| PIEUSEMENT, adv. A. − Avec un attachement certain à Dieu, à la religion, aux dieux. Vois, il n'est pas reconnaissant, ce manitou horrible, des larges coupes de sang et de cervelle que tu répands sur ses autels, pieusement décorés de guirlandes de fleurs (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.187).Ceux-là qui vivaient humblement sans rien demander, pratiquant leurs vertus familiales, célébrant simplement leurs fêtes, élevant pieusement leurs fils (Saint-Exup.,Citad., 1944, p.851): 1. ... pendant que l'enfant attendait, tout prêt à répondre, justement, à ces questions prévues, il lui mit la main sur le front, et avec le pouce, lentement, pieusement, il traça le signe de la croix.
R. Bazin,Blé, 1907, p.181. B. − Avec des sentiments élevés d'humanité, d'affection, de respect. Stamply était mort depuis quelques mois. Qui songeait à lui? Personne, si ce n'est Hélène qui l'avait sincèrement aimé, et qui gardait pieusement sa mémoire (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p.104).Ces scènes révolutionnaires, qui ont eu, quatre cents ans plus tard, de si frappantes répétitions, ne s'accordent guère avec l'image qu'on se fait communément de l'homme du Moyen Âge, pieusement soumis à ses rois (Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.99).Cet état d'esprit ne pouvait être celui d'un Américain, pieusement fidèle à sa patrie (Blanche,Modèles, 1928, p.178). − Croire pieusement une chose. ,,La croire par principe de dévotion, et sans qu'on y soit obligé par la foi`` (Ac.). ♦ Fam. (Faire semblant de) croire une chose, avec une confiance totale, sans examen, sans preuve, ou sur parole. Il croyait pieusement que sa femme avait pour lui une amitié douce (Mérimée,Double mépr., 1833, p.4).V. anthologie ex. 5: 2. Un peuple qui, avec la république, le gouvernement représentatif ou l'empire, conservera toujours pieusement un amour immodéré pour l'intervention de l'État en toutes ses affaires (...), qui ne comprend plus l'administration municipale, et pour qui la centralisation absolue et sans réplique est le dernier mot du bien, ce peuple-là, non seulement n'aura jamais d'institutions libres, mais ne comprendra même jamais ce que c'est.
Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p.274. − P. métaph. Hors un sanglot de nocturne, une charrette cahotante, rien n'interrompait la plainte que, depuis l'océan, les pins se transmettent pieusement dans leurs branches unies (Mauriac,Myst. Frontenac, 1933, p.289). Prononc. et Orth.: [pjøzmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1615 «avec piété» (E. Pasquier, Recherches de la France, IX, 42 ds Hug., s.v. piement); 2. 1669 croire pieusement (Molière, G. Dandin, III, 6 ds OEuvres, éd. E. Despois et P. Mesnard, t.6, p.582). Dér. de pieux*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér.: 257. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 244, b) 277; xxes.: a) 572, b) 391. |