| PARTICIPATION, subst. fém. A. − [Corresp. à participer A] 1. a) [Par l'action, par la présence directe] Action de participer à quelque chose; résultat de cette action. Participation à l'effort, au culte, au pouvoir, à un crime. Roubaud s'en tint à ce que l'accusation appelait son système: (...) il nia toute participation à l'assassinat de sa femme; mais il le faisait en phrases hachées, presque incohérentes (Zola,Bête hum.,1890, p.276).Je crois devoir rappeler que nous tenons essentiellement à une participation des forces françaises libres à toute opération qui pourrait être entreprise du côté allié (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.591): 1. ... la prospérité matérielle, accompagnée d'une culture nouvelle, avait développé dans les cours, dès la fin du xiesiècle, une forme de vie sociale où le luxe, où les fêtes, où les jeux de l'esprit appelaient naturellement la participation des femmes.
Faral,Vie temps st Louis,1942, p.131. b) [En manifestant une adhésion, une complicité, une conscience d'ordre intellectuel] L'oeuvre d'art ne s'épanouit qu'avec la participation, la connivence, de tous les éléments vertueux de l'esprit (Gide,Journal,1910, p.310). − En partic. Action de participer à des frais ou à une dépense. Synon. cotisation, écot.Autrefois, (...) je t'aurais demandé de m'aider, puisque c'est ce qu'on peut appeler une bonne action. Je t'aurais demandé quelque chose comme une particpation aux frais (Duhamel,Combat ombres,1939, p.51). 2. Dans le domaine pol., soc. et de la vie associative.Intervention dans les discussions et les décisions touchant l'organisation, la politique générale et l'avenir d'une communauté. Synon. concours.Le Général de Gaulle et le Conseil de Défense de l'Empire estiment qu'aucun accord ne saurait être conclu sans leur participation directe et leur consentement formel, quelles que puissent être les objections que, pour des raisons personnelles, les autorités françaises repentantes ne manqueraient sans doute pas d'élever (De Gaulle,Mém. guerre,1954p.310).V. cogérer ex.: 2. Le ressort de cette économie est la contrainte −l'information est la chose des classes dominantes. L'autre économie −loin d'être réalisée où que ce soit, mais que des transformations observables interdisent de confondre avec une chimère −reposerait sur l'adhésion et la participation de l'exécutant à l'oeuvre de création collective.
Perroux,Écon. XXes.,1964, p.451. 3. Action d'avoir part à (un succès, un bénéfice); résultat de cette action. − Spécialement a) DR. ,,Régime matrimonial (...) par lequel chacun des époux conserve l'administration, la jouissance et la libre disposition de ses biens personnels, sans distinguer entre ceux qui lui appartenaient au jour du mariage ou lui sont advenus depuis par succession ou libéralités et ceux qu'il a acquis pendant le mariage à titre onéreux`` (Barr. 1974). b) ÉCONOMIE
α) ,,Détention d'une part du capital d'une société par un capitaliste (individu, société, banque, État même)`` (Combe-Cusset 1974). Participation financière; participation aux bénéfices, au capital, aux résultats. Sixte-Quenin avait mis en cause l'honorabilité du ministre de la guerre, pour sa participation à diverses sociétés industrielles (Aragon, Beaux quart., 1936, p.433).Les réacteurs de puissance privés, construits sans participation gouvernementale directe, mais avec de nombreux avantages financiers tels que des garanties dans le domaine des combustibles nucléaires (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p.138). ♦ Prise de participation. ,,Achat, par une société d'actions ou de parts d'une autre société en vue de créer des liens durables entre les deux entreprises`` (Tézenas 1972). Ces sociétés se sont développées soit par simple absorption des petites entreprises, soit par création de filiales pour l'exploitation de telle usine nouvelle, soit par prise de participation dans d'autres sociétés (Industr. fr. engrais chim., 1, 1954, p.16). ♦ (Titre de) participation. ,,Actions ou parts qu'une société détient en permanence dans le but de contrôler une autre société`` (Phél. 1975). La firme motrice peut aussi prendre des participations dans les firmes qui sont ses clientes au sein de la région B; par ces participations, elle peut exercer une pression pour le développement de ses exportations en direction de la région B (Perroux,Écon. XXes.,1964p.223). ♦ Société en participation. Société dans laquelle les associés restent occultes et dont seul le gérant est connu des tiers (d'apr. cida 1973). Les soussignés forment une société en participation pour l'exploitation de la verrerie du Bousquet (Coopérative ouvrièreds Doc. hist. contemp.,1850, p.197).
β) Intéressement des salariés aux fruits ou à la gestion de l'entreprise. Participation des salariés, du personnel; participation aux résultats. M. Blanqui revient à la charge avec son projet de participation de l'ouvrier, et de mise en commandite, au profit du travailleur collectif, de toutes les industries (Proudhon,Syst. contrad. écon.,t.1, 1846, p.164).V. participer A 2 b ex. de Romeuf t.2 1958. ♦ Participation aux bénéfices. ,,Sommes payées par l'employeur à un salarié proportionnellement aux bénéfices réalisés dans l'entreprise ou dans un secteur de l'entreprise`` (Lemeunier 1969). Il expliquait que la mine ne pouvait être la propriété du mineur, comme le métier est celle du tisserand, et il disait préférer la participation aux bénéfices (Zola, Germinal,1885, p.1382).La participation du personnel aux bénéfices a donné lieu à un certain nombre de réalisations, d'ailleurs limitées, la pratique ayant démontré qu'il était préférable d'intéresser les ouvriers au rendement par les primes (Brunerie,Industr. alim.,1949, p.131). ♦ Participation aux fruits de l'expansion. ,,Réserve spéciale qui sera distribuée aux salariés de façon à les faire participer aux bénéfices`` (Lemeunier 1969). c) PSYCHOL. SOC. [En dynamique de groupe] ,,Engagement personnel en tant que membre du groupe pour coopérer et faire progresser d'une part le fonctionnement du groupe comme tel, d'autre part la réalisation de sa tâche et de ses objectifs`` (Mucch. Sc. soc. 1969). d) SC. DE L'ÉDUC. ,,Action éducative et pédagogique qui sollicite le concours, l'adhésion de l'enfant, de l'élève dans les processus de formation et d'enseignement`` (Leif 1974). B. − [Corresp. à participer B] Fait de participer de quelque chose, de tenir de la nature de quelque chose. 1. PHILOS. [Chez Platon] ,,Rapport que soutiennent les choses sensibles avec les Idées qui en sont le modèle ou paradigme et, d'autre part, les idées entre elles`` (Morf. Philos. 1980). La théorie platonicienne de la participation avait en outre l'avantage de tracer une démarcation nette entre le créé et l'incréé (Théol. cath.t.4, 11920, p.1231). 2. THÉOL. CHRÉT. [Chez St Augustin et St Thomas] Mode selon lequel les êtres créés participent de la divinité. La vérité subsistante qu'est Dieu, et que le Christ est venu révéler, et la vérité qu'est ici-bas une participation (Maritain,Le Paysan de la Garonne,Paris, 1966, p.134).V. participer B 2 ex. de Gilson: 3. ... toute métaphysique chrétienne requiert l'usage des notions de similitude et de participation, mais leur donne un sens beaucoup plus profond que le Platonisme auquel elle les emprunte, car la matière dont use le Démiurge du Timée n'est qu'informée par des idées auxquelles elle participe, au lieu que la matière du monde chrétien reçoit de Dieu son existence en même temps que l'existence de ses formes.
Gilson,Espr. philos. médiév.,1931, p.100. 3. SOCIOL. ETHNOL. [Chez Lévy-Bruhl] ,,Mode de pensée des peuples archaïques pour qui des êtres très différents sont unis par une communauté mystique de nature et forment un seul et même être`` (Morf. Philos. 1980): 4. Tous [les rapports mystiques que la mentalité des primitifs appréhende entre les êtres et les objets] impliquent une «participation» entre les êtres ou les objets liés dans une représentation collective, c'est pourquoi, faute d'un meilleur terme, j'appellerai «loi de participation» le principe propre de la mentalité «primitive» qui régit les liaisons et les préliaisons de ces représentations.
L. Lévy-Bruhl, Les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures, 9eéd., Paris, 1928, p.76. Prononc. et Orth.: [paʀtisipasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1175 «action d'avoir part, de participer à» (Benoît de Ste-Maure, Chron. des ducs de Normandie, 26018 ds T.-L.); spéc. a) 1679 comm. entrer en participation dans une compagnie (J. Savary des Bruslons, Parfait Négociant, 2eéd., II, 217 ds Kuhn, p.161); b) 1694 relig. lettres de participation (Ac.); c) 1846 sociol. participation des salariés à la gestion de l'entreprise (supra), v. aussi Gilb. 1980; 2. 1910 sociol. (L. Lévy-Bruhl, loc. cit.). Empr. au lat. participatio «participation, partage». Fréq. abs. littér.: 532. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 468, b) 325; xxes.: a) 325, b) 1493. DÉR. Participationniste, adj.[Corresp. à supra A 2] Favorable à la participation. Les étudiants participationnistes demandent des garanties (Le Monde,18 févr. 1969ds Gilb. 1980).− [paʀtisipasjɔnist]. − 1resattest. a) 1932 pol. (Lar. 20e: Membre de l'opposition qui pense que son parti doit participer au pouvoir), b) 1968 sociol. «qui concerne la participation, la gestion commune d'un corps, d'une entreprise» (La Semaine Radio-Télévision, 28 déc. ds Gilb. 1980); de participation, suff. -iste*. BBG. −Antoine (G.). Liberté, égalité, fraternité. Paris, 1981, pp.159-173. |