| PATRICIEN, -IENNE, subst. et adj. A. − HIST. ROM. Personne qui appartenait, de par sa naissance, à la classe sociale la plus élevée chez les citoyens romains, qui jouissait de nombreux privilèges et qui, à l'origine, pouvait seule prétendre à une haute magistrature. Anton. plébéien.La caste des patriciens. Il était d'usage à Rome que tout patricien portât trois noms. On s'appelait, par exemple, Publius Cornelius Scipio (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.132).Si l'on avait annoncé à un patricien romain du siècle d'Auguste l'abolition future de l'esclavage, il n'y aurait pas cru (Bourget, Actes suivent, 1926, p.122): 1. Je prends dans le monde ancien une grande situation aristocratique, un patricien romain, par exemple: comme le seigneur féodal, le patricien romain était chef de famille, maître supérieur. Il était de plus magistrat religieux, pontife dans l'intérieur de sa famille.
Guizot, Hist. civilis., leçon 4, 1828, p.13. − Empl. adj. Il y a de l'Alcibiade en lui [César]: c'est un génie patricien (Goncourt, Journal, 1859, p.622).Les plébéiens obéissaient; faibles, généralement pauvres, ils pliaient sous la force du corps patricien (Fustel de Coul., Cité antique, 1864, p.376). B. − P. ext. Personne issue de la noblesse, d'une classe sociale privilégiée (dans certaines républiques italiennes notamment). Synon. aristocrate, noble; anton. prolétaire.Des mains, une attitude de patricien. Madame Barrès, de taille altière, belle comme une patricienne florentine, blonde (Blanche, Modèles, 1928, p.35).Sous les manières courtoises du patricien, c'est sans bienveillance que Roosevelt considérait ma personne (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.80): 2. Cette jolie ville d'Albano, (...) vit naître, en 1542, Hélène de Campireali. Son père passait pour le patricien le plus riche du pays, et, en cette qualité, il avait épousé Victoire Carafa, qui possédait de grandes terres dans le royaume de Naples.
Stendhal, Abbesse Castro, 1839, p.148. − Empl. adj. ♦ Qui est propre, qui a trait aux nobles, aux privilégiés. Éducation, famille patricienne; gouvernement patricien; orgueil patricien. Faute d'être renouvelé, le sang patricien est usé; (...) pour retrouver la force, la chaleur et la vie (...) il a besoin de se mêler au sang plus jeune, plus chaud, plus vivace du peuple et de la bourgeoisie (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p.245).En Italie, la bourgeoisie avait tôt évolué vers une civilisation patricienne et princière (Huygue, Dialog. avec visible, 1955, p.153). ♦ Qui présente un aspect aristocratique, raffiné; qui évoque la richesse, l'élégance propre à certaines familles de souche ancienne. Allure, demeure patricienne. En passant dans la rue on voit ces grands plafonds patriciens tout peints et dorés (Flaub., Corresp., 1845, p.168).Ce vêtement changeait Anne. Haute, libre, sportive, d'une patricienne et rêveuse élégance, elle semblait debout sur la terrasse d'un hôtel d'altitude (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.199). C. − P. anal. Celui, celle qui appartient à une élite (intellectuelle ou morale). L'amour de l'humanité chez les grands patriciens de l'esprit, chez un Érasme, un Malebranche, un Spinoza, un Goethe (Benda, Trahis. clercs, 1927, p.98). REM. Patriciser (se), verbe pronom.,hapax. Devenir plus patricien, prendre un aspect plus aristocratique, plus distingué. Son nez (...) s'amenuisait déjà plus droit, s'anoblissait, se patricisait, si l'on peut dire, en s'effilant (Huysmans, Oblat, t.1, 1903, p.302). Prononc. et Orth.: [patʀisjε
̃], fém. [-jεn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1355 antiq. romaine subst. (Bersuire, Tit.Liv., BN 20312 ter, fol. 3 ds Gdf. Compl.); b) 1559 empl. adj. de patricienne maison (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Jules Caesar, XI, éd. G. Walter, t.2, p.423); 2. a) 1765-70 p.ext. en parlant de nobles italiens (J.-J. Rousseau, Confessions, VII ds OEuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t.1, p.302); av. 1780 en parlant de nobles, de privilégiés (Condillac, Études hist., I, 3 ds Littré); 1795 patriciens accapareurs (Babeuf in Le Tribun du peuple, 6 nov., no34, 92 ds Quem. DDL t.11); b) 1798 empl. adj. famille patricienne (Ac.). Dér. de patrice* d'apr. l'étymon lat.; suff. -ien*. Fréq. abs. littér.: 577. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1026, b) 2032; xxes.: a) 289, b) 314. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.368. _Vardar Soc. pol. 1973 [1970] p.283. |