| PERFECTIONNEMENT, subst. masc. Action de perfectionner; résultat de cette action. A.− Rare. [Corresp. à perfectionner A; le compl. désigne un processus] (Point d')achèvement, terme suprême. Synon. épanouissement, perfection (v. ce mot A), plénitude, totalité; anton. commencement, début.Tel est le cas des animaux à branchies non perfectionnées; mais dans les poissons, où la respiration branchiale est à son perfectionnement, la circulation générale est accompagnée d'une circulation respiratoire complète (Lamarck, Philos. zool.,t. 2, 1809, p. 158). B.− [Corresp. à perfectionner B] 1. Développement, accroissement des qualités de quelqu'un ou quelque chose dans un sens positif. a) Domaine physique, matériel.[Corresp. à perfectionner B 1 a] − [Le compl. ou l'adj. se rapporte à un animé, à une partie du corps, etc.] Acquisition de nombreuses qualités permettant d'approcher ou d'atteindre la perfection physique. Perfectionnement graduel. La cause générale du perfectionnement de l'homme et de l'accroissement de sa capacité est cette propriété qu'ont ses organes de recevoir une disposition permanente à l'occasion d'une impression passagère (Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, p. 316).La conservation de la finesse des sens, et leur perfectionnement progressif (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 1, 1808, p. 182).V. perfectible ex. 1 : 1. Le sens de l'odorat est bien supérieur à celui du goût dans l'ordre de la complication organique; il est à la fois plus spécial et plus perfectionné, car c'est toujours par une plus grande spécialité de fonctions que le perfectionnement de l'organisation s'annonce.
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 146. ♦ P. méton. Ce qui modifie favorablement un organe, un organisme, etc. Perfectionnements successifs. La nature (...) est dans un travail progressif qui ne s'interrompt nulle part, et qui se manifeste à chaque degré par un enfantement plus parfait. L'homme est le terme de cette progression féconde; il rassemble en lui tous les perfectionnemens antérieurs (Lacord., Conf. de N.-D.,1848, p. 103). − [Le compl. ou l'adj. se rapporte à une chose] Action de donner à quelque chose les dernières finitions ou de doter quelque chose des dernières améliorations du progrès technique. Anton. archaïsme, bâclage, conservatisme, ébauche, esquisse.Perfectionnement technique; perfectionnement de l'organisation, des méthodes, des moyens, des procédés, de la/des technique(s). Le perfectionnement du manger a amené un allongement de la vie (Goncourt, Journal,1871, p. 845).De grands travaux de perfectionnement agricole seraient nécessaires : (...) apports de terres, aménagement des eaux (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 16).Personne plus que moi n'admire nos ingénieuses mécaniques. Mais je ne suis pas de ceux qui s'imaginent que le perfectionnement de l'outil dispensera jamais de la connaissance du métier (Barrès, Cahiers,t. 9, 1912, p. 345). ♦ P. méton. Ce qui apporte, constitue une qualité matérielle supplémentaire. Perfectionnement(s) important(s), technique(s); derniers, grand(s), important(s), nouveau(x) perfectionnement(s); perfectionnements apportés à. Le deuxième perfectionnement consiste dans une exécution plus précise de l'ouvrage, attendu que les joints sont plus serrés et plus solides (Nosban, Manuel menuisier,1857, p. 168).Les horlogers de tous les pays ont patiemment accumulé les perfectionnements de détail qui ont amené leurs chefs-d'œuvre à la perfection (Decaux, Mesure temps,1959, p. 81).Un perfectionnement important est le container, ou cadre de 3 t. qui permet en trois coups de grue de décharger un wagon (Lambertie, Industr. pierre et marbre,1962, p. 83): 2. Il s'est distingué particulièrement en apportant plusieurs perfectionnements intéressants sur des outils et des machines. (...) il a construit un appareil dont l'emploi nous économise six ouvrières; (...) il a apporté à une machine des améliorations entraînant, là aussi, un accroissement de rendement.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 192. b) Domaine esthét., intellectuel, affectif, éthique, social.[Corresp. à perfectionner B 1 b; le compl. ou l'adj. se rapporte à une pers., à sa vie psychique, à son activité, etc. ou à une chose] Action de donner à quelqu'un, quelque chose une plus grande qualité professionnelle, artistique, etc. Synon. accomplissement, bonification, parachèvement, raffinement; anton. altération, dégradation, détérioration, ruine.Perfectionnement intellectuel, professionnel, social; perfectionnement de l'esprit, des facultés. Est-ce pour le perfectionnement de sa condition sociale, pour l'amélioration de son existence sur la terre, que l'homme se développe (Guizot, Hist. civilis.,leçon 1, 1828, p. 27).Le réalisme, le perfectionnement du réalisme, fut le but avoué de la progression que s'assigna l'art d'Occident depuis le Moyen âge (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 68).Cycles de conférences pour la formation ou le perfectionnement des fonctionnaires (Encyclop. éduc.,1960, p. 218).V. perfectionner ex. de Destutt de Tracy. − Empl. abs. Dans sa période de perfectionnement, l'architecture romane s'aida des progrès de la science (Lenoir, Archit. monast.,1856, p. 2).Le parti pris de Rubens en outrant certaines formes montre qu'il était dans la situation d'un artiste qui exerce le métier qu'il sait bien, sans chercher à l'infini le perfectionnement (Delacroix, Journal,1860, p. 276). − PSYCHOPATHOL. [Le perfectionnement considéré comme un facteur pathologique lorsqu'il est l'objet d'une préoccupation excessive] Manies de perfectionnement, de précision, d'insistance (Mounier, Traité caract.,1946, p. 430). − Spécialement ♦ Brevet de perfectionnement. V. brevet1II B. ♦ Classe/école de perfectionnement. Classe, école qui dispense un enseignement destiné à perfectionner des individus ayant de bonnes connaissances de base. Ici commence ce qu'on appelle les artistes de la danse. Les deux classes qui suivent sont donc des classes de perfectionnement (Brillant, Probl. danse,1953, p. 109).Les sous-officiers de réserve de la disponibilité et des 12 premières classes de la réserve sont astreints à la fréquentation des écoles de perfectionnement comme les officiers (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 52).Classe qui reçoit des élèves de six à seize ans ne pouvant fréquenter utilement les classes normales et qui comporte une formation professionnelle appropriée (d'apr. Lafon 1963, s.v. classe). Dans les grands centres, des classes d'externes dites « classes professionnelles de perfectionnement » reçoivent des inadaptés qui continuent leur scolarité au-delà de 14 ans par l'apprentissage d'un métier (Encyclop. éduc.,1960, p. 201). ♦ Conseil de perfectionnement. Conseil chargé notamment d'examiner les possibilités d'amélioration dans l'enseignement de certaines écoles. L'administration des collèges techniques est assurée par un directeur assisté d'un conseil de perfectionnement. Le conseil de perfectionnement est chargé notamment : − d'élaborer le programme détaillé de l'enseignement; − de donner son avis sur le projet de budget; − de s'assurer de la bonne tenue de l'établissement (Encyclop. éduc.,1960p. 167). ♦ Cours de perfectionnement. Cours permettant de développer ses aptitudes, ses connaissances dans telle matière, d'améliorer sa qualification professionnelle. Les cours de perfectionnement indispensables à tous ceux qui briguent l'honneur d'acquérir un talent réel et sérieux (Holtzem, Bases art chant,1865, p. 135).Les cours de perfectionnement ont pour but de donner (...) la possibilité de s'élever dans la hiérarchie professionnelle par l'acquisition des connaissances théoriques et pratiques indispensables. Ces cours s'adressent : aux employés; aux manœuvres et ouvriers spécialisés, en vue de la préparation d'un certificat d'aptitude professionnelle (Encyclop. éduc.,1960, p. 75). ♦ Stage de perfectionnement. Stages de perfectionnement et d'approfondissement à l'intention des professeurs d'écoles nationales professionnelles, de collèges techniques et de centres d'apprentissage (Encyclop. éduc.,1960p. 383). − P. méton. Ce qui modifie en bien. Ne demandez pas aux maçonneries hindoue, égyptienne, romane, qu'elles réforment leur dessin ou améliorent leur statuaire. Tout perfectionnement leur est impiété (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 217).L'homme est d'abord amasseur, administrateur. L'art pour l'art ne vient qu'après; c'est un perfectionnement, un pas vers l'idéal (Cl. Bernard, Notes,1860, p. 199).C. N. Hinshelwood a apporté à cette hypothèse une série de perfectionnements et de corrections tendant à préciser les processus chimiques élémentaires (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 408).V. perfectible ex. 2. 2. Avec une nuance iron. [Le compl. implique un jugement négatif] Développement de caractères négatifs, acquisition d'une supériorité dans un genre détestable. Ces gens charitables à qui l'on doit l'invention ou le perfectionnement de ce genre de médisance par ricochet (Jouy, Hermite,t. 2, 1812, p. 301).Le progrès de l'humanité se traduit à l'heure actuelle par le perfectionnement de nos moyens de destruction (Green, Journal,1943, p. 73). C.− Domaine mor., relig.[Corresp. à perfectionner C; le compl. ou l'adj. se rapporte à une pers., à sa vie intérieure, etc.] Action, fait d'accroître ses vertus, de progresser spirituellement. Synon. amendement, purification; anton. avilissement, corruption.Perfectionnement individuel; perfectionnement de l'individu; degré de perfectionnement. Il n'a pas l'idée de ce perfectionnement inverse spirituel et moral, de cette maturité croissante de l'être intérieur sous l'enveloppe qui se flétrit, de cette éducation perpétuelle pour les cieux (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 428).Aucun culte bien observé ne serait nuisible, tous ont une morale pure, tous veulent le perfectionnement de l'homme par lui-même, au moyen de l'idée du devoir, tous, enfin, ont une bonne volonté immense pour le bien (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1843, p. 65).Toute la vie intérieure de l'homme chrétien se ramène donc à la constitution progressive, à la retouche incessante et au perfectionnement inlassable de cette personnalité qui n'atteindra sa plénitude que dans la vie future (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 210). − Empl. abs. Le sérieux moral, la préoccupation du devoir, l'idéal religieux, la sanctification mutuelle, l'ennoblissement réciproque, le céleste amour, le perfectionnement par l'union réciproque (Amiel, Journal,1866, p. 36).Étrange que ce passage à travers la réalité! Expiation ou perfectionnement selon les uns, farce lugubre selon les autres (Renan, Drames philos.,Abbesse Jouarre, 1886, ii, 2, p. 637). D.− PHILOS., MÉTAPHYS. [Corresp. à perfectionner D; le compl. ou l'adj. se rapporte au genre humain, à la nature, etc.] Action, fait de se rapprocher du bien, de l'idéal. Perfectionnement constant, général, indéfini; perfectionnement de l'espèce humaine, de la vie. Dieu, dans sa sagesse, n'aurait-il pas donné à l'homme pour vie future son propre perfectionnement, c'est-à-dire, ce qui est la même chose, le perfectionnement de l'humanité? (P. Leroux, Humanité,1840, p. 268).Sous les décombres de l'Europe, et tant qu'il nous restera un souffle de vie, ce sera pour nous efforcer d'agir sur l'homme. Contre toute espérance, nous continuerons de travailler dans le sens de son perfectionnement (Mauriac, Journal occup.,1943, p. 352).V. bien3ex. 3 : 3. ... on verra que ce passage orageux et pénible d'une société grossière à l'état de civilisation des peuples éclairés et libres, n'est point une dégénération de l'espèce humaine, mais une crise nécessaire dans sa marche graduelle vers son perfectionnement absolu.
Condorcet, Esq. tabl. hist.,1794, p. 26. − Empl. abs. [Schubert] se représente la nature comme une métempsychose ascendante, dans laquelle, depuis la pierre jusqu'à l'existence humaine, il y a une promotion continuelle qui fait avancer le principe vital de degrés en degrés, jusqu'au perfectionnement le plus complet (Staël, Allemagne,t. 5, 1810, p. 169). − P. méton. Ce qui permet d'approcher, d'atteindre la perfection. Pourquoi, elle [l'Église] qui fut l'expression des perfectionnements successifs de l'humanité et qui marcha si glorieusement à la tête de la civilisation, s'est-elle endormie...? (Sand, Lélia,1839, p. 471).Concevoir l'être parfait du sein de notre imperfection, c'est déjà un perfectionnement, un pressentiment sublime, un éclair dans notre nuit (Cousin, Philos. Kant,1857, p. 21). Prononc. et Orth. : [pε
ʀfεksjɔnmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1713 (Abbé de St-Pierre, Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, t. 1, p. 90 ds Quem. DDL t. 28.). Dér. de perfectionner*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 700. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 759, b) 920; xxes. : a) 565, b) 642. |