| PIMENT, subst. masc. I. − Boisson très usitée et très estimée au Moyen Âge. Le piment était un mélange de vin, de miel et d'épices, irritant et échauffant, que du reste Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, interdit au XIesiècle à ses religieux (Ac. Gastr.1962). II. A. − BOTANIQUE 1. Plante dicotylédone de la famille des Solanées, dont le fruit, d'un goût âcre et piquant, est utilisé comme légume et comme condiment. Cultiver, planter du piment. Derrière les cases s'étend la bananeraie. Chaque femme a là quelques pieds de bananiers, de piments, de patates, etc. (Brunhes,Géogr. hum., 1942, p.201). 2. P. méton. Le fruit de cette plante, de couleur verte, jaune ou rouge. Synon. poivron.Piment âcre, doux; piment confit, séché; gousse, grappe de piment(s); ratatouille aux piments. Les grosses olives et les piments verts s'entassaient sur des planchettes mal équarries (About,Roi mont., 1857, p.107).Le piment rouge, cultivé en Provence, est également utilisé après dessication et broyage (Brunerie,Industr. alim., 1949, p.105). ♦ Piment de Cayenne. Piment de petite taille particulièrement piquant. Synon. poivre de Cayenne.Ajoutez un bouquet garni de persil, thym, laurier, basilic, deux clous de girofle, un peu de piment de Cayenne (Gdes heures cuis. fr.,Carême, 1833, p.137). ♦ Piment rouge. V. paprika ex. de Brunerie. ♦ Région. (Afrique noire). Piment des oiseaux. Synon. de pili-pili. B. − Au fig. Ce qui relève, ce qui donne du piquant. Voilà Bixiou, s'écria Blondet, il en sera: rien de complet sans lui. Sans lui, le vin de Champagne m'empâte la langue, et je trouve tout fade, même le piment des épigrammes (Balzac,Splend. et mis., 1844, p.16).Quand elle n'eut plus rien à craindre d'eux, elle s'offrit alors, avec la personne de Monsieur Paillon, la suprême joie de ne point mêler de calculs d'argent aux combinaisons de l'amour et aussi le savoureux piment de relations coupables avec l'homme le plus laid de toute la ville (Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p.168): . Quand la passion d'une idée juste et le désir de la vérifier s'emparent d'un homme à l'intelligence curieuse, dépouillé de tout conformisme et qui s'était jusqu'alors conduit au gré de la fantaisie la plus indépendante, ils peuvent faire de lui le héros d'une épopée auquel ne manquent ni les éclairs du génie, ni la rigueur de la méthode, ni la force du raisonnement, ni même, à certains passages, le piment du scandale.
Bariéty, Coury,Hist. méd., 1963, p.610. REM. Pimenton, subst. masc.,hapax. Gros piment doux. Synon. poivron.Un pimenton rouge comme une course aux taureaux (Jammes,Robinsons, 1925, p.156). Prononc. et Orth.: [pimɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. 1664 bot. (Tarif, 18 sept. ds Littré: poivre du brezil ou piment); 2. 1836 fig. «ce qui donne du piquant à quelque chose» (Balzac, Lys, p.228). Empr. sém. à l'esp. pimiento «plante potagère des régions chaudes, cultivée pour ses fruits qui servent de condiment» (fin du xves. ds Cor.-Pasc.), du b. lat. pigmentum «aromates, épices», lui-même issu du lat. class. pigmentum «matière colorante», v. pigment. On note également l'a. fr. piment «baume, épice odoriférante» (1121-34, Philippe de Thaon, Bestiaire, 484 ds T.-L.; déjà pimenc «id.» à la fin du xes., Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 349) et «boisson faite de vin, de miel et d'épices» (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 2969) qui remonte au b. lat. pigmentum. Fréq. abs. littér.: 115. |