris, Sté fr. du livre, 1972, p.33).b) [Corresp. à pincer I A 2 b] Le pinçage de la peau peut contribuer à éviter les rides (Heckel, Le Gendreds Nouv. Traité Méd.fasc. 71924, p.346).[Comme jeu libidineux] La cuite, la rixe, les propos gras, les pinçages de fesses quand il y en avait, voilà comment chez moi, on manifestait son contentement (Arnoux,Zulma, 1960, p.26).c) [Corresp. à pincer I B 1] Un tuyau de longueur acoustique invariable, peut, quelle que soit sa classe, donner plusieurs sons (partiels) suivant la force du vent ou le pinçage des lèvres (Bouasse,Instrum. à vent, 1930, p.13).− [pε
̃sa:ʒ]. − 1resattest. a) 1845-46 hortic. (Besch.), b) 1932 «blocage d'un système mécanique à l'aide d'un dispositif à pince» (Lar. 20e); de pincer, suff. -age*. 2. Pinceur, -euse, adj. et subst.a) [Corresp. à pincer I A 2 γ] Quels doigts pinceurs de luths ou gratteurs de violes Ont célébré des yeux aussi surnaturels! (Rollinat,Névroses, 1883, p. 35).Et par moments c'étaient d'étranges désaccords, Ou, sous les doigts pinceurs, des pizzicati mièvres (Rostand,Musardises, 1890, p.93).b) Subst. masc., bât. ,,Bardeur d'un type particulier qui, lorsque la pierre est montée sur le chantier, aide le contreposeur à la mettre en place`` (Mét. 1955). − [pε
̃soe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1660 subst. «personne qui aime à pincer» (Oudin Fr.-Esp.), de nouv. 1819 «id.» (Boiste), 1883 adj. doigts pinceurs de luths (Rollinat, loc. cit.), b) 1840 subst. «contremaître des bardeurs» (Ac. Compl. 1842); de pincer, suff. -eur1*. 3. Pinçure, subst. fém.Action de pincer ou résultat de cette action. a) [Corresp. à pincer I A 2 b] [M. d'U., commun soupirant de ces trois dames,] était précieux, cajolé (...), meurtri de pinçures, et soigné à gras (D'Esparbès,Dern. lys, 1898, p.280).b) [Corresp. à pincer I A 3 a ou b] Depuis le matin, elle se plaignait de pinçures à la peau, comme si des mouches l'avaient fortement piquée (Zola,Joie de vivre, 1884, p.1081).Le gel qui mord Et la bise aux pinçures sourdes (Richepin,Bombarde, 1899, p.126).Marcel, avec beaucoup de soin et non moins d'ironie, s'appliqua à lui prouver que ce monde [de l'enfant] ne pouvait suffire à une nature avide et exigeante, comme la sienne. Annette l'écoutait, les sourcils froncés, une pinçure au coeur (Rolland,Âme ench., t.2, 1925, p.38).− [pε
̃sy:ʀ]. − 1resattest. a) 1573 «action de pincer» (A. Paré, OEuvres, VIII, 38, éd. J.-F. Malgaigne, t.2, p.111). b) 1785 pinçures au bras (Restif de La Bretonne, Mes inscriptions, 4 déc., éd. Paris, P. Cottin, 1889, p.148); de pincer, suff. -ure1*. BBG. −Bierbach, 1982, pp.303-304 (s.v. pince-). _Pinchon (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, p.258. _Quem. DDL t.4, 5, 16. |