| PELOUSE, subst. fém. A. − 1. Terrain couvert de gazon servant généralement à agrémenter un parc, un jardin public ou privé. Synon. gazon (v. ce mot B).Pelouse ensoleillée, onduleuse, vallonnée; pelouse centrale; pelouse circulaire, rectangulaire; pelouse interdite; belle, grande pelouse; pelouse en terrasse; pelouse ornée de corbeilles, de massifs de fleurs; pelouses de jardin public; jouer, se promener sur la pelouse. Je vois encore d'ici cet ancien jardin du Palais-Royal, planté sur les dessins du sieur Desgots, neveu du célèbre Le Nôtre; ces deux pelouses symétriques bordées d'arbres en boule (Jouy,Hermite, t.2, 1812, p.231).Ils allèrent jusqu'à l'extrémité du parc, dans le jardin potager, que séparait des pelouses un rideau de grands arbres (Rolland,J.-Chr., Amies, 1910, p.1121).Une allée de gravier conduisait vers une maison blanche; devant, il y avait une pelouse qui descendait en pente douce vers un étang (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.516). 2. P. méton. L'herbe épaisse et courte qui couvre ce terrain. Arroser une pelouse; rouler la pelouse. Les pelouses avaient crû en prairies (Louys,Aphrodite, 1896, p.69).Je regarde, par la fenêtre, la pelouse qui verdoie sous les beaux vieux arbres du jardin de la clinique (Bourget,Sens mort, 1915, p.314): 1. D'autres fois, il s'apaisait dans son cher jardinage. Jardinage simple, sorte de bricolage horticole, qui consistait à arracher les mauvaises herbes, tailler les arbrisseaux, tondre la pelouse, tailler le buis.
Montherl.,Célibataires, 1934, p.827. 3. SPORTS a) HIPP. Enceinte gazonnée d'un champ de courses située entre les pistes et accessible au public pour un prix d'entrée inférieur à celui du pesage. La pelouse d'Auteuil. La pelouse, toute grouillante d'une foule haussée sur les pieds (...), avec les chevaux qui hennissaient, les toiles des tentes qui claquaient, les cavaliers qui lançaient leurs bêtes (Zola,Nana, 1880, p.1398).De longs chevaux de course rentrant à l'écurie par la pelouse (Faure,Hist. art, 1921, p.202).Sur l'hippodrome il y a les gens de la pelouse et ceux du pesage (Jeux et sports, 1967, p.473). − P. métaph. Un cheval de course entraîné tous les matins (...) est une bien belle chose (...) ne croyez pas, mon cher Coste, que je me place à ce haut rang. Je n'ai ni box verni, ni de lad qui m'étrille l'entendement, sur la pelouse psychologique, je ne trotte de syllogismes ni ne galope d'analogies (Valéry,Lettres à qq.-uns, 1945, p.108). b) Terrain gazonné sur lequel se pratiquent différents sports (football, rugby, golf, etc.). Pelouse en bon, en mauvais état; faire son entrée sur la pelouse; envahir la pelouse. Si les pionniers du football remontèrent à 1876 pour évoquer les rencontres entre Anglais habitant Paris et étudiants français revenus d'Outre-Manche, sur la pelouse de Madrid, ces confrontations restèrent sans lendemain (J. Mercier,Football, 1966, p.14): 2. Les joueurs [de polo], pour arriver au meilleur de leur forme, doivent pratiquer un entraînement important, si possible quotidien; mais cela ne va pas sans problème, car les obligations professionnelles, le temps, la saison, viennent souvent contrecarrer les meilleures résolutions. Les pelouses sont interdites pendant l'hiver jusqu'au mois de mai, dans nos climats...
Jeux et sports, 1967, p.1613. B. − BIOGÉOGR. Formation végétale herbacée, basse et fermée, essentiellement constituée de graminées associées à quelques légumineuses et à quelques plantes à rhizomes que l'on rencontre en particulier dans les zones de pâturages en montagne (d'apr. Lar. agric. 1981). Enfin, un peu avant Punta Arenas, les derniers cratères se comblent. Une pelouse unie épouse les courbes des volcans: ils ne sont plus désormais que douceur (Saint-Exup.,Terre hommes, 1939, p.172): 3. Nous sommes dans l'étage alpin, compris entre la limite inférieure des neiges persistantes et la limite supérieure de la forêt subalpine. Le climat est déterminant dans la nature des associations (...). L'association végétale la plus normale est la pelouse alpine.
Wolkowitsch,Élev., 1966, p.99. Prononc. et Orth.: [pəlu:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1582 «terrain couvert de gazon» (Marguerite de Valois, Mém., p.15 ds Quem. DDL t.12); 2. 1880 «partie des champs de course autour de laquelle sont tracées les pistes» (Zola, loc. cit.). Forme dial., prob. empr. au prov. pelouso, fém. subst. de l'adj. pelous, a. fr. peleus «garni de poils» (ca 1256, Aldebrandin de Sienne, Rég. du corps, 150, 26 ds T.-L.; Povrepeleux, nom d'un cheval, est att. vers 1150 dans le Roman de Thèbes (éd. G. Raynaud de Lage, 6295), lui-même issu du lat. pilosus (dér. de pilus «poil») d'où aussi a. fr. peleuz subst. «terre en friche» (ca 1223, G. de Coinci, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, II Chast 10, 568). V. Bl.-W.5, Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.13 no1 1975, p.95). Fréq. abs. littér.: 883. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 936, b) 1159; xxes.: a) 1562, b) 1395. DÉR. Pelousard, subst. masc.,sports (hipp.). Habitué de la pelouse des champs de courses. La vénération presque sectaire que les amateurs de vélo ont pour les champions du Vel' d'hiv' ou du tour de France (...), les pelousards pour les jockeys, les maires de campagne pour le député du patelin qui devient ministre (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.95).Sur les hippodromes (...), les pelousards (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.1954, p.176).− [pəluza:ʀ]. − 1reattest. 1903 (d'apr. Esn.); de pelouse (sens 2), suff. -ard*. BBG. −Darm. Vie 1932, p.57. _ Quem. DDL t.12. |