| PENDULE1, subst. masc. A. − MÉCANIQUE. 1. Corps ou système matériel capable d'osciller autour d'un point fixe. Mouvement, vibrations du pendule. Ils prétendent que la valeur, variant toujours, ne peut jamais être déterminée. C'est comme si l'on soutenait qu'étant donné le nombre des oscillations par seconde d'un pendule, l'amplitude des oscillations, la latitude et l'élévation du lieu où se fait l'expérience, la longueur du pendule ne peut être déterminée, parce que ce pendule est en mouvement (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.53).De nombreux séismographes sont fondés sur le principe du pendule horizontal (Rothé, Géophys., 1943, p.329): 1. Pour mesurer le temps, ils [les physiciens, les astronomes] se servent du pendule et ils admettent par définition que tous les battements de ce pendule sont d'égale durée. Mais ce n'est là qu'une première approximation; la température, la résistance de l'air, la pression barométrique font varier la marche du pendule.
H. Poincaré, Valeur sc., 1905, pp.38-39. − En partic. ♦ Pendule circulaire; pendule conique; pendule cycloïdal; pendule élastique; pendule magnétique. ♦ Pendule simple ou pendule mathématique. Système conçu comme un point matériel suspendu à un point fixe par un fil inextensible et de masse négligeable. L'idéal seul est scientifique, c'est-à-dire la loi abstraite. Cela seul est adéquat à l'esprit; ex. du pendule mathématique qui seul existe, quoiqu'il ne soit pas possible, autrement nous n'aurions pas de type (Cl. Bernard, Notes, 1860, p.61). ♦ Pendule composé ou pendule pesant. Corps solide pesant mobile autour d'un axe horizontal et dont les oscillations sont isochrones pour de faibles amplitudes. Puisqu'il est possible de déterminer la longueur du pendule simple synchrone d'un pendule composé, il est possible aussi de déterminer dans un pendule composé le point matériel correspondant à celui du pendule simple (Quillet1965). 2. Dispositif utilisant le principe du pendule ou constitué d'un pendule et servant à mesurer, régler, détecter quelque chose. ♦ Pendule balistique. Dispositif comportant un bloc de fonte creux monté en pendule oscillant autour d'une barre horizontale et permettant de mesurer la vitesse d'un projectile au sortir d'une bouche à feu (d'apr. Quillet 1965). On utilise (...) pour mesurer directement la force vive qu'une charge de poudre peut communiquer à un projectile, le pendule balistique (Vennin, Chesneau, Poudres et explosifs, 1914, p.152). ♦ Pendule de Foucault. Masse suspendue au bout d'un très long fil, et qui a permis de mettre en évidence la rotation de la Terre (d'apr. Sc. 1962). ♦ Pendule d'horloge. Pendule composé à axe de rotation horizontal, constitué d'une tige avec son dispositif de suspension, d'une lentille et des organes de fixation, permettant de régulariser le mouvement des horloges (d'apr. Guyot 1953). Synon. balancier (v. ce mot A). ♦ Pendule de torsion. ,,Dispositif comportant comme organes essentiels un fil de faible coefficient de torsion, attaché par l'une de ses extrémités à un point fixe et portant à l'autre extrémité une partie mobile sur laquelle peuvent s'exercer des forces de nature variée`` (Uv.-Chapman 1956). V. oscillant II A 1 ex. de Bassermann-Jordan. ♦ Pendule électrique. Petite balle de sureau ou de moelle suspendue par un fil léger à un support isolant et permettant de savoir si un corps est électrisé et de déterminer le signe de sa charge. Un micromètre à étincelles, placé au milieu du conducteur intermédiaire. Il est le siège d'une résistance qui permet d'écarter le pendule électrique de sa position d'équilibre; cette résistance disparaît ensuite brusquement au moment où l'étincelle éclate, ce qui déclenche le pendule (H. Poincaré, Théorie Maxwell, 1899, p.26). ♦ Pendule (radiesthésique, de radiesthésiste, de sourcier). Pendule fait d'une petite boule, souvent métallique, suspendue à un fil et dont les oscillations sont interprétées. Un radiesthésiste nous assure que son pendule magnétique se refuse absolument à prévoir un tel cataclysme: il a fait jouer le pendule sur notre article, et les oscillations ont très nettement répondu non (Boll, Qq. sciences captivantes, 1941, p.212): 2. À demi enfouis sous la végétation, le pharmacien avait découvert sur le Causse deux alignements de pierres dressées, qu'il appelait des menhirs. Avec son pendule, il prouvait que ces alignements étaient parallèles à des zones d'influences souterraines très nettes dont il fallait admettre que nos aïeux les avaient connues.
Abellio, Pacifiques, 1946, p.110. B. − P. anal., ALPIN. Manoeuvre employée pour faire la traversée d'un passage difficile et suivant laquelle ,,le grimpeur qui tient d'une main la corde fixée au piton ou à l'anneau coiffant un bec rocheux, prend son élan, traverse par un mouvement pendulaire et assure la prise de la main libre`` (Petiot 1982). Le pendule s'effectue à l'aide de la corde de rappel (C.A.F. Manuel,1934,ds Petiot 1982). − En pendule. Dans les traversées, il faut assurer avec beaucoup plus d'attention, afin d'éviter au grimpeur en mouvement une chute en pendule (Pourchier et Frendo, La Technique de l'alpinisme,1943, p.165 ds Quem. DDL t.27). C. − [Dans des compar. ou des métaph.] 1. Dans le domaine physique.[Pour évoquer un mouvement alternatif et régulier] On fauche dans ce sens, et donc de droite à gauche, en marchant perpendiculairement devant soi, en se balançant d'un pied sur l'autre, avec le rythme égal d'un pendule (Pesquidoux, Chez nous, 1923, p.75). 2. Dans le domaine moral.[Pour exprimer une alternance de phénomènes différents ou contradictoires] Sa pensée, comme un pendule, se portait toute de l'affirmative à la négative, par un mouvement incessant et stérile en écrasant tout sur son passage. Et pourtant ce balancement douloureux était son seul plaisir (Barrès, Cahiers, t.2, 1898, p.7).Dans l'explication du rêve, les nuances qui séparent les différents penseurs de l'époque seront dues à l'oscillation du pendule: origine plutôt physique ou plutôt psychique de ce «phénomène» (Béguin, Âme romant., 1939, p.5): 3. Que si, dans sa conduite bassement contradictoire, il [un gouvernement] se montre, ainsi qu'on le faisoit naguère, tout-à-tour hostile et bienveillant; s'il frappe et caresse selon ses craintes, oscillant, si l'on peut le dire, comme le pendule de la lâcheté, entre la protection de la veille et la persécution du lendemain, quel fruit recueillera-t-il de ces vacillations odieuses, sinon la haine et le mépris universel?
Lamennaisds L'Avenir, 1831, p.153. Prononc. et Orth.: [pɑ
̃dyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1646, 8 déc. funependule «corps mobile autour d'un point fixe, et oscillant sous l'action de son poids» (Mersenne ds Chr. Huygens, OEuvres compl., La Haye, 1929, t.16, p.350: le plomb pendu à un filet suspendu lequel i'appelle funependule); 1658 pendule (J. Chapelain, ibid., t.2, p.176); 1858 pendule simple (Chesn.); 1861 pendule conique (Armengaud, Moteurs à vapeur, t.2, p.571); 2. 1838 «tout solide animé d'un mouvement comparable à celui du pendule (ici un câble)» (Lamart., Chute, p.1003: le câble lentement a repris son aplomb, Et le groupe, affermi sur le frêle pendule, Entre la double mort le long des murs ondule); 3. 1869 fig. «événement ou phénomène caractérisé par une certaine alternance» (Hugo, Homme qui rit, t.2, p.27: En ce monde tout est pendule. Graviter c'est osciller. Un pôle veut l'autre); 4. 1910 alpin. «mouvement pendulaire qu'effectue un alpiniste suspendu à une corde» (Écho des Alpes, no5, p.169 ds Quem. DDL t.27, s.v. balancée). Empr. au lat. des savants funependulus (Mersenne écrit funependulum, forme neutre dans des écrits rédigés en lat.), proprement «suspendu à un fil», comp. de fune, ablatif du lat. class. funis «corde, câble» (v. funambule) et de l'adj. lat. pendulus «qui pend», dér. de pendere, v. pendre, utilisé comme subst. par Galilée pour désigner le pendule qu'il inventa en 1629. DÉR. Penduler, verbe intrans.a) Effectuer un mouvement pendulaire. Je serrais mes yeux de toutes mes forces. Mon coeur me battait dans la gorge. Il me semblait que je pendulais dans l'espace (Cendrars, Moravagine, 1926, p.130).b) Alpin. V. supra B.Enfin bref, nous pendulons suspendus à une vieille corde plutôt usée, qui inspire de grandes inquiétudes au poids lourd de la bande, et qui se trouve à l'extrémité gauche de la vire, toujours en étant dos à l'Aiguille sans Nom (Écho des Alpes,1912, no6, p.203 ds Quem. DDL t.27).− [pɑ
̃dyle], (il) pendule [pɑ
̃dyl]. − 1resattest. 1926 «effectuer un mouvement de pendule» (Cendrars, loc. cit.), en partic. 1912 alpin. (Écho des Alpes, loc. cit.); de pendule1, dés. -er. BBG. −Quem. DDL t.6, 27. |