| PASSE1, subst. fém. I. − A. Action de passer, de faire passer. 1. [Corresp. à passer11resection I A, B] Gén. vieilli ou littér. a)
α) Synon. de passage (v. passage1I A).Le mistral donnait (...) au dur labeur, aux misères, aux superstitions de pays le même entrain de santé, de belle humeur, ramassant et secouant dans ses passes les «dia! hue!» des charretiers, les grelots (A. Daudet,N. Roumestan,1881, p.75).Les avions de chasse volant à des vitesses largement supersoniques n'auront guère qu'une seule «passe» pour descendre leur adversaire aérien (Billotte,Consid. strat.,1957, p.4201). ♦ Droit de passe. Les conseils accordèrent quelques taxes nouvelles, notamment le droit de passe sur les routes (Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.505). − Mot de passe (usuel). Formule convenue destinée à se faire reconnaître comme ami, à se faire ouvrir un passage gardé. J'étais au milieu de cette foule comme un intrus à qui l'on n'a pas donné le mot de passe, et qui sent chaque visage tourner vers le sien une insupportable interrogation (Gracq,Syrtes,1951, p.106).V. autonyme ex. de Rey-Debove, s.v. -onyme, -onymie, -onymique: 1. −Qu'est-ce que vous trouvez ridicule? demande Marat. −Tout cela, dit-elle... (...): −... l'attentat contre le train, les mots de passe, le «cloisonnement», les «liaisons», les gaullistes, la Résistance, la Pas-Résistance...
Vailland,Drôle de jeu,1945, p.153. ♦ P. métaph. ou au fig. Une partie de notre inquiétude vient de ce que nous ne détenons pas encore les mots de passe de l'époque (J.-R. Bloch,Dest. du S.,1931, p.150).Je vous ai surpris plus d'une fois à vous taire, à parler du joli temps qu'il faisait quand j'entrais dans votre turne, j'étais donc remis à l'écart, admis seulement à vos demi-secrets, à votre vie ésotérique, exclu de vos mots de passe les plus intimes, de vos connivences les plus profondes (Nizan, Conspir., 1938, p.229).
β) P. méton. − Permis de passage, laissez-passer. Le sous-préfet [à Bayonne] m'a donné une passe pour l'extrême frontière (Stendhal,Mém. touriste,t.3, 1838, p.181).Nul ne quitte la ville sans une passe de monsieur de Cypierre, fût-il, comme moi, membre des États (Balzac,Martyr calv.,1841, p.187). − Titre de circulation gratuit. Sur sa présentation, nous devons, pour la première fois de notre vie, un privilège à notre titre d'hommes de lettres: une passe d'aller et retour à Strasbourg (Goncourt,Journal,1860, p.787).Quand je pense qu'il y a de grands auteurs, et riches, qui voyagent en première classe, et sans payer, grâce à des passes de chemin de fer qui leur sont données (Léautaud,Passe-temps,1929, p.79). − Région. (Canada). Titre de transport, carte d'abonnement. Bon! ma passe. Où est ma passe pour prendre le train? (F. Théoret, L'Échantillon,1976, p.35 ds Richesses Québec 1982, p.1728). − Synon. de passade (v. ce mot A 2 b en partic.).Donner la passe, faire la passe, ,,secourir`` (Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p.278). Demander la passe: c'est demander des secours aux ouvriers des lieux où l'on passe (Moisand, Physiol. impr., 1842, p.57). b) CHASSE. Synon. de passée (v. ce mot B 1 a).L'aube s'annonça prochaine. «L'heure de la passe», songea Didace. Mais les canards avaient quitté le pays. Il se recueillit pour entendre en lui, encore une fois, leur dernier vol. Le bruit d'ailes mollissait, lointain: Didace verrait-il les canards sauvages revenir au printemps? (Guèvremont,Survenant,1945, p.80). 2. Spéc. [Corresp. à passer11resection IV B] a) MÉCAN. Action par laquelle on soumet une pièce ou un matériau au travail exécuté par un outil sur machine-outil en un cycle mécanique. L'acier fondu (...) est coulé en lingots, qui sont immédiatement transformés en rails au moyen d'un certain nombre de passes au laminoir (Bricka,Cours ch. de fer,t.1, 1894, p.294).À partir du fil machine pour amener le fil jusqu'au diamètre définitif, le nombre des passes peut être considérable (Bouasse,Cordes et membranes,1926, p.4): 2. Le grainage est obtenu au moyen d'une machine à imprimer (fig. 24) dans laquelle le cuir est comprimé par un rouleau mobile R contre une plaque P fixée au bâti A et qui porte en négatif le relief du dessin de grain à reproduire. Cette plaque n'ayant qu'une trentaine de centimètres de largeur, le cuir doit être imprimé par bandes successives et on opère par une série de passes parallèles.
Bérard, Gobilliard,Cuirs et peaux,1947, p.107. b) TANN., TEINT. Action consistant à plonger un matériau dans un bain traitant. Teindre en deux passes (Duval 1959). Quand on est obligé de passer plusieurs fois une étoffe dans un même bain, on donne le nom de passe à chaque opération partielle (Doin,Dict. teint.,1828, p.1). − P. méton. [Le] jus [tannant] est renforcé par addition d'extrait neuf, (...) il est prêt à recevoir une nouvelle tournée [de cuirs] ou «passe» (Bérard, Gobilliard,Cuirs et peaux,1947p.74). c) MARINE
α) Tour que fait un cordage sur une poulie ou sur un corps quelconque. (Dict.xixeet xxes.).
β) [Pour faire une épissure] ,,La première passe est seule délicate; il faut faire passer chaque toron décommis d'un des bouts sur un toron non décommis de l'autre`` (Galopin,Lang. mar.,1925,p.36). − P. méton. Bout décommis (v. commettre1A) d'un cordage que l'on introduit dans les intervalles des torons pour faire des épissures. (Dict.xixeet xxes.). ♦ P. anal. Avant de clouer définitivement [sur le châssis de la cassette] la seconde extrémité (...) [des rubans placés en largeur], on les passe alternativement dessus et dessous les rubans placés en longueur, de manière que les passes du second ruban contrarient les passes du premier (Nosban,Manuel menuisier,t.2, 1857, p.213). B. − Geste, mouvement particulier. 1. SPORTS, SPECTACLES a) CIRQUE, GYMN. Passage d'un acrobate, d'un gymnaste, d'un appareil à l'autre, d'un appareil à un porteur, d'un porteur à l'autre (d'apr. Giteau 1970). Puis commencèrent les premières passes. [Genesio] les commentait (...) −Passe simple (...) Passe-jarrets... Demi-pirouette (...) Tout ici, paraissait simple, facile, et même cette pirouette-et-demie (...) cet étonnant casse-cou retourné (Vialar,Zingari,1959, p.133): 3. Edmond Rainat, trapéziste français (...) exécutait un exercice extraordinaire, le «double saut périlleux de trapèze». (...) s'il exécutait parfois au gymnase la passe en triple saut périlleux, il ne put jamais être assez sûr de cette fabuleuse prouesse pour la produire devant le public.
Arts et litt.,1935, p.44-9. b) ESCRIME
α) ,,Action de passer le pied gauche au-devant du pied droit (passe avant) ou de passer le pied droit en arrière du pied gauche (passe arrière)`` (Petiot 1982). [Il] tenait son arme comme un cierge, poussait comme un sourd, se découvrait. Dès la première passe, il reçut un coup droit qui glissa sur le plat des côtes. L'épée avait piqué (A. Daudet,Trente ans Paris,1888, p.203).
β) Passe d'armes. ,,Enchaînement d'attaques, de parades et de ripostes`` (Sports Mod. Illustr., 1906 ds Petiot 1982). − P. méton. [À propos d'un tournoi] Rencontre et passage des jouteurs. Deux hérauts à cheval [dans le Tournoi de Rubens] sonnent de la trompette et accompagnent la passe d'armes de leurs fanfares (Gautier,Guide Louvre,1872, p.132). ♦ P. anal., littér. Une passe d'armes rapprocha [les mâles] entrecroisa leurs pattes griffues (...) Rroû, d'un bond (...) portait sa botte en plein vol (Genevoix,Rroû,1931, p.133). − Au fig. Passe (d'armes). Échange serré d'arguments contradictoires entre deux interlocuteurs. Mon Dieu [dit Suzanne]! c'est qu'il y a des gens qui ne peuvent (...) écrire en compagnie. Je répliquai comme il convenait, et, après quelques passes courtoises, je fis descendre mon gros registre (Feuillet,Scènes et prov.,1851, p.342).Le chapitre sur les amendements fut la cause de la plus violente passe d'armes qui pût faire valoir la force et la politique de la conférence (Charte Nations Unies,1946, p.13).Le dialogue, à l'intérieur des organisations professionnelles, prend tantôt le ton de l'amitié, tantôt l'allure de la passe d'arme (Debatisse,Révol. silenc.,1963, p.164). ♦ P. méton. Argument contradictoire. Barussa fut arrêté le lendemain et comparut en Cour d'assises deux mois après. Mmede St Fulbaire fut citée comme témoin à décharge (...) on la boucla avec les autres témoins, dans une salle sordide, tandis que les hommes de loi échangeaient leurs premières passes (La Varende,Contes fervents,Pinsonnière, 1948, p.60). c) SPORTS D'ÉQUIPE. Action du joueur qui passe (de la main ou du pied) le ballon à un partenaire autant que possible bien placé ou démarqué (d'apr. Petiot 1982). Passe de rugby. Le volleyeur peut passer le ballon à l'un de ses partenaires, lequel à son tour le lancera (...) à un autre partenaire mieux placé. Selon les cas, la passe est dite haute ou basse, avant ou arrière (Comment parlent les sportifsds Vie Lang.,1952, p.84).L'essentiel dans tous les cas est de se rendre maître du ballon et de préparer (...) l'enchaînement technique (passe, tir, dribble, feinte) le plus favorable à la progression du ballon vers le but adverse (Mercier,Football,1966, p.37): 4. ... [la] souplesse de poignets est à l'origine d'une grande gamme de passes: devant soi, latéralement, derrière soi (nuque, dos, hanche), à deux mains, à une main, de pied ferme, en déplacement, en suspension, tout ceci sans regarder l'homme auquel on passe.
Jeux et sports,1967, p.1389. d) PRESTIDIG. Synon. de manipulation (v. ce mot A 2 c ex. de Jeux et sports).Arrivé ainsi au comble de la tristesse, l'auteur [de l'Ecclésiaste] (...) entame cette description de la vieillesse, (...) qui ressemble aux éblouissantes passes d'un prestidigitateur, jonglant avec des têtes de mort (Renan,Hist. peuple Isr.,t.5, 1892, p.156). − P. anal. Un appentis est le hangar de la camera, le laboratoire où l'on effectue, à la lumière rouge, les délicates passes magiques des truquages (Sadoul,Cin.,1949, p.30). e) TAUROM. Manoeuvre exécutée par le torero et destinée à provoquer la charge du taureau. Passe de cape; passe de muleta. Après plusieurs passes, quand le matador croit bien connaître son antagoniste, il se prépare à lui donner le dernier coup (Mérimée,Mosaïque,1833, p.266).V. cape1A 3: 5. ... voyant le taureau si docile à se laisser leurrer, ses jambes qui dansaient, fuyaient, se stabilisèrent et finirent par se joindre l'une à l'autre et elles ne bougèrent plus tandis qu'il consommait enfin, parfaitement, la passe dite véronique.
Montherl.,Bestiaires,1926, p.421. − P. plaisant. Un couple de Russes exécute une fausse danse espagnole: l'homme a un oeillet dans la bouche, une cape castillane; la femme fait des passes avec un tablier de cuisine et, sur la tête, un képi français (Morand,Eur. gal.,1925, p.36). f) TIR. Mouvement au cours duquel on tire un nombre déterminé de balles. Chaque concurrent a soixante balles à tirer en deux passes de trente balles; chaque passe de trente balles comprend deux séries de cinq balles en huit secondes, deux séries en six secondes, deux séries en quatre secondes (Jeux et sports,1967, p.1460). 2. OCCULT. Geste des mains exécuté par un magnétiseur pour provoquer l'hypnose chez son sujet. [Le Maître] débita un sermon sur l'amour; suivi d'incantations et de passes magnétiques, assez semblables aux exercices des églises nègres méthodistes (Morand,Champions du monde,1930, p.166). C. − Rapport sexuel rapide d'une prostituée avec son client. La chambre était vide. Sur le lavabo, ils avaient mis un petit carré de savon vert, pour la passe (Sartre,Mur,1939, p.75).On (...) a vu [l'étudiant] tenir de grands discours à de petites morues effarées qui ne savaient que lui répéter le prix de la passe et de la carrée... Un type foutu! (Magnane,Bête à concours,1941, p.37): 6. [Le ministre:] (...) La Sûreté générale dispose de toutes les maisons de rendez-vous de Paris. Il n'en est pas une qui ne soit une souricière, pas une dont la maquerelle ne fasse connaître à nos services l'aubaine, c'est-à-dire le personnage important qui est venu chez elle pour une passe, dans la journée ou la soirée.
L. Daudet,Coeur brûlé,1929, p.44. ♦ Fille de passe (rare). Prostituée. Rue de la-Tour-d'Auvergne, un rez-de-chaussée humide dans une maison appartenant aux hospices, espèce de tanière de journaliste, un trou à hommes de lettres ou à filles de passe (Goncourt,Journal,1860, p.824). ♦ Maison de passe. Maison de prostitution. Il méprisait la fausse élégance des maisons de passe (Jouve,Scène capit.,1935, p.217). ♦ Hôtel de passe. Hôtel où les prostituées amènent leurs clients. Il eut vaguement la tentation de suivre dans un hôtel de passe la première fille rencontrée (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.199). − P. méton. Rémunération d'une passe. La sous-maîtresse (...) quand la patronne n'est pas là met des passes dans sa poche (ChautardVie étrange Argot1931, p.199). II. − Endroit par où l'on passe. A. − Passage (v. passage1II A 2). 1. Vieilli. −Et la passe souterraine! je la connais (...) −Quelle passe souterraine? (...) −C'était pour autrefois, dans les temps, quand la Tourgue était assiégée (Hugo,Quatre-vingt-treize,t.1, 1874, p.72). − Synon. de passée (v. ce mot B 1 b β).On tend les trappes pour les loups à l'entrée des passes, au débouché d'un fourré (Chateaubr.,Voy. Amér. et Ital.,t.1, 1827, p.219). 2. a) [En mer ou dans un cours d'eau] Étroit passage navigable; en partic., chenal d'entrée et de sortie d'un port, couloir reliant un lagon corallien aux eaux du large. Passe balisée, draguée; passe de mer, d'un marais; musoir, phare d'une passe; prendre, manquer la passe. L'appareillage eut lieu à 8 H 45 et la passe fut franchie à 9 H 15 à une vitesse de 4 noeuds aidée par un courant de jusant de 2 noeuds (Romanovsky,Mer, source én.,1950, p.58).Une barque de pêcheur, sur les eaux désertes, glissait silencieusement vers la passe (Gracq,Syrtes,1951, p.119).V. communication II B ex. de Bourde: 7. Les rades peuvent être largement ouvertes comme à Naples ou à Alger, ou, au contraire, ne s'ouvrir sur la mer que par un goulet ou des passes très étroites comme à Rio de Janeiro, à Sydney, et également à Brest.
M. Benoist, Pettier,Transp. mar.,1961, p.182. − P. méton. Autorisation d'entrer dans la passe. Un navire absent de Beyrouth depuis un mois, le Grand-Saint-Antoine, demande la passe et propose de débarquer (Artaud,Théâtre et son double,1938, p.20). b) P. anal. [En montagne] Synon. de col (v. ce mot B 3), défilé (v. ce mot A et port3).Tout le peuple d'Alsace (...) s'est donné rendez-vous à cette passe des Vosges pour émigrer solennellement (A. Daudet,Contes lundi,1873, p.20).Le névé au-dessus de la passe Saint-Mathieu avait fondu dans le temps de la dernière nuit, et tout était prêt là-haut pour une chaleur éclatante (Jouve,Scène capit.,1935, p.20). − P. plaisant. Vers deux heures après-midi, je vois les casques à pointe qui débouchent au-dessus de la Montée-Rouge (...). Je regardais leur vermine descendre sur le pays, et d'avoir un oeil sur la maison, tu peux compter que ça me serrait la passe du gosier (Aymé,Jument,1933, p.56). B. − Au fig. 1. (Bonne, mauvaise) passe. Période, situation (dans laquelle les conditions, les circonstances sont particulièrement favorables ou particulièrement défavorables). Synon. passage1(v. ce mot II A 3).Ah! quand on s'est trouvé dans la passe où j'étais, en face de l'échafaud (...) on s'en souvient ivre mort (Balzac,C. Birotteau,1837, p.183).Les héritiers se trouvent dans une passe difficile, mais dont ils peuvent sortir à leur avantage (Becque, Corbeaux, 1882, ii, 9, p.136).Il est certain que l'industrie privée (...) n'aurait pu, sans une aide puissante de l'État, franchir les mauvaises passes de l'après-guerre (Chenot,Entr. national.,1956, p.53).V. beau I A 2 a ex. de Balzac et ex. 37. ♦ [Sans déterm.] Mauvais moment, passage à vide. À l'ordinaire (...) l'enfant animait tout; mais il avait des passes... Sa gaieté tombait des heures entières (La Varende,Pays d'Ouche,1934, p.102). 2. Loc. (Être) en passe de + inf.(Être) sur le point de, dans les conditions favorables pour. Être en passe de réussir. Le comte (...) était bien plus fier (...) depuis qu'il se croyait en passe de disputer le coeur de la Fausta à un prince (Stendhal,Chartreuse,1839, p.214).La géométrie projective souffrait de certaines difficultés que la géométrie analytique était en passe de surmonter (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 1, 1961, p.26).V. grâce I B 1 ex. de Sandeau: 8. Certains ont mené leurs hommes au massacre, sans profit d'aucun ordre et comme pour répondre à l'appel d'une tradition (...). Hélas! ce sont ces mêmes hommes qui sont en passe de nous gouverner demain.
Gide,Journal,1943, p.242. ♦ Vieilli. Être dans la plus belle passe pour + inf.; être en aussi belle passe de + subst.Il est officier aux gardes, et dans la plus belle passe pour avoir de l'emploi (Mérimée,Théâtre Cl. Gazul,1825, p.186): 9. Quand les journaux flairent que le public veut savoir comment un homme a le nez fait (...), cet homme est au comble de la gloire. Il peut se dire que personne, −à l'exception des condamnés à mort, −n'est en aussi belle passe de popularité.
Veuillot,Odeurs de Paris,1866, p.393. III. − [Corresp. à passer11resection I C 2] Ce qui dépasse. A. − IMPRIMERIE 1. Passe ou main de passe. Feuilles de papier ajoutées à la quantité nécessaire au tirage pour compenser celles qui pourraient être salies, froissées ou déchirées pendant l'impression ou au cours des manipulations ultérieures (d'apr. Comte-Pern. 1974). Main de passe ou chaperon, main de papier ajoutée par rame pour parer aux accidents (Coston,A.B.C. journ.,1952, p.196). 2. Exemplaire de passe. Exemplaire défectueux, endommagé, défraîchi ou réservé aux services de presse et comme tel non commercialisable et donc défalqué par l'éditeur du nombre de ceux sur lesquels sont calculés les droits d'auteur (d'apr. Impr. 1977). Quand on pense que nous ne touchons rien sur les exemplaires de passe, c'est écoeurant! (Colette,Cl. ménage,1902, p.135).[Les] droits d'auteur ne portent pas sur les exemplaires dits de passe, destinés à couvrir les défets en cours de fabrication (Civilis. écr.,1939, p.18-9). − Absol. La passe. Ensemble des exemplaires de passe. [François] −Je voudrais votre sentiment, Dralay, ne croyez-vous pas que nous n'avons pas tiré assez d'exemplaires de La Victoire de la Russie (...)? Il ne répondit pas directement (...) −On aurait pu en vendre vingt mille. Et on en a tiré trois mille! −Plus la «passe», fit-il ironiquement (Vialar,Dansons,1950, p.146). B. − JEUX (jeu de la boule, roulette). [P. oppos. à manque (v. manque1A 3)] Série de numéros. J'ai été à deux doigts de la fortune, reprit Alexis. J'ai voulu recommencer le système de l'après-midi. Attendre la série et attaquer (...) Des louis sur les numéros, pour m'amuser pendant que je pointais la sortie des tableaux (...) J'ai choisi passe, qui était le plus en retard (Lacretelle,Hts ponts,t.4, 1935, p.9).Les mises sur pair ou impair, rouge ou noir, passe ou manque, dites de chances simples (les autres sont qualifiées de chances multiples (...)) ne rapportent qu'un montant égal à la mise (A. Neurisse,Les Jeux de casino,Paris, P.U.F., 1977, no985, p.67). C. − CHAPELL. [P. oppos. à la calotte à laquelle il est ajusté] Bord d'un chapeau de femme. Quelques capotes ont pour ornement des liserets de satin très-étroits et formant des courbes concentriques sur la passe et sur la forme, et un limaçon sur le fonds (Obs. modes,1819, p.79).C'était un bonnet dont la passe, très ornée, se composait d'étroits bouillonnés alternant avec des entre-deux brodés (Zola,Assommoir,1877, p.510).Non moins charmant est [le chapeau] «Mille feuilles», dont, sur la passe, les pailles rouges, dentelées se superposent sans lourdeur (L'OEuvre,31 mars 1941). Rem. gén. 1. Arg. ,,Guillotine`` (Carabelli, [Lang. pègre], s.d.). Gerber à la passe (v. gerber B arg.). 2. Région. (Canada). Moustiquaire. Il a mis les passes à son chalet (Bél. 1957). Prononc. et Orth.: [pɑs], [-a-]. Martinet-Walter 1973 [ɑ], [a] (12/5). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1368 «passage» (Arch. Nord B 15279, fol. 36: Pour demi cent de broques mises a pluiseurs passes servans a prendre loutres et autres males bestes); b) 1383 «but, au jeu de javelines» (Arch. JJ 122, pièce 337 ds Gdf); c) 1611 jeux «endroit par où la bille ou la boule doit passer» (Cotgr., d'où 1648 fig. être en passe de + inf. «être en position favorable pour» (Scarron, Virgile travesti, livre 7, éd. 1786, t.4, p.440); 1671 au propre être en passe «être assez proche de la passe pour pouvoir mettre dedans» (Pomey); 1704 être dans une belle passe (Trév.); d) 1691 mar. (Ozanam); e) 1773 «tour que fait un cordage sur une poulie ou un corps quelconque» (Bourdé de Villehuet, Manuel des Marins, t.2, p.136); f) 1828-29 arg. «peine de mort, guillotine» (Vidocq, Mém., t.1, p.383 et t.2, p.289 [p.allus. à la lunette de la guillotine, v. Esn.]); 2. a) ca 1375 vénerie «(d'oiseaux) action de passer (et endroit par où ils passent)» (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, § 135, synonyme de passée, v. glossaire); 1549 «id.» (Est., p.668); b) 1669 escr. (Widerhold); c) 1750 «dernière façon qu'on donne à certaines couleurs en les passant légèrement dans une cuve de teintures» (Hellot, Teinture, p.167); d) 1779 danse (C. J. Dorat, Coup d'oeil sur la litt., le Déluge, acte 1, p.196); e) 1828-29 mot de passe, v. mot; f) 1829 maison de passe (d'apr. Esn.); 3. a) 1424 «lisière (d'un drap)» (Arch. JJ 173, pièce 151 ds Gdf); b) 1690 «petite somme destinée à rétablir la valeur primitive d'une monnaie qui avait été réduite» (Fur.); c) 1690 jeux (Fur.: Passe, signifie aussi le jeu ordinaire que celuy qui tient les cartes est obligé de mettre à son tour); d) 1835 impr. main de passe (Ac.). Déverbal de passer*; au sens arg. «étreinte rapide qu'une prostituée accorde à son client» à rapprocher du sens de passe, en escr., cf. faire une passe au collet «contenter une femme» (Le Roux, p.138), v. Esn. et Cellard-Rey. Fréq. abs. littér.: 1125. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1460, b) 1738; xxes.: a) 1632, b) 1629. Bbg. Autheville (P. d'). Termes techn. empl. en sellerie. Banque Mots. 1977, no14, p.159. _Bäcker (N.). Probleme des inneren Lehnguts dargestellt an den Anglizismen der französischen Sportsprache. Tübingen, 1975, pp.287-288. _Henschel (B.). Qq. dat. nouv. du xviiies. Fr. mod. 1969, t.37, pp.128-129. _Hotier Cirque 1972, p.119. _Sain. Arg. 1972 [1907], p.95. |