| PHÉNIX, subst. masc. A. − 1. MYTH. Oiseau fabuleux, doué d'une extraordinaire longévité, qui avait le pouvoir de renaître de ses cendres après s'être consumé sur un bûcher, symbole de résurgence cyclique, de résurrection; représentation de cet oiseau. On retrouve [dans les catacombes] le paon, toujours symbole d'immortalité, et le phénix, de résurrection (Maillet, Peint. relig., 1934, p.15): 1. On pourra faire ramper sur les corniches, s'écarteler sur les étendards de soie jaune ou dresser au seuil des palais toute une armée de dragons héraldiques, de phénix, de licornes, de chimères tortueuses, qui ne représentent peut-être qu'un souvenir lointain, transmis par les vieilles légendes, des derniers monstres primitifs égarés parmi les premiers hommes.
Faure, Hist. art, 1912, p.187. − P. métaph. Lors donc que notre soleil sera éteint et roulera, globe obscur, à travers l'espace, il pourra, nouveau phénix, ressusciter de ses cendres, par la rencontre d'un autre soleil éteint, et rallumer ainsi le flambeau de la vie pour de nouvelles terres (Flammarion, Astron. pop., 1880, p.390).C'était vrai. Il y avait plusieurs êtres en moi: celui qui est né de la femme; celui qui est né des livres, et aussi celui qui renaît toujours de ses cendres et de son orgueil: le triste phénix, dépenaillé et transi par la solitude (La Varende, Homme aux gants, 1943, p.299). 2. P. anal. [En parlant d'une pers. avec parfois une nuance iron.] Personne douée de qualités exceptionnelles, que l'on considère comme unique en son genre. Synon. aigle, as, oiseau* rare (fam.).C'est pas un phénix! M. Carvalho a découvert (...) un vrai ténor, et à chaque représentation la ferveur du phénix augmente (Berlioz, À travers chants, 1862, p.238).Je ne serai jamais dominée charnellement que par un homme qui m'aura dominée avant, par tout le reste. Le phénix de ces phénix s'étant dérobé, je ne chercherai pas un autre amour (Montherl., Lépreuses, 1939, p.1390): 2. Il n'avait pas une forte voix: il avait une voix juste. Sans se croire un phénix, il avait conscience de sa petite valeur, et l'idée ne lui entrait pas dans la tête qu'un jour il pût être sifflé.
Renard, Journal, 1895, p.259. − Phénix de qqc.Modèle parfait de quelque chose. Où donc avez-vous découvert ce phénix du notariat, monsieur Anatole Forestier? (Fabre, Mllede Malavieille, 1865, p.43).Cette madame de Lautréamont était née les mains pleines et avait toujours eu toutes les chances: (...) le plus beau logis du département (...) et, pour entretenir cette demeure princière (...) une domestique comme on n'en fait plus, le phénix, la perle rare des servantes (Lorrain, Contes chandelle, 1897, p.74). ♦ [P. anal.] Littér. Si l'Iliade et l'Odyssée sont les chefs-d'oeuvre de l'épopée qui se peut nommer populaire; si l'Énéide est le chef-d'oeuvre de l'épopée savante, pourquoi ne pas dire que les Martyrs sont le phénix de l'épopée systématique? (Sainte-Beuve, Chateaubr., 1860, p.404). B. − Spécialement 1. BOT. Genre de palmiers comprenant le dattier et une quinzaine d'autres espèces d'Afrique et d'Asie tropicales, dont certaines sont cultivées comme plantes ornementales. Haie de phénix. Le guéridon supportait un phénix cravaté de rose, dans une potiche de Vallauris (Mauriac, Plongées, 1938, p.177). − En appos. Elle (...) glissa (...) dans le salon, jusqu'à la table de palissandre, surmontée d'un palmier phénix (A. France, Hist. comique, 1903, p.290). 2. HÉRALD. Oiseau représenté de profil, les ailes étendues, debout sur un bûcher (d'apr. Grandm. 1852). 3. ZOOLOGIE a) Subst. masc. ou adj. (Coq) phénix. Coq domestique du Japon, remarquable par la longueur des plumes de sa queue, qui au lieu de tomber, s'accroissent à chaque mue. (Dict.xxes.). b) Subst. masc. Papillon de la famille des Sphinx. (Dict. xixes. et xxes.). Prononc. et Orth.: [feniks]. Supra A, Ac. 1694, 1718: phenix; dep. 1740: phénix; vieilli phoenix, à côté de phénix ds Land. 1834, Gattel 1841. Supra B, Rob., Lar. Lang. fr., Lexis 1975: phénix, phoenix. Plur. inv. Étymol. et Hist.1. 1121-34 «oiseau fabuleux» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 2217 ds T.-L.); 2. a) 1176 «personne unique en son genre» (Chrétien de Troyes, Cliges, 2727, ibid.); b) 1674 cet heureux phénix (en parlant d'un sonnet sans défaut) (Boileau, Art poét., Chant II, p.165); 3. 1673 hérald. (Menestrier, Abrégé des principes héraldiques, p.94); 4. 1690 «genre de palmier» (Fur.); 5. a) 1791 «papillon» (Valmont de Bomare ds Lar. Lang. fr.); b) 1874 «ancien nom du paradisier» (Lar. 19e); c) 1903 «coq domestique du Japon» (Nouv. Lar. ill.). Empr. au lat. phoenix «oiseau fabuleux», «palmier», gr. φ
ο
ι
́
ν
ι
ξ «pourpre», «oiseau fabuleux», «palmier». Fréq. abs. littér.: 96. |