| PHOBIE, subst. fém. A. − PSYCHOPATHOL. Symptôme prévalent des névroses obsessionnelles, caractérisé par une réaction d'angoisse ou une répulsion ressentie devant le même objet, la même personne ou une situation bien déterminée. Herr est un homme qui ne peut pas voir un soldat. C'est une maladie, c'est une idée fixe. C'est une phobie, une psychose (Péguy, Argent, 1913, p.1207).Goldvasser est trop artiste pour ne pas avoir sa névrose; la sienne, c'est la peur des maladies; sa phobie de la contamination est célèbre (Morand, Eur. gal., 1925, p.118).Il aurait fallu entrer dans le mystère de ses timidités, de ses phobies, de ses insuffisances, de ses obsessions d'anxieux (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p.45): 1. Parmi les anomalies mentales, l'une des plus curieuses est celle qu'on nomme la phobie. Les analystes définissent, en général, la phobie comme une peur excessive qui a son origine dans une série complexe de situations et de rapports, et qui conduit à l'hostilité, à une agressivité refoulée ou à un sentiment de culpabilité très intense. Ces sentiments enfouis s'expriment plus tard sous la forme d'une peur intense et en apparence irrationnelle des lieux clos ou élevés, des chats, des orages, ou de quelque autre parmi la quasi-infinité des objets possibles de phobie, l'objet choisi ayant un rapport direct ou indirect avec l'un des événements qui est à la base du déclenchement.
G. Cerminara, De nombreuses demeures..., 1982, p.171. SYNT. Phobie du cancer, des contacts, de défenestration, des instruments tranchants et pointus, des moyens de transports, d'impulsion; phobie scolaire. B. − P. ext. Aversion très vive, irraisonnée ou peur instinctive. Phobie de l'automobile, du mariage, des moustiques, de la poussière, du tabac; être sujet à d'étranges phobies. Du temps où elle était en bois, New-York a conservé la phobie de l'incendie. Partout des escaliers de sûreté, des panneaux ignifugés, des dégagements, des sorties de secours (Morand, New-York, 1930, p.214).J'ai constaté que la plus importune de mes phobies, et la plus persécutante, est celle de la mort. Elle est dans tous mes livres (Green, Journal, 1932, p.118): 2. Les poissons-lanternes sont parmi les plus étonnants. (...) leur phobie de la lumière est telle qu'un beau clair de lune suffit à les refouler dans les profondeurs (...) en dépit même d'un festin inespéré, les toutes premières lueurs de l'aube suffisent aussi à déclencher leur retraite précipitée vers l'abîme.
Le Figaro Magazine, 25 juin 1983, p.84. Prononc. et Orth.: [fɔbi]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1897 (Th. Ribot, Psychol. des sentiments, p.220). Empl. indépendant du second élém. de termes tels que aérophobie*, agoraphobie*, hydrophobie*, v. aussi élém. -phobie; cf. angl. phobia 1786 v. NED Suppl.2. Fréq. abs. littér.: 53. Bbg. Leclerc (G.). Il y a phobie et phobie. Néol. Marche. 1980, no16, pp.19-82. |