| PIANOTER, verbe Familier A. − Empl. intrans. Jouer du piano de façon maladroite ou en dilettante. Je pianote à peine, mais la belle musique m'émeut comme la belle poésie (Renard, Vernet, 1904, I, 4, p.199). − Empl. trans. La princesse pianotait en sourdine quelques-uns de ces «échos d'Illyrie» que Frédérique ne se lassait jamais d'entendre (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p.212). B. − P. anal., empl. trans. dir. (rare) ou indir. Pianoter (sur) 1. [Le suj. désigne une pers.] a) Tapoter sur quelque chose du bout des doigts comme sur les touches d'un piano. Ils se remettent à contempler le vide en pianotant sur le bois [de la table] dans une cadence de plus en plus pressée (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p.209). − Empl. trans., rare. D'autres encore se dandinaient debout devant des glaces, en pianotant, du bout des doigts, leurs faux cheveux lustrés par un coiffeur (Huysmans, À rebours, 1884, p.230). b) Taper sur les touches d'un clavier de machine. Evans pianota encore sur son clavier et de nouvelles indications apparurent sur l'écran (D. Lapierre, L. Collins, Le Cinquième cavalier, 1980, p.25). − P. ell. du compl. Si mes voisins d'auberge n'y avaient pas mis le holà, je pianoterais dès l'aube [sur une machine à écrire] (Arnoux, Crimes innoc., 1952, p.103). 2. [Le suj. désigne un élément naturel] Des étoffes fines sur lesquelles pianote la pluie (La Varende, Normandie en fl., 1950, p.233). REM. Pianotiser, verbe intrans.,rare, synon. (supra A).MlleNoël (...) a chanté et pianotisé (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1837, p.118). Prononc. et Orth.: [pjanɔte], (il) pianote [pjanɔt]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.1. 1842 «jouer du piano en amateur» (Flaub., Corresp., p.124); 2. 1879 «tapoter du bout des doigts sur un objet quelconque» (E. de Goncourt, Zemganno, p.109). Dér. de piano2*; suff. -oter*. Fréq. abs. littér.: 28. DÉR. 1. Pianotage, pianotement, subst. masc.Fait de pianoter. a) [Corresp. à pianoter A] Elle avait un mépris respectueux pour ces pianotages, ces bavardages, toutes ces choses intellectuelles (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.810).b) [Corresp. à pianoter B]
α) [Corresp. à pianoter B 1 a ou b] Le sourire du médecin, ses hochements de tête, le pianotage de ses doigts (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.118).Docile, elle prit sa machine [à écrire], s'accroupit sur le parquet, le dos contre le lit, et commença son pianotage (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.26).
β) [Corresp. à pianoter B 2] Pianotement de la pluie, en automne, sur les vitres (Rodenbach, Règne sil., 1891, p.192).− [pjanɔta:ʒ], [-mɑ
̃]. − 1resattest. a) 1866 pianotage (La Vie paris., p.431 ds Quem. DDL t.3), b) 1891 pianotement (Rodenbach, loc. cit.); de pianoter, suff. -age*, -ment1*. 2. Pianoteur, -euse, adj. et subst.(Celui, celle) qui pianote. a) Adj. [Corresp. à pianoter B 1 a] Ils me caressaient le cou, le menton, la nuque, de petits attouchements gras, mous et pianoteurs (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.249).b) Subst. [Corresp. à pianoter A] C'était une pianoteuse qui n'avait pas ombre de talent (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1482).− [pjanɔtoe:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1867 (Delvau); de pianoter, suff. -eur2*. BBG. −Quem. DDL t.7 (s.v. pianotement); 17 (s.v. pianotage). |