| PATAOUÈTE, subst. masc. Parler des Français d'Algérie, à l'époque où celle-ci était française, comportant beaucoup d'emprunts à l'arabe, à l'espagnol et à l'italien. Un Arabe habillé en européen, c'est vrai qu'il fait très pied-noir. Un peu plus indigène, peut-être? Quand il parle, d'accord! Dans son parler, y a un peu d'espagnol, un peu d'italien, davantage de français mais une trop nette prédominance d'arabe pour faire vraiment pataouète. Le reste, pareil, faut reconnaître (R. Bacri, Le Beau temps perdu, Paris, Lanzmann/Seghers, 1978, p.30).− Empl. adj. Dicton, proverbe pataouète; culture pataouète. Les é, enfin, en France ils ont l'accent grave, l'accent aigu, l'accent circonflexe, nous z'autes: que l'accent pataouète ensoleillé (R. Bacri, Trésors des racines pataouètes, Paris, Belin, 1983, p.13). Prononc.: [patawεt]. Étymol. et Hist.1. 1898 pataouet «immigré espagnol récemment arrivé en Algérie» (Musette, Cagayous antijuif, p.125: ce sale pataouet de misère [sens déterminé d'apr. G. Esnault, [Commentaire (IGLF 1940) de l'ouvrage de Musette, Le Divorce de Cagayous (1906)], p.44: Pataouette = Valencien; et d'apr. A. Lanly ds Fr. mod. 1955 t.23, p.208: les pataouètes étaient, en 1900, les Espagnols fraîchement débarqués]); 1906 pataouette (Musette, Divorce de Cagayous, p.44: cette vieille pataouette); 2. 1955 pataouète ling. (A. Lanly, op. cit., p.198: en Algérie, berceau du «pataouète», comme on appelait le jargon des Européens au déb. du siècle). Prob. issu, à la suite d'une série de déformations, de Bab-el-Oued, nom du quartier populaire européen d'Alger où ce parler a pris naissance (cf. R. Bacri, Trésors des racines pataouètes, 1983, p.110). On prononçait familièrement Bablouette (cf. A. Dupuy ds Vie Lang. 1960, p.7: des gars de Bablouette), et on appelait pap(a)louette un habitant de ce quartier (cf. F. Duchêne, Mouna..., 1930, p.8 ds Lanly 1962, p.98: louette [...] abréviation de papalouette ou paplouette [...] le dégourdi de Bab-el-Oued). Papa-Louette était également le titre d'un journal satirique paru à Alger en 1905 (cf. R. Bacri, op. cit., pp.136-137). |