| PARTICULARITÉ, subst. fém. A. − Trait particulier, propre à une personne ou à une chose. Synon. caractéristique, modalité.[L'essentiel pour l'art classique est] le corps nu ou lâchement drapé, pris en lui-même, abstraitement, par le retranchement des particularités qui font l'individu et marquent sa profession, son éducation, sa condition (Taine,Philos. art,t.2, 1865, p.32).Sa figure offrait cette particularité étonnante, que le nez était couleur d'aubergine (Huysmans,Marthe,1876, p.104).Les Paulais avaient cette particularité de surgir dans votre vie, de vous accaparer avec passion un jour (...) et de s'évanouir pour de longs mois (Triolet,Prem. accroc,1945, p.188): 1. ... je crois que si je possède une particularité qui m'appartienne vraiment en propre, c'est de pouvoir m'abandonner au lyrisme le plus éperdu, sans pour cela perdre pied, sans qu'aucunement ma vision des réalités ne s'altère...
Gide ds Martin du G., Notes Gide,1951, p.1405. SYNT. Particularité morphologique, physique, vestimentaire; particularité intéressante, remarquable; particularité propre (à qqn/à qqc.); particularité de forme, de langage, d'organisation, de structure; présenter une particularité. B. − Caractère d'une personne ou d'une chose qui se distingue par un/des trait(s) particulier(s), propre(s). Synon. originalité, singularité.Particularité d'un cas. Certains [visages] sont d'une extrême particularité: d'autres offrent une sorte d'apparence universelle; réguliers, noblement inexpressifs (Valéry,Mauv. pens.,1942, p.77).L'individu et son irréductible particularité, dont le XIXesiècle a voulu faire la substance même de l'art (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.368).V. généralisation B ex. de Huyghe: 2. Sentant les curiosités que la particularité de son personnage excitait, M. de Charlus éprouvait un certain plaisir à les satisfaire, à les piquer, à les entretenir.
Proust,Prisonn.,1922, p.211. C. − Vieilli, au plur. Circonstances particulières, détails. Particularités d'un événement; raconter les particularités de sa vie. Il m'a conté toutes les particularités de cette affaire (Ac.). Il a omis dans son récit plusieurs particularités nécessaires (Ac.). Personne n'aurait eu plus de particularités piquantes à raconter sur la publication des Provinciales [que M. de Saint-Gilles] (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.2, 1842, p.289).Quand l'aide de camp de Ney voulut entrer dans des particularités affligeantes, Bonaparte l'interrompit: «Colonel, je ne vous demande pas ces détails» (Chateaubr.,Mém.,t.2, 1848, p.453).Le vieux donne des particularités: il neigeait, c'était le mardi après la Chandeleur; il avait aligné ses écus ici; la quittance était là (Pourrat,Gaspard,1930, p.192). Prononc. et Orth.: [paʀtikylaʀite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1269 «ce qui est particulier» (Moreau, B.N. 193, fol. 234 rods Gdf. Compl.: Tant en communaulté comme en particularité); 2. 1269-78 «chaque composante d'un tout; détail» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 17343: Car savoir des choses les somes Et les particularitez De toutes possibilitez, Ce li [à Dieu] vient de sa grant poissance); 3. 1579 «circonstance particulière» (Larivey, Les Esprits, IV, 2 ds Anc. théâtre fr., t.5, p.264); 4. ca 1800 «caractère particulier, trait distinctif» (Bouchaud, Inst. Mém. sc. mor. et pol., t.IV, p.388 ds Littré); 1832 (Raymond). Empr. au b. lat. particularitas «ce qui est particulier (opposé à universalitas)» fin ive-déb. vies., Boèce ds Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér.: 732. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1101, b) 960; xxes.: a) 629, b) 1280. |