| PHARISAÏQUE, adj. A. − HIST. RELIG. [Corresp. à pharisien A] Propre aux pharisiens et au pharisaïsme. Ce qu'il y a dans le Talmud (...) de plus intéressant que les textes particuliers, c'est l'esprit pharisaïque dont il est imprégné d'un bout à l'autre. Non seulement le Talmud est l'oeuvre des pharisiens, mais il peut être regardé comme l'image vivante et l'incarnation du pharisaïsme (Bible1912, p.206): 1. ... tantôt il apparaît [le péché] comme la simple transgression d'une loi, comme la défaillance accidentelle par rapport à une règle préétablie (et toute la réflexion rabbinique et pharisaïque a orienté la théologie dans ce sens), tantôt il apparaît comme une fêlure plus fondamentale de l'être lui-même...
Philos., Relig., 1957, p.38-16. B. − Péj. [Corresp. à pharisien B 2 b] 1. [En parlant de la/d'une société] Dont les moeurs sont réglées par le respect étroit des préceptes moraux. On la sent [Carmen Sylva] indulgente (...) pour toutes les fautes, (...) considérant tout avec une rare largeur de vue et de pardon. Et c'est là du reste ce qui, en Allemagne, dans certains milieux étroits et pharisaïques, lui a fait d'implacables ennemis (Loti,Exilée,1893, p.63).L'érotisme, réprimé par les contraintes que la société pharisaïque impose (Arts et litt.,1936, p.42-7). − Empl. subst. [En parlant d'une pers.] Synon. de pharisien.La vertu du riche et du pharisaïque (Péguy,Tapisserie Ste Geneviève et J. d'Arc,1913, p.91). 2. [En parlant de l'attitude, du comportement, des activités d'une pers., d'un groupe de pers., d'une société] Affectation, orgueil pharisaïque. Ce qu'on pourrait appeler le surmoralisme (en entendant par là les revendications plaintives d'une morale pharisaïque, purement formelle et géométrique, qui nierait la nature et la vie) (Maritain,Human. intégr.,1936, p.229): 2. ... peut-être le sentiment de cette lâche hostilité l'eût-elle poussée à la provoquer rageusement, si elle n'avait porté en elle l'esprit pharisaïque de cette société qui lui était ennemie. L'éducation avait asservi sa nature. Elle avait beau juger la tyrannie et la niaiserie de l'opinion: elle la respectait...
Rolland,J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p.1390. REM. Pharisaïquement, adv.À la manière d'un pharisien, des pharisiens. a) [Corresp. à supra A] La loi, pharisaïquement observée, rendait la vie impossible (Renan,Hist. peuple Isr.,t.5, 1892, p.68).b) [Corresp. à supra B] Que la violence soit plus multiforme et souvent plus subtile mais non moins offensive que les formes qu'on en dénonce parfois trop pharisaïquement, c'est là une profonde vérité que les bourgeois repus de légalisme oublient facilement et que les évêques signalent avec raison (Le Devoir,19 oct. 1974, p.4, col. 3). Prononc. et Orth.: [faʀizaik]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1541 (Calvin, Instit. de la relig. chrét., l. IV, chap.XIX, § 30, éd. J. D. Benoît, t.4, p.498: une superstition et opinion Pharisaïque de la dignité de l'oeuvre). Empr. au lat. chrét. pharisaicus, dér. de Pharisaeus (v. pharisien). Fréq. abs. littér.: 12. Bbg. Richard (W.) 1959, p.101. |