| PHALLUS, subst. masc. I. A. − 1. Représentation de l'organe sexuel masculin en érection en tant que symbole de puissance génésique, faisant l'objet d'un culte dans diverses sociétés. Du temps que j'étais gouverneur de Syrie, j'ai vu des phallus érigés sur les propylées de la ville d'Héra (A. France, Thaïs, 1890, p.294).À gauche du théâtre de Dionysos, on a oublié un phallus de la taille d'une colonne (...). Un serpent de semence coule du sommet à la base (Cocteau, Maalesh, 1949, p.215).V. exposition ex. de Dupuis et ithyphallique ex.1. 2. P. ext., littér. Représentation de la verge en érection. Il y a au milieu une danse d'almées sous l'érection d'un phallus monumental (Goncourt, Journal, 1877, p.1189).[Un] recueil de gravures fort libertines, avec un frontispice composé de tout un encadrement de phallus avec leurs attributs (Léautaud, Journal littér., 3, 1921, p.366). − P. méton. Sexe masculin. Synon. pénis.Il semble bien que Victor Hugo ait eu le culte du phallus et, dans sa vieillesse, un certain égarement qui le soustrayait à nos délicatesses ordinaires (Barrès, Cahiers, t.14, 1922, p.27).V. jouir ex. de Goncourt. − P. métaph. Je conserve un souvenir lumineux et fortifiant de la pyramide à degrés du Banker's Trust, de la tour Singer, du phallus carré de l'Équitable (Morand, New-York, 1930, p.27). B. − PSYCHANAL. Pénis en tant que symbole ou objet partiel. Phallus maternel. L'alternative qui s'offre au sujet à cette phase [phallique] tient en ces termes: avoir le phallus ou être châtré. On voit qu'ici l'opposition n'est pas entre deux termes désignant deux réalités anatomiques comme le sont le pénis et le vagin, mais entre la présence ou l'absence d'un seul terme (Lapl.-Pont.1967). − [Chez J. Lacan] Signifiant du manque, marquant pour le sujet l'impossibilité du rapport sexuel et constituant la condition structurale du désir pour un sujet. Les «formules de la sexuation» (...), qui distinguent les sexes par le mode dont le sujet, comme variable, s'inscrit dans la fonction (au sens logique) du phallus (Encyclop. univ.t.91972, p.854): . Le phallus dans la doctrine freudienne n'est pas un fantasme (...). Il n'est pas non plus comme tel un objet (partiel, interne, bon, mauvais etc...) (...). Il est encore bien moins l'organe, pénis ou clitoris, qu'il symbolise (...). C'est le signifiant destiné à désigner dans leur ensemble les effets de signifié, en tant que le signifiant les conditionne par sa présence de signifiant.
J. Lacan, Écrits, 1966, p.690. II. − P. anal. Phallus impudique, p. ell. phallus. Champignon ayant la forme d'un sexe masculin en érection et exhalant une odeur repoussante. Synon. satyre puant*.Un autre champignon, tout aussi rare, et plus bizarre encore parce qu'obscène, que nos savants ont catalogué: le phallus nauséeux, vu sa forme, sa couleur congestionnée et sa mauvaise odeur (Cendrars, Homme foudr., 1945, p.229).V. aussi Bot., 1960, p.451 [Encyclop. de la Pléiade]. REM. 1. Phalle, subst. masc.,synon.Détailler les phalles de messieurs et les mottes de dames, que ni d'Adam ni d'Ève elle ne connaissait (Queneau, Enf. du limon, 1938, p.36). 2. Phallagogie, phallophorie, subst. fém.,hist. de l'antiq. Procession en l'honneur de Dionysos où l'on portait des phallus. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [falys]. Littré, DG [-ll-]; Pt Rob. [-l(l)-]; Lar. Lang. fr. [-l-]; Martinet-Walter 1973 [-l-] (15/17), [-ll-] (2/17). Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. 1. 1570 fallot «membre viril» (G. Hervet, Sainct Augustin. De la Cité de Dieu, p.180); 1605 phalle (Le Loyer, Hist. des spectres, 214 ds Fonds Barbier: les Phalles, membres virils des hommes); 1860 phallus (Goncourt, Journal, p.831); 2. 1752 phalle antiq., ethnol. «représentation du membre viril» (Trév.); 1765 phallus (Encyclop.); 3. 1946 psychanal. (Mounier, Traité caract., p.144). B. 1. 1615 phallus bot. Phallus d'Holande «sorte de champignon, le Phallus Hadriani» (J. Dalechamp, Hist. gén. des plantes, l.12, chap.14, t.2, p.286); 2. 1791 phallus bot. «sorte de champignon, le Phallus impudicus» (Valmont de Bomare, Dict. raisonné universel d'hist. nat., t.3, p.214 ds FEW t.8, p.359). Empr. au lat. phallus «représentation du membre viril que l'on portait dans les fêtes en l'honneur de Bacchus», lui-même empr. au gr. φ
α
λ
λ
ο
́
ς, même sens. Au sens A 1, fallot traduit le lat. fascinum «membre viril» (St Augustin, Civ. VI, 9). Au sens B 1, empr. au lat. sc. Phallus (Hadrianus Junius, Phalli, ex fungorum genere in Hollandiae sabuletis passim crescentis descriptio, Delphis, 1564). Fréq. abs. littér.: 63. Bbg. Arveiller (R.) Fr. mod. 1968, t.36, p.342. _Laplanche (J.), Pontalis (J.-B.). Phallus. Yale fr. St. 1972, no48, pp.197-200. |