| PETIT, -ITE, adj., subst. et adv. I. − Adjectif A. − [Dans l'ordre quantitatif] 1. [Dans le domaine de l'espace] Qui est d'une taille inférieure à la moyenne. a) [En parlant d'un animé]
α) [En parlant d'un homme ou d'une femme] ♦ [En fonction d'attribut] Les abbés étaient petits, trapus, rondelets (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p.367).Au physique, papa était petit, étroit de poitrine, un peu voûté, accablé par le poids de ses moustaches (H. Bazin, Vipère,1948, p.38). ♦ [Postposé à un subst.] C'était un homme petit, assez sec, à la moustache en brosse noire, nette, sur une lèvre qui se retroussait (Aragon, Beaux quart.,1936, p.207). ♦ [Antéposé à un subst., petit peut conserver sa valeur quantitative, mais il s'y adjoint une valeur qualitative] Une petite vieille; un petit vieux. Le mathématicien Briot, un petit bonhomme pincé prétentieux (Goncourt, Journal,1864, p.107).Le notaire était un petit homme tout rond, rond de partout (Maupass., Bel-Ami,1885, p.317).Petit bonhomme*. Le Petit Caporal*, le Petit Tondu*. − [Suivi d'une sub. de compar.] Le père Gladis, petit comme un gnome des légendes et qui chantait alors de tout coeur: «Vive Henri IV!...» (Adam, Enf. Aust.,1902, p.182). ♦ [Dans un syst. comparatif] Aussi, plus petit que. Cent millions de fois plus petit qu'un moustique! (Pagnol, Fanny,1932, III, 7, p.195). − [Précédé d'un adv. d'intensité] Assez, plutôt, très petit. La dernière balise est dépassée maintenant et, sur la côte grise, les tourelles blanches des phares, toutes petites, sont à peine visibles (Coppée, Bonne souffr.,1898, préf., p.56). ♦ Se faire (tout) petit. Se tasser sur soi-même pour s'efforcer de réduire sa taille. Ils se font tout petits, ils se roulent en boule dans la paille et sous les couvertures (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p.70).Au fig. Éviter de se faire remarquer, se faire humble. Il faut que je me fasse toute petite, et toute pure grâce à la communion, pour qu'il ne me rejette pas (Larbaud, F. Marquez,1911, p.110).
β) [En parlant d'un animal] Un petit chien, de petits insectes, de petits oiseaux. Sale petite bête, vilain petit moustique (Vercors, Sil. mer,1942, p.52): 1. Au lieu de mes gros bons chevaux tranquilles d'autrefois, de petits chevaux arabes qui ont le diable au corps, se battent, se mordent, dansent en courant comme des chèvres, et me brisent mes brancards à coups de pieds...
A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p.105. Au fig. Chercher la petite bête*. b) [En parlant d'un végétal] Petite herbe, petite fleur, petit arbre. Des petits radis roses (Karr, Sous tilleuls,1832, p.231).Au fig. La petite fleur bleue*. ♦ En partic. [Dans la dénom. de certains végétaux par rapport à une espèce plus grande] Petite bardane (v. lampourde), petite ciguë, petit cyprès (v. aurone), petit houx*, petit if (v. ive). Petits pois. Pois verts à écosser. Petits pois en conserve; petits pois à l'étuvée, cuisinés; écosser des petits pois. En promenade, elle pille les cerisiers et les petits pois crus (Goncourt, Journal,1864p.56). c) [En parlant d'un inanimé (en prenant en compte ses dimensions: longueur, hauteur, surface ou volume)] − [En fonction d'attribut] La maisonnette que nous habitons est petite, mais charmante (Reybaud, J. Paturot,1842, p.451). − [En fonction d'épithète, petit est gén. antéposé] Un petit caillou, un petit chemin, un petit mur, une petite maison. Deux petites bottines d'enfant (Amiel, Journal,1866, p.236): 2. C'était pendant l'été de 1845, dans le jardin sous la tonnelle. Pécuchet, un petit banc sous les pieds, lisait tout haut de sa voix caverneuse, sans fatigue, ne s'arrêtant que pour plonger les doigts dans sa tabatière.
Flaub., Bouvard,t.1, 1880, p.121. − [Petit forme une lexie désignant une chose ou un lieu qui, par ses dimensions réduites, peut s'opposer à un(e) autre (souvent dans un lang. techn.)] Petit bleu*, petit bois*, petit caractère*, petite capitale*, petit coin*, petite cuiller*, petit déjeuner*, petit doigt*, petit écran*, petit endroit*, petit fer*, petite flûte*, petit four*, petit noir*, petite note*, petit pain*. ♦ Être dans ses petits souliers. V. soulier. − Proverbe. [Pour suggérer que de petites causes accumulées peuvent avoir de grands effets] Les petits ruisseaux font de grandes rivières. Je ne peux rien faire en une heure, ni en un jour ni en deux; et il n'est pas vrai pour moi que les petits ruisseaux fassent les grandes rivières. Un mois! il me faudrait un mois (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1896, p.276). 2. [Dans le domaine du temps] a) Qui n'a pas atteint sa pleine croissance, qui est encore jeune. − [En parlant d'un enfant] Petit diable*, petit garçon*, petite fille*, petit chanteur*, petit rat*, petit gamin, petit gosse. Mais quand j'étais petit, ce portrait me donnait l'idée d'un homme avancé en âge (A. France, Crainquebille,Cravate, 1904, p.130).Les premiers pas d'un petit enfant (Gide, Journal,1943, p.250): 3. Les petits Savoyards sont de retour, et déjà leur cri interroge l'écho sonore du quartier; comme les hirondelles précèdent le printemps, ils précèdent l'hiver.
Bertrand, Gaspard,1841, p.189. Petit frère, petite soeur. Enfant le plus jeune par rapport à un autre membre de la phratrie. Synon. cadet.Une de ses amies (...) venait d'avoir un petit frère (Simenon, Vac. Maigret,1948, p.136).♦ [Devant un prénom] La petite Sûzel... la fille de ton fermier (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p.214).La petite Luce n'est pas du tout de cet avis! Elle prend son paquet d'un air penaud et s'en va tristement avec la grande Anaïs dans la chambre (Colette, Cl. école,1900, p.182). ♦ [Devant un nom de famille, pour désigner l'enfant d'une famille donnée] Sa modeste ambition et (...) son espoir de finir ses jours par une belle soirée d'automne, à l'ombre des acacias qu'il avait plantés, entouré de deux ou trois générations de petits Benoîts (Sue, Atar-Gull,1831, p.9).On alla chercher rue de la Source les deux petites Chappuy, Marthe et Louise (Gyp, Souv. pte fille,1928, p.91). ♦ Petit nègre*. ♦ P. méton. Qui concerne l'enfance ou les enfants. Petite communion, petit séminaire*. Petite enfance. Premières années de la vie, premier âge. Nous sortions toujours en nous tenant par la main depuis notre petite enfance (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.88).Petit lycée. Lycée d'enseignement court. Charles Schweitzer musela ses rancunes et me fit inscrire au petit lycée Henri IV en qualité d'externe (Sartre, Mots,1964, p.183). − [En parlant d'un animal] Petit chien, petit lapin. Le petit chat met ses pattes sur ses oreilles (Prévert, Paroles,1946, p.124). ♦ Proverbe. [P. allus. aux vers de La Fontaine (Le Petit poisson et le pêcheur, livre V, fable III), suggérant que, la Providence aidant, toutes les créatures jeunes sont appelées à grandir] Petit poisson deviendra grand, Pourvu que Dieu lui prête vie. − [En parlant d'un végétal] Petite bouture, petite pousse. Des herbes folles, et même de petits arbrisseaux (Gracq, Syrtes,1951, p.25). ♦ Région. (Suisse). Petits fruits. ,,Baies, fruits sauvages ou cultivés, tels que groseilles, framboises, myrtilles, etc`` (Pidoux, Le Langage des Romands, 2eéd., Lausanne, Ensemble, 1984). b) De faible durée. Petit délai, petit moment, petit séjour, petit tour; petite étape, petite promenade. Ce petit moment passé, nous commençâmes une conversation plus cordiale (Florian, Fables,1792, p.7).Ils se recouchèrent et firent encore un petit somme (Triolet, Prem. accroc,1945, p.255). ♦ RELIG. Petites heures (v. heure), petit office*. 3. [Dans le domaine du nombrable, du mesurable] − De faible quantité. Petit besoin*, petit verre*. La comtesse croyait que son mari capitalisait sa fortune, et que le petit volume de billets qui la représentait serait dans une cachette, chez un notaire, ou peut-être à la Banque (Balzac, Gobseck,1830, p.426).Je lis à petite dose, à haute voix avec ma femme, Henri Brulard (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1899, p.345). ♦ [P. méton., en parlant d'une pers. qui est modérée dans certaines formes de plaisirs ou de loisirs] Petit fumeur, petit joueur. Petit buveur, il ne vidait jamais complètement ses burettes (H. Bazin, Vipère,1948, p.125). − De faible valeur. Petit bénéfice, petit loyer, petit salaire, petite rente. L'oncle qui le recueillait (...) n'avait que de petites économies (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p.240). − De faible intensité. Petit malaise, petit orage, petit vent, petite fièvre, petite lumière, petite pluie. C'étaient de petits bruits; une table qui se renversait, un fauteuil qui pivotait (Peisson, Parti Liverpool,1932, p.238). ♦ À petit feu*. ♦ Au petit jour*. ♦ MÉD. Avoir le pouls petit. Avoir le pouls léger, faible. Elle était dans un état d'inanition très avancé, (...) la respiration rapide, le pouls petit et précipité (Janet, Obsess. et psychasth.,t.1, 1903, p.81). − [Suivi d'un terme désignant une mesure] ♦ Réduit en quantité. Petite échelle, petite largeur, petite longueur, petit pas, petit peu, petit trot, petite vitesse. Une petite quantité de choses plaisantes et justes auxquelles je fais grâce parce qu'il s'y trouve de l'esprit (Sand, Hist. vie,t.2, 1855, p.101). ♦ Qui n'atteint pas complètement la quantité, la mesure indiquée; de faible durée. Travailler à la petite semaine; ça m'a pris une petite heure. J'ai fait ces deux petites lieues sans m'en apercevoir (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p.45).Dans un petit quart d'heure, vous serez abreuvés (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p.148).Il ne faut quitter ce poste, en cas d'insuccès, qu'au bout d'une petite heure (Vidron, Chasse,1945, p.99). − Peu nombreux. Petite armée, petite bande, petite troupe; en petit comité. Les maisons dispersées dans la campagne par petits groupes, ont une couleur étrange (Gautier, Tra los montes,1843, p.22). − En miniature, en raccourci. Un petit Mozart, un petit palais, un petit Versailles. Ce boudoir dont j'aperçois la porte entr'ouverte là-bas, c'est un petit paradis. Irai-je vous y attendre? (Musset, Lorenzaccio,1834, iii, 5, p.197).Qui donc a député ce petit Judas? (Bloy, Journal,1892, p.57).La Provence, une petite Provence en raccourci, si douce qu'elle m'ôte l'envie d'aller plus loin (Colette, Pays. et portr.,1954, p.109). B. − [Dans l'ordre qualitatif] 1. [Petit implique un trait minoratif] a) [En parlant d'une pers.] − Dont l'origine, la condition sociale ou professionnelle est modeste. Petit artisan, petit blanc, petit clerc, petit détaillant, petit employé, petit épicier, petit fermier, petit rentier; petite main; petites gens. Depuis l'intellectuel jusqu'au petit paysan (Barrès, Cahiers,t.11, 1917, p.269): 4. Tous ces artisans, tous ces petits bourgeois, ces petits propriétaires, ces petits fonctionnaires, ces professeurs, ces avocats, ces pharmaciens, tous ces petits commerçants, ces francs-maçons, ces petits contribuables, tous ces gagne-petit ne voient point que leur France est déjà entrée dans le grand jeu dangereux que le monde joue dans la dernière partie de la dernière période de l'histoire bourgeoise.
Nizan, Chiens garde,1932, p.207. ♦ Petit peuple. Catégorie sociale qui comprend les gens de conditions les plus modestes. Autour de ces treilles qui, aux environs de la ville, ombragent les familles du petit peuple (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p.183). ♦ Petite bourgeoisie. Classe sociale qui comprend la catégorie la moins aisée de la bourgeoisie. L'auberge remplie de gens qui, si je ne me trompe, appartiennent à la petite bourgeoisie laborieuse qui ne se régale que le dimanche (Delécluze, Journal,1827, p.437). ♦ [(Par humilité), dans la dénom. d'ordres relig.] Petits frères. Je suis sûr d'avoir été votre interprète quand je disais à ces petites soeurs des pauvres (...): «Merci, mes soeurs (...)» (Barrès, Cahiers,t.111914, p.80). ♦ Proverbe. [P. allus. au vers de La Fontaine (Le Lion et le rat, livre II, fable XI)] On a souvent besoin d'un plus petit que soi. − Qui a peu de talent, peu de mérite. Petit peintre, petit poète. Ce petit homme de lettres de préfet (Stendhal, L. Leuwen,t.3, 1835, p.210).P. méton. Petite oeuvre, petit roman. Le style en est petit, je dirai même enfantin (Berlioz, À travers chants,1862, p.310). − Qui manque de hauteur intellectuelle ou morale. Un petit esprit; petit délinquant, escroc; femme de petite vertu (v. femme I C 3). Une âme petite et vulgaire (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.463).La princesse: (...) J'ai trouvé tous les hommes que j'ai connus petits, mesquins, superficiels (Balzac, Secrets Cadignan,1839, p.310). ♦ Iron. [Dans des interpellations injurieuses] Petit idiot, imbécile: 5. −Ah! petit fumier! Tu me défies? Petit maquereau! Petite ordure! Regardez cette insolence! Cette ignominie! Tu veux notre peau? Hein? N'est-ce pas que tu la veux? Dis-le donc tout de suite!... Petit lâche! Petite roulure!
Céline, Mort à crédit,1936, p.386. b) [En parlant d'une chose] − Qui est modeste sur le plan économique ou social. Petite affaire, petit commerce, petit métier, petit pays, petites et moyennes entreprises (P.M.E.), petites et moyennes industries (P.M.I.). Bien qu'il se mêlât un instant à la société de la petite ville, rien ne le distrayait de lui-même (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p.83): 6. Il n'y avait que dans le petit commerce et chez les employés de magasin que Christophe était populaire; mais il ne le resta point: il était aussi agacé par l'approbation des uns que par le blâme des autres...
Rolland, J.-Chr.,Adolesc., 1905, p.337. ♦ La petite histoire*. − Qui a peu d'importance, peu de valeur. Un petit bibelot, un petit film, un petit rôle; une petite existence; un petit vin; des petits chagrins, des petites misères, des petits problèmes. Un homme occupé de petites choses, quoique ces petites choses soient très importantes au succès des plus grandes affaires (Chamfort, Max. et pens.,1794, p.35): 7. Cet enseignement était bien différent de celui que donnait le docteur Sansfin (...) toujours une petite maxime arrivait précédée d'une jolie petite anecdote, dont elle était comme la conséquence...
Stendhal, Lamiel,1842, p.94. ♦ Une petite chose, une petite affaire. Synon. broutille, bagatelle.Dans le tumulte humain, les petites choses prennent une importance exagérée; les objets, les intérêts ne sont pas à leur place (Amiel, Journal,1866, p.217). ♦ Petites affaires. Affaires personnelles peu encombrantes. Toutes ses petites affaires occupaient un placard dans la chambre à deux lits (Flaub., Coeur simple,1877, p.48). ♦ Ce n'est pas une petite affaire. V. mince. ♦ Ce n'est pas de la petite bière. V. bière1. ♦ Voir, regarder par le petit bout de la lorgnette*. ♦ Le petit côté des choses. L'aspect le moins visible et apparemment le moins important. Ils ne voient que le petit côté des grands événements: la ficelle (Vailland, Drôle de jeu,1945, p.205). ♦ Petite phrase. Énoncé, généralement bref et assez frappé, qui vise à provoquer, et à marquer de manière explicite ou allusive, une prise de position vigoureuse. Il exprimait ses idées par de petites phrases sentencieuses et dites d'une voix douce (Balzac, E. Grandet,1834, p.18).En France, c'est le régime des effets de tribune, des petites phrases: «petites phrases, grandes conneries» (Cesbron, Ce qu'on appelle vivre,1977ds Gilb. 1980). ♦ Petite guerre. Simulacre de guerre. Jouer à la petite guerre, s'abîmer d'exercices et d'évolutions. C'est là ce qui charme (Reybaud, J. Paturot,1842, p.169). ♦ MÉD. Petit mal. ,,Forme clinique de l'épilepsie qui se caractérise par une suspension des fonctions psychiques avec abolition de la conscience et de la mémoire dont le début et la fin sont brutaux et la durée très brève`` (Moor 1966). Petite(-)vérole. V. vérole. 2. [Petit implique un trait mélioratif (gén. hypocor.)] a) [En parlant d'une pers.] − [Petit dénote un sentiment amical, affectueux ou amoureux] Une petite femme, une petite blonde, une petite brune, un petit bout de femme, une petite bonne, un petit mari. Seriez-vous amoureux de quelque petite actrice? (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.392).Sous l'ombrelle nous attendait la petite blanchisseuse endimanchée (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Quest. du lat., 1886, p.571).Fam. Les petites dames, les petites femmes. Les femmes aux moeurs faciles, les prostituées. Un seul article avait subi une baisse sensible: les petites femmes. On trouvait des gamines pour rien, une bouchée de pain littéralement (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p.149).Mon petit, ma petite ami(e). Le garçon, la jeune fille que je fréquente. Elle était si jolie et si joliment musicienne ma petite amie! (Céline, Voyage,1932, p.98).[Comme terme d'adresse] Ma petite dame, petite madame. Il faudrait s'entendre sur ta morale!... Tu en as fait bien d'autres, toi!... mon petit père! (Crémieux, Orphée,1858, p.43).Tu me prenais dans tes petits bras et tu me disais: «Sois tranquille, va, petite mère, quand je serai grand, je travaillerai à mon tour et tu seras riche! (...)» (Dumas, Fils natur.,1858, iv, 6, p.197).Le Petit Père des peuples. Staline. Nos communistes ne faisaient d'ailleurs que copier le grand parti frère du génial Staline (...). Et sans la mort prématurée du Petit Père des peuples en 1953, Trofime Denisovitch Lyssenko aurait pu mettre à bas la génétique occidentale, et l'on aurait vu de quel blé alors l'agriculture russe allait se chauffer! (Le Monde,26 mars 1986, p.14). ♦ [Dans des interpellations affectueuses; précédé d'un adj. poss.] Ma petite chérie, mon petit amour; mon petit chou, lapin, loup; mon petit mari, ma petite femme. −Mon petit adoré, mon coeur, −disait Juliette le couvrant de baisers, −sois un homme (Triolet, Prem. accroc,1945, p.45).Mon petit chat, je savais que tu serais contente, dit mon père (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p.66). ♦ [En parlant d'habitudes, de traits de caractère qui sont propres à une pers.] Aimer son petit confort, sa petite personne; mener sa petite vie; ménager sa petite santé. À une heure qui contrarie quelque petite habitude (Maine de Biran, Journal,1816, p.195).Ainsi passait la vie pour ma tante Léonie, toujours identique, dans la douce uniformité de ce qu'elle appelait, avec un dédain affecté et une tendresse profonde, son «petit traintrain» (Proust, Swann,1913, p.109). ♦ [En parlant d'un comportement, d'une attitude à l'égard d'une pers.] Un petit sourire, un petit geste amical, un petit clin d'oeil. Comme je passais devant votre porte, j'ai voulu vous donner un petit bonjour (Zola, Germinal,1885, p.1200).Être aux petits soins pour qqn. S'occuper de quelqu'un avec diligence, sans ménager sa peine. Dois-je user mon temps et ma peine à le ménager, à le caresser, à être pour lui aux petits soins, toute cette vie? (Montherl., Malatesta,1946, iv, 4, p.516). ♦ [En parlant de choses qui, chez une pers., traduisent le naturel, la simplicité] Elle avait une petite robe blanche toute simple, les bras nus jusqu'au col, et ses grands cheveux tombants comme elle les portait toujours (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.49).Elle portait un petit tailleur sombre (Beauvoir, Mandarins,1954, p.278). b) [En parlant d'une chose] − Qui est agréable, qui inspire de l'estime, de la sympathie. S'offrir un petit coup de rouge, de bons petits plats. Elle s'enferma avec cette personne mystérieuse, et Catherine leur servit un petit dîner tout à fait succulent (Sand, Elle et lui,1859, p.14).Défiez-vous de notre petit vin de pays, monsieur (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p.141). − À laquelle on est attaché. Leur rêve [des Français] est de se retirer, après une bonne petite vie, dans un petit coin tranquille, sur un petit bout de terre à eux, avec une petite femme qui, se contentant de petites robes pas chères, leur mitonnera de bons petits plats et saura à l'occasion recevoir gentiment les amis pour faire une petite belote (Daninos, Les Carnets du Major Thompsonds Fr. mod.1960t.28, p.34). ♦ Aux petits oignons. V. oignon. ♦ Au petit poil. Parfaitement, excellemment. La fenêtre donnait sur un jardin ratissé au petit poil, où prospérait un figuier (H. Bazin, Vipère,1948, p.150). − Familier ♦ Petit nom*. ♦ [Dans des titres de journaux] Dans Le Petit Parisien et Le Petit Journal, on rencontre certes des hommes de talent comme Varé, Henri Monier ou Bib, mais le niveau des sujets n'y est pas très élevé et les plaisanteries politiques y ont généralement un caractère anodin (J. Lethève, La Caricature et la presse sous la IIIeRépublique,Paris, Armand-Colin, 1961, p.185). ♦ [Dans des noms d'hôtels, de cafés, de restaurants ou de magasins] Le petit hôtel, le petit bar, au petit Paris, la petite pagode (d'apr. Ch. D. Herisson ds Fr. mod. 1960 t.28, p.35). − Petite reine*. II. − Substantif A. − Subst. masc. 1. Au sing. avec une valeur de neutre. L'idée, le concept de petitesse. La grande tendance est à chercher le petit en tout (Mérimée, Lettres Duchesse de Castiglione,1870, p.117). 2. Au sing. ou au plur. Ce qui est petit, ce qui possède des dimensions réduites. − L'infiniment petit. Ce qui est invisible à l'oeil nu, microscopique. Le télescope ne peut-il pas étendre la vue de l'homme dans l'infiniment grand, autant que le microscope dans l'infiniment petit? (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.344). − Les infiniment petits. Les êtres microscopiques, les animalcules. Il avançait dans ce silence, la forêt muette et murmurante (...) où bourdonnent incessamment (...) tous les infiniment petits de la vie, le battement du rien qui vole (Goncourt, Man. Salomon,1867, p.243). B. − Celui, celle qui est petit. 1. [Par rapport à son âge] Jeune enfant. Des tout petits, les bras en boudins roses ficelés de plis tendres (Colette, Cl. s'en va,1903, pp.124-125): 8. −Petite, quel âge as-tu? −Huit ans, monsieur. −Et viens-tu de loin comme cela? −De la source qui est dans le bois.
Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.477. − Le plus jeune enfant (dans une famille). On prélevait sur la part du veau de la vache tirante la ration nécessaire au petit (Pesquidoux, Livre raison,1928, p.245). − Au plur. Élèves les plus jeunes dans un établissement scolaire. Classe, cour des petits. C'est l'heure où il va balayer l'étude des petits... Tout le monde est en classe en ce moment (G. Leroux, Parfum,1908, p.16). − [Comme terme d'adresse ou d'appel] Hep! petit! Du lapin!... Ah, petit!... Un lapin... dans la sauce! (Benjamin, Gaspard,1915, p.62). − Région., au fém. Jeune fille. J'épouse la petite, je fais n'importe quoi pour elle, mais si elle me trompe, il y aura du cadavre dans la maison (Pagnol, Fanny,1932, i, 2etabl., 4, p.84). 2. [Par rapport à ses géniteurs] a) Petit enfant. Quand on a le petit, on a bientôt la mère (Balzac, Illus. perdues,1843, p.645).On m'envoyait à la campagne, dans le château de la famille, au vert, au pré, faire mon petit (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Inutile beauté, 1890, p.1149). − Le petit d'homme. L'enfant. Vous fonderez l'homme dans le petit d'homme (Saint-Exup., Citad.,1944. p.589). b) Jeune animal, non adulte. Quel est cet animal qui, dans cette bruyère, Se promène avec ses petits? (Florian, Fables,1792, p.68).Cette dernière, ayant mis bas, allaite ses petits (Maran, Batouala,1921, p.160). − Avoir, faire, mettre bas ses petits. Le renard connaît l'amour en hiver et met bas ses petits en avril (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.321). − [Pour appeler les animaux de la basse-cour en leur jetant du grain] Elle criait: «Psit! psit! psit! petits! petits! (...) et elle jetait du grain à ses poussins (A. France, Balth.,Abeille, 1889, p.273). − Au fig. Faire des petits. Rapporter des intérêts substantiels. L'argent ne craignait rien à la caisse d'Épargne; au contraire, il faisait des petits (Zola, Assommoir,1877, p.476). 3. Au plur. Personnes de condition modeste. Prenez garde au fourmillement douloureux que vous écrasez. Baissez les yeux (...) Ô grands, il y a des petits! (Hugo, Homme qui rit,t.3, 1869, p.159).V. obscur ex.9. 4. [Par dérision, chez Hugo, p. oppos. au titre donné à certains personnages illustres] Quoi! parce que nous avons eu Napoléon le Grand, il faut que nous ayons Napoléon le Petit! (Hugo, Actes et par.1, 1875, p.456). III. − Adverbe A. − Petitement; au fig., chichement. Voir, prévoir petit. Il devait pour lire un papier «écrit petit» tenir la tête très en arrière (Jouve, Paulina,1925, p.51).J'ai encore ma dernière paye presque entière. Cela me donne au moins cinq à six jours de largesse et, en faisant petit, bien plus que ça (Giono, Gds chemins,1951, p.14). − Gagne-petit*. − En petit. D'une manière semblable, mais dans des dimensions inférieures. Une réunion semblable devait offrir et offrait en petit les éléments d'une société complète (Balzac, Goriot,1835, p.24).L'homme doit figurer en petit le monde entier (Béguin, Âme romant.,1939, p.71). B. − Peu. − Vx. Un petit. Un peu. En définitive, j'estime Qu'un monarque est plus magnanime, Qui jouit d'un bon appétit; Cependant que d'un autre prince, N'ayant qu'un estomac fort mince, Je me méfierais un petit! (Ponchon, Muse cabaret,1920, p.137). − Petit à petit. Peu à peu. Ce n'est que petit à petit qu'il se plie à toutes les nuances fines et difficiles à saisir des voix et des articulations (Destutt de Tr., Idéol. 2,1803, p.331). Prononc. et Orth.: [pəti], fém. [-it]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xes. «qui n'a pas atteint toute sa taille, et p. ext. jeune» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 47); fin xes. li gran e li petit «tout le monde» (id., 41); 1548 un petit «jeune enfant» (N. Du Fail, Baliverneries, p.198); 1671 ma petite (Mmede Sévigné, Lettre à MmeDe Grignan du 21 juin ds Lettres, éd. Ad. Régnier, t.2, p.252); fin xives. «jeune animal» (Aalma, 9965 ds Roques t.2, p.338); b) fin xes. anz petiz dis «avant peu de jours» (Passion, éd. citée, 29); 1119 «qui est peu considérable par la durée» (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2129); 1160-74 «bas (en parlant des prix)» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 4210); c) ca 1100 «dont les dimensions sont au-dessous de la moyenne (en parlant des oreilles)» (Roland, éd. J. Bédier, 1495); ca 1100 «id. (en parlant de la taille d'une personne)» (ibid., 3822); 1666-67 se faire petit «s'arranger de manière à occuper le moins de place possible» (La Fontaine, Contes, 2epart., éd. H. Régnier, t.4, p.390); d) ca 1100 «peu considérable (en parlant des troupes)» (Roland, éd. citée, 1087); ca 1100 adv. petit de «peu» (ibid., 1239); loc. adv. ca 1135 un petit «un peu» (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 140); 2. a) ca 1130-40 «inférieur par son pouvoir, sa naissance, sa fortune» (Wace, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 900); ca 1200 la petite gens menüe (Escoufle, 540 ds T.-L.); 1erquart xiiies. gens petites (Reclus de Molliens, Charité, 150, 1 ds T.-L.); b) 1155 tenir a petit «faire peu de cas de» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8617); 1160-74 metre (qqn) a petit «humilier (quelqu'un)» (Id., Rou, III, 7234); ca 1440 faire le petit devant qqn «s'abaisser par respect ou par crainte» (L'Amant rendu cordelier, éd. A. de Montaiglon, 533); 1679 les grands sont petis devant les Dieux (Rich. avec citat. de Benserade); 1835 se faire petit devant qqn (Ac.); c) 1356 «mauvais (en parlant d'un gouvernement)» (Ordonnances des rois de France de la 3erace, éd. Secousse, t.3, p.125); d) 1380 de petit courage (d'apr. FEW t.8, p.343a); ca 1500 de petit cueur (Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t.2, p.5); 1580 «inférieur par l'intelligence» (Montaigne, Essais, I, 26, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, I, XXVI, p.171); 1672 petit esprit (Molière, Femmes savantes, I, 2); e) 1538 «épithète servant à exprimer l'affection qu'on a pour une personne, la familiarité dans laquelle on est avec elle» (Est. d'apr. FEW t.8, p.343 a-b); 1666 mon petit Monsieur «terme de mépris pour s'adresser à quelqu'un» (Molière, Misanthrope, I, 2); 3. adv. a) fin xes. «peu» (Passion, éd. citée, 87); b) ca 1100 a (ben) petit que ... ne «peu s'en faut que» (Roland, éd. citée, 305); 1155 petit failli que ... ne «id.» (Wace, Brut, éd. citée, 1151); c) 1121-34 petit e petitet «peu à peu» (Philippe de Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 652); ca 1150 petit et petit (Thèbes, éd. G. Raynaud De Lage, 8775); av. 1188 petit a petit (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 1126); d) av. 1654 en petit (Guez de Balzac ds Pomey 1671). Mot gallo-rom. (cat.-prov. petit) dont le type primitif semble être *pettīttus (cf. lat. vulg. pititus att. dès 775, b. lat. pitinnus «petit» et pitullus att. chez Antoninus Placentinus), formé sur le rad. pitš
- (pitchoun*) exprimant la petitesse. FEW t.8, p.346a et Bl.-W.5. Fréq. abs. littér.: 102135. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 102921, b) 167629; xxes.: a) 181386, b) 147638. Bbg. Bambeck (M.). A. fr. li grant et li petit. Z. fr. Spr. Lit. 1967, t.77, pp.366-368. _Bloemen (J.), Van Haver (D.). Petit et grand. Trav. Ling. Gand. 1981, no8, pp.7-25. _Blumenthal (P.). Die Linguistik des Weingeschmacks. Z. fr. Spr. Lit. 1979, t.89, p.109. _Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen, 1972, p.80; pp.390-391; p.395; pp.400-404. _Dauzat Ling. fr. 1946, p.34. _Dub. Pol. 1962, p.371. _Hasselrot 1957, p.205, 218, 244, 257, 284, 300; Hasselrot 20es. 1972, p.32. _Herisson (Ch. D.). L'Hypocoristique petit. Fr. mod. 1954, t.22, pp.49-58, 119-128; 1956, t.24, pp.35-47; p.113, 123; 1959, t.27, pp.298-307; 1960, t.28, pp.25-36; Herisson (Ch. D.). Langue et psychol. nat. L'hypocoristique «petit» et l'«âme» du peuple fr. R. Univ. Laval. 1958-59, t.13, pp.61-73. _Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, pp.260-261. _Nicholson (G.-G.). Ét. étymol. R. Ling. rom. 1929, t.5, pp.1-3. _Spitzer (L.). «Insignifiant» ds le titre d'un j. amér. Fr. mod. 1954, t.22, pp.253-257. |