| PATARD, subst. masc. A. − HIST., NUMIS. ANC. 1. Ancienne monnaie d'argent de billon, de faible valeur, frappée depuis le xves. aux Pays-Bas, en Belgique et dans le nord de la France (d'apr. Baudhuin 1968). 2. Pièce de monnaie des Papes d'Avignon, valant un double; ancienne monnaie de faible valeur en Provence, à partir de Louis XI (d'apr. Michel 1856). B. − P. ext., vx, et pop., fam. 1. Gros sou double, pièce de deux sous au xixes. (Ds France 1907). Synon. décime.Il se moquait des sermons de mon âme, s'obstinait à se divertir et n'aurait pas donné deux patards pour être un jour ce qu'on appelle un homme bien conservé (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.204).Bovary cherchait un patard au fond de sa bourse (Flaub., MmeBovary, t.2, 1857, p.98). 2. Sou, centime, menue monnaie; très petite somme. Synon. liard, rond (fam.).Je n'en donnerais pas un patard; cela ne vaut pas un patard; il n'a pas un patard (Ac.). J'avais pris un billet de seconde classe pour aller là-bas, je comptais rapporter de l'argent; mon oeil! rien, pas un patard! J'ai dû revenir en troisième, et la nuit! (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.167). Prononc. et Orth.: [pata:ʀ]. Att.ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. [1330 d'apr. Bl.-W.5]. 1429 «petite monnaie de peu de valeur» (Lettre du roi aux gouverneurs, 20 mars ds H. Morin-Pons, Numismatique féodale du Dauphiné, Paris, Rollin, 1854, p.316); 2. a) 1547-57 ne point priser deux patardz (Moralité ds Ancien Théâtre français, éd. Viollet-le-Duc, t.3, p.99); b) 1762 cela ne vaut pas un patard (Ac.). Altér., par substitution du suff. -ard* à la finale -ac, de l'a. subst. patac «id.» (1374: patas, plur., G. Espinas, Draperie dans la Flandre fr. au Moy.-Âge, t.2, p.937; 1448: patac, Comptes du roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, § 669), lui-même soit empr. à l'a. prov. patac «id.» (1404, Chronique Boysset ds Archiv. für Literatur-und Kirchengeschichte des Mittelalters, t.7, 1900, p.371; déjà pataquus en 1362 dans un doc. lat. concernant Nîmes, v. Du Cange), att.à côté de patar (1348, Comptes des Frères Bonis, éd. E. Forestié, t.2, p.269) et patat (1361 ds Pansier t.3; déjà patatius en 1343 dans un doc. lat. concernant le Dauphiné, v. Du Cange); soit empr. à l'ital. patacca «id.» (fém. de patacco «id.», mil. du xives.) att. indirectement par le dér. patachina (1327 ds Arch. St. n. fr. t.149, 1926, p.277; peut-être déjà en 1254, ibid.; v. aussi R. numism., t.37, 1934, p.XXVI), tous deux d'orig. inc. (v. Cor.-Pasc., s.v. pataca et Rom. Jahrb. t.8, 1957, p.43). Le mot patard et ses var. a désigné des pièces de monnaie en usage dans différents pays (v. R. numism., t.37, pp.XXV-XXVIII, XXIX-XXXII et XXXVII-XXXVIII). Bbg. Kidman (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin duxves. Paris, 1969, pp.280-281. |