| PERSUASION, subst. fém. A. − Action et fait de persuader. Don, force, moyen, puissance de persuasion. 1. [Persuasion (de qqn.)] Si le génie de la persuasion suffisait à convaincre, les explications de M. le ministre des cultes m'auraient touché (Barrès, Cahiers, t.5, 1906, p.85).Ce pouvoir de persuasion dont il avait maintes fois saisi l'effet chez ses camarades (Roy, Bonheur occas., 1945, p.389).V. persuasif ex. 2: 1. Mais, après cela, je dis à mes confrères que le meilleur pour nous était de rester calmes en public, de mettre le bon droit de notre côté, d'agir par la persuasion s'il était possible, et de laisser le peuple faire ses réflexions.
Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t.1, 1870, p.223. 2. [Persuasion (de qqc.)] Christine demanda, avec la puissance de persuasion des larmes: −Le docteur t'a confié quelque chose de spécial? (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.224).Je suis sûr que vous auriez admiré l'exactitude de mon ton, la justesse de mon émotion, la persuasion et la chaleur, l'indignation maîtrisée de mes plaidoiries (Camus, Chute, 1956, p.1482). B. − Littér. ou vieilli. Fait d'être persuadé; état de celui qui est persuadé. Synon. conviction, croyance.Douce, ferme, intime persuasion. Dans un heureux pays où l'on écrit avec la persuasion que le secret des lettres n'est jamais respecté (Tocqueville, Corresp.[avec Gobineau], 1858, p.295).Ce sentiment agréable de porter la persuasion chez ses auditeurs (Roy, Bonheur occas., 1945, p.364): 2. ... mais à peine me fus-je étendu sur mon lit avec la persuasion d'une mort immédiate, que j'éprouvai dans tout mon être une sorte de calme plein de langueur.
Reybaud, J. Paturot, 1842, p.142. Prononc. et Orth.: [pε
ʀsɥazjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1315 (nov.?) «affirmation prononcée avec l'intention de convaincre» (Requête de Mahaut d'Artois au Roi contre les Alliés ds le mouvement de 1314 et les chartes provinciales de 1315 ds Pièces justificatives, XXII ds Bibl. de la Fac. des Lettres de Paris, XXIX, p.211); b) 1370-72 «action de persuader» (N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre III, XI, 49c, note 9, p.197); 2. 1575 «état de celui qui est persuadé; opinion, croyance» ici «croyance religieuse» (Thevet, Cosmogr., III, 12 ds Hug.); 3. début xviies. (en parlant de chose) «capacité de provoquer la conviction» (Malherbes, Lettres, Paris, 1645, Livre I, lettre 11, p.161, à Mmela Marquise de Montlort). Empr. au lat. class. persuasio «action de persuader; croyance» formé sur le supin persuasum de persuadere, v. persuader. Fréq. abs. littér.: 374. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 647, b) 365; xxes.: a) 431, b) 582. |