| PICARO, subst. masc. A. − Littér. Aventurier espagnol, héros de la littérature picaresque. Les aventures en effet ne lui [Francion, roman de Charles Sorel] manquent pas. Elles se succèdent dans sa vie comme elles se succédaient dans l'orageuse carrière de Guzman et d'Euphorion. Il y déploie la même énergie, le même sang-froid, le même dédain des préjugés que les plus fiers picaros. Il se défend contre les coups du sort avec la même philosophie (A. Adam, Hist. de la litt. fr. au XVIIes., t.1, 1962, pp.148-149). B. − P. ext., vx. Intrigant sans scrupules. Synon. chevalier d'industrie (v. chevalier1II B 2), coquin, fripon, vaurien.La plupart des valets de Molière sont des picaros (Besch.1845). Prononc. et Orth.: [pikaʀ
ο]. Plur. des picaros. Étymol. et Hist. [1665, cité comme mot esp. (A. de Brunel, Voyage d'Espagne, p.132)]; 1724 [éd.] (Le Sage, Gil Blas, éd. 1715-35, t.3, livre 8, chap.2, p.177: Monsieur de Santillane, [...] vous avez été tant soi peu Picaro). Mot esp. qui signifie «individu vil, méprisable et de mauvaise vie» (ca 1545, Cor.-Pasc.; déjà pcaro de cozina «marmiton» en 1525, ibid.) et qui s'applique particulièrement, dans la litt. esp. du xvies., à un personnage effronté, espiègle, bouffon et de mauvaise vie (v. Cor.-Pasc. et Al.). D'orig. incert., pcaro est peut-être dér. de picar, proprement «piquer» (d'un type *pikkare, v. piquer), à cause des nombreuses fonctions exercées par les picaros. Voir Cor.-Pasc. t.4, pp.519-524 et FEW t.8, p.470a et 471b, note 26. Bbg. Pohl (J.) Contribution à l'hist. de qq. mots Arch. St. n. Spr. 1969, t.205, p.370. _Schmidt § 593, 600. |