| PILULE, subst. fém. A. − PHARMACOLOGIE 1. Médicament qui se présente sous forme de petite boule ou de petite pastille, destiné à être avalé. Il prescrivit un régime sévère, remit à la duchesse deux boîtes de pilules de noms fort différents, mais formées également de mie de pain et de coloquinte (Stendhal,Lamiel, 1842, p.61).Dimanche.Bronchite très forte. Je me guéris avec deux pilules (Michelet,Journal, 1851, p.167): 1. Non, ce n'est pas pour dire, mais la vieille thérapeutique qui se basait sur l'expérience valait mieux; elle savait au moins que les remèdes ingérés sous forme de pilules, de granules, de bols, étaient infidèles, et elle ne les prescrivait qu'à l'état liquide!
Huysmans,Là-bas, t.1, 1891, p.159. ♦ En pilule.De façon, sous forme concentrée. Les melons, du soleil en pilule (Barrès,Cahiers, t.2, 1898, p.77). − En partic. Pilule contraceptive ou simpl. pilule. Contraceptif oral. Prendre la pilule: 2. −Tu ne crois pas si bien dire. Elle fait à Marc le coup du gosse. −Elle est enceinte? −Oui, ma chère. À lui, le mari d'une gynécologue, elle a soutenu que sa santé lui interdisait la pilule, le diaphragme et, bien entendu, l'avortement.
Fr. Dorin, Les Lits à une place, Paris, Flammarion, 1982 [1980], p.62. 2. Expr. fig. ♦ Avaler la pilule (fam.). Recevoir une information, subir un affront, un déplaisir sans protestation. Si j'étais de vous, j'avalerais cette pilule, je subirais cette corvée le plus tôt possible (Flaub., Corresp., 1874, p.174). ♦ Dorer, (redorer) la pilule à qqn. (fam.). Présenter (à nouveau) de façon séduisante une chose désagréable. Ah! dis-donc t'as bien mordu ça?... Il en rigolait au souvenir... J'ai rien répondu... Je voulais pas être responsable de lui redorer la pilule... Quand il reprenait plein optimisme il faisait plus que des conneries... Il a continué à me parler comme-ci comme-ça... (Céline,Mort à crédit, 1936, p.604). ♦ Mettre, prendre, ramasser une/la pilule; quelle pilule! (pop.). Infliger, subir un cuisant échec. Vengez-nous, les gars!... On a pris la pilule! (Esn.Poilu1919, p.418). B. − Boule de matières stercorales que fabriquent certains insectes. Fabre, lorsqu'il a décrit l'application que met le scarabée sacré à malaxer la pilule où il enfermera son oeuf (Paulhan,Fleurs Tarbes, 1941, p.160). Prononc. et Orth.: [pilyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1314 pillules «médicament divisé en petites boulettes» (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, 1816); b) 1934 la pilule «contraceptif oral» (M. Chachuat, Le Mouvement du «Birth control» dans les pays anglo-saxons, p.114 ds Quem. DDL t.13); 2. 1662 «chose désagréable dont il faut s'accommoder» (Molière, École des femmes, I, 4); 1668 dorer la pilule (à qqn) (Id., Amphitryon, III, 10); 1690 avaler la pilule «endurer avec patience une chose désagréable» (Fur.); 1932 «croire à un mensonge» (Lar. 20e). Empr. au lat. méd. pilula «petit corps rond, boulette», «pilule», «pelote». Fréq. abs. littér.: 171. DÉR. Pilulier, subst. masc.,pharmacol. a) Appareil servant à fabriquer des pilules. Tu considérais comme autant de sacrilèges les perfectionnements qu'ont subis tes bassines, tes alambics (...) et tes piluliers! (E. de La Bédollière,Français peints par eux-mêmes, t.3, Le Pharmacien, 1841, p.306).b) Récipient servant à la conservation des pilules. (Dict. xixeet xxes.). − [pilylje]. − 1resattest. 1694 «appareil servant à la confection des pilules» (E. Drot, Rec. de doc. tirés des anc. minutes de notaires déposées aux archives départementales de l'Yonne, 122 ds Quem. DDL t.13), 1812 «petite boîte servant à conserver les pilules» (Mozin-Biber); de pilule, suff. -ier*. BBG. −Saint-Gérand (J.-Ph.). Ét. d'un micro-syst. lexical... La Licorne, 1976, no1, pp.137-140, 146. |