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PATIENT, -ENTE, adj. et subst.
I. − Adj. Qui a, montre ou requiert de la patience.
A. − Vx ou littér. [Corresp. à patience1A 1]
1. [En parlant d'une pers.] Synon. endurant, longanime, stoïque; anton. indigné, révolté.Je la trouvais devenue bien patiente à supporter notre séparation, mais je l'aimais quand même (Sand,Hist. vie,t.2, 1855, p.435).Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté (Maupass.,Contes et nouv.,t.2, Horla, 1886, p.1106):
1. [Dieu] est vivant et permanent. Mille ans sont comme un jour devant lui; aussi est-il patient et longanime; il diffère de punir les pécheurs pour leur laisser le temps de faire pénitence. Théol. cath.t.4, 21920, p.1022.
2. [P. méton. du subst.] Qui manifeste ou requiert cette qualité. Effort patient. En les regardant, on aurait pu se tromper à leurs airs patients et sages (...); impossible de s'imaginer de quoi ces mêmes jeunes hommes pouvaient redevenir capables une fois lâchés sur terre (Loti,Mon frère Yves,1833, p.378).Les ruses patientes, la comédie qu'on doit jouer pour dissimuler ses sentiments (Green,Journal,1949, p.284).
B. − [Corresp. à patience1A 2 a]
1. [En parlant d'une pers.] Synon. doux, indulgent; anton. agacé, cruel.Amant patient; garde-malade, infirmière, institutrice patiente. J'ai vu ainsi mon père, d'habitude extrêmement patient et doux, s'emporter en des colères d'une violence folle qui le faisaient presque s'évanouir (Bourget,Disciple,1889, p.68).Écoute, mon petit, je suis patient. Mais je commence à être à bout (Arland,Ordre,1929, p.58):
2. Je serai bien patiente pour toujours avec toi! Je serai si douce! Tu verras Léon! Je te comprendrai si bien que tu ne pourras plus te passer de moi! Céline,Voyage,1932, p.564.
2. [P. méton. du subst.] Il attendait debout, dans une attitude patiente et respectueuse, le moment de me passer ma redingote (Nodier,Fée Miettes,1831, p.60).Cette longue et patiente et douce fidélité paternelle, un des tout à fait plus beaux sentiments de l'homme qu'il y ait dans le monde (Péguy,Argent,1913, p.1131):
3. Ah! Brigitte, quels diamants coulaient de tes paupières! Dans quel trésor de charité sublime tu puisais, d'une main patiente, ton triste amour plein de pitié! Musset,Confess. enf. s.,1836, p.244.
C. − [Corresp. à patience1A 2 b]
1. [En parlant d'une pers.] Synon. inlassable, obstiné, persévérant, tenace; anton. changeant, impétueux, instable.Chercheur, savant, travailleur patient. Quand de patients philologues en auront monographié toutes les parties et tous les procédés (Renan,Avenir sc.,1890, p.244).Naguère encore lecteur patient de saint Augustin et saint Thomas d'Aquin (Mauriac,Baiser Lépreux,1922, p.152):
4. Si tu veux un ami, apprivoise-moi! −Que faut-il faire? dit le petit prince. −Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près. Saint-Exup.,Pt Prince,1943, p.471.
2. [P. méton. du subst.] Analyse, oeuvre, exploration, observation patiente; travail patient. Leurs reins forcés, tournés depuis longtemps par les patientes et rudes besognes (Maupass.,Contes et nouv.,t.2, Bapt., 1884, p.45).La sape patiente des fonctionnaires entamait le granit breton (Vogüé,Morts,1899, p.135):
5. «Seize piasses par mois, se disait-elle. Y a pas moyen. On n'arrivera pas». Pourtant, elle recommençait de patients calculs. Elle portait dans sa tête, Rose-Anna, le chiffre exact de leur petit revenu composé surtout des payes de Florentine. Roy,Bonheur occas.,1945, p.117.
D. − [Corresp. à patience1A 2 c]
1. [En parlant d'une pers.] Synon. calme, serein; anton. bouillant, énervé.Des idées vagues de commerce s'ébauchaient dans son crâne d'avare patient et rusé (Zola,Débâcle,1892, p.161).Il a été patient pendant quinze ans, il ne peut plus attendre une minute (Green,Journal,1934, p.244):
6. Tiens-toi dans le couloir, sourd et aveugle, et patient; le temps n'existe plus, comprends-tu bien. Étouffe tes sens, ne t'étonne de rien, car si la réalité raisonnable doit le céder à l'autre, c'est parce que selon la réalité raisonnable toi et moi d'ici à quelques jours nous serons deux morts. Jouve,Scène capit.,1935, p.127.
2. [P. méton. de la pers.] Ce matin, je suis plein de calme, de douceur et de patient amour (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1906, p.224).Il avait pris la voix patiente et neutre d'un speaker (Sartre,Mort ds âme,1949, p.67):
7. Voilà, tu ne sauras jamais rien de mon être, Tu n'as pas regardé dans mon coeur, la fenêtre Était lisse pourtant qui donnait sur ma vie, Mais tu n'auras pas eu la patiente envie De t'asseoir près de moi et de comprendre un peu. Noailles,Ombre jours,1902, p.155.
II. − Subst. et adj.
A. − (Celui, celle) qui subit, qui est l'objet d'une action.
1. PHILOS. [P. oppos. à l'agent] (Celui, celle) qui subit, qui est passif. De quel côté est l'agent, de quel côté le patient? Est-ce le principe inférieur qui détermine l'apparition du principe supérieur? (Boutroux,Contingence,1874, p.134).
2. LING. [P. oppos. à celui qui agit] ,,L'être ou la chose qui subit l'action (le procès)`` (Ling. 1972). Le sujet animé des phrases passives et l'objet animé des phrases actives à verbe transitif sont en général des «patients» (Ling. 1972).
B. − Vieilli ou littér.
1. Supplicié(e). On liait le patient sur cette roue, à genoux et les bras derrière le dos (Hugo,N.-D. Paris,1832, p.264).Au début, on n'attachait pas [à la chaise électrique], paraît-il, les patients dont les corps, sous la commotion, volaient en l'air (Morand,New-York,1930, p.95).
2. P. ext.
a) (Celui, celle) qui subit un châtiment, qui affronte une épreuve pénible. Riccardo se tenait le fouet à la main, et les cinq patients étaient rangés à côté de lui (Malot,Sans fam.,1878, p.318):
8. C'est la même méthode de relais, on se repasse la patiente de l'un à l'autre, du bureau à la chambre à coucher et à la cuisine, avec alternatives de sévérité et de tendresse; la famille est plus forte que les flics pour le chantage sentimental... Vailland,Drôle de jeu,1945, p.106.
b) Malade; (celui, celle) qui subit ou va subir un examen médical ou une opération chirurgicale. L'opération faite, l'interne de service (...) jetant un coup d'oeil sur ce qui reste et sur ce qui a été retranché au patient, dit: «Quel est le morceau qu'il faut reporter au lit?» (Goncourt,Journal,1882, p.180).Les médecins craignaient que cette visite n'agitât trop le patient (Maurois,Disraëli,1927, p.333).
Prononc. et Orth.: [pasjɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.A. Adj. 1. 1remoitié xiies. «qui supporte patiemment les défauts d'autrui» (Psautier d'Oxford, 85, 14, éd. F. Michel, 123); 2. 2emoitié xives. «qui souffre sans murmurer les adversités, les contrariétés» (Brun de la Montaigne, éd. P. Meyer, 3126); 3. 1370-72 t.didact. «qui subit» (Nicole Oresme, Ethiques, V, 23, éd. A. D. Menut, 327); ca 1380 emploi subst. (J. Lefevre, La Vieille, 196 ds T.-L.). B. Subst.1. xives. «malade» (Brun de Long-Bore, Cyrurgie, ms. de Salis, fo102d ds Gdf. Compl.); 2. 1617 «personne qui est condamnée au supplice» (A. d'Aubigné, Avantures du baron de Faeneste, I, 12, éd. Réaume et de Causade, II, 419). Empr. au lat. patiens «qui supporte, endurant», part. prés. adjectivé de patior «souffrir, supporter, endurer». Fréq. abs. littér.: 1294. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1339, b) 1888; xxes.: a) 1780, b) 2271. Bbg. Gohin 1903, p.326. _ Quem. DDL t.10.