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PATELINER, verbe
A. − Empl. intrans, vieilli et littér. Agir comme une personne pateline. Pour se la faire ouvrir [la porte des honneurs], il faut pateliner, Amadouer, tromper, aduler, câliner (Pommier, Colères, 1844, p.110).Avec les violences de langage les plus inattendues de la part d'un homme qui avait pateliné pendant tout l'hiver et renié publiquement le socialisme à un grand dîner diplomatique, M. Druey regrettait qu'on n'eût pas brûlé la Jésuitière de Fribourg (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1859, p.141):
. Écoutez notre Hitler, qui est, lui, le pur militaire selon l'esprit et le coeur de l'État-Major. Évidemment il ménage et pateline; il honore tous les travailleurs, et spécialement, dit-il, les instituteurs. Alain, Propos, 1935, p.1276.
B. − Empl. trans, vieilli. Traiter quelqu'un avec des manières doucereuses, une affabilité insinuante et feinte pour s'attirer son estime ou sa bienveillance. Lucien, au comble de la joie en se voyant pateliné par un homme dont s'occupait la renommée, regarda ses trois amis du Cénacle avec une sorte de supériorité (Balzac, Illus. perdues, 1839, p.442).Avant que je ne parle, il me pateline de la voix, du geste et, m'engluant de paroles, m'enfile dans la discussion de ses corrections une à une (Goncourt, Journal, 1858, p.457).
Prononc. et Orth.: [patline], (il) pateline [-in]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1470 intrans. «parler d'une manière doucereuse en vue de tromper quelqu'un» (Lettre de rémission ds Bibl. de l'Éc. des Chartes, IV, 2esérie, 1847, p.259); 1480 trans. patheliner «séduire par des paroles flatteuses» (G. Coquillart, Droictz nouveaux, 812 ds OEuvres, éd. M. J. Freeman, p.169). Déformation doucereuse de patiner «manipuler, tourner souvent une chose entre ses doigts», sous l'infl. de patelin, -ine.
DÉR. 1.
Patelinage, subst. masc.a) Vx. [P. allus. à La Farce de Maître Patelin] Farce. C'était une de ces farces dans le genre de Pathelin (...). Rabelais dit qu'il ne rit jamais plus qu'à ce patelinage (A. France, Rabelais, 1909, p.28).b) Fausseté, intention hypocrite et doucereuse. Le bon public (...) a vu dans Côme [de Médicis] (...) un usurpateur tout sucre et tout miel (...). Il faut savoir que le patelinage jésuitique ne fut trouvé qu'un siècle plus tard (Stendhal, Hist. peint. Ital., t.1, 1817, p.36).Ne soyez pas de cette religion-là, je le conçois; trouvez que c'est trop ou trop peu (...) mais ne dites pas, en lisant de telles pages [de Béranger], que ce n'est ni sincère ni senti, et que vous vous n'y voyez que patelinage (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.1, 1861, p.194).c) Manière d'agir, de se comporter d'une personne pateline. Synon. patelinerie (infra).Le but de toute cette famille est de me reprendre ce que les circonstances avaient forcé à me laisser de ma légitime fortune. Ils s'y prennent de différentes manières suivant le caractère de chacun, mon père avec humeur, sa prétendue femme avec patelinage (Constant, Journaux, 1804, p.110).Je ne permettrai pas à M. Carpezat, avec ses habiletés de sainte-n'y-touche, ses patelinages rusés de faire avorter ma vie (Fabre, Oncle Célestin, 1881, p.311). [patlina:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. fin xves. pathelinaige (Miracle de St Nicolas et d'un Juif, éd. O. Jodogne, 468); 1546 patelinage au sens de «comédie, farce» (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXXIV, ligne 85, p.239); de pateliner, suff. -age*. Fréq. abs. littér.: 15.
2.
Patelinerie, subst. fém.Synon. de patelinage (supra c).Permettez, monsieur le juge d'instruction, dit Gaudissart avec la patelinerie d'un courtisan, nous avons collé nous-mêmes les papiers aujourd'hui, et... ils... ne sont pas... secs (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.185). [patlinʀi]. 1resattest. a) 1616 surtout au plur. «ruse, artifice dont on use pour parvenir à ses fins» (D'Aubigné, Hist. universelle, II, XXI, éd. A. de Ruble, t.I, p.290), attest. isolée, à nouv. au xixes. 1830 (Balzac, Double fam., p.274); b) 1837 «caractère, attitude d'une personne pateline» avec la patelinerie d'un courtisan (Balzac, C. Birotteau, p.185); de pateliner, suff. -erie*.
3.
Patelineur, -euse, subst.Celui, celle qui pateline quelqu'un, qui est d'un naturel patelin. (Dict.xixeet xxes.). [patlinoe:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. fin xves. [ms.] (Rondeaux d'amour, 86 ds IGLF: Tous patelyneurs bien disans N'y font riens, s'ilz ne sont bien payans); de pateliner, suff. -eur2*.