| PENTE, subst. fém. A. − Fait d'être incliné, état de ce qui est incliné. 1. a) [En parlant d'une surface, d'un terrain, etc...] Obliquité par rapport au plan de l'horizon. Synon. déclivité, dévers, inclinaison.Sur les façades de plusieurs basiliques de Rome (...) le fronton supérieur (...) est remplacé par une pente fuyante du toit faisant croupe, ainsi qu'on le voit à la façade de Saint-Laurent (Lenoir,Archit. monast., 1852, p.116).Le sol, jusqu'alors peu accidenté (...) accusait une légère pente qui remontait du littoral vers l'intérieur de la contrée (Verne,Île myst., 1874, p.84): 1. La maison (...) est située dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à l'endroit où le terrain s'abaisse vers la rue de l'Arbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement.
Balzac,Goriot, 1835, p.7. SYNT. Pente abrute, douce, faible, facile, forte, insensible, molle; pente uniforme; pente d'un chemin, d'un sol, d'un terrain, d'une toiture; donner une pente à qqc. − En pente
α) Loc. à valeur adj. ♦ Qui a une certaine inclinaison, qui n'est pas horizontal. Chemin, cour, sentier, toit, toiture, vallée, vallon, ville en pente. Les petites rues en pente de la montagne Sainte-Geneviève, avec leur remugle de latrines, avaient connu, le soir, le grouillement des voitures, les embouteillages fabuleux (Duhamel, Suzanne,1941, p.23). ♦ Qui suit la direction de l'inclinaison. Je m'avançais (...) me tenant aux dossiers, faisant claquer les strapontins, dans le chemin de milieu, sur le tapis en pente (Arnoux, Suite var.,1925, p.29).P. métaph. Il y a des jours montueux et malaisés qu'on met un temps infini à gravir et des jours en pente qui se laissent descendre à fond de train, en chantant (Proust, Chron.,1922, p.106).[En parlant d'une partie du corps] Ils regardèrent, sans dire mot, des mioches avec (...) des épaules en pente, des mines rachitiques (Huysmans, En mén.,1881, p.54). ♦ Loc. fig., vieilli. Avoir une pente dans le gosier (fam.); avoir la dalle(/)du gosier, le gosier, la gueule en pente (pop.). Boire de façon habituelle avec excès. Un membre de l'Institut qui avait beaucoup d'érudition et la dalle en pente (...) et une cervelle comme un comprimé de la Bibliothèque Nationale, un réjoui plein de sapience (Arnoux, Calendr. Fr.,1946, p.228).
β) Loc. à valeur adv. ♦ En ayant une certaine inclinaison. Dans la haute galerie de verre, je passe d'abord entre deux foules de corolles fermées, entr'ouvertes ou épanouies qui vont en pente de la terre au toit (Maupass., Contes et nouv.,t.2, Cas de div., 1886, p.1071). ♦ En suivant la direction de l'inclinaison. La poitrine [de la voyageuse] montait en pente douce vers un cou épais, formellement orné de fausses perles et qui sombrait d'un menton jeune et lourd (Morand, Ouv. la nuit,1922, p.16): 2. L'eau descendait en pente, cascadant sur de grosses pierres, formant des réservoirs à fond clair quand elle rencontrait des cavités, se précipitant, blanche et barbue, de petites hauteurs, retrouvant le calme sur quelques mètres où elle coulait à plat, pour recommencer à écumer avec violence sur la pente qui se faisait plus raide...
Triolet, Prem. accroc,1945, p.152. b) Spécialement
α) GÉOM. Pente d'une droite, d'un plan. ,,Valeur de la tangente de l'angle formé par une droite, un plan avec sa projection orthogonale sur le plan horizontal`` (Bouvier-George Math. 1979). Pente d'une courbe. ,,Coefficient angulaire de la tangente, en un point donné, à la courbe`` (Laitier 1969). Lignes de pente d'une surface. ,,Courbes de la surface orthogonales aux courbes de niveau`` (Bouvier-George, loc. cit.). Lignes de plus grande pente. ,,Arcs tracés sur une surface d'un espace affine euclidien (de dimension 3, muni d'un repère orthonormal), rencontrant orthogonalement les lignes de niveau`` (Chamb. 1981). Ligne de plus grande pente d'un plan. ,,Droite qui, de toutes les droites du plan, fait le plus grand angle avec le plan horizontal`` (Lar. encyclop.). Ligne de plus grande pente sur une surface. ,,Courbe dont la tangente en chaque point est la droite de pente du plan tangent en ce même point`` (Lar. encyclop.).
β) ANAT. Pente condylienne. ,,Inclinaison de la trajectoire condylienne par rapport au plan de référence pendant la propulsion`` (Bat. 1972). Pente cuspidienne. ,,Inclinaison dans le plan sagittal, des plans cuspidiens par rapport au plan de référence`` (Bat. 1972). Pente incisive. ,,Inclinaison dans le plan sagittal de la face linguale des incisives centrales maxillaires par rapport au plan de référence`` (Bat. 1972).
γ) ÉLECTRON. Pente (d'un tube électronique). ,,Rapport entre la variation du courant anodique et la tension nécessaire à appliquer à la grille pour provoquer cette variation`` (Électron. 1963-64).
δ) GÉOMORPHOHL. Pente (topographique). Tangente trigonométrique (exprimée par une fraction ou en pourcentage) de l'angle formé avec le plan horizontal. Pente de quatre pour mille, de deux pour cent. Le roulage à la cale n'est admissible que sur les pentes inférieures à 100 millimètres par mètre (Haton de La Goupillière,Exploitation mines, 1905, p.918).Pente limite. ,,Inclinaison au-delà de laquelle la pesanteur met en mouvement les matériaux du versant, par éboulement ou par glissement`` (George 1970). Pente d'équilibre. ,,Pente qui ne change pas de valeur dans des conditions bioclimatiques stables`` (George 1970). Rupture* de pente.
ε) ARMUR. Inclinaison, sur le plan vertical, de l'axe de la crosse par rapport à la ligne supérieure du canon. La bonne pente dépend de l'anatomie de l'utilisateur du fusil, en particulier de la longueur de son cou (Burn.1970).
ζ) CHAUSS. ,,Inclinaison de la partie supérieure d'une chaussure par rapport au plan horizontal qui supporte la chaussure dans sa position normale`` (Rama 1973). Le jour d'une présentation, ayez des bottes vernies de (...) quarante francs si vous pouvez. Vers quarante francs, vous êtes un gentleman; le bottier assouplit le cuir, fait rentrer la semelle, établit une pente du cou-de-pied à l'orteil, répand sur le tout un luisant délicieux, et l'on conclut des pieds au reste (Taine,Notes Paris, 1867, p.49). 2. Au fig. Inclination, tendance naturelle et spontanée. Synon. penchant, propension.Tel est le Bourgeois, il aime tout et il avale tout. Du moins le malin qu'il est voudrait le faire croire. Mais je connais ses pentes et je ne le vois pas très bien aimant des choses propres (Bloy,Lieux communs, 1902, p.71).Ces dernières semaines vécues à la Villa Alatini, hôpital de la Croix-Rouge, parmi des gens de bonne compagnie, me furent douces (...). N'ai-je pas ici par une pente invincible retrouvé mes habitudes de vie égoïste, jouisseuse, repliée, et pour tout dire païenne (Mauriac,Écrits intimes, Journal d'un homme de trente ans, 1948, p.142): 3. Une pente naturelle à l'esprit humain, qui fait souvent une débauchée de la fille d'une dévote, une dévote de la fille d'une femme légère, la loi des Contraires, qui sans doute est la résultante de la loi des Similaires, entraînait Victurnien vers Paris par un désir auquel il aurait succombé tôt ou tard.
Balzac,Cabinet ant., 1839, p.53. ♦ Suivre sa pente. S'abandonner à, suivre ses penchants dominants. [Beauchêne] n'était toujours que l'égoïste pratique tirant de sa vie la plus grande somme de jouissance possible. Il suivait sa pente (Zola,Fécondité, 1899, p.569).Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant (Gide, Faux-monn.,1925, p.1215): 4. ... mes parents (...) condamnaient l'oisiveté. Je la jugeais d'autant plus blâmable qu'elle m'ennuyait. Mon devoir se confondait donc avec mes plaisirs. C'est pour cela que mon existence fut, à cette époque, si heureuse: je n'avais qu'à suivre ma pente et tout le monde était enchanté de moi.
Beauvoir,Mém. j. fille, 1958, p.68. ♦ Avoir une pente pour/vers qqc. (vx); avoir une pente à qqc. (vieilli ou littér.). Être enclin à agir, à se comporter d'une certaine façon. Ses mains courtes [du curé Bonnet] eussent indiqué chez tout autre une pente vers de grossiers plaisirs, et peut-être avait-il, comme Socrate, vaincu ses mauvais penchants (Balzac,Curé vill., 1839, p.98).Lettre de mon filleul, qui n'a pas perdu ses goûts de colon, et n'a aucune pente à la rêverie ou à la curiosité désintéressée (Amiel,Journal, 1866, p.356): 5. MmeHugo, qui avait alors une pente, je ne dirai pas à la pocharderie, mais à une aimable excitation, avait bu beaucoup de Constance. Elle parlait trop.je n'oublierai jamais le regard, un regard impossible à rendre, par lequel Hugo l'a tout à coup foudroyée, réduite au silence.
Goncourt,Journal, 1870, p.670. SYNT. Avoir une pente à/pour/vers l'avarice, la bêtise, la bonté, la cruauté, la gourmandise, la haine, la jalousie, la médisance, la mélancolie, la sagesse; avoir une pente au/pour/vers le luxe, mal, vice. − Avoir une pente pour/vers qqn (vx). Être attiré par/vers quelqu'un. Synon. avoir un penchant* pour/vers qqn.Au fond, il y a chez cette femme, à l'apparence brave, une incontestable lâcheté (...) en même temps qu'une pente vers les gens plutôt pas tout à fait honnêtes qu'honnêtes, −et qui sont de meilleurs domestiques (Goncourt,Journal1891, p.46). − Avoir une/de la pente à + inf. (vieilli ou littér.). Tendre à quelque chose, avoir tendance à adopter un certain type de comportement. Je ne sais pas pourquoi j'ai une pente à me confier à vous; je vais vous dire un secret que je n'ai encore dit à personne (...). Cela est étrange de se livrer ainsi au premier venu (Hugo,L. Borgia, 1833, i, 1repart., 4, p.37).Cette pente à imiter [la nature] naïvement et par des moyens simples, a toujours été la mienne (Delacroix,Journal, 1853, p.119).La neige restait candide sur les corniches (...) les becs de gaz et les stores en tôle des hôtels particuliers qui bordent cette cité minuscule, cité que notre pente à mythifier et à grandir ce qui s'éloigne, me pousse toujours à décrire et à dessiner beaucoup plus vaste (Cocteau,Portr.-souv., 1935, p.109). B. − Plan, surface incliné(e). 1. Partie en déclivité qui monte ou descend de manière continue sans subir de dénivellation trop brusque. − [En parlant d'un terrain] Synon. côté, flanc, versant.Faut-il vous parler de ces pentes du Saint-Gothard, toutes couvertes dans leurs méandres, sur leurs crêtes, des buissons roses de ces rhododendrons en fleur? (Gobineau,Pléiades, 1874, p.5).Devant lui, s'étendait une vaste pente de cultures en terrasses, couronnée de crêtes rocheuses (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.772): 6. Les pentes rapides du mont, boisées à droite et nues à gauche, tombaient dans l'eau qu'elles entouraient d'une haute enceinte régulière.
Maupass.,Mt-Oriol, 1887, p.97. SYNT. Pente d'une colline, d'un coteau, d'un mont, d'une montagne, d'un ravin, d'un talus, d'un vallon; pente argileuse, caillouteuse, pierreuse, rocailleuse, sablonneuse; pente boisée, cultivée, nue, rase, verdoyante; pente de galets, d'herbe, de pierre; pente enneigée, ensoleillée; pente exposée au midi, au nord; pente méridionale, orientale, septentrionale; bas, haut d'une pente; escalader, descendre, dévaler, gravir, grimper, monter, suivre une pente. ♦ En partic., GÉOMORPHOL. Pente continentale. V. talus continental*. − [En parlant d'un chemin, d'une route, d'une voie de circulation, etc.] Synon. côte, descente, montée, rampe.Des tramways, illuminés et vides, gravissent la pente du boulevard en grinçant sur leurs rails (Martin du G.,J. Barois, 1913, p.403).Là, sur la pente raide des sentiers, la misère et la pouillerie empruntaient au soleil un éclat qui ne trompa point Armand, habitué à la pauvreté méridionale de Sérianne (Aragon,Beaux quart., 1936, p.335). ♦ En partic. Pente d'eau. Partie d'un canal légèrement en pente, fermée par deux portes, et destinée à faire franchir aux bateaux une dénivellation. (Dict.xixeet xxes.). − [En parlant d'une surface quelconque] Toit à double pente. Ils (...) virent la masse noire de la cathédrale (...). La lune, suspendue sur la crête dentelée de la nef, argentait les pentes du toit (A. France,Lys rouge, 1894, p.35).Le jour, on distinguait, dans un long corridor, la pente brillante des murs, les marches tassées d'un escalier (Carco,Homme traqué, 1922, p.178). ♦ En partic. Le haut du visage [d'un ange] est candide (...) mais, entre le nez et les lèvres, descend une pente spacieuse (Huysmans,Cathédr., 1898, p.388).Elle a bien assujetti cette large ceinture de cuir dur et chaud qui lui serre les flancs comme un bras et placé la corne de boeuf juste à la pente de l'aine, à l'endroit où la placent les hommes (Giono,Gd troupeau, 1931, p.147).Il semble bien qu'on cherche à placer le plus bas possible l'avancée de la poitrine. La pente de la gorge est très longue. Tout cela est évidemment une question de corset (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p.48). 2. Au fig. ou p.métaph. Ce qui incline, entraîne irrésistiblement une personne dans le sens de la facilité, de ce qui est considéré comme culturellement condamnable, blâmable. Ce mauvais sujet n'est qu'un honnête homme futur. On voit en lui des pentes qui le feront tourner au vulgaire. Il sera amoureux, il se mariera, il paiera ses créanciers (Veuillot,Odeurs de Paris, 1866, p.237).Il s'abandonnait à cette pente de beaucoup d'hommes élevés bourgeoisement, et qui (...) descendent peu à peu au peuple, se trempent à ses habitudes, s'y oublient et s'y perdent (Goncourt,Man. Salomon, 1867, p.369). − Glisser sur la pente. Renée apportait dans la faute toutes ces ardeurs de coeur déclassé. Elle aussi avait glissé sur la pente. Seulement, elle n'avait pas roulé jusqu'au bout comme une chair inerte. Le désir s'était éveillé en elle trop tard pour le combattre, lorsque la chute devenait fatale (Zola,Curée, 1872, p.482).[Avec un compl. déterminatif] Être, glisser sur la pente de la corruption, de la décadence, du libertinage. J'ai beaucoup rêvé et très peu exécuté. Ce qui trompe les observateurs superficiels, c'est le désaccord qu'il y a entre mes sentiments et mes idées (...). Le sens du grotesque m'a retenu sur la pente des désordres. Je maintiens que le cynisme confine à la chasteté (Flaub.,Corresp., 1866, p.238).Il était le seul qui eût quelque influence sur Melchior et qui, dans une certaine mesure, le retînt sur la pente de son vice. (...) l'estime universelle dont il jouissait n'était pas inutile pour faire oublier les frasques de l'ivrogne (Rolland,J.-Chr., Matin, 1904, p.122). ♦ Pente glissante, savonneuse (fam.). Situation que l'on ne domine pas, qui peut avoir des conséquences fâcheuses. Bernard (...): le travail, qui honore l'homme, déclasse la femme!... comme son chemin est rude on la tient pour vouée aux faux pas... Léopold: Dame! il est certain qu'elle est sur une pente dangereuse. Bernard (...): Les pentes sont dangereuses pour qui descend, et non pour qui monte! (Augier,Fourchambault, 1878, p.142).Est-ce qu'on s'arrête jamais sur cette pente glissante, qui va du second amant au dixième? (Bourget,Crime am., 1886, p.271). ♦ Pente fatale. C'est la pente fatale, songeait-il, j'ai commencé par le complexe d'OEdipe, après ça je suis devenu sadico-anal et maintenant, c'est le bouquet, je suis pédéraste (Sartre,Mur, 1939, p.183). ♦ Être sur la, une mauvaise pente. Prendre une direction contraire aux exigences sociales, morales, qui risque d'entraîner quelqu'un à sa perte. En deux ans, elle se rendit ainsi maîtresse de Tonsard et le poussa sur une pente mauvaise à laquelle il ne demandait pas mieux que de s'abandonner (Balzac,Paysans, 1844, p.51).Quand on l'aura débarrassé de cette créature, Philippe se décidera peut-être à revenir à sa femme! (...) Oh! Mais c'est qu'il n'a pas l'air de vouloir s'en laisser débarrasser! Il était dans un état... pas rasé, la figure défaite, n'ayant pas dormi depuis trois jours! (...) Ah! il est sur une mauvaise pente, ton fils, il n'y a pas à dire! (Bourdet,Sexe faible, 1931, ii, p.337). ♦ Descendre la pente. Déchoir socialement, sombrer moralement. C'est la déchéance d'un homme incompris de tous et aigri peu à peu par la pauvreté et l'insuccès (...) son intelligence devait être soutenue par l'enthousiasme. Ensuite elle n'a plus été qu'un poids qui l'a poussé à descendre la pente plus vite (Lacretelle,Silbermann, 1922, p.158).J'ai commencé à descendre une pente. Qu'y puis-je si le temps m'emporte comme un fleuve? (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p.223). ♦ Remonter la pente. Rétablir une situation facheuse. J'ai désespéré de tout... pendant plusieurs semaines (...). Et puis, un matin dans le jardin (...) j'ai vu à nouveau les arbres, le soleil, les petits... peu à peu, j'ai remonté la pente (Martin du G.,J. Barois, 1913, p.522). C. − TAPISS. Bande d'étoffe étroite disposée horizontalement autour d'un ciel de lit, d'un dais, au-dessus de rideaux; ou verticalement de façon à imiter des rideaux. Après avoir jeté les yeux (...) sur le maigre tapis de lisière placé au bas d'un lit à ciel dont les pentes en drap tremblaient comme si elles allaient tomber, achevées par les vers, il regarda sérieusement la Grande Nanon (Balzac,E. Grandet, 1834, p.75).Un immense empereur romain de pierre dans toute la pompe du costume de Louis XIV, avec sa grande perruque, son ample manteau, son fauteuil, son estrade, sa crédence où est sa couronne, son dais à pentes découpées et à vastes draperies (Hugo,Rhin, 1842, p.252).Quatre colonnes placées aux angles de l'autel principal (...) étaient reliées par des tringles en fer, auxquelles des rideaux, richement ornés de pentes de broderies, étaient suspendues (Lenoir,Archit. monast., 1852, p.258). SYNT. Pente de lit, de fenêtre; pente double, simple; pente de dedans, de dehors; pente de damas, de velours; pente en brocatelle, en drap; pente à falbala, à la Romaine; pente garnie de crépines, de franges, de glands. Prononc. et Orth.: [pɑ
̃:t]. Homon. pante. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.A. 1. 1335 «penture» ce qui maintient une porte suspendue autour de ses gonds (doc. Arch. nat. ds Gdf.); 2. a) 1497 pantes [d'un lit] (doc. Bibl. nat., ibid.); b) 1563 «bande d'étoffe tombante garnissant les côtés d'un autel» (Inv. des reliques de la Saincte Chapelle de Dijon, p.80, Jul. d'Arbaumont ds Gdf. Compl.); c) 1593 pante du daiz (Satyre Ménippée, Pièces de tapisserie, éd. Ch. Read, p.51). B. 1. 1358 «inclinaison d'une surface [le plus souvent en relation avec l'écoulement des eaux]» (doc. A. Tournai ds Gdf. Compl.); 1694 pente de comble (Corneille); 2. 1796 «plan, surface en déclivité» gravir une pente; descendre une pente de neige (H.-B. de Saussure, Voy. Alpes, t.4, pp.146, 149); 3. fig. a) 1580 «ce qui est comparé à une déclivité naturelle» (Montaigne, Essais, I, XXVI éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.147: au bout d'un long et ennuyeux chemin [en lisant un texte] je vins à rencontrer une piece haute, riche et eslevée jusques aux nuës. Si j'eusse trouvé la pente douce et la montée un peu alongée...); b) 1588 «inclinaison morale naturelle, penchant» se laisser aller vers la pante naturelle (Id., ibid., III, XIII, p.1106); ca 1590 pente vers la haine, la cruauté, l'ambition (Id., ibid., II, XII, p.444); c) 1588 «ce qui entraîne irrésistiblement vers le bas, vers le mal» (Id., ibid., III, IX, p.993: ... appuyer et retarder de sa puissance l'inclination vers le mal, suyvre envis cette pente). Issu du lat. vulg. *pendita, part. passé fém. de pendere, formé d'apr. les verbes au parfait en -ui (moneīre, monuī, monĭ-tus, v. Ern. Morphol., § 313 II, note II, p.224). Pente devait donc exister en a. fr., peut-être dans une aire géogr. latérale; apparaissant dans la lang. écrite au xives., il a peu à peu, aux sens A et B 1, évincé le subst. pendant*. A se réfère au sens «être suspendu», B au sens «pencher» de l'a. fr. pendre (v. ce mot), corresp.respectivement aux sens «être pendu, être suspendu» et «être suspendu au-dessus, surplomber, dominer» du lat. pendere. Fréq. abs. littér.: 2924. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3244, b) 3556; xxes.: a) 4226, b) 5220. Bbg. Quem. DDL t.5. _Sain. Arg. 1972 [1907], p.102. |