| PASSE-PASSE, subst. masc. (Tour de) passe-passe A. − Vieilli 1. Tour d'adresse comme en exécutent les jongleurs. Nous retiendrons (...) comme exercices de lancers, les exercices utilitaires de «passe-passe», sorte de jonglage collectif que l'on peut compliquer de différentes manières: par exemple passe-passe de briques, par une, puis par deux ou par trois, à des distances plus ou moins grandes (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p.52). 2. Tour d'escamotage des prestidigitateurs, des illusionnistes. Il y a là quelque tour de passe-passe du diable; je fais entrer dona Leonor dans ce cabinet, et c'est dona Silvia qui en sort (Dumas père, Piquillo, 1837, iii, 7, p.271).Et tous ces rois du passe-passe, Comte, Bosco, Robert-Houdin (Pommier, Paris, 1866, p.428): . Les démonstrations [mathématiques] sont d'un caractère merveilleux et infécond comme des tours de passe-passe. On voit bien que des tours réussissent (...) mais nous ne savons pas si l'opération n'aurait pas pu nous faire apparaître tout autre chose.
Valéry, Entret.avec F. Lefèvre, 1926, p.21. B. − Au fig. Illusion, tromperie adroite. Alfred Dreyfus est un traître (...). L'absolution finale de Dreyfus n'a été acquise que par un tour de passe-passe. Elle ne compte pas (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p.222).Si la liberté vis-à-vis des contraintes de la nature ne permet pas de modeler un cadre où l'homme puisse accéder à la culture, le progrès est un tour de passe-passe (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.390). Prononc. et Orth.: [pɑspɑs], [paspas]. Att. ds Ac. dep. 1740 subst. masc. inv. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p.250: passepasse. Étymol. et Hist. 1420 jouer de passe passe «faire des tours d'adresse» (Mystère de la Passion d'Arras, éd. J. M. Richard, 12836); 1530 tour de passe pas (Palsgr., p.833); 1583-90 au fig. (Brantôme, Capit. fr., le maresch. de Brissac ds Gdf. Compl.). Redoublement de l'impér. du verbe passer* avec, s.-ent., le terme muscade* ou un mot analogue. Fréq. abs. littér.: 38. Bbg. Lew. 1968, pp.47-48. |