| PASSIVITÉ, subst. fém. A. − PHILOS. [Corresp. à passif A] Caractère ou état passif d'une personne, d'une chose. Nous entendons par «perception» (...) l'adjonction d'une activité de l'esprit à la passivité sensorielle (Ch. Lalo, Esthét. mus. sc., 1908, p.26).Maine de Biran (...) dont la théorie de la passivité ou de l'«affection simple» est presque entièrement construite sur cette expérience désespérante (...) des mouvements de serpent de l'humeur (Ricoeur, Philos. volonté, 1949, p.386): 1. ... les apparences de mort ou de sommeil que nous offre d'abord la matière, sa passivité, son abandon aux actions extérieures, sont composés dans nos sens comme ces ténèbres qui sont obtenues d'une certaine superposition de lumières.
Valéry, Variété [I], 1924, p.132. − PSYCHOL., CARACTÉROL. Atonie du comportement, absence ou faiblesse de réaction aux influences extérieures, attitude de soumission passive. Passivité d'un caractère. L'inactif primaire (nAP) présente le maximum de passivité malléable (Mounier, Traité caract., 1946, p.398). B. − [Corresp. à passif B] Caractère d'une personne qui n'agit pas ou qui ne réagit pas. Synon. inertie; anton. activité, dynamisme, initiative.État, force de passivité; inaction et passivité; passivité d'un élève en classe, d'un lecteur; passivité hostile (synon. réaction, rébellion, résistance). La ténacité des Anglais (...) est sans force contre la passivité hostile de trois cent mille Chinois décidés à n'être plus des vaincus (Malraux, Conquér., 1928, p.31).Le meilleur de son attente était la passivité profonde (Colette, J. de Carneilhan, 1941, p.180): 2. ... la passivité avec laquelle je pensais. J'étais visité, traversé, brutalisé, violé par maintes pensées que je subissais sans les provoquer en quoi que ce fût.
Duhamel, Confess. min., 1920, p.106. − P. méton., [en parlant d'un élément du caractère ou du comportement de qqn qui n'agit pas, qui subit l'action ou l'influence de quelqu'un ou de quelque chose sans réagir] Passivité d'un rôle, d'un tempérament. Une pensée d'argent lui était venue, et elle s'y accrochait pour excuser la passivité de son attitude (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p.656). C. − Spécialement 1. CHIM. [Corresp. à passif C 3] Caractère passif de certains métaux oxydables (par exemple le cobalt, le bismuth, l'étain, le fer, l'aluminium, le nickel), propriété qu'ils acquièrent, sous l'action des acides, de résister à l'oxydation. [En électrolyse] le fer est (...) passif dans les solutions alcalines exemptes d'halogènes, cependant dans les solutions concentrées, il arrive parfois que le fer perde sa passivité et donne un ferrate qui colore la liqueur en rouge (Gasnier, Dépôts métall., 1927, p.230). 2. PATHOL. ,,Signe d'hypotonie musculaire, consistant dans la diminution de la résistance normale involontaire d'un segment de membre aux mouvements qu'on lui fait subir, et dans l'amplitude anormalement grande des mouvements qu'on veut lui imprimer`` (Garnier-Del. 1972). 3. THÉOL. CATH. [Corresp. à passif C 6] État de contemplation où l'âme est en oraison passive et se soumet complètement à l'action de Dieu. Certains mystiques introduisent la passivité dans l'oraison (Ac.1878, 1935).C'est (...) l'erreur même du quiétisme de prétendre entrer par notre propre industrie dans une passivité que Dieu seul peut donner (Maritain, Primauté spirit., 1927, p.169). REM. Passiveté, subst. fém.,var. de passivité (inus. auj. excepté en chim. et en méd.). L'état passif entraîne-t-il d'ordinaire cette dépossession absolue et définitive, cet échange «total», dont parle Marie Des Vallées, et qui, bon gré, mal gré, ressemble d'assez près à la passiveté, à l'impeccabilité des faux mystiques? (Bremond, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.615). Prononc. et Orth.: [pasivite]. Ac. 1878: passiveté, -vi-; Ac. 1935: -vi-. Notation de passiveté ds Passy 1914 [-si vte], [-si fte]. Étymol. et Hist.1. 1697 passiveté «qualité d'être passif» (Maintenon, Lett. au card. de Noailles, 16 mars, t.2, p.76); 1760 passivité (Bonnet, Essai analytique sur les facultés de l'âme, p.97); spéc. 1869 chim. (Wurtz, Dict. chim., t.1, vol. 1, p.492); 2. 1697 relig. passiveté (Bossuet, Instruction sur les estats d'oraison, livre III, chap. 12, p.91). Dér. sav. de passif*; suff. -(i)té*; cf. le lat. passivitas att. comme terme de gramm. dès le Iers. L'angl. passivity est att. au sens 1 dep. 1659 ds NED et comme terme de chim. dep. 1866, ibid. Fréq. abs. littér.: 293. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 84, b) 119; xxes.: a) 325, b) 914. |