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PERSONNE1, subst. fém.
I. − Individu de l'espèce humaine, sans distinction de sexe.
A. −
1. Cet individu défini par la conscience qu'il a d'exister, comme être biologique, moral et social. Le pouvoir que l'homme a de s'emparer de ses capacités naturelles et de les diriger fait de lui une personne (Jouffroy,Mél. philos., 1833, p.246).La chair se corrompt dès que l'esprit l'abandonne −l'esprit: cette part de nous-même différente des milliards d'humains qui nous ont précédés et qui viendront après nous, cette âme qui peut être sauvée ou perdue mais non détruite. Et nous ne constituons une personne que dans la mesure où elle existe et où nous le savons. L'homme est esprit ou il n'est rien (Mauriac,Mém. intér., 1959, p.91):
1. «Personne» vient, selon lui [Claudel], de per-sonare: résonner à travers; cette étymologie a été interprétée souvent dans un sens trop littéral par ceux qui y voient l'image du personnage théâtral, dont la voix se fait entendre sous le masque. Pour Carus, la personne est l'individu à travers lequel transparaît l'idée et s'exprime la voix de la divinité intérieure. Tout notre effort de progrès personnel doit tendre vers cette transparence. Béguin,Âme romant., 1939, p.132.
La personne humaine. [Expr. tautologique qui insiste sur l'appartenance au genre humain] Individu de l'espèce humaine qui se distingue du simple individu biologique et a droit à la considération parce que doué d'une conscience morale. Synon. l'être humain.Épanouissement, exaltation, liberté, primauté, respect, unité de la personne humaine. La personne humaine est sainte, elle l'est dans toute sa nature, et particulièrement dans ses actes intérieurs, dans ses sentiments, dans ses pensées, (...) dans ses déterminations volontaires (Proudhon,Propriété, 1840, p.174).Le travail des prolétaires ne leur appartient pas tout entier. Et comme, dans notre société fondée sur la production intensive, l'activité économique est une fonction essentielle de toute personne humaine, comme le travail est une partie intégrante de la personnalité (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.126).Les prisonniers demandaient qu'on respectât en eux la personne humaine et qu'on les nourrît correctement, moyennant quoi ils consentaient à travailler sans trop de répugnance (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.189).
2. En partic.
a) PHILOS., MOR., PSYCHOL.
α) HIST. DE LA PHILOS., SCOLAST. [Chez Boèce] ,,Individu doué de raison en tant que constituant une substance`` (Foulq.-St-Jean 1962). À la suite de Boèce qui posa la personne comme une «substance individuelle de nature rationnelle», le Moyen Âge engagea la réflexion sur la personne dans une vue tout à la fois individualiste et intellectualiste (Dict. des grandes philos., 1973, p.281).
β) Être humain considéré comme un être conscient de son existence, possédant la continuité de la vie psychique et capable de distinguer le bien du mal. La personne, nous l'avons vu, est unité significative, le caractère forme génératrice et déterminante d'une mélodie structurelle (Mounier,Traité caract., 1946, p.47).
b) Individu défini par ses droits et ses devoirs. Droits, devoirs, incapacité de la personne. On ne peut vendre la succession d'une personne vivante, même de son consentement (Code civil, 1804, art. 1600, p.295).On dit parfois que les crimes contre la personne individuelle n'étaient pas reconnus chez les peuples inférieurs, que le vol et le meurtre y étaient même honorés (Durkheim,Divis. trav., 1893, p.138).La personne des prolétaires ne leur appartient pas tout entière. Ils aliènent une part de leur activité, c'est-à-dire une part même de leur être, au profit d'une autre classe. Le droit humain en eux est donc incomplet et mutilé. Ils ne peuvent plus faire un acte de la vie sans subir cette restriction du droit, cette aliénation de la personne (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.126).
DROIT
Personne future. Être qui n'est pas encore conçu au moment de la réalisation d'un événement (d'apr. Barr. 1974).
Personne incertaine, indéterminée. ,,Personne dont l'identité n'est pas déterminable ou déterminée et qui, pour cette raison, ne peut figurer dans un rapport juridique`` (Cap. 1936).
Personne à charge; personne à la charge de. Personne dont la subsistance et l'entretien sont assurés par une autre personne qui bénéficie d'un dégrèvement fiscal établi en parts sur la base de son revenu imposable. Pour la mise en oeuvre du quotient familial en matière d'impôt sur le revenu, sont considérés comme personnes à la charge du contribuable (...) son conjoint ou ses enfants mineurs (...) (Jur.1981).
Loc. verb. Il y a, faire erreur sur la personne. V. erreur II C 2 a dr.
c) P. anal.
Personne morale (de droit privé, de droit public). ,,Être de raison (association, société, fondation), sujet de droits et spécialement titulaire d'un patrimoine collectif, distinct de celui des personnes qui le composent, mais n'ayant pas d'existence corporelle`` (Barr. 1974). L'administration de la Radiodiffusion et de la Télévision française en tant que personne morale se voit dédier (...) l'hommage des travaux accomplis sans que soit oubliée la personne physique de son directeur général (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p.7).
P. ext. [À propos d'une nation] La guerre, l'exercice du droit de la force, de nation à nation, et la conquête qui s'ensuit, est donc le sacrifice d'une ou de plusieurs de ces personnes morales qu'on appelle nations ou États, à une nécessité supérieure qui prime, dans ce cas, le respect dû à cette personne morale, et son droit à l'existence (Proudhon,Guerre et paix, 1861, p.146).
Personne juridique. Groupement reconnu comme ayant une existence juridique. [Les villes] devinrent personnes juridiques, selon l'ancien droit civil, et personnes juridiques, selon le droit féodal (Thierry,Tiers État, 1853, p.29).
RELIG. [P. réf. au dogme de l'Église cath.] Chacun des trois êtres (Père, Fils, Saint-Esprit) qui constituent un même Dieu dans le mystère de la Trinité bien qu'ils soient égaux ou distincts. La personne divine peut embrasser les faits passés, présents et futurs que notre imagination atteint (à la réserve de notre liberté), mais non ceux qu'une généralisation sans limites épuiserait pour les faire entrer dans la synthèse absolue des choses (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.lxxv).[Jésus-Christ] est sanctificateur et père: Parit; il est docteur: Docet; il est pasteur: Regit. Il est en relation constante, intime, avec les trois personnes divines (Dupanloup,Journal, 1851-76, p.110).
P. méton. Groupement considéré comme un être unique. Cette personne dont je parlais et qui est la Grèce, ne connaît ni le bon goût ni le mauvais goût. Elle possède cette vertu qui ne relève ni de l'un ni de l'autre (Cocteau,Maalesh, 1949, p.225).
B. − P. méton. [Souvent précédé du poss.]
1. Le moi, ce qui fait l'individualité. La personne du romancier s'étale, déborde. C'est lui qui est au premier plan (Lemaitre,Contemp., 1885, p.319).Une lueur fascinante de capacité et de puissance émanait de sa personne (Jouve,Scène capit., 1935, p.96).
Adj. poss. + modeste, petite, propre personne.[Avec une valeur hypocor.] Moi, toi, soi-même; lui-même.
Loc. verb. Aimer, être satisfait, content de sa (modeste, petite, propre) personne. Être satisfait, content, de soi. Il est content de sa personne, de sa petite personne (Ac.).
Faire grand cas de sa personne. Se montrer prétentieux. (Dict.xixeet xxes.).
Payer de sa personne. Se donner sans compter en consacrant tous ses efforts à quelque chose. Le sang dont il était couvert montrait assez qu'il avait payé de sa personne (About,Roi mont., 1857, p.167).J'ai toujours payé de ma personne!... Ici!... Là-bas!... Ailleurs!... Partout! (...) Jamais éludé un péril! Jamais!... En quel honneur? (Céline,Mort à crédit, 1936, p.521).
Ne savoir que faire de sa personne; avoir l'air/être embarrassé de sa personne. Ne savoir quelle attitude adopter. Un grand gaillard en blouse, qui, depuis un instant, rôdait le long de la route, l'air embarrassé de sa personne (Zola,Débâcle, 1892, p.407).V. grimaud II ex. de Balzac.
Acception* de personne.
Être personne à. Être capable de. (Dict.xixeet xxes.).
2. Apparence extérieure de l'individu. Je ne me fais pas d'illusion sur les défauts de ma personne physique (About,Roi mont., 1857, p.177).
Loc. verb.
Être soigneux de sa personne; prendre soin de sa personne. Se montrer soucieux de son apparence physique. Son vêtement d'une exquise propreté révélait ce soin minutieux de la personne que les simples prêtres ne prennent pas toujours d'eux (Balzac,Illus. perdues, 1843, p.721).Farfadet, soigneux de sa personne, (...) pour éviter une seconde fois le contact du mur (...) heurte la table et fait tomber sa cuiller par terre (Barbusse,Feu, 1916, p.82).
Être bien (mal) (fait) de sa personne. Avoir bel ou vilain aspect. Ce ton tranchant que doit avoir l'homme le plus riche de France, quand surtout il est assez bien fait de sa personne (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.260).[Clotilde]: C'est un monsieur très bien. La bonne: Et avec ça, pas mal de sa personne. Une belle barbe grise (Tr. Bernard, M. Codomat, 1907, i, 2, p.141).
3. L'individu en tant qu'être physiquement distinct de tous les autres. Dans toutes ses paroles il ne faisait qu'exprimer, avec son dédain pour tous les hommes de la terre, le mépris qu'il avait de sa propre personne (Mille,Barnavaux, 1908, p.221).Chaque pas que je risque en ma propre personne Me révèle d'autres détours (Cocteau,Clair-obscur, 1954, p.53).
En personne. Soi-même; personnellement. Synon. fam. en chair et en os.Commander, venir en personne. Il prend parti, comme simple volontaire, dans l'armée que le Roi commandait en personne (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.65).Comme si notre contact eût été dangereux, nous vîmes foncer sur nous, suivi de son état-major, le colonel en personne. C'était une manière de vieux poupon en baudruche, d'un rose délavé (Ambrière,Gdes vac., 1946, p.293).
Au fig. Subst. + en personne.Incarnation de quelque chose. Le diable, le tonnerre, la grâce,la vanité en personne. C'est un renégat, ce qui fait la pire espèce de coquin (...). Il a le ton très doux, enfin c'est Machiavel en personne (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1836, p.140).
Par personne interposée*. Une tierce* personne.
(En) la personne de; ma, ta, sa personne. Soi-même personnellement. Le déni de justice sera constaté par deux réquisitions faites aux juges en la personne des greffiers (...): tout huissier requis sera tenu de faire ces réquisitions, à peine d'interdiction (Code procéd. civile, 1806, p.414).La justice d'Omer ne laissa nul méfait impuni, touchant sa personne (Adam,Enf. Aust., 1902, p.58).Il vous faut aussi racheter le crime que vous vous disposiez à commettre sur ma personne (Montherl.,Malatesta, 1946, ii, 5, p.478).
C. − L'individu parmi d'autres, comme une unité dans la collectivité. Personne de connaissance; personne de bon sens, de confiance; personne aimable, charmante, distinguée, respectable, singulière, considérable, honnête, respectable. L'inconnu (...) s'excusa (...) de n'avoir pas tout de suite reconnu une personne de mérite (A. France,Rôtisserie, 1893, p.48).En admettant que ma conduite puisse étonner quelques personnes malveillantes, je soutiens que j'ai bien agi. Si je ne m'étais pas conduit comme je l'ai fait, des catastrophes irréparables seraient arrivées (Flers, Caillavet,M. Brotonneau, 1923, iii, 5, p.21).On voit des personnes fort distinguées frapper le bois des fauteuils et pratiquer des actes conjuratoires et fiduciaires (Valéry,Variété III, 1936, p.225).
1. Au sing.
Une autre personne. Quelqu'un d'autre. Mon Dieu, vous auriez peut-être pu trouver une autre personne de votre famille (Feydeau,Dame Maxim's, 1914, ii, 7, p.41).
Toute personne qui. Quiconque. Toute personne qui désire voir diminuer son embonpoint doit manger modérément, peu dormir, et faire autant d'exercice qu'il lui est possible (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.230).
Par personne. [Loc. à valeur distributive] Au total, deux tiers de l'humanité disposent de 2150 calories par personne et par jour (Univers écon. et soc., 1960, p.36-12).
2. Au sing. et au plur.
Plusieurs, quelques, certaines, (bon) nombre de personnes. J'ai connu, moi, cinq personnes de la même famille, malades toutes à la fois, au lit toutes à la fois, et qui se débrouillaient fort bien (Romains,Knock, 1923, iii, 6, p.18).Plusieurs personnes s'en allèrent (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.63).
Rare. Les personnes. Les gens. Qu'est-ce qui lui prend d'entrer comme ça, chez les personnes! (Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.233).
Personne âgée. [Avec une nuance de respect] S'il est convenable d'accepter l'amitié d'une personne âgée, il l'est aussi de lui faire comprendre que nos caractères ne sont pas les mêmes (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.337).
Être bonne personne. Être facile à vivre, avoir un bon fond. Synon. fam. être (un) bon type, être (un) brave type.Mais ce sont les péchés mignons de cette pécheresse sur le retour, et, somme toute, avouons qu'elle fut bonne personne au fond (Verlaine,OEuvres compl., t.4, Mém. veuf, 1886, p.268).Pantagruel est fils de Gargantua (...). Nous allons faire connaissance avec ces deux horribles géants, qui sont, au fond, de très bonnes personnes (A. France,Rabelais, 1909, p.38).
[Par personnification] La Mort, qui était bonne personne, alla s'asseoir sur l'escabeau et attendit une heure entière (Mérimée,Mosaïque, 1833, p.100).
Grande personne. [P. oppos. à l'enfant] Adulte. Moi, ça m'était bien égal, tous ces beaux discours, et pourtant je me disais, (...) qu'il fallait pourtant que ça eût de l'intérêt pour que des grandes personnes, (...) s'animassent à ainsi pérorer et parfois crier à ce propos (Verlaine,OEuvres compl., t.5, Confess., 1895, p.32).Ces malheureuses frimousses cireuses! Ça ne tient pas debout, ça vacille même assis, il faut continuellement que ça s'appuie des yeux sur une grande personne (Frapié,Maternelle, 1904, p.36).
Vieilli. Aimable, belle, charmante, jeune personne. Jeune fille; femme. Je fus regardé comme un dieu par ces jeunes personnes (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p.84).Jamais ces charmantes personnes n'avaient vu prendre le café avec tant de mimiques et de roulements d'yeux (A. Daudet,Tartarin Alpes, 1885, p.225).
Petite personne. Petite fille; jeune fille. La petite personne a quelque amourette en tête; elles sont terribles pour cela dans ce couvent (Mérimée,Théâtre C. Gazul, 1825, p.330).
Personne du sexe (vieilli). Pour la fille, il [le vicaire] avait ces manières réservées qu'ont nos ecclésiastiques bretons avec les «personnes du sexe», comme ils disent (Renan,Souv. enf., 1883, p.32).
II. − GRAMM. Catégorie grammaticale marquant le rapport à celui qui parle, à celui à qui on parle, à celui (ce) dont on parle et qui se note morphologiquement dans le verbe, le pronom personnel, le pronom et l'adjectif possessifs. La première personne (je, moi, me, mon) renvoie au locuteur, qui parle de lui-même, la deuxième personne (tu, toi, te, ton) renvoie à l'interlocuteur, la troisième personne à ce qui n'est ni le locuteur, ni l'interlocuteur. La personne où le locuteur est impliqué avec d'autres est dite première personne du pluriel (nous, notre, vôtre). La troisième personne du pluriel est homogène en ce sens qu'elle vient de la réunion de deux ou plusieurs «troisièmes personnes». La troisième personne du singulier comme au pluriel, est celle de la personne dont il est parlé sans plus. C'est la personne passive, absente du système de l'interlocution. Ce n'en est pas moins une personne, et il est inexact de parler d'elle comme d'une «non personne»; c'est la personne de tout ce que la pensée a appris à désigner, la personne inhérente à toute sémantèse, à tout ce dont le langage est capable de parler (G.. Moignet,Systématique de la lang. fr., 1981, p.124):
2. Ni le romancier ni les lecteurs ne descendent de leur place pour jouer eux-mêmes le jeu comme s'ils étaient l'un ou l'autre des joueurs. Et ceci demeure vrai quand le personnage s'exprime à la première personne, dès l'instant où il fait suivre ses propres paroles de: dis-je, m'écriai-je, répondis-je, etc... Sarraute,Ère soupçon, 1956, p.109.
Prononc. et Orth.: [pε ʀsɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1135 persone «prestance, taille» (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, AB 1891); b) ca 1170 «corps de celui dont on parle» (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4431); payer de sa personne v. étymol. hist. payer; 1538 content de sa personne «satisfait de soi-même» (Est., s.v. placere); ca 1660 bien fait de sa personne (Ablancourt ds Rich. 1679); 1907 pas mal de sa personne (Tr. Bernard, loc. cit.); 1935 bien de sa personne (Ac.); 1694 aimer sa personne «avoir soin de son corps, de sa santé, aimer ses aises» (Ac.); 1694 s'assurer de la personne de qqn «arrêter» (Ac.); c) ca 1140 «personnage, personne d'importance» (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 6020); 1174 «personne revêtue d'une dignité ecclésiastique» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2411, 2476, 4773 et 4781); d) ca 1170 en persone de (qqn) «sous l'apparence de (quelqu'un)» (Rois, éd. E. R. Curtius, p.84); ca 1200 la pressonne de (qqn) «ce qui constitue la personne même» (Psautier, B.N. 1761, fo31 roet fo38 rods Gdf. Compl.); ca 1210 persone d'ome (Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 13580); 1335 personne de (doc. ds Gdf. Compl.); ca 1200 en la sue persone «à sa place, au lieu de lui» (Dialogues Grégoire, éd. W. Foerster, p.78) [l'existence de cette expr. en a. fr. est mal assurée. Ne s'agirait-il pas plutôt ici de la trad. du lat. quasi in persona sua?]; ca 1250 en sa propre personne «lui-même» (Évangiles des données, éd. R. Bossuat et G. Raynaud de Lage, p.27, 15); 1269-78 en propre personne (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5645); 1464 en personne (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1232); 2. a) 1174 «individu, homme ou femme» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, op. cit., 4471); ca 1175 povres persones «pauvres gens» (Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 23161); 1295 les personnes «les gens» (Bevans, The old french vocabulary of Champagne, p.92); b) 1316-28 bele persone «être humain (surtout avec une épithète laudative)» (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, IV, 2073); 1547 jeune personne «jeune homme ou jeune fille» (Amyot, Hist. Aethiop., livre VII, 75 vods Hug.); 1640 grande personne «adulte» (Oudin Curiositez); 3. 1174 «une des trois formes de Dieu (Père, Fils, Saint-Esprit)» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, op. cit., 60); 4. 1495 dr. (assigner, etc.) à personne ou domicile «en s'adressant à la personne même ou en faisant parvenir l'avis à son domicile» (Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t.1, p.86); 5. xives. gramm. persone «celui, celle qui parle, à qui l'on parle ou dont on parle» (Thurot, p.184), hapax; déb. xves. personne (E. Stengel, Les plus anc. ouvrages composés pour enseigner le fr. ds Z. fr. Spr. Lit. t.1, p.31). Du lat. d'orig. étrusque persona «masque de l'acteur» d'où à l'époque chrét. «visage, face»; «rôle [au théâtre], caractère, personnage; personnalité, personne, individu»; aussi terme de gramm., où il traduit le gr. π ρ ο ́ σ ω π ο ν «face, figure» et aussi «masque de théâtre» et «personne (terme de gramm.)»; pour le sens 3 att. en lat. chrét., v. Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 17652. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 28165, b) 26260; xxes.: a) 22603, b) 23373.