| PASSOIRE, subst. fém. Ustensile servant à filtrer ou à tamiser. A. − Ustensile de cuisine à pieds ou à manche, de forme et de taille variées, formé d'un récipient percé de trous et utilisé, pour filtrer des liquides (bouillon, jus de fruits, lait, etc.), égoutter des aliments, les réduire en purée. Passoire à pied; passoire à gros trous, à trous fins; passoire à sauce (synon. chinois, v. ce mot II B 1); passoire à thé; passoire égouttoir; secouer une passoire. Après avoir préparé une botte de petites asperges vertes, vous les faites blanchir d'un beau vert printanier, vous les rafraîchissez et les égouttez dans la passoire, ensuite sur une serviette (Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p.131): . Paysage. Des petits veaux qui dégringolent, comme renversés d'une boîte à joujoux. Des vaches et des boeufs blancs dans un pré d'un vert pur (...). Chien d'aveugle avec sa sébille comme une théière avec sa passoire.
Renard, Journal, 1906, p.1048. − Loc. Être percé, troué comme une passoire; être transformé en passoire. Être criblé de balles. Ils n'étaient plus le lendemain, que de petits tas recroquevillés, percés comme passoires, sur l'étendue lépreuse de la plaine (Vialar, Pt Jour, 1947, p.296). − P. anal. Hier, nous sommes allés déjeuner à Groud. C'est un village au bord d'un des vastes étangs dont le pays est comme criblé, car la Frise est une vraie passoire (Green, Journal, 1933, p.148).Les balles ennemies avaient fait une passoire de la partie supérieure du mur, en briques (Malraux, Espoir, 1937, p.539). − P. métaph. ou au fig. L'image la plus exacte de moi-même elle est constamment celle d'une auberge; tout le monde y entre et tout le monde en sort; c'est une passoire de pensées voyagères (Huysmans, Oblat, t.1, 1903, p.152).Il a eu (...) ce mot: «C'est une bibliothèque vivante, une femme comme ça...» −Elle a de la chance, −dit Blanche. Moi, mon esprit est une passoire: rien n'y reste (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p.162). B. − Spécialement 1. Grille à trous ronds utilisée en granulométrie. Soit un béton dont les plus gros éléments sont du calibre D (par définition, diamètre en millimètres des trous de la passoire strictement suffisante pour laisser passer tout l'agrégat) (Cléret de Langavant, Ciments et bétons, 1953, p.172).Les surfaces tamisantes sont formées soit de toiles métalliques tissées, à mailles carrées, soit de tôles perforées de trous ronds, dénommées par l'Afnor [Association française de normalisation] passoires (...). On a jugé utile d'établir des séries de tamis ou de passoires normalisées (Encyclop. Sc. Techn.t.61971, p.447). 2. ,,Tamis, crible à mailles très petites, dont on se sert pour donner un criblage final aux graines`` (Forest. 1946). Rem. Dans cet empl., le terme, att. ds Lar. 19e-20e, disparu de Lar. encyclop., semble vieilli. 3. En appos. On commence à puiser le sel avec une pelle passoire (Quéret, Industr. gaz, 1923, p.272). Prononc. et Orth.: [paswa:ʀ], [pɑ-]. Martinet-Walter 1973 [a], [ɑ] (11/6). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1260 paessouere «ustensile percé de trous pour égoutter» (Cout. accord. aux hab. de la Perouse par H. de Broce, La Thaumass., les anc. et nouv. cout. locales du Berry, p.98 ds Gdf. Compl.). Dér. de passer*; suff. -oire*. Fréq. abs. littér.: 28. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1965, t.29, p.377. |