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PASSIBLE, adj.
A. − THÉOL. ou littér., vieilli. Capable d'éprouver des sensations de joie ou de souffrance. Anton. impassible.[Le Christ] s'est fait passible, mortel (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.474).Pour l'ermite de Nazareth [Ch. de Foucauld] le problème est aussi brûlant qu'actuel. Doit-il tendre à une certaine impassibilité ou, au contraire, conserver sa sensibilité, demeurer «passible»? (M. Castillon du Perron, Charles de Foucauld,Paris, Grasset, 1952, p.258):
1. [Victor Hugo] était (...) un vieil homme à l'écorce ridée (...). Et passible, il ne voyait aucun inconvénient à laisser Leconte de Lisle impassible poursuivre sa carrière de vieillard et de dieu... Péguy,Clio,1914, p.57.
[P. méton. du déterminé] Les Juifs ayant égorgé le Verbe fait chair (...) épousèrent à leur insu l'effroyable pénitence d'être fixés à jamais dans leur sacrilège et de continuer avec rage sur l'indestructible symbole ce qu'ils avaient accompli sur la chair passible du vrai Dieu (Bloy,Salut pour Juifs,1892, p.51).
B. − Passible de
1. DR. [En parlant d'une pers. ou de son acte]
a) Qui encourt (une peine, un châtiment); qui entraîne (une peine, un châtiment). Passible d'une amende, de la peine de mort, de poursuites judiciaires. Cette affaire (...) aux termes précis de la loi, le ferait passible des travaux forcés à perpétuité (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.280).Les divulgations de secrets atomiques en temps de paix sont passibles de peines de cinq ans de prison au maximum (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p.72).
b) Justiciable de (telle ou telle juridiction). Passible de la cour d'assises. Quiconque franchirait cette ligne serait passible du conseil de guerre (Joffre,Mém.,t.1, 1931, p.227).Rébellion collective, crime passible des tribunaux militaires (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.279).V. aligné ex. 6.
2. P. ext.
a) [En parlant d'une pers.] Coupable, redevable de; qui peut être tenu pour responsable de. L'imprimeur ne doit pas être passible des laborieuses erreurs de l'écrivain (Balzac,OEuvres div.,t.1, 1830, p.401):
2. [Ruskin et Gide] sont au plus près dans leur aversion de l'opacité, dans tout ce qui s'interpose entre Dieu et le regard, et l'un et l'autre sont au fond d'accord pour trouver que là gît le plus grand reproche dont soit passible l'homme faussement civilisé. Du Bos,Journal,1923, p.387.
b) [En parlant d'une chose] Susceptible de. Anton. impassible (v. ce mot B 2).Je fis un emprunt sur mes billets, renouvelables tous les trois mois, et passibles chaque fois d'une deuxième commission de renouvellement (Reybaud,J. Paturot,1842, p.396).Je ne peux croire que ce que je touche, que ce qui est passible d'un contrôle sensuel (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p.331):
3. Les Portugais, ayant découvert le passage aux Indes par le cap de Bonne-Espérance, prétendirent avoir seuls la propriété du passage; et Grotius (...) écrivit exprès son traité De mari libero, pour prouver que la mer n'est point passible d'appropriation. Proudhon,Propriété,1840, p.194.
Rare. [Avec compl. inf.] L'être est infini, n'étant fini que par lui-même; la chose qui est, indéfinie, comme le nombre des positions qu'elle est passible d'occuper (Claudel,Art poét.,1907, p.185).
Prononc. et Orth.: [pasibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1160 «capable de souffrir» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2888); 2. 1752 dr. passible de (Trév.). Empr. au b. lat. passibilis «sensible, capable de souffrir» (qui dans la lang. eccl., a supplanté en ce sens le class. patibilis, dér. de patiens «qui supporte», terme de la lang. philos., v. Ern.-Meillet, s.v. patior) et «passif» (ves.), formé sur passus part. passé de pati «souffrir» et «supporter». L'a. fr. connaît la forme paisible «tourmenté, agité (de la mer)» (ca1120, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 791). Fréq. abs. littér.: 42.